Première épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

La marche en sainteté

Chapitre 4

Avant d'en venir au thème qui est le motif de sa lettre, savoir le retour du Seigneur (4:13), Paul a à cœur d'exprimer quelques pensées pratiques. Il y avait bien des choses dignes de louange chez les Thessaloniciens, et il les a relevées avec reconnaissance. Il y avait toutefois des dangers particuliers auxquels ils étaient exposés par leur environnement païen. Paul les met en garde contre ces dangers, en les exhortant à une marche sainte, dans la lumière et dans l'amour. L'amour et la sainteté ont été mentionnés ensemble au chapitre 3, dans les versets 12 et 13. Dans le passage qui est devant nous, nous trouvons de nouveau les deux, mais dans l'ordre inverse.

Les exhortations pratiques de ce passage sont en relation directe avec le retour du Seigneur. Elles s'adressent à des croyants qui sont encore sur la terre et qui attendent leur Maître. Les exhortations exprimées correspondent aux diverses relations dans lesquelles nous nous trouvons:

  • dans les versets 3 à 8, il s'agit de Dieu, selon la volonté duquel nous devons vivre sur cette terre,
  • dans les versets 9 et 10, il s'agit de nos frères, que nous devons aimer,
  • et dans les versets 11 et 12, il s'agit de notre témoignage vis-à-vis des incrédules, devant lesquels nous devons marcher honorablement.

Verset 1

«Au reste donc, frères, nous vous prions et nous vous exhortons par le Seigneur Jésus, pour que, comme vous avez reçu de nous de quelle manière il faut que vous marchiez et plaisiez à Dieu, comme aussi vous marchez, vous y abondiez de plus en plus».

L'apôtre portait ces jeunes croyants de Thessalonique sur son cœur, et c'est dans la relation d'affection qui le liait à eux qu'il leur adresse maintenant une parole d'exhortation. Si nous connaissons une relation heureuse entre frères, il est plus facile, soit d'exprimer, soit d'accepter une exhortation. Paul ne voulait pas user envers eux de son autorité apostolique et ordonner; il se contente de les prier et de les exhorter.

Le mot utilisé ici pour «prier» signifie: inviter à, demander aimablement. C'est une expression qui s'utilise entre personnes de même niveau. Paul ne prenait pas une attitude de supériorité, mais, avec amour, il voulait les rendre attentifs à quelques points de leur vie pratique. Ses paroles, cependant, revêtaient le caractère d'une exhortation. Il voulait attirer leur attention sur quelque chose d'important pour eux. L'amour n'hésite pas à rendre attentif aux dangers; au contraire, il les expose ouvertement. Et les exhortations de l'apôtre étaient «dans le Seigneur Jésus». Il n'y avait dans ses paroles ni contrainte légale, ni opinion personnelle, mais l'autorité du Seigneur. Paul était simplement le canal qui transmettait ce qu'il avait reçu du Seigneur. Quelle bénédiction il y aurait, aujourd'hui encore, si les exhortations étaient davantage exprimées et reçues dans un tel esprit!

Les Thessaloniciens sont invités à marcher d'une manière qui plaise à Dieu. Le verbe marcher évoque toute notre manière de vivre: notre comportement dans ce monde, nos paroles, nos actes, nos pensées. Tout cela doit être imprégné de la personne de notre Seigneur. Au chapitre 2, Paul décrit sa propre marche au milieu d'eux par les mots: «saintement, justement et irréprochablement» (verset 10). C'est ainsi qu'elle avait été agréable à Dieu. Le Seigneur nous a donné l'exemple parfait. Sa vie était toujours telle qu'elle plaisait à Dieu. Jamais il n'a dit, fait ou pensé quelque chose qui ne soit en plein accord avec son Dieu. Quel modèle! Il pouvait dire en vérité: «Celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8:29). Plus d'une fois, le Père rend témoignage que le Seigneur est son Fils bien-aimé, en qui il a trouvé son plaisir. Paul marchait sur les traces de son Maître. Il pouvait écrire aux Corinthiens: «C'est pourquoi aussi… nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables» (2 Corinthiens 5:9).

