Première épître aux Thessaloniciens

E.A. Bremicker

Chapitre 4 (suite)

Verset 9

«Or, quant à l'amour fraternel, vous n'avez pas besoin que je vous en écrive; car vous-mêmes, vous êtes enseignés de Dieu à vous aimer l'un l'autre»

Après avoir parlé dans les versets 1 à 8 du très sérieux sujet de la sainteté pratique, Paul passe à celui de l'amour fraternel. Il n'avait pas besoin d'en parler longuement. Ce n'était même pas nécessaire de leur écrire à ce sujet, car ils étaient enseignés de Dieu à s'aimer l'un l'autre. Et c'est précisément ce qu'ils faisaient; ils aimaient Dieu, et ils aimaient les saints. Paul en avait fait l'expérience, bien qu'il n'ait été que peu de temps avec eux.

L'amour fraternel est le fruit normal de la nouvelle nature que Dieu nous a donnée. Cette nouvelle nature ne peut faire autrement que d'aimer. L'apôtre Jean écrit: «Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères; celui qui n'aime pas son frère demeure dans la mort» (1 Jean 3:14). La vie nouvelle se manifeste directement en ce que nous aimons nos frères. Si aujourd'hui nous devons beaucoup parler de l'amour fraternel, c'est déjà une preuve que les choses ne sont pas en ordre.

Verset 10

«car aussi c'est ce que vous faites à l'égard de tous les frères qui sont dans toute la Macédoine; mais nous vous exhortons, frères, à y abonder de plus en plus»

Jean écrit: «Enfants, n'aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité» (1 Jean 3:18). Parler de l'amour fraternel est une chose, le pratiquer en est une autre. L'amour fraternel ne se manifeste pas dans le fait que nous en parlons, mais en action et en vérité. Il en était ainsi chez les Thessaloniciens. Ils aimaient les frères, et cela non seulement dans l'assemblée locale, mais dans toute la Macédoine. Pourrait-on aussi donner de nous un tel témoignage?

Mais Paul ajoute: «Nous vous exhortons, frères, à y abonder de plus en plus». Est-ce donc que tout n'était pas en ordre? Si, mais lors même que l'amour fraternel est là, on peut faire des progrès et croître. Au verset 1, les Thessaloniciens étaient exhortés à croître dans la sainteté pratique, ici c'est dans l'amour fraternel. Dans ces deux domaines, nous pouvons toujours avancer. Il en était de même des Philippiens. Paul savait qu'ils vivaient dans l'amour fraternel, mais il leur écrit: «Je demande ceci dans mes prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence» (Philippiens 1:9). Les relations d'amour des saints peuvent toujours s'approfondir.

Verset 11

«et à vous appliquer à vivre paisiblement, à faire vos propres affaires et à travailler de vos propres mains, ainsi que nous vous l'avons ordonné»

En Hébreux 13:1, nous lisons: «Que l'amour fraternel demeure». Le danger est grand de faiblir dans l'amour fraternel. Les Thessaloniciens y étaient aussi exposés, et Paul veut attirer leur attention sur deux points:

Le premier danger était de s'immiscer dans les affaires des autres. Bien certainement, nous devons avoir de l'intérêt les uns pour les autres, mais si nous regardons trop à ce que les autres font ou ne font pas, l'amour peut en souffrir. Nous devrions éviter de porter des jugements à l'égard de nos frères et sœurs sur ce qu'ils font, et surtout pas sur leurs motifs. Cela ne veut pas dire que nous devions supporter le mal, il ne s'agit pas de cela ici. Mais Paul veut nous mettre en garde contre le danger de nous mêler d'affaires qui ne nous concernent pas.

Le second danger était que quelques-uns avaient tendance à profiter de l'amour de leurs frères et sœurs pour vivre à leurs frais. À l'origine, peut-être sans mauvaise intention. Plusieurs d'entre eux étaient si occupés de la venue du Seigneur qu'ils avaient cessé de travailler à leur profession terrestre. C'est pourquoi Paul les exhorte à travailler de leurs propres mains.

