Le feu dans les Écritures

Raymond Lacombe (1998)

Le feu, dans la Parole, est souvent le symbole d'une épreuve, d'un test ou d'un jugement, que Dieu effectue à l'égard d'une personne, d'une chose, ou d'une œuvre. Il est allumé par Dieu lui-même ou par des hommes.

Le feu peut avoir un effet consumant pour éliminer ce qui est incompatible avec la justice de Dieu. Par exemple, Jean le baptiseur enseignait que la balle du froment serait la proie du feu inextinguible (Matthieu 3:12). Mais il peut aussi y avoir résistance aux flammes, pas de destruction. La grâce, alors, est magnifiée.

Dans le cas des sacrifices, le feu sert à mettre en évidence le dévouement extrême, la consécration absolue de Christ.

Notre Dieu est un feu consumant (Hébreux 12:29)

«La colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes» (Romains 1:18). «Les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu», pour «la destruction des hommes impies» (2 Pierre 3:7). Tout homme, s'il n'est pas purifié de ses péchés, est passible de ce que la Parole appelle l'étang de feu et de soufre. Plusieurs expressions nous montrent que c'est une chose terrifiante, un jugement final, définitif. Il nous est parlé du «feu éternel» (Matthieu 25:41), du «feu inextinguible, là où leur ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas» (Marc 9:44), de «l'étang de feu embrasé par le soufre» (Apocalypse 19:20). Nous avons en Luc 16 l'histoire de ce riche, mort dans ses péchés, qui dit: «Je suis tourmenté dans cette flamme» (verset 24).

Dans l'Ancien Testament, il y a des scènes où Dieu fait apparaître spontanément le feu, dans l'exercice de son gouvernement.

À la suite de l'égarement de Nadab et d'Abihu, fils d'Aaron, «le feu sortit de devant l'Éternel, et les dévora, et ils moururent devant l'Éternel» (Lévitique 10:2). De même, dans l'affaire de Coré, «il sortit du feu de la part de l'Éternel, et il consuma les deux cent cinquante hommes qui présentaient l'encens» (Nombres 16:35). Il s'agissait en cette occasion d'une grave révolte. Un peu avant, dans ce même livre des Nombres, alors que le peuple se plaint, la colère de l'Éternel s'embrase et le feu dévore au bout du camp. Mais il est éteint grâce à l'intercession de Moïse (11:1-3). On peut citer encore le feu qu'Elie fit descendre du ciel à deux reprises sur des hommes qui se présentaient avec leur cinquantaine en commandant insolemment au prophète de descendre promptement (2 Rois 1:9-12).

Il s'agissait chaque fois d'un jugement immédiat. En Deutéronome 4, nous trouvons cette double révélation du caractère de Dieu: «Car l'Éternel, ton Dieu, est un feu consumant, un Dieu jaloux» (verset 24) et «Car l'Éternel, ton Dieu, est un Dieu miséricordieux» (verset 31).

Le rappel de ces interventions divines nous fait mesurer notre privilège d'être, selon cette expression bien suggestive, des tisons sauvés du feu (Zacharie 3:2).

Considérons la bonté et la sévérité de notre Dieu (Romains 11:22)

Quel soulagement et quelle joie, en effet, de connaître cette parole de l'Éternel par la bouche d'Elihu: «J'ai trouvé une propitiation», ou une rançon (Job 33:24)! Le Dieu de grâce et de pardon reste toujours un feu consumant. Mais s'il détourne sur une victime sa colère contre le pécheur, celui-ci est épargné. Dans le cantique enseigné en Ésaïe 12, le peuple dira: «Je te célébrerai, Éternel, car tu étais en colère contre moi, et ta colère s'est détournée, et tu m'as consolé» (verset 1). Et Dieu lui-même le confirmera: «Ma colère s'est détournée d'eux» (Osée 14:4).

À plusieurs reprises, dans l'histoire d'Israël, on voit le feu survenir spontanément et consumer une victime offerte à Dieu. Cela indique clairement que le sacrifice est accepté. C'est parce qu'ils annonçaient la seule offrande efficace, celle de Christ, que les sacrifices d'autrefois pouvaient être agréés. C'était le temps «du support des péchés précédents, dans la patience de Dieu» (Romains 3:25).

Dans le désert, lors de la consécration d'Aaron et de ses fils, la gloire de Dieu apparut à tout le peuple, «et le feu sortit de devant l'Éternel et consuma sur l'autel l'holocauste et les graisses» (Lévitique 9:24). C'était le témoignage de la pleine acceptation de ce sacrifice par l'Éternel. Il y eut des cris de joie et le peuple se prosterna. Nous voyons là la seule joie qui ait une authentique valeur: celle de voir la gloire de l'Éternel — un rassasiement de joie. Cela ne pouvait être réalisé qu'en suivant exactement la voie indiquée par Dieu. Moïse avait dit au peuple: «C'est ici ce que l'Éternel a commandé; faites-le, et la gloire de l'Éternel vous apparaîtra» (verset 6). Le principe n'est-il pas toujours vrai pour nous?

