En suivant le Berger (Psaume 23)

W.J. Lowe

Il n'y a peut-être pas de portion des Écritures qui nous soit plus familière. Mais la connaissons-nous comme l'expression de notre vie pratique? Pour bien comprendre ce psaume, ne pensons pas à nos propres circonstances, mais considérons-le comme étant l'expression du chemin du Seigneur sur la terre. Pour lui, ce psaume vient avant le psaume 22; quant à nous, nous ne pouvons y entrer pratiquement qu'après avoir connu l'expiation, qui fait le sujet du psaume 22.

L'Ancien Testament nous permet de considérer les voies de Dieu dans leurs détails. Il nous amène à faire l'expérience que l'Écriture est une lampe à nos pieds, une lumière à notre sentier, pour nous faire marcher à la suite du Seigneur Jésus. Une raison pour laquelle notre vie pratique est souvent d'un niveau faible, c'est que nous ne connaissons pas assez l'Ancien Testament. Nous n'avons pas assez l'habitude de le lire en pensant à Christ, en y voyant Christ. Selon le témoignage du Seigneur lui-même, dans la loi, les Psaumes et les prophètes, tout parle de Christ (Luc 24:27, 44). C'est donc aussi en lisant l'Ancien Testament que nous apprenons à le connaître personnellement.

Ce que nous avons donc dans ce psaume 23, c'est le merveilleux chemin que Christ a parcouru, et dans lequel il nous invite à le suivre pour que nous ayons communion avec lui. Le verset 1 paraît tout simple: du moment que l'Éternel est notre Berger, nous ne pouvons manquer de rien. Quand nous avons besoin d'être soulagés, consolés, délivrés, la seule raison pour laquelle notre cœur n'a rien à craindre, c'est de savoir que l'Éternel est notre Berger. Mais considérons Jésus, l'homme parfait, et nous comprendrons quelque chose de plus. Voilà quelqu'un qui disposait de tout, par qui et pour qui tout avait été fait. Il était héritier de tout, comme Fils de l'homme. Et cependant il a voulu traverser ce monde dans une dépendance absolue. Il n'a fait valoir aucun de ses droits, satisfait de savoir que l'Éternel était son Berger. Lui qui a dû s'écrier: «Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?», lui qui savait jusqu'où devait aller son obéissance, qui a obéi là même où nous ne pouvions pas obéir, qui a passé par un chemin par lequel nous ne pouvons pas passer, c'est lui qui a dit: «L'Éternel est mon Berger, je ne manquerai de rien». C'est quand on lit ce psaume 23 avec toute la lumière qu'y jette le psaume précédent qu'on en comprend réellement la beauté. Tout attendre de la part de Dieu, et de personne d'autre; voilà ce que Christ a parfaitement réalisé.

Il est des moments où la foi ne coûte rien. Cela n'a rien coûté à Abraham de croire que sa postérité serait comme les étoiles des cieux ou comme le sable de la mer. Il a cru et Dieu lui a compté sa foi à justice. Mais des années plus tard, quand Dieu lui dit: «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac», c'était bien autre chose. Sa foi était mise à l'épreuve jusque dans ses fondements. Tout ce qu'il avait reçu de promesses, de bénédictions, était centré sur ce fils, et Dieu lui demande de le lui offrir! Ce n'était pas comme Anne, qui donna Samuel avec la faculté de le revoir de temps en temps. Abraham devait immoler son fils, et il avait déjà pris le couteau quand Dieu l'a arrêté. Il y a des moments où tout ce que nous avons compris est mis en question. C'est quand je ne puis plus tenir compte ni de ma foi, ni de mes pensées, ni de mes sentiments, que je puis réellement dire: L'Éternel est mon berger. Tout change, tout passe, mais il y en a un qui ne change pas.

«Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me mène à des eaux paisibles» (verset 2). La nourriture ne fait jamais défaut, puisque nous la recevons de Dieu. Le croyons-nous? Les jeunes gens le croient-il? Quand nous jouissons de toute notre énergie naturelle, nous sommes peu disposés à croire que toutes nos ressources sont en Dieu. Expérimentons-nous le fond de cette vérité: «Il me fait reposer… il me mène»? C'est lui qui donne à nos âmes ce calme, cette tranquillité qui a caractérisé le Seigneur Jésus dans ce monde. Les disciples dans la nacelle lui disent: «Ne te mets-tu pas en peine que nous périssions?» (Marc 4:38). Jésus ne leur dit pas: Vous avez peu de foi, mais: vous n'avez pas de foi. Ils n'avaient pas la foi pour dire: «Christ est là». Celui qui a dit: «Paix vous soit» n'a jamais connu un moment de hâte ni de précipitation. Plus que la haine de ceux qui cherchaient à le lapider, l'incompréhension de ses disciples attristait le cœur du Seigneur. Mais les disciples sont comme un miroir qui nous renvoie notre image (Jacques 1:23, 24). Pierre, par exemple, aimait ardemment le Seigneur, mais il n'avait pas l'idée de ce qu'il y avait dans son propre cœur; il ne pensait qu'à se distinguer un peu plus que les autres.

En traversant ce monde dans une dépendance parfaite, Jésus, lui, a trouvé sa ressource en Dieu seul: «Il restaure mon âme» (verset 3). Ce n'était pas la joie de voir le fruit de son travail qui le renouvelait, mais l'Éternel lui-même. «Il me mène dans des sentiers de justice». Ce sont des sentiers de souffrance, car si quelqu'un veut être juste, il s'attirera la persécution et toutes sortes de souffrances.

Avons-nous une idée de ce que Jésus souffrait quand il devait dire à ses frères selon la chair: «Le monde ne peut vous haïr» (Jean 7:7)? Cela revenait à constater qu'ils avaient les mêmes pensées que le monde; quelle tristesse pour lui! Jamais il n'y a eu une condamnation de ce monde comme lorsque Jésus était sur la terre. Sa marche condamnait le monde, et dans son «sentier» de justice, Jésus a rencontré les plus grandes souffrances. Le mot que nous avons ici désigne un sentier comportant bien des détours dans un pays montagneux; on voit le sentier seulement à dix pas devant soi et on ne sait jamais où il tournera. Mais dans un tel sentier, on est parfaitement tranquille parce qu'on sait que Dieu nous conduit; on ne sait où il nous conduira, par où il faudra passer, mais on marche avec Dieu, et cela suffit. À Gethsémané, Jésus a dû repasser dans son âme, avec son Père, tout ce qu'était la mort pour lui. À la croix, quand il s'est écrié: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné», il ne pouvait recevoir de réponse. Mais à Gethsémané il a été écouté et fortifié, c'était la prière au moment convenable. La prière avant le moment pénible est toujours efficace. Nous tombons souvent parce que nous ne savons pas prier au moment voulu. Jésus n'a pas voulu aller à la croix sans aller d'abord à Gethsémané, sans avoir réservé ces quelques instants avec son Père. Là sa sueur coulait comme des grumeaux de sang.

Jésus veut que nous connaissions avec lui ce qu'est le bâton et la houlette (verset 4), ce qu'est Dieu pour consoler, pour soulager et pour que nous puissions aller au-devant de l'ennemi. Nous avons besoin du bâton pour nous protéger aussi bien que de la houlette pour nous corriger, nous reprendre. Dès ce verset 4, l'âme s'adresse à Dieu: «tu es avec moi… tu as oint ma tête d'huile». Jésus a été dans ce monde comme David après qu'il eût été oint, en attendant le trône. Sur la croix, un seul homme a élevé la voix pour glorifier Jésus, en disant: «Celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire». En un tel moment, le Sauveur pouvait dire: «Ma coupe est comble». Une âme entre au Paradis avec lui, c'était la «table dressée». «Ma coupe est comble». Quel cœur que celui de Jésus!

Que Dieu nous donne d'avoir la demeure de notre cœur là où Christ l'a eue!