Il revient sur ce sujet dans sa deuxième épître. Il y écrit: «Nous apprenons qu'il y en a quelques-uns parmi vous qui marchent dans le désordre, ne travaillant pas du tout, mais se mêlant de tout. Mais nous enjoignons à ceux qui sont tels, et nous les exhortons dans le Seigneur Jésus Christ, de manger leur propre pain en travaillant paisiblement» (2 Thessaloniciens 3:11, 12). La pensée du retour du Seigneur ne devrait pas nous rendre paresseux en ce qui concerne notre travail journalier. Bien au contraire, nous devrions toujours nous appliquer à accomplir notre devoir. Même si nous savions que le Seigneur va revenir demain, nous devrions accomplir normalement notre travail aujourd'hui.

De façon générale, quand quelqu'un avance des motifs spirituels pour ne pas travailler en vue de subvenir à ses propres besoins, ce n'est pas un bon signe. Il y a certainement des exceptions, notamment pour ceux que le Seigneur appelle à consacrer tout leur temps à son service. Mais si nous ne sommes pas satisfaits de notre activité professionnelle, nous ne pouvons pas simplement cesser de travailler en nous reposant sur nos frères dans la foi et en vivant à leurs frais. Dieu veut que nous nous montrions fidèles aussi dans notre activité professionnelle. En 1 Timothée 5:8, nous lisons, bien que ce soit dans un autre contexte: «Mais si quelqu'un n'a pas soin des siens et spécialement de ceux de sa famille, il a renié la foi et il est pire qu'un incrédule». N'oublions pas ce principe divin.

Verset 12

«afin que vous marchiez honorablement envers ceux de dehors et que vous n'ayez besoin de personne.»

C'est avec ces mots que Paul termine ses instructions pratiques quant à la marche chrétienne. Comme chrétiens, nous sommes premièrement responsables vis-à-vis de Dieu. Deuxièmement, nous vivons au milieu de nos frères et sœurs et leur sommes attachés par l'amour fraternel. Et troisièmement, nous vivons encore dans ce monde et avons obligatoirement toutes sortes de contacts avec des incrédules. Nous ne sommes certes pas de ce monde, mais nous sommes dans ce monde. Les gens de ce monde nous observent et enregistrent comment nous nous comportons.

Paul désigne ici les gens du monde comme «ceux de dehors». Ce sont des incrédules; ils sont clairement différenciés des croyants, qui sont dedans. Il n'y a dans ce sens que deux groupes de personnes, ceux qui sont dehors et ceux qui sont dedans. Nous avons une responsabilité vis-à-vis des incrédules. Elle concerne toute notre conduite, nos conversations, notre manière d'agir. Paul parle aussi de cette responsabilité dans l'épître aux Colossiens, lorsqu'il dit: «Marchez dans la sagesse envers ceux de dehors, saisissant l'occasion» (4:5).

Notre marche devrait donc être d'un côté «dans la sagesse», et de l'autre «honorable», ou encore «bienséante». Une marche bienséante est un comportement qui ne fournit pas de motif de scandale à un incrédule. C'est dans ce sens que Paul écrit aux Romains: «Conduisons-nous honnêtement, comme de jour» (13:13). Notre comportement n'est pas la plus petite partie de notre témoignage devant les hommes. Les Thessaloniciens ne devaient pas donner l'occasion aux gens du monde de les montrer du doigt. Et Paul les exhorte à ne pas se mettre inutilement dans la dépendance de qui que ce soit. Ceci nous parle aussi. Combien de personnes ont déjà été amenées à la foi simplement par le comportement d'un croyant. Pour citer la parole d'un autre: «On reconnaît un chrétien à ce qu'il dit et on apprécie un chrétien à ce qu'il fait». Sans doute nos paroles sont importantes, mais elles ne porteront pas beaucoup si notre comportement n'est pas en harmonie avec elles.

À suivre