Au temps des juges, Gédéon, dans sa faiblesse, a besoin d'un signe pour être sûr que c'est l'Éternel qui parle avec lui (Juges 6:17). Il offre un chevreau — avec du bouillon — et des pains sans levain. L'offrande est posée sur le rocher et le bouillon versé. Malgré cette entorse aux prescriptions quant au mode de cuisson, le feu monte du rocher et consume la chair et les pains. Le sacrifice était accepté. Comme Gédéon, nous avons besoin de la grâce de notre souverain sacrificateur, pour que nos offrandes soient agréables à Dieu (Exode 28:38; 1 Pierre 2:5).

À la suite du péché du dénombrement, David fut dans une grande détresse. La plaie provoquée par l'épée nue de l'Ange atteignait Jérusalem! Seul un sacrifice payé son plein prix pouvait sauver le peuple. David l'offrit immédiatement, et invoqua l'Éternel. «Et il lui répondit par le feu des cieux sur l'autel de l'holocauste. Et l'Éternel parla à l'Ange, et il remit son épée dans son fourreau» (1 Chroniques 21:26, 27). Tout fut grand dans cette scène: le péché de David, sa détresse, les compassions de l'Éternel, la délivrance (versets 8, 13).

Au jour glorieux de l'entrée de l'arche dans le temple de Salomon, après la prière majestueuse prononcée par celui-ci, «le feu descendit des cieux et consuma l'holocauste et les sacrifices, et la gloire de l'Éternel remplit la maison» (2 Chroniques 7:1). Dieu fit à Salomon la promesse que ses yeux et son cœur seraient toujours là (verset 16). La fête dura quatorze jours, et chacun rentra chez lui «joyeux et le cœur heureux à cause du bien que l'Éternel avait fait à David, et à Salomon, et à Israël, son peuple» (verset 10).

En 1 Rois 18, hélas, les temps avaient changé. L'idolâtrie s'était honteusement répandue en Israël. Les prophètes de Baal étaient nombreux. Mais Dieu, jaloux pour sa gloire, ne s'était pas laissé sans témoignage. Par une démonstration spectaculaire, Elie, le prophète qui se tenait devant l'Éternel, va convaincre le peuple. Celui-ci tombera sur sa face en répétant: «L'Éternel, c'est lui qui est Dieu». En effet, à la prière d'Elie, le feu de l'Éternel tombe du ciel; il consume l'holocauste, le bois et les pierres; il lèche même l'eau qui était dans le fossé (1 Rois 18:38, 39). Par cette apparition spontanée du feu, Dieu démontrait qu'il ne donnerait pas sa gloire à un autre. De plus, il répondait à la foi courageuse du prophète. Enfin, le taureau consumé préfigurait Christ qui offrirait son âme en sacrifice pour le péché. Cela permettait à Dieu de patienter quant aux péchés du peuple. La pluie ne fut plus retenue, la grâce et la bénédiction purent se répandre.

Soyez saints, car moi je suis saint (1 Pierre 1:16)

Néanmoins, le fait que les croyants soient à l'abri de toute condamnation divine ne signifie pas que le feu destructeur de Dieu ne puisse agir. Il n'agira pas sur nous-mêmes, mais sur nos œuvres et sur nos impuretés. Il s'agit d'un feu purificateur, un feu d'affineur.

Quant à «l'ouvrage de chacun, le feu l'éprouvera» (1 Corinthiens 3:13). Le Fils de l'homme glorifié, dont les yeux sont comme une flamme de feu (Apocalypse 1:14), évalue parfaitement et continuellement la valeur de notre vie. Un jour viendra, au tribunal de Christ, où nos œuvres seront publiquement manifestées après avoir été éprouvées au feu.

Tant que nous sommes ici-bas, nous avons la chair en nous. Pour peu qu'elle se manifeste, nous sommes troublés et souillés (Hébreux 12:15). Mais le feu de l'épreuve fait son œuvre salutaire. Job dit: «Il connaît la voie que je suis; il m'éprouve, je sortirai comme de l'or» (23:10). Et le psalmiste constate: «O Dieu! tu nous as éprouvés, tu nous as affinés comme on affine l'argent» (Psaumes 66:10).

C'est la raison pour laquelle, lors de la Pentecôte, le Saint Esprit est descendu sous l'aspect de langues de feu. C'était un accomplissement partiel de la prophétie de Jean le Baptiseur: «Lui vous baptisera de l'Esprit Saint et de feu» (Matthieu 3:11). Il y a pour nous une purification nécessaire; elle s'opère par la Parole appliquée à nos consciences par le Saint Esprit. Pour le Seigneur au contraire, à son baptême, il n'y avait rien à purifier; il n'y eut pas de langue de feu mais une colombe, et la voix du ciel confirmant sa divinité.

Heureusement, il y a les cas où le feu éprouve notre ouvrage et manifeste sa résistance. Il en est ainsi des matériaux de valeur apportés dans la vie de l'Assemblée. Alors notre travail n'est pas vain dans le Seigneur (1 Corinthiens 3:12, 13; 15:58).