A qui désirons-nous plaire? À nos frères et sœurs, à nos concitoyens, à nos collègues de travail, à nos voisins, à nos parents — ou à Dieu et au Seigneur Jésus? En général, les gens désirent se faire remarquer d'une manière ou d'une autre par ceux qu'ils côtoient, et ils orientent leur style de vie en conséquence. Bien qu'étant croyants, nous ne sommes pas à l'abri de ce danger. Gardons-nous de chercher à plaire aux hommes plus qu'au Seigneur, même si ces hommes sont des frères et des sœurs!

Pour ne pas décourager les Thessaloniciens, Paul relève ce qu'il y a de positif: «…comme aussi vous marchez». Ils s'efforçaient de plaire à Dieu et Paul le voyait. Mais ils pouvaient encore faire des progrès. Il y a un exercice continuel aussi longtemps que nous sommes sur la terre. Il y avait beaucoup de choses où les Thessaloniciens ne voyaient pas encore bien clair; ils manquaient d'enseignement.

Verset 2

«Car vous savez quels commandements nous vous avons donnés par le Seigneur Jésus».

Paul leur rappelle ce qu'il leur avait déjà dit et qu'ils savaient. Il bâtit sur un fondement connu. On voit ici qu'il n'enseignait pas sur la base de sa propre autorité, mais transmettait ce que le Seigneur lui avait confié.

Autrefois, les commandements de Dieu avaient été donnés à Israël par la loi, qui exigeait des hommes l'obéissance. Personne ne put — ni ne peut — accomplir les commandements de Dieu, tels qu'ils sont formulés dans la loi. Ces commandements, tous les hommes les ont transgressés. Dans la période actuelle, celle de la grâce, les commandements de Dieu nous sont donnés «par le Seigneur Jésus». Par la nouvelle nature que nous possédons, et par le Saint Esprit, nous sommes à même de garder ces commandements. Nous ne les gardons pas dans un esprit de crainte, mais dans un esprit d'amour. Jésus a dit: «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime» (Jean 14:21).

Verset 3

«Car c'est ici la volonté de Dieu, votre sainteté, que vous vous absteniez de la fornication…»

Encore une fois Paul souligne qu'il ne s'agit pas de son opinion, ni de sa volonté. Et ici, la volonté de Dieu, c'est notre sainteté pratique. Nous nous souvenons facilement que la volonté de notre Dieu Sauveur est que tous les hommes soient sauvés (1 Timothée 2:4), mais sommes-nous aussi conscients que sa volonté est que nous menions une vie sainte?

Nous avons déjà vu, dans le dernier verset du chapitre 3, la différence entre la position dans laquelle Dieu nous a introduits comme saints et bien-aimés, et l'état pratique qui doit y correspondre. Il s'agit de nouveau de notre état pratique. La sainteté désigne ici une sanctification active, un développement spirituel. Il est important de bien voir la différence entre la position de sainteté et la sanctification pratique, qui est un exercice de tous les jours. Il en est d'ailleurs de même de la justice. Nous sommes justifiés quant à notre position: Dieu nous a donné sa justice, parce que le Seigneur Jésus est mort à la croix. La conséquence pratique en est que nous devons vivre justement; notre vie doit être en accord avec la justice de Dieu (voir par exemple 1 Pierre 2:24). La sanctification conduit à la maturité spirituelle. Nous apprenons tout au long de notre vie ce dont nous devons nous purifier et pour qui nous devons nous sanctifier. Nous apprenons à connaître le caractère du monde dont nous devons nous séparer, et nous voyons toujours plus qui est le Dieu auquel nous appartenons. La sainteté pratique est en rapport avec cette terre. Elle se lie à la venue du Seigneur: c'est une préparation morale à son retour. L'apôtre Pierre va même encore plus loin, puisqu'il parle du jour de Dieu, donc l'état éternel. Il écrit: «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu» (2 Pierre 3:11). Combien donc est importante l'exhortation à la sainteté pratique! Peu avant sa mort, le Seigneur demandait au Père pour ses disciples: «Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité» (Jean 17:17).

Il y a chez tout croyant des points faibles, et le diable cherche à les utiliser pour amener de la souillure. De plus, il essaie de nous convaincre que cela est anodin. Chez les Thessaloniciens, il y avait le grand danger de considérer la fornication comme quelque chose d'ordinaire. C'est pourquoi Paul dit ici: «que vous vous absteniez de la fornication». Nous ne devons pas oublier qu'ils vivaient dans l'ancien monde grec, où l'immoralité avait libre cours. La politique, la littérature et surtout la religion favorisaient cela. L'idolâtrie du monde païen était associée aux pratiques immorales. C'est dans cet environnement que les Thessaloniciens avaient été élevés. Ils subissaient l'influence de ces choses, et le danger était grand, maintenant qu'ils étaient convertis, de ne rien y voir d'anormal. C'est pourquoi Paul les met en garde si clairement.

