Première épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Le jour du Seigneur

Chapitre 5:1-11

Comme nous l'avons déjà remarqué, les versets si encourageants de la fin du chapitre 4 constituent une parenthèse. Si importante qu'elle soit, puisqu'elle contient une nouvelle révélation, elle interrompt cependant le courant de pensée. Au verset 14 du chapitre 4, Paul parle du fait que Dieu amènera avec Christ ceux qui se sont endormis en lui. Cette déclaration est en relation avec l'apparition du Seigneur en puissance et en gloire. Au début du chapitre 5, l'apôtre enchaîne sur cette pensée.

Il est important de bien voir cela. Autrement, on risque de faire une fausse interprétation du passage. Dans les premiers versets du chapitre 5, il n'est pas question de la venue du Seigneur pour nous, mais de son apparition publique sur la terre. C'est en relation avec elle qu'il est parlé ici du «jour du Seigneur». En ce qui concerne l'enlèvement des croyants et la venue du Seigneur pour nous, une «parole du Seigneur» était nécessaire, c'est-à-dire une révélation nouvelle. Quant au «jour du Seigneur», les croyants avaient déjà été enseignés. Paul n'avait pas à donner de nouvelles explications.

Les trois premiers versets de notre chapitre nous montrent quelles sont les conséquences de cette apparition pour les incrédules. Les versets 5 à 11 en présentent les conséquences pratiques pour ceux qui savent que le Seigneur Jésus doit revenir du ciel en gloire, pour prendre en main le gouvernement sur la terre.

Verset 1

«Mais pour ce qui est des temps et des saisons, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive».

L'expression «les temps et les saisons» est utilisée dans trois passages:

  • dans ce verset 1,
  • en Daniel 2:20, 21: «Béni soit le nom de Dieu, d'éternité en éternité! car la sagesse et la puissance sont à lui, et c'est lui qui change les temps et les saisons, qui dépose les rois et établit les rois»,
  • et en Actes 1:6, 7: «Eux donc étant assemblés, l'interrogèrent, disant: Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël? Mais il leur dit: Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les saisons que le Père a réservé à sa propre autorité».

Si nous considérons le contexte de chacun de ces passages, nous remarquons que l'expression évoque des événements en rapport avec cette terre. Le prophète Daniel l'utilise au sujet de l'établissement et de la destitution des rois, et le Seigneur Jésus lui-même, en relation avec le royaume futur. L'expression «les temps et les saisons» se rapporte à la période où le Seigneur établira son royaume sur cette terre, période qui sera introduite par des jugements terribles pour les hommes.

Si nous avons cela devant les yeux, nous pouvons bien comprendre que Paul n'ait pas besoin d'instruire davantage les Thessaloniciens à ce sujet. Ils connaissaient tout ce qui concerne la venue du Seigneur sur la terre. Premièrement parce que l'apôtre les avait enseignés lui-même quand il avait été parmi eux. Secondement parce qu'ils avaient les écrits de l'Ancien Testament, où l'on trouve beaucoup d'indications quant à l'établissement du royaume. On y voit quels temps et quelles dispensations viendront sur cette terre, et comment ils auront leur accomplissement dans la plénitude des temps (c'est-à-dire le Millénium).

La pensée de la venue du Seigneur pour juger la terre n'était donc pas nouvelle, contrairement à celle de l'enlèvement des croyants.

Nous n'avons pas ici l'espérance de l'Église, mais l'annonce des événements qui se dérouleront sur la terre. Bien que, comme chrétiens, nous devions être de ceux qui aiment l'«apparition» du Seigneur (2 Timothée 4:8) et qui attendent sa «révélation» (1 Corinthiens 1:7), notre espérance est cependant d'abord fixée sur notre enlèvement auprès de lui. Cet événement est en relation avec le ciel, tandis que son apparition est en relation avec la terre. C'est pourquoi l'enlèvement des croyants n'est pas mentionné dans l'Ancien Testament, ni non plus directement dans le livre de l'Apocalypse. La prophétie biblique s'occupe toujours d'événements qui concernent la terre. (De la même manière, l'assemblée, quand elle est mentionnée dans l'Apocalypse, est toujours vue en rapport avec sa situation terrestre.)

Voici ce qu'un commentateur a écrit à ce sujet: «L'Église, composée de tous les croyants de la dispensation actuelle, est céleste; tant du point de vue de son appel que de sa destinée, elle n'appartient pas à la terre.

C'est pourquoi son enlèvement de la terre au ciel n'est pas inclus dans le cours des événements sur cette terre. Et par conséquent, nous n'en trouvons pas mention dans l'Ancien Testament. Une bonne compréhension de ce fait est une clef pour saisir de nombreuses vérités concernant les différentes dispensations, vérités qui sans cela demeureraient incompréhensibles pour nous» (F.B. Hole).

