Jusqu'à ce que je vienne

A.E. Bouter

Le Seigneur Jésus a fait la promesse de son retour afin d'encourager ses disciples durant son absence (Jean 14:3). Cette promesse est aussi sous-entendue dans les paroles «jusqu'à ce que je vienne» de la parabole des mines (Luc 19:13). Dans celle-ci, le Seigneur exprime le désir que nous soyons des serviteurs dans l'attente de leur Maître, tout en nous occupant assidûment de ses intérêts, dans le monde où il a été rejeté. Comment répondons-nous à ce désir?

Nous allons considérer cinq passages qui concernent nos responsabilités actuelles à la lumière de la venue de Christ. Parfois, les gens pensent que ceux qui attendent le retour du Seigneur vivent tant soit peu «dans les nuages». Or les passages que nous allons examiner montrent qu'il n'en est rien. Ils nous font voir les motifs qui devraient nous animer, et qui nous encouragent à être fidèles au Seigneur Jésus, par amour pour Celui qui s'est livré pour nous (Galates 2:20).

C'est un thème important que celui de notre service à la lumière de son retour. La Parole le lie à nos différentes responsabilités en tant qu'esclaves, disciples, frères et sœurs, témoins et amis du Seigneur Jésus. Nous allons voir ainsi de quelle façon l'attente de son retour nous touche dans cinq champs d'activité. Et relativement à ces cinq types de relation, posons-nous les questions suivantes: Suis-je vraiment un serviteur du Seigneur, un disciple qui suit son Maître, un frère ou une sœur sentant ses responsabilités, un témoin fidèle? Est-ce que j'aime vraiment le Seigneur?

«Trafiquez — ou faites-les valoir — jusqu'à ce que je vienne» (Luc 19:11-26)1

1 Le verbe «trafiquer» a aujourd'hui un sens péjoratif. Il signifie ici: «faites-les valoir».

Zachée venait de recevoir le Seigneur chez lui. Entendant parler du salut qui était venu à cette maison, les disciples et ceux qui connaissaient Jésus se demandaient si le royaume de Dieu allait immédiatement paraître (verset 11). Ils croyaient que le Seigneur allait bientôt régner glorieusement. Mais lui, par une parabole, leur explique qu'il serait «dans un pays éloigné». Il allait donc remettre ses intérêts entre les mains de ceux qui confessent son nom pendant son absence. Ils sont représentés par les dix serviteurs qui ont reçu chacun une mine.

Le nombre dix symbolise la responsabilité de l'homme; le fait qu'il ait été donné une mine à chacun évoque que tous les disciples du royaume de Dieu ont la même «provision» de grâce. La question est: Comment utilisons-nous cette grâce pour le Maître? Servons-nous avec assiduité les intérêts de Christ, bien qu'il soit absent?

Nous avons comme tâche de représenter notre Seigneur Jésus dans le monde qui l'a crucifié et qui continue à le rejeter. Voilà ce que signifie pour nous le royaume dans son caractère moral actuel. Nous pouvons connaître beaucoup de souffrances pour le Seigneur Jésus, mais nous régnerons bientôt avec lui (2 Timothée 2:12). Il s'attend à ce que nous soyons fidèles, actifs, productifs et diligents — non en employant des moyens charnels, mais par la puissance de l'Esprit et conduits par la parole de Dieu. Il ne suffit pas d'un pur formalisme, comme l'illustre l'esclave qui a placé sa mine dans un linge. Il s'agit de l'amour que nous avons pour notre Maître, et cet amour est démontré par les serviteurs qui ont produit dix ou cinq mines de plus que celle qui leur avait été confiée. Laissons-nous interpeller par cette parabole. Sommes-nous des serviteurs qui s'occupent fidèlement des intérêts de leur Maître?

«Suis-moi» — «jusqu'à ce que je vienne» (Jean 21:19-23)

Suivre Jésus: voici un sujet qui s'apparente étroitement au précédent. Sommes-nous des disciples qui suivent le Seigneur Jésus? Sommes-nous disposés à marcher comme il a marché quand il était sur la terre? Nous avons à suivre son exemple, à imiter son comportement moral.

Le Seigneur, après sa résurrection, a rétabli la communion avec Pierre, qui l'avait renié. Cela étant fait, il ajoute: «Suis-moi». Mais Pierre, se retournant, voit Jean suivre Jésus. Il demande alors au Seigneur: «Et celui-ci, que lui arrivera-t-il?» La réponse est remarquable: «Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? Toi, suis-moi» (verset 22). Nous pouvons tirer une grande leçon de ce récit: suivons le Seigneur quoi qu'il arrive. Au lieu de nous occuper des affaires des autres, attachons-nous à suivre nous-mêmes le Seigneur.

En prenant son joug sur nous, nous apprenons de lui (Matthieu 11:29); en le contemplant, nous sommes transformés à son image (2 Corinthiens 3:18). Ne laissons aucun obstacle — y compris celui des bonnes intentions — se placer entre le Seigneur et nous. Nous pouvons tirer trois leçons de la vie de Jean:

  1. Il s'intitule cinq fois «le disciple que Jésus aimait»; non parce que Jésus n'aimait pas les autres disciples, mais parce que Jean était celui qui connaissait le mieux l'amour du Seigneur pour lui. Il avait appris à ne rien laisser s'interposer entre lui et le Seigneur, ce qui correspondait à une communion sans nuage.
  2. Il était caractérisé par son amour pour le Seigneur; le fait qu'il suivait le Seigneur en témoigne.
  3. Il jouissait d'une intimité particulière avec le Seigneur, si bien qu'il connaissait ses pensées et s'appuyait sur lui (Jean 21:20).