Pour nous, aujourd'hui, cette exhortation est-elle moins nécessaire? Certes, pendant des siècles, le christianisme a exercé son influence en Europe (au moins extérieurement), de sorte que la fornication n'était pas ouvertement favorisée. Mais où en sommes-nous aujourd'hui? Le monde qui nous entoure est plein de corruption morale, et nous sommes en danger de considérer comme anodin ce qui est en opposition à la sainteté de Dieu.

En Galates 5:19, où les œuvres de la chair sont énumérées, la fornication vient en premier lieu. Ce mot (en grec: porneia) désigne toute relation sexuelle hors mariage. Les désirs de notre chair sont des armes par lesquelles Satan cherche à nous faire tomber. Nous ne pouvons résister à ses attaques que si nous sommes vigilants. Souvenons-nous de ce que fit Joseph quand la femme de Potiphar voulut le séduire: il refusa, il n'écouta pas et finalement il s'enfuit  (Genèse 39:8, 10, 12).

Versets 4 et 5

«que chacun de vous sache posséder son propre vase en sainteté et en honneur, non dans la passion de la convoitise comme font les nations aussi qui ne connaissent pas Dieu»

Que le croyant se garde de livrer son propre corps à la fornication! «Le corps n'est pas pour la fornication, mais pour le Seigneur» (1 Corinthiens 6:13).

L'attrait mutuel de l'homme et de la femme a été donné de Dieu à sa créature. Il n'a donc rien de mauvais en lui-même. Toutefois, Dieu nous a créés ainsi en vue du mariage, et ce n'est que dans ce cadre que ces dons particuliers du Créateur doivent s'épanouir. Toute relation charnelle hors de ce cadre est un péché, que Dieu appelle fornication. C'est de cela qu'il s'agit ici. Les gens qui ne connaissent pas Dieu vivent dans la passion de la convoitise. La passion est un désir incontrôlé. Au sujet des nations d'autrefois, nous lisons en Romains 1:24-27: «C'est pourquoi Dieu les a aussi livrés, dans les convoitises de leurs cœurs, à l'impureté, en sorte que leurs corps soient déshonorés entre eux-mêmes… Car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature; et les hommes aussi pareillement, laissant l'usage naturel de la femme, se sont embrasés dans leur convoitise l'un envers l'autre». Quant aux hommes de la dispensation chrétienne, Jude écrit qu'ils se livrent aux mêmes vices, s'abandonnant à la fornication et allant «après une autre chair» (verset 7). Aujourd'hui, ce sont des choses qui nous entourent comme l'air que nous respirons. C'est pourquoi nous devons être particulièrement vigilants.

Verset 6

«Que personne ne circonvienne son frère ni ne lui fasse tort dans l'affaire, parce que le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses, comme aussi nous vous l'avons dit précédemment et affirmé».

C'est l'adultère qui est en vue ici. Mais ce qui est courant dans le monde aujourd'hui n'est-il pas un réel danger pour nous? L'histoire est pleine d'exemples qui nous montrent que des croyants peuvent aussi tomber dans ce péché. David a convoité Bath-Shéba, l'a prise, et n'a pas reculé devant le meurtre de son mari, Urie, pour cacher sa faute (2 Samuel 11 et 12). L'adultère est d'abord un péché contre Dieu, mais en même temps, on trompe un frère et on lui fait gravement tort.

«Le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses». Comme enfants de Dieu, avons-nous donc affaire au Seigneur comme vengeur? Pour ce qui est de notre salut éternel, nous le connaissons comme Sauveur; nous savons qu'il ne sera pas notre juge. Mais n'oublions pas pour autant que notre Sauveur est aussi Seigneur dans son royaume. Et dans ce royaume, nous sommes soumis à son juste gouvernement. C'est pourquoi, tout au long de notre vie sur cette terre, nous avons à tenir compte de lui comme le vengeur. Ceci n'a rien à faire avec la vie éternelle. Si, en tant que ses disciples, nous sommes désobéissants, nous en porterons les conséquences. Ce n'est pas parce qu'il nous aime et qu'il est mort pour nous qu'il peut renier ses caractères de lumière et de sainteté.

