Soins divins

R.F. Wall

Nous considérerons ces soins sous les aspects suivants:

  1. Les soins de Dieu (1 Pierre 5:7)
  2. Les soins du Père (Matthieu 6:25-34)
  3. Les soins du Fils et du Saint Esprit (Luc 10:30-35)
  4.  Les soins d'un apôtre (2 Corinthiens 11:23-28)
  5. Les soins de Timothée (Philippiens 2:19-21)
  6. Les soins mutuels des membres du corps de Christ (1 Corinthiens 12:25)

1. Les soins de Dieu (1 Pierre 5:7)

«…rejetant sur lui tout votre souci, car il a soin de vous».

Les croyants auxquels Pierre écrivait étaient dans la souffrance. Ce mot revient continuellement dans l'épître, soit en rapport avec les croyants eux-mêmes, soit en rapport avec Christ. À cause de leurs nombreuses épreuves, ils étaient dans la tristesse et la détresse (1:6). Dans le chapitre 4 il est fait mention du «feu ardent» de la persécution qui était au milieu d'eux (verset 12). Ils étaient persécutés par les Juifs, leurs frères selon la chair, et par les Gentils incrédules. Ils étaient aussi persécutés par la puissance de Rome et quelques-uns d'entre eux avaient à souffrir de la part de maîtres durs et déraisonnables (2:18-20). Nous pouvons comprendre alors combien grands et nombreux étaient leurs soucis.

Le mot souci du verset cité en tête signifie inquiétude, préoccupation qui charge l'esprit. Qui n'a pas connu quelque chose de ce genre de souci et d'anxiété qui dérobe la tranquillité et le sommeil? L'apôtre exhorte à rejeter ce souci sur Dieu. Et non seulement en partie, mais totalement. Pourquoi? — «car il a soin de vous». Il s'agit d'un soin de prévenance et d'intérêt, qui se montre tout au long de l'épître.

Nous pouvons bien comprendre pour quelle raison les croyants étaient les objets de ces soins. Premièrement, par l'œuvre de Christ sur la croix, ils avaient été amenés à Dieu (3:18). Ils étaient le vrai peuple de Dieu, en contraste avec leurs frères juifs incrédules (2:10). Ils étaient «le troupeau de Dieu», et à ce titre, objets de la sollicitude du «Souverain Pasteur» (5:2, 4). Ils étaient les esclaves de Dieu (2:16), et comme tels, pouvaient être assurés de ses soins pour eux (cf. 1 Corinthiens 9:9, 10).

La grâce dans laquelle ils avaient été introduits et dans laquelle ils se trouvaient, était «la vraie grâce de Dieu» (5:12). S'il y avait l'hostilité du monde, il y avait aussi la faveur invariable du «Dieu de toute grâce» (5:10). Il était un «fidèle Créateur», auquel ils pouvaient se remettre eux-mêmes avec confiance, même dans des difficultés extrêmes (4:19). Dieu était entièrement pour eux, et ils étaient gardés par sa puissance (1:5), démontrée déjà dans la résurrection de Christ d'entre les morts (1:3, 21). La résurrection de Christ, son apparition et son royaume sont mentionnés de nombreuses fois dans l'épître, afin de stimuler la foi et l'espérance des croyants.

Combien réels et merveilleux sont les soins de Dieu! Puissions-nous en avoir continuellement conscience dans nos âmes, jusqu'à ce que le Seigneur vienne! Alors tout ce qui pourrait être un sujet d'inquiétude sera laissé en arrière.

2. Les soins du Père (Matthieu 6:25-34)

Pour ceux auxquels Pierre écrivait, l'anxiété surgissait des circonstances pénibles qu'ils traversaient. Ils étaient exhortés à rejeter tous leurs soucis sur Dieu qui prendrait soin d'eux. En Matthieu 6, les choses qui peuvent créer des soucis sont bien plus générales. Ce ne sont pas des besoins provenant de circonstances exceptionnelles, mais des besoins journaliers que nous avons tous.

