Job et la fin du Seigneur

M. Vogelsang

Job 42

Les croyants auxquels l'épître de Jacques s'adresse connaissaient des difficultés et des persécutions. Ils reçoivent ces paroles d'encouragement: «Usez donc de patience, frères, jusqu'à la venue du Seigneur» et «Usez de patience; affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur est proche» (Jacques 5:7, 8). Jacques leur rappelle l'exemple de Job: «Vous avez ouï parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux» (verset 11).

Qui en effet n'a pas entendu parler de la patience de Job? Sa patience dans l'épreuve est même devenue proverbiale!

La question de la souffrance et de la détresse dans la vie du «juste» est un thème qui a toujours préoccupé les croyants. Asaph s'est aussi tourmenté à ce sujet, jusqu'à ce qu'il reconnaisse que la réponse ne pouvait être trouvée que dans «les sanctuaires de Dieu» (Psaumes 73:17). C'est là qu'Asaph comprit la fin des incrédules.

Mais, dans l'histoire de Job, nous apprenons plus encore. Il n'y est pas question de la fin des autres, mais de ce que Jacques appelle «la fin du Seigneur». C'est l'aboutissement de ses voies envers Job. Et là, nous voyons que «le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux».

Bien que nous soyons sans doute très loin de la détresse et des souffrances que Job a connues, nous pouvons cependant tirer instruction de «la fin du Seigneur» à son égard. Nous allons considérer quelques passages du dernier chapitre du livre qui nous rapporte son histoire.

Dans toutes ses tribulations, Job apprend à mieux connaître Dieu

«Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t'a vu» (42:5)

Job fait ici une différence entre sa connaissance antérieure, qui résultait de ce qu'il avait «entendu», et ce qu'il connaissait maintenant parce qu'il avait «vu». C'est toute la différence entre une connaissance quant à Dieu et la connaissance de Dieu lui-même. Une connaissance intellectuelle des vérités de la foi est quelque chose de totalement différent des expériences personnelles de foi, faites avec Dieu. Maintenant, Job l'avait vu de ses yeux — non point avec les yeux de son corps, car Dieu était «au milieu du tourbillon» (38:1) — mais par les yeux de sa foi.

La Parole nous exhorte aussi à contempler le Seigneur Jésus, bien que nous ne puissions pas le voir de nos yeux physiques: «fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi… considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même» (Hébreux 12:2).

Apprenons à le voir dans nos circonstances, comme Jean au bord de la mer, quand il déclare: «C'est le Seigneur» (Jean 21:7). Cela nous conduit à la connaissance de la personne de Celui qui est «plein de compassion et miséricordieux». Et non seulement cela, mais nous apprenons à nous connaître mieux nous-mêmes.

Plus Job apprend à connaître Dieu, plus il se voit lui-même à la lumière de Dieu

«C'est pourquoi j'ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre» (42:6).

Quand nous voyons réellement qui est Dieu, le contraste avec notre propre personne est d'autant plus frappant, et cela nous conduit au jugement de nous-mêmes. Bien des hommes de foi ont fait cette expérience, dans tous les temps. Dans l'Ancien Testament, à côté de Job, nous pouvons citer le prophète Ésaïe: «Malheur à moi! car je suis perdu; car moi, je suis un homme aux lèvres impures, et je demeure au milieu d'un peuple aux lèvres impures; car mes yeux ont vu le roi, l'Éternel des armées» (Ésaïe 6:5).

Lorsque Pierre, après la pêche miraculeuse, prend conscience de toute la grandeur de Jésus, il s'écrie: «Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur» (Luc 5:8). Et l'apôtre Paul exprime l'expérience à laquelle tout croyant doit arriver: «Car je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien» (Romains 7:18).

Les pensées de Job n'avaient pas toujours été celles qu'il exprime dans le passage mentionné ci-dessus. Au chapitre 29, il avait dit: «Quand l'oreille m'entendait, elle m'appelait bienheureux; quand l'œil me voyait, il me rendait témoignage» (verset 11). Quel contraste et quel changement!