«Ne jugez rien avant le temps, jusqu'à ce que le Seigneur vienne» (1 Corinthiens 4:1-5)

Juger ou ne pas juger, voilà la source de nombreux malentendus. D'après ce verset et ce que le Seigneur dit en Matthieu 7 (verset 1) certains croient que nous ne devrions jamais porter aucun jugement. Cependant, dans le même passage, le Seigneur montre que nous devrions être capables de juger, mais avec crainte. En outre, Paul explique qu'il est nécessaire de juger certaines choses comme le moi, le péché, la chair et le monde. Dans ce passage de 1 Corinthiens 4, il est question non seulement de ne pas juger le serviteur d'autrui (cf. Romains 14:4), mais également de ne pas juger les motifs de mes frères et sœurs; je ne suis même pas capable de juger sûrement les miens (verset 4). Il s'agit de faire simplement la volonté du Maître. Juger les serviteurs de Dieu, comme le faisaient les Corinthiens, c'est prendre la place de Dieu. De plus ils le faisaient au mauvais moment — bien avant le temps! — et en utilisant de mauvais critères, c'est-à-dire les préjugés et les préférences qu'ils avaient.

Les versets 1 à 4 ont particulièrement trait à l'administration confiée aux apôtres et à leur responsabilité. Le verset 5 nous montre quelle disposition d'esprit nous devons avoir avec nos frères et sœurs jusqu'à ce que le Seigneur vienne. En jugeant les motifs des autres, nous nous exposons à détruire de bonnes relations avec eux. Le simple fait de toujours garder à l'esprit la venue du Seigneur nous gardera de beaucoup de mauvaises actions, dont celle de nous juger les uns les autres. À quoi serons-nous occupés lors de son retour? Serons-nous en train de juger nos frères injustement, ou au contraire de nous occuper d'eux pour leur bien?

«Ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu'à ce que je vienne» (Apocalypse 2:25)

Dans les 2e et 3e chapitres de l'Apocalypse, les sept églises ou assemblées nous sont présentées comme des témoins du Seigneur Jésus, qui se trouve alors au ciel. La première assemblée mentionnée, celle d'Éphèse, a abandonné son premier amour — celui qu'elle avait autrefois pour Lui (Apocalypse 2:4). C'est le point de départ de tout le déclin subséquent. Le Seigneur met le doigt sur la racine du mal en Matthieu 24:48, où nous lisons: «Si ce méchant esclave-là dit en son cœur: Mon maître tarde à venir…». Lorsqu'on cesse d'attendre le Maître, le cœur se refroidit. Aussi, dans le message à Thyatire, le Seigneur encourage son peuple — malgré les mauvais jours — à être son témoin. C'est non seulement une exhortation personnelle, c'en est aussi une collective, comme l'indique ce verset 25.

Le terme grec qui veut dire «témoin» est devenu notre mot «martyr» en français. Le premier martyr chrétien a été Etienne, qui a donné sa vie pour Christ. Etienne était prêt à rencontrer son Maître, et celui-ci était prêt à le recevoir. Etienne a vu Jésus debout à la droite de Dieu. Sommes-nous des témoins, disposés à payer le prix, non seulement en tant qu'individus, mais aussi de façon collective, en tant qu'assemblées locales?

Le ministère de Jean se caractérise par ce qui est essentiel. Il a pour but de maintenir les croyants dans la connaissance et la jouissance des bénédictions divines. Il nous ramène au premier amour, et nous présente des ressources qui durent jusqu'à la fin. L'Église dans son ensemble a abandonné son premier amour. Néanmoins, quand le témoignage collectif fait faillite, les écrits de Jean s'adressent individuellement à nous pour nous encourager à garder jusqu'à la fin, c'est-à-dire jusqu'à la venue du Seigneur, notre premier amour et tout ce qui nous a été confié. La présentation de la gloire de Christ, dans tout le livre de l'Apocalypse, avant sa manifestation visible, a des conséquences morales. Elle stimule l'Église, la véritable épouse, à se préparer pour l'Époux. «L'Esprit et l'épouse disent: Viens» (Apocalypse 22:17). Il s'agit de la seule parole prononcée par l'épouse en public: c'est une expression de désir ardent, d'amour et d'attente. Nous ne serons de véritables témoins que si nous sommes dans cet état.

«Vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne» (1 Corinthiens 11:26)

Quel effet la pensée de la venue du Seigneur a-t-elle sur nos vies? Le Seigneur Jésus attend de ceux qui sont rachetés par son précieux sang:

  • qu'ils le servent — comme des serviteurs fidèles
  • qu'ils le suivent — comme des disciples engagés,
  • que leurs relations fraternelles soient marquées par l'humilité et l'amour,
  • qu'ils soient ses fidèles témoins dans un monde qui le rejette.

Cela ne peut être accompli sans un profond engagement envers lui, un engagement d'amour. Et si nous l'aimons, c'est «parce qu'il nous a aimés le premier» (1 Jean 4:19).

Le repas du Seigneur nous rappelle l'amour merveilleux et insondable de Christ, auquel nous répondons en nous souvenant de lui. Il a demandé aux siens avant de les quitter: «Faites ceci en mémoire de moi» (Luc 22:19). Or nous annonçons la mort du Seigneur dans la perspective de sa venue. Nous le faisons «jusqu'à ce qu'il vienne» (1 Corinthiens 11:26). Cet acte implique l'obligation morale de nous juger nous-mêmes. C'est ainsi que nous nous préparons pour mettre en pratique les leçons qu'il nous a apprises.