Le Seigneur parle de nourriture et de boisson pour l'entretien de nos vies et d'habits pour nos corps. Beaucoup d'entre nous sont probablement habitués à l'abondance de ces choses, bien que quelques-uns puissent se souvenir de temps de disette et d'anxiété. Mais combien de croyants dans le monde aujourd'hui traversent des circonstances difficiles et connaissent de l'inquiétude face à leurs besoins et à ceux de leurs familles! Néanmoins, trois fois dans ce passage, le Seigneur enseigne ses auditeurs à ne pas être en souci concernant ces choses (versets 25, 31, 34). C'est en rapport avec elles qu'il mentionne les soins du Père et ses ressources.

Au verset 8 il dit: «Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez». Plus loin il nous est rappelé comment il nourrit les oiseaux et quels vêtements il donne aux lis. Ceux-là ne préparent rien pour leurs besoins, ils ne se font certainement aucun souci, et pourtant rien ne leur manque.

Pourquoi une telle emphase sur l'absence de souci? Ce n'est certainement pas pour que nous nous installions confortablement dans nos aises. Dans la parabole du semeur, quelques grains sont tombés parmi les épines. Celles-ci ont poussé et la semence a été étouffée. Dans son explication, le Seigneur dit que les épines sont les soucis du siècle, la tromperie des richesses, les convoitises à l'égard des autres choses et les voluptés de la vie (Matthieu 13:22; Marc 4:19; Luc 8:14). Dans les trois évangiles, les soucis de ce monde sont mentionnés en premier. L'enseignement premier de la parabole concerne la réception initiale de la parole de Dieu dans le cœur, et les choses qui y font obstacle. Cependant, ce qui empêche la réception initiale de la parole de Dieu va aussi empêcher ceux qui l'ont véritablement reçue de porter du fruit. Si nous désirons que nos vies soient fructueuses pour Dieu, il est essentiel que les soucis de ce monde ne viennent pas occulter ses droits et ses intérêts. «Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus» (Matthieu 6:33). Si nous recherchons et poursuivons activement les intérêts de Dieu, nous ferons l'expérience qu'il pourvoit à nos besoins. Que Dieu nous accorde la grâce de marcher en accord avec ces directions claires de l'Écriture!

3. Les soins du Fils et du Saint Esprit (Luc 10:30-35)

Nous avons déjà été occupés des soins de Dieu et des soins du Père. Nous avons vu de quelle manière ils soutiennent le croyant souffrant et répondent à ses besoins temporels. Ici, dans la parabole du bon Samaritain, l'enseignement porte sur nos besoins spirituels et sur la façon dont il y est pourvu.

En quelques mots, le Seigneur évoque l'étendue complète de ces besoins. Le chemin de l'homme sur la terre ne pouvait aboutir qu'au lieu de la malédiction, représenté par Jéricho (Josué 6:26). Victime du péché, l'homme était laissé à demi-mort. C'est une image non seulement d'Israël, mais de toute la race humaine. Le sacrificateur et le lévite n'ont pu apporter aucune aide. Les ravages du péché peuvent être moins apparents dans leur cas, mais la direction et la fin de leur voyage étaient les mêmes que celles de l'homme laissé à demi-mort. La fonction de ces deux hommes était en rapport avec le judaïsme. La loi avait été donnée pour montrer que le péché était là, mais elle ne pouvait que convaincre et condamner (Romains 3:20; 7:7; 1 Timothée 1:8-11). Comme le sacrificateur et le lévite, elle pouvait bien constater l'état de péché de la race humaine, mais elle devait «passer outre de l'autre côté», montrant le besoin d'un remède mais n'en apportant aucun (Romains 8:3).