Beaucoup de chrétiens qui ne discernent pas ces différences tentent de découvrir des circonstances et des événements qui devraient précéder l'enlèvement des saints. La parole de Dieu ne nous permet pas de le faire. S'il s'agit de l'établissement du royaume, du «jour du Seigneur» (verset 2), il y a certains préalables (voir par exemple 2 Thessaloniciens 2:3). Mais s'il s'agit de la venue du Seigneur pour nous, nous avons sa ferme promesse: «Je viens bientôt». Nous n'avons rien d'autre à attendre. Il peut venir aujourd'hui même pour nous prendre à lui.

Verset 2

«Car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit».

De même que les Thessaloniciens étaient enseignés quant aux temps et aux saisons, ils savaient aussi comment le jour du Seigneur viendrait. Ces deux notions sont intimement liées l'une à l'autre. Les événements qui se dérouleront lors de la venue du Seigneur sur la terre introduiront le jour du Seigneur. Ce jour est mentionné une trentaine de fois dans l'Ancien Testament, sous la désignation de «jour de l'Éternel». Cette expression évoque l'établissement du royaume du Messie sur la terre. Un jour, dans la Bible, n'a pas nécessairement vingt-quatre heures. Ce mot peut aussi désigner un certain laps de temps ayant des caractères spécifiques.

Nous trouvons par exemple «le jour du salut» (2 Corinthiens 6:2), ou «le jour de la colère» (Romains 2:5). Le «jour du Seigneur» est une période caractérisée par la reconnaissance officielle de l'autorité et de la souveraineté du Seigneur Jésus. Cette période commence par le jugement, comprend la domination milléniale de Christ sur la terre et s'achève aussi avec le jugement, avant l'établissement du «jour de Dieu» (2 Pierre 3:12, 13), c'est-à-dire de l'état éternel. Aujourd'hui nous vivons dans un temps que l'on pourrait appeler «le jour de l'homme». L'autorité du Seigneur est foulée aux pieds et Satan domine sur ce monde. Mais dans le jour du Seigneur, toutes choses seront rétablies dans un parfait accord avec lui. Dieu mettra toutes choses sous l'autorité de Jésus Christ, l'homme glorifié (Psaumes 8:6; Éphésiens 1:10).

Dans l'Ancien Testament, les prophètes Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, Joël, Amos, Abdias, Sophonie, Zacharie et Malachie mentionnent «le jour de l'Éternel». Dans le Nouveau Testament, nous trouvons «le jour (ou la journée) du Seigneur» en Actes 2:20; 1 Thessaloniciens 5:2; 2 Thessaloniciens 2:2 et 2 Pierre 3:10. Une étude attentive de tous les passages concernés fait voir que la plupart d'entre eux parlent du début de ce jour, donc des jugements qui l'introduisent. Quelques passages nous montrent le royaume lui-même, tandis que d'autres encore parlent de la fin de ce jour-là. Dans le verset que nous avons sous les yeux, Paul dit que ce jour viendra comme un voleur! C'est manifestement le début de cette période, qui sera caractérisé par des jugements terribles sur les hommes qui habiteront alors sur la terre.

Citons à ce sujet quelques passages de l'Ancien Testament: «Le jour de l'Éternel est grand et fort terrible; et qui peut le supporter?» (Joël 2:11). «Malheur à vous qui désirez le jour de l'Éternel! À quoi vous servira le jour de l'Éternel? Il sera ténèbres, et non lumière, comme si un homme s'enfuyait de devant un lion, et qu'un ours le rencontrât» (Amos 5:18, 19). «Le grand jour de l'Éternel est proche; il est proche et se hâte beaucoup. La voix du jour de l'Éternel: l'homme vaillant poussera là des cris amers. Ce jour est un jour de fureur, un jour de détresse et d'angoisse, un jour de dévastation et de ruine» (Sophonie 1:14, 15). «Car voici, le jour vient, brûlant comme un four» (Malachie 4:1).

A la lecture de ces passages, nous pouvons bien comprendre que l'apôtre compare la venue de ce jour à celle d'un voleur dans la nuit, — qui signifie toujours surprise et malheur. La venue du Seigneur sur la terre portera ces deux caractères. Ce sera une surprise totale, car personne ne s'y attendra. Les hommes vivront dans une insouciance complète, et les jugements fondront sur eux tout d'un coup. La venue du Seigneur aura des conséquences terribles pour tous ceux qui n'en auront pas tenu compte. Elle signifiera pour eux un jugement présent et éternel.

Plusieurs passages du Nouveau Testament comparent la venue du Seigneur à celle d'un voleur. Ils concernent toujours des incrédules, jamais des croyants. Le Seigneur pourrait-il venir pour nous comme un voleur dans la nuit? Bien au contraire, nous l'attendons comme l'étoile brillante du matin, comme celui qui est notre espérance, celui qui vient nous chercher. Il est l'Époux; et l'épouse ne l'attend pas comme un voleur. En Matthieu 24:43, le Seigneur utilise lui-même l'image d'un voleur, mais ce sont tout particulièrement les Juifs incrédules qui sont en vue. En Apocalypse 3:3, il dit à l'assemblée à Sardes que, si elle ne se repent pas, il viendra sur elle comme un voleur. Il s'agit là spécialement des chrétiens de nom, incrédules: «tu as le nom de vivre, et tu es mort». En 1 Thessaloniciens 5, nous trouvons un troisième groupe: Ce sont, d'une manière générale, les hommes incrédules qui vivront sur la terre lors de la venue du Seigneur. Pour tous ceux qui ne l'auront pas reçu, ce jour viendra comme un voleur dans la nuit.