Un tison sauvé du feu (Zacharie 3:3)

Qui peut condamner celui que Dieu a justifié? Or il justifie celui qui est de la foi de Jésus (Romains 3:26). Paul annonce aux Romains la justice qui est de Dieu moyennant la foi (3:26). Ainsi le croyant n'est pas consumé par le feu du jugement.

C'est ce qui est figuré merveilleusement dans la vision du buisson ardent. Quelle chose insolite, pour Moïse, que dans la chaude sécheresse du désert, une touffe de ronces puisse résister continuellement aux flammes! Belle image du peuple d'Israël en Égypte, dans l'humiliation, le labeur, et l'oppression. Mais Dieu était dans le buisson.

Certes, l'Égypte servait de verge à l'Éternel. Le peuple avait déjà des idoles à cette époque (Ézéchiel 20:6-9). Lui aussi était passible de la condamnation, comme tous les autres peuples. Mais le buisson ne se consumait pas! C'est la grâce mystérieuse, merveilleuse! «J'ai vu, j'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Égypte… et je suis descendu pour le délivrer» (Exode 3:7, 8). Il sera délivré de l'Égypte, certes, mais surtout et avant tout de la colère divine. Ils seront un peuple à la louange de la gloire de la grâce de Dieu, un royaume de sacrificateurs, une nation sainte. Car le but final, c'est la gloire de Dieu.

N'oublions pas, en effet, que «notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ… s'est donné lui-même pour nous, afin… qu'il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres» (Tite 2:13, 14). La grâce justifie l'impie, dont la foi est comptée à justice. Les droits de Dieu sur lui ne s'exigent plus, ayant été satisfaits à la croix de Christ. Selon la vision d'Ésaïe 6, nos lèvres, sous lesquelles il y avait à l'origine «du venin d'aspic», lèvres autrefois impures, ont été purifiées par un charbon ardent pris sur l'autel (verset 6). Car ce charbon provenait du feu qui, sur l'autel d'airain, avait fait fumer une offrande agréée de Dieu.

La foi éteint la force du feu (Hébreux 11:34)

Si la foi nous a délivrés de la colère qui vient, elle nous fait traverser triomphalement le feu de l'épreuve. Ce feu n'échappe pas au contrôle divin. Il ne s'agit pas du jugement, et pas forcément d'un feu purificateur, mais d'une mise en évidence de cette foi, à la gloire de Dieu, pour le présent et pour l'avenir. Que l'épreuve de notre foi, comme celle de l'or soumis au feu, tourne «à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ» (1 Pierre 1:7)!

À cet égard l'exemple le plus éloquent de la Parole n'est-il pas celui des trois compagnons de Daniel auxquels Hébreux 11:34 fait allusion? Un quatrième homme, semblable à un fils de Dieu, était avec eux dans la fournaise. «Quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas» (Ésaïe 43:2).

Si le feu de l'adversité nous atteint, il est bon que nous recherchions son motif: est-ce seulement pour éprouver notre foi, à la gloire de Dieu, ou aussi dans un but purificateur, afin que nous participions davantage à sa sainteté?

Je ne veux pas sortir libre (Exode 21:6)

Celui qui a pu dire en toute vérité: «Le zèle de ta maison me dévore» (Jean 2:17), l'a manifesté dans toute sa vie ici-bas. Plus ses adversaires, ceux qui étaient à tort ses ennemis, l'assaillaient, plus sa fidélité brillait. L'odeur de l'encens de l'offrande de gâteau s'exhalait par l'ardeur du feu qui chauffait la poêle, la plaque ou le four (cf. Lévitique 2).

Et cette vie se termina par cette déclaration: «Je ne veux pas sortir libre». Pour la gloire de Dieu et par amour pour les siens, il livra son âme en sacrifice pour le péché. Tous les sacrifices qui en avaient été le type devaient être brûlés hors du camp. Ce feu est l'image de la colère de Dieu contre le péché, et par conséquent contre Celui qui était fait péché pour nous1. On peut appliquer au Seigneur ces paroles des psalmistes: «Jusques à quand, ô Éternel, te cacheras-tu à toujours, et ta fureur brûlera-t-elle comme un feu?» (Psaumes 89:46) et «mes jours s'évanouissent comme la fumée, et mes os sont brûlés comme un foyer» (Psaumes 102:3).

1 Notons toutefois que la graisse de ces sacrifices fumait sur le feu de l'autel de l'holocauste (Lévitique 4:8-10).

Mais en même temps, par amour pour son Dieu et Père, il se livra lui-même comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur (Éphésiens 5:2). L'holocauste était mis sur le feu de bois qui était sur l'autel. Les morceaux, la tête, les graisses, tout devait fumer en odeur agréable à l'Éternel (Lévitique 1:8, 9). Notre Seigneur fut l'holocauste parfait. C'est l'obéissance par amour jusqu'à la mort; c'est le dévouement extrême, l'offrande totale; c'est la consécration absolue. Dieu put trouver ses délices infinies dans ce sacrifice.

Que nos cœurs soient sans cesse pleins de reconnaissance pour la grâce qui nous a été donnée! Puissions-nous la retenir pour servir Dieu «d'une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte. Car aussi notre Dieu est un feu consumant» (Hébreux 12:28, 29).