Auparavant, c'était le moi qui prenait toute la place:

L'oreille m'avait entendu

L'œil m'avait vu

On m'appelait bienheureux

Maintenant qu'il a rencontré Dieu, le moi s'effondre:

Mon oreille t'a entendu

Mon œil  t'a vu

J'ai horreur de moi.

Ses paroles sont maintenant au diapason de celles d'Abraham: «J'ai osé parler au Seigneur, moi qui suis poussière et cendre» (Genèse 18:27). Dans le même esprit, l'apôtre Paul dira: «Car si, n'étant rien, quelqu'un pense être quelque chose, il se séduit lui-même» (Galates 6:3).

Job manifeste quelque chose du caractère de la grâce de Dieu

Bien que ceci ne soit peut-être pas très évident, on peut le discerner dans les versets 7 à 10 du chapitre 42. Contrairement à Job lui-même, ses amis n'avaient pas parlé de Dieu comme il convient. Dieu leur fait savoir maintenant comment cette faute peut être expiée. Ils doivent premièrement offrir l'holocauste que Dieu leur indique. Ensuite, ils doivent aller vers celui qu'ils avaient accusé et condamné si sévèrement, afin qu'il prie pour eux. Job doit exercer l'intercession sacerdotale en faveur de ses trois amis.

Il est encore assis dans la cendre, dans toutes les souffrances de son corps, et dépouillé de tous les biens terrestres. C'est dans cette condition-là que, par ses paroles, il avait réduit ses amis au silence. Il avait répondu à leurs accusations par des paroles irritées, ou même sarcastiques. Mais maintenant, ses amis reviennent avec leurs offrandes. Et quel homme retrouvent-ils? Extérieurement, Job est dans la même condition misérable, mais intérieurement, quelle hauteur morale!

Au chapitre 29, il avait vanté sa propre grandeur, mais maintenant seulement est manifestée la vraie grandeur. Plus de paroles dures, plus de sarcasmes amers, mais une prière d'intercession monte vers Dieu. Il ne parle plus contre eux, il prie pour eux. Il manifeste ici quelque chose des caractères du Dieu qui «est lent à la colère et grand en bonté». «Et l'Éternel eut Job pour agréable».

Dieu bénit Job abondamment

«L'Éternel rétablit l'ancien état de Job, quand il eut prié pour ses amis; et l'Éternel donna à Job le double de tout ce qu'il avait eu»  (42:10).

Les bénédictions de Job étaient de nature terrestre et matérielle. Mais nous aussi, qui sommes «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes», nous pouvons faire l'expérience que, dans les voies personnelles du Seigneur à notre égard, il nous amène à une jouissance plus grande de ces bénédictions.

Job reçoit le double de tous les biens qu'il avait eus auparavant. Le détail en est donné dans les versets 12 et 13, qui peuvent être comparés avec le verset 3 du chapitre premier. Mais nous lisons: «Et il eut sept fils et trois filles» (verset 13), soit donc le nombre d'enfants qu'il avait eus au début. Dieu s'est-il donc trompé dans son calcul? Certainement pas! Nous trouvons ici une réponse divine à l'une des grandes questions soulevées dans ce livre. Job avait toujours prié pour ses enfants. Mais ils furent subitement enlevés. Que de questions et de doutes peuvent avoir assailli son cœur!

Au chapitre 14, Job affronte la question: «Si un homme meurt, revivra-t-il?» (verset 14). Pour lui-même, il en vient à cette belle déclaration de foi: «Et moi, je sais que mon Rédempteur est vivant, et que, le dernier, il sera debout sur la terre; et après ma peau, ceci sera détruit, et de ma chair je verrai Dieu, que je verrai, moi, pour moi-même; et mes yeux le verront, et non un autre» (19:25-27). Mais qu'en est-il de sa famille? Si Dieu lui a donné au double tout ce qu'il avait eu auparavant, mais que le nombre d'enfants reste le même, Job ne peut-il pas en déduire la réponse de Dieu à sa question? — Tes enfants, que tu as dû donner, ne sont pas perdus; ils «vivent», bien qu'ils soient morts (cf. Jean 11:25). Cette réponse fait aussi partie de «la fin du Seigneur», qui est «plein de compassion et miséricordieux».