Un principe fondamental de son gouvernement est: «Ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera» (Galates 6:7). Si nous menons pratiquement une vie de souillure, nous en subirons les conséquences. Nous voyons cela clairement dans la vie de David. Bien que Dieu ait pardonné son péché à l'égard d'Urie, il a dû en subir les conséquences douloureuses sa vie durant. Le pardon et la restauration sont une chose, mais les conséquences en sont une autre. Dieu pardonne, mais il peut ne pas nous épargner les fruits de notre mauvaise conduite.

Lors de son séjour à Thessalonique, Paul avait déjà parlé de ce principe du gouvernement de Dieu dans son royaume. Il n'en avait pas seulement parlé, il en avait solennellement témoigné. N'est-il pas nécessaire que ces principes nous soient aussi sérieusement rappelés? Il est heureux et profitable d'être occupés de la grâce qui pardonne, mais n'oublions pas la responsabilité que nous avons devant notre Seigneur.

Verset 7

«Car Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté, mais dans la sainteté».

Notre appel est à la mesure de la nature même de Dieu. Dieu est lumière, et par conséquent notre appel est nécessairement dans la sainteté. Nous avons à marcher comme des enfants de la lumière (Éphésiens 5:8). Dieu a «les yeux trop purs pour voir le mal» (Habakuk 1:13). Si nous voulons nous faire une idée de la sainteté de Dieu, et de ce qu'est le péché à ses yeux, il nous faut aller à la croix de Golgotha. Là le Dieu saint a abandonné l'homme Christ Jésus parce qu'il avait pris sur lui notre culpabilité. Parce que Dieu est lumière et qu'il ne peut voir le péché, le Sauveur a dû s'écrier là: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» La sainteté de Dieu est telle qu'il ne pouvait pas lui épargner ces heures terribles de ténèbres. Et pour la même raison, il ne peut jamais accepter quelque péché chez ses enfants. Il ne peut voir le péché.

Comme chrétiens, nous sommes appelés à la liberté, comme le déclare Paul dans l'épître aux Galates (5:13).

Mais cela devrait-il signifier que nous pouvons vivre à notre guise? En aucune manière. La liberté dans laquelle nous avons été introduits ne devrait jamais nous conduire au péché. C'est pourquoi l'apôtre ajoute: «seulement n'usez pas de la liberté comme d'une occasion pour la chair». Voilà le caractère de la liberté chrétienne.

Verset 8

«C'est pourquoi celui qui méprise, ne méprise pas l'homme, mais Dieu, qui vous a aussi donné son Esprit Saint».

Ici Paul met de nouveau toute chose en rapport avec la plus haute autorité, avec Dieu. L'adultère est évidemment une tromperie à l'égard de son conjoint, mais il est d'abord une offense à Dieu. Ceci n'est pas dit à des incrédules, mais à des enfants de Dieu, car un incrédule ne possède pas le Saint Esprit! C'est très sérieux. Chaque fois que nous faisons quelque chose contre la volonté de Dieu, nous le méprisons. C'est pourquoi notre manière de marcher est si importante. Une vie non sanctifiée déshonore Dieu.

Dieu nous a donné son Esprit Saint. Il habite dans l'assemblée (1 Corinthiens 12:13); mais il habite aussi en chaque croyant individuellement (Galates 4:6; 1 Corinthiens 6:19). L'activité du Saint Esprit en nous tend toujours à glorifier Christ (Jean 16:14). Or jamais ceci ne peut être associé avec le mal. En 1 Corinthiens 6, Paul s'exprime avec gravité quant à la fornication, qui était à Corinthe un danger encore bien plus grand qu'à Thessalonique. Dans son argumentation, il mentionne deux points: Premièrement, nos corps sont des membres de Christ; quelle chose abominable si nous nous unissions à une prostituée! Secondement, notre corps est le temple du Saint Esprit; quelle puissante raison de le conserver dans la sainteté! «Fuyez la fornication: quelque péché que l'homme commette, il est hors du corps, mais le fornicateur pèche contre son propre corps. Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu? Et vous n'êtes pas à vous-mêmes; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps» (1 Corinthiens 6:18-20). Ce n'est pas en vain que l'Esprit est appelé le Saint Esprit, en 1 Corinthiens 6, comme en 1 Thessaloniciens 4. Il veut produire en nous la sainteté et nous séparer de tout mal.

À suivre