La faiblesse de la loi ayant été ainsi manifestée, voici un «Samaritain». Quel chrétien oserait douter que le Seigneur parlait de lui-même par cette figure? Au cours de son voyage, le Samaritain vint là où était ce pauvre homme. Ceci évoque l'incarnation. Le Seigneur Jésus savait bien quel était notre besoin, et dans son amour pour nous, il est descendu pour y faire face. En devenant homme, il s'est abaissé jusqu'au niveau de ceux qui sont les objets de sa sollicitude, et il a pris en main leur cause (Hébreux 2:15-18). Les Samaritains étaient méprisés des Juifs. Ceux-ci, qui ont méprisé la grâce dans laquelle il est venu, n'avaient aucune idée de leurs besoins et l'ont rejeté. Ils ont dit: «Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as un démon?» (Jean 8:48). Néanmoins, son cœur alla jusque vers les nécessiteux. Il était profondément ému de compassion envers eux. C'était en soi une grâce magnifique, mais cela laissait la racine de la maladie intacte.

Ici, en Luc 10, le Samaritain non seulement vint où était le malheureux, mais il «s'approcha et banda ses plaies». Cette dernière expression peut être liée à l'œuvre de la croix. La nature humaine que le Seigneur avait prise était sans péché, mais dans les trois heures de ténèbres, celui qui n'avait «pas connu le péché» a été «fait péché pour nous» (2 Corinthiens 5:21). Il a été frappé par Dieu à notre place (Ésaïe 53:4-6; Romains 8:3).

Aux versets 34 et 35, de l'huile et du vin sont versés sur les plaies, et elles sont bandées. L'huile est une figure du Saint Esprit. Le Seigneur Jésus ayant été «livré pour nos fautes et… ressuscité pour notre justification», «l'amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné» (Romains 4:25; 5:5). Ceci conduit à la joie dont le vin nous parle. C'est la joie de la réconciliation avec Dieu: «Et non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation» (Romains 5:11).

L'hôtellerie où l'homme a été amené est une belle image de «la maison de Dieu, qui est l'assemblée du Dieu vivant» (1 Timothée 3:15). Et nous trouvons ici une nouvelle figure du Saint Esprit: l'hôtelier. À son départ, le Samaritain lui confia l'homme qu'il avait secouru, et lui dit: «Prends soin de lui». Lorsque le Seigneur Jésus était sur le point de quitter ce monde et de retourner au Père, il parla aux disciples d'un «autre consolateur». C'est le Saint Esprit (Jean 14:15-17, 26; 15:26; 16:7). Naturellement, le Seigneur dans la gloire allait continuer à veiller sur les siens; mais en vue de son départ, il les remettait à une personne divine qui pourrait prendre soin d'eux comme il l'avait fait lui-même.

Comment comprendre la promesse d'une compensation au retour du Seigneur? «…et ce que tu dépenseras de plus, moi, à mon retour, je te le rendrai» (verset 35). Le mot «soin» utilisé dans les versets 34 et 35 n'apparaît qu'une seule fois ailleurs dans le Nouveau Testament, et dans un passage qui n'est pas sans rapport avec notre sujet: «Si quelqu'un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l'assemblée de Dieu?» (1 Timothée 3:5). Le soin que prend l'Esprit Saint est souvent exercé par des croyants qu'il a formés dans ce but. Il y a eu une formation spirituelle à l'école de Dieu. Ceux qui accomplissent ce service recevront une récompense quand le royaume sera manifesté en gloire. Ayons à cœur de prodiguer aux âmes des soins qui soient le reflet de ceux du Fils et du Saint Esprit!

4. Les soins d'un apôtre (2 Corinthiens 11:23-28)

Les soins prodigués par le Saint Esprit sont souvent exercés par ceux en qui il habite. C'est ce que nous voyons particulièrement dans l'apôtre Paul. Il travaillait sans relâche en accomplissant son service, qui était d'apporter l'évangile aux Gentils. Ceci impliquait une grande fatigue, comme l'indique le passage de 2 Corinthiens cité ci-dessus. On est impressionné par le nombre et la diversité des situations dans lesquelles l'apôtre a expérimenté l'anxiété, la persécution, les privations, les périls et les souffrances. Comment Paul a-t-il pu supporter le poids de toutes ces choses? Il est manifeste que la puissance qui le soutenait ne venait pas de lui mais de Dieu (2 Corinthiens 4:7).