Dans les deux premiers versets de ce chapitre, il est donc bien clair qu'il ne s'agit pas de la venue du Seigneur pour nous. «Le jour du Seigneur» concerne des événements qui auront lieu sur la terre après notre enlèvement. Il reste bien sûr un aspect céleste de ce jour; il est alors décrit par des expressions telles que: «le jour de Christ» (Philippiens 1:10; 2:16), «le jour de Jésus Christ» (Philippiens 1:6), «la journée du Seigneur Jésus» (1 Corinthiens 5:5; 2 Corinthiens 1:14) et «la journée de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Corinthiens 1:8). Sous cet aspect, ce jour est en relation avec notre manifestation devant le tribunal de Christ et avec la récompense qu'il accordera. Mais il n'est pas question de cela ici.

Verset 3

«Quand ils diront: «Paix et sûreté», alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n'échapperont point».

Ce verset confirme la déclaration du verset précédent: le jour du Seigneur vient à l'improviste. La destruction qui fondra sur les hommes a deux caractéristiques: elle est subite et sans échappatoire possible.

«Quand ils diront…»: ce sont les incrédules, non les croyants! Après l'enlèvement des saints, il y aura sur la terre un temps dans lequel les hommes seront amenés à croire à la paix et à la sécurité. Le rêve de l'humanité semblera s'être réalisé. Déjà actuellement, nous assistons à toutes sortes d'efforts des nations pour établir la paix.

Après l'enlèvement des saints, le chef de l'empire romain futur (voir entre autres Apocalypse 13:1 et suivants) aura une telle emprise sur les hommes qu'ils lui feront aveuglément confiance. La politique et les capacités de cet homme donneront l'illusion que la paix et la sécurité sont enfin réalisées. Mais le principe divin demeure: «Il n'y a pas de paix… pour les méchants» (Ésaïe 48:22; 57:21). La paix qu'ils penseront avoir ne sera qu'une illusion et la sûreté sur laquelle il se reposeront se révélera être une tromperie.

Le jugement viendra sur eux comme une subite destruction; son arrivée est comparée aux douleurs qui surviennent à une femme enceinte. Le changement sera dramatique et foudroyant. Une catastrophe d'une ampleur jusque-là inconnue fondra sur ce monde. Ce sont les jugements qui introduisent le jour du Seigneur et qui précèdent immédiatement sa venue sur cette terre. L'Apocalypse nous décrit abondamment ces jugements, à commencer par ceux qui sont déclenchés par l'ouverture des sept sceaux. Bien que le monde ait connu beaucoup de catastrophes naturelles et de désastres, nous ne pouvons pas nous représenter ce qui atteindra alors la terre. Ces jugements seront terribles.

Le mot destruction ne signifie pas forcément «anéantissement». Il décrit ici la disparition de tout ce qui donne un sens à l'existence de l'homme. Ce n'est donc pas du jugement éternel qu'il est question ici. Ces hommes seront jugés plus tard devant le grand trône blanc et seront condamnés pour toujours, mais ce qui est présenté ici, ce sont les jugements qui tomberont sur les hommes dans le temps de la grande tribulation. Et de même qu'il n'y aura aucune échappatoire devant le jugement éternel, il n'y aura aucune possibilité non plus d'échapper à cette «destruction». C'est une solennelle déclaration de l'apôtre, par le Saint Esprit: «… et ils n'échapperont point». Celui qui ne reçoit pas maintenant Jésus comme son Sauveur et son Seigneur connaîtra alors ce jugement.

Arrivé à ce point, je désire demander à mon lecteur: Êtes-vous convaincu que vous ne connaîtrez pas ce jugement? Avez-vous une relation personnelle vitale avec le Seigneur Jésus? Il a porté aussi pour vous le jugement divin, afin que vous ne le connaissiez pas.

Et pour nous, croyants? Pas d'hésitation, ce jugement ne nous atteindra pas. Quand ce verset aura son accomplissement, nous serons déjà avec le Seigneur, selon sa promesse: «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière» (Apocalypse 3:10). C'est bien de cette «heure de l'épreuve» qu'il est parlé en 1 Thessaloniciens 5:3, mais nous serons mis à l'abri. Comment? Avant qu'elle vienne. Voilà ce qui nous donne toute assurance. Nous ne connaîtrons pas ces tourments parce que le Seigneur nous aura enlevé auparavant auprès de lui.

Quel contraste entre les hommes de ce monde et les croyants! Nous pouvons connaître la souffrance et la peine maintenant, mais cependant nous goûtons déjà la paix intérieure. Nous avons la paix avec Dieu (Romains 5:1), nous jouissons de la paix de Dieu et par-dessus tout nous connaissons le Dieu de paix (Philippiens 4:7, 9). Notre sécurité pour le temps et pour l'éternité se fonde sur l'œuvre accomplie par le Seigneur Jésus.

À suivre