Et il y avait, en plus de cela, un fardeau qui était peut-être plus grand que tout ce qu'il décrit jusqu'au verset 27: «Outre ces choses exceptionnelles, il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées» (verset 28). Il est intéressant de considérer ce verset en parallèle avec quelques passages du livre des Actes et des épîtres.

Nous le voyons écrire aux Galates, qui abandonnaient le fondement chrétien en se tournant de la grâce vers la loi (Galates 1:6, 7; 3:1). Paul était en perplexité et craignait d'avoir travaillé en vain pour eux (4:11, 20). Il travaillait de nouveau pour leur enfantement, jusqu'à ce que Christ ait été formé en eux (4:19).

À peine plus tard, il écrivait sa première épître aux Corinthiens. Les pensées de la chair jouaient un grand rôle parmi eux; ils étaient charnels (1 Corinthiens 3:1-4). Au lieu de marcher dans le jugement d'eux-mêmes, ils étaient enflés d'orgueil (4:6, 18, 19; 5:2). Cela avait ouvert la porte à un esprit de parti, à l'immoralité et à l'idolâtrie (1:10, 11; 5:1-5; 10:19-22). Il y avait du désordre quant à la cène du Seigneur et quelques-uns mettaient en question la résurrection des morts (11:20-34; 15:12). Il leur dira, dans la seconde épître, qu'il avait écrit la première «dans une grande affliction et avec serrement de cœur, avec beaucoup de larmes» (2 Corinthiens 2:4).

Peut-être un an après, en route vers Jérusalem, Paul faisait venir les anciens d'Éphèse à Milet pour leur parler de ce qui arriverait après son départ: «Il entrera parmi vous des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau; et il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux» (Actes des Apôtres 20:29, 30).

Peu après il était prisonnier à Césarée puis à Rome. Il ne lui était plus possible d'aider les saints en les visitant, mais son ministère écrit se poursuit. C'est de son lieu de détention qu'il écrit l'épître aux Colossiens. Il avait un grand combat pour eux et pour ceux de Laodicée (2:1; 4:13, 16). Toute la plénitude se trouve en Christ (1:19; 2:9), mais ils étaient en danger d'être séduits et entraînés loin de lui (2:4, 8, 18).

Quelques années après, il écrivait à Tite en Crête pour qu'il mette en ordre les choses qui restaient à régler et qu'il établisse des anciens dans chaque ville. Là les saints étaient troublés par des docteurs de la loi, alors qu'en même temps leur conduite rendait nécessaires de sévères réprimandes (Tite 1:10-14; 3:1, 2, 9).

Parvenu à la fin de sa course, il écrivait la seconde épître à Timothée. Tous ceux qui étaient en Asie s'étaient détournés de lui (2 Timothée 1:14).

À la lumière de ce bref survol, nous pouvons comprendre quelle charge ces soins faisaient peser sur le cœur de Paul. Il n'était indifférent à rien de ce qui concernait l'état des saints. Il y avait des soins pour les jeunes dans la foi et pour les plus avancés (les Thessaloniciens et les Philippiens), ainsi que pour ceux qui n'avaient jamais vu son visage (les Romains). Et il ne portait pas seulement cette charge pour une assemblée, mais pour toutes les assemblées. Dans les choses exceptionnelles, il pouvait y avoir du répit, mais pour les assemblées, cette sollicitude était tous les jours en activité. Comment l'apôtre pouvait-il supporter une telle charge? L'épître aux Philippiens nous fournit la réponse: «Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâce; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus» (4:6, 7). Combien il était préparé, par expérience personnelle, à écrire de telles paroles!

À suivre