Ils ne sont pas du monde (Jean 17:14, 16)

«J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés du monde; ils étaient à toi, et tu me les as donnés» (Jean 17:6). Ainsi parle notre Seigneur, le Fils de Dieu, à son Père, le dernier soir de sa vie sur la terre. Il met à deux reprises l'accent sur ce grand fait: «Ils ne sont pas du monde». Et dans les deux cas, il ajoute ce qui caractérise notre relation avec lui: «comme moi je ne suis pas du monde» (versets 14 et 16). L'épître aux Galates commence en rappelant: «Notre Seigneur Jésus Christ s'est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu'il nous retirât du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père» (1:4). Par ces passages est clairement définie la position du croyant vis-à-vis du monde, telle qu'elle existe aux yeux de Dieu.

Le Fils de Dieu, l'homme du ciel, est descendu sur cette terre où habitent les fils d'Adam, de l'homme de la terre, de l'homme qui est poussière. Ces hommes-là sont du monde et vivent dans le monde, c'est-à-dire dans l'atmosphère où Satan, le prince de ce monde, est seigneur et dominateur (Éphésiens 2:2).

Un jour, ce système corrompu sera jugé avec son prince. Le monde, en se révoltant contre Dieu et son Christ, se soumet à l'adversaire de Dieu et, étant du côté de cet adversaire, doit nécessairement subir le jugement avec lui. Tout ce qui appartient au monde aura le même destin que son prince.

Lorsque nous saisissons ce que l'Écriture désigne par l'expression «le monde», nous comprenons l'importance des paroles du Seigneur: «Ils ne sont pas du monde», et nous réalisons que nous sommes les objets d'une grande délivrance. Mais c'est le complément, «comme moi je ne suis pas du monde», qui nous montre toute la portée du changement réalisé. Le Seigneur Jésus s'étant «donné lui-même pour nos péchés», nous lui appartenons désormais entièrement.

Les expressions «rachetés», «achetés à prix», revêtent une signification particulière lorsque nous les rattachons — comme il se doit — à notre condition antérieure, alors que nous faisions partie du «monde». Ayant connu la misère où nous avaient plongés nos péchés, nous nous sommes réfugiés auprès de Jésus. De ce fait, nous nous sommes détournés du monde, condamnant celui-ci en même temps que nous-mêmes, et nous avons reçu la vie de Dieu. Nous sommes devenus participants de la nature divine et du Saint Esprit. Par la mort du Seigneur, nos anciennes relations avec le monde et avec son prince ont été rompues. L'expression «comme moi je ne suis pas du monde» sous-entend que nos rapports vis-à-vis de toutes choses dépendent de la position que Christ occupe lui-même vis-à-vis d'elles. Nous sommes «de Dieu dans le Christ Jésus» (1 Corinthiens 1:30), des «enfants de Dieu», des «fils».

Il peut être utile d'insister sur le fait que notre position en Christ concerne déjà le présent. L'Écriture nous dit: «Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu» (1 Jean 3:2). Il est vrai que notre marche n'est malheureusement pas toujours en accord avec notre position. Mais plus nous nous approprions les pensées divines exprimées par ces paroles, mieux nous les réaliserons pratiquement dans la puissance de la foi. C'est la conviction de notre relation avec un Seigneur glorifié dans le ciel qui nous en donne la force.

«Et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:14). Ces paroles expriment clairement que nous n'avons pas de part avec le monde. Mais combien pitoyable et dégradante est la position d'un enfant de Dieu oubliant qu'il appartient au Seigneur, et se mettant à ambitionner la faveur et l'approbation du monde! Le monde aime ce qui est «sien» (15:19). Si nous sommes fidèles, nous sommes exposés à sa haine, conformément à cette parole de Jésus.

Cette déclaration du Seigneur: «Ils ne sont pas du monde» a une signification particulière en relation avec sa venue pour les siens. Alors, le monde et tout ce qui lui appartient sera jugé. Dieu «a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l'homme qu'il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l'ayant ressuscité d'entre les morts» (Actes des Apôtres 17:31). La Parole nous renseigne quant au caractère redoutable de ce jugement. Mais «l'homme» qui l'exécutera est le même que Celui qui dit des siens: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». Comment, au regard de telles paroles du Seigneur, pourrait subsister l'étrange pensée que les siens devront probablement encore passer par les jugements? Alors «il se lèvera pour frapper d'épouvante la terre» (Ésaïe 2:19). Quand il est dit: «Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades, pour exécuter le jugement» (Jude 14), ce dernier concerne évidemment ceux qui l'ont méprisé. Au sujet de ce temps, il est écrit aussi: «Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice» (Ésaïe 26:9). Ils apprendront la justice, une chose qui leur était restée cachée durant la période de la grâce. Comment le Seigneur pourrait-il faire participer aux jugements qui frapperont le monde et son prince, la terre avec ses habitants, ceux dont il rend lui-même témoignage qu'ils ne sont pas du monde? Il les désigne lui-même comme ceux que le Père lui a donnés du monde et qui n'en font plus partie.

Si le Seigneur est obligé de juger les siens, il le fait par une sérieuse discipline, mais jamais en rapport avec le jugement que connaîtra le monde. Il est dit expressément à leur sujet: «Mais quand nous sommes jugés (c'est-à-dire maintenant et ici-bas), nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde» (1 Corinthiens 11:32).

Chers frères et sœurs, si le Seigneur a établi une séparation aussi absolue entre nous et le monde, nous laisserons-nous entraîner par ceux qui s'efforcent de l'effacer? Le Seigneur insiste sur celle-ci et c'est notre privilège de la maintenir. Retenons fidèlement la Parole de notre Seigneur, étant séparés du monde et de son train, marchant avec le Seigneur, démontrant que nous ne sommes pas du monde! Le moment venu, il manifestera publiquement que ceux que le monde hait sont aimés de lui comme étant ceux que le Père lui a donnés du monde. En retirant les objets de sa faveur avant les jugements, comme ce fut autrefois le cas pour Énoch, il rendra témoignage, mieux que nous ne pourrions jamais le faire, au fait qu'ils «ne sont pas du monde», ainsi qu'à notre union avec le Fils de l'homme glorifié à la droite de Dieu.

Rappelons-nous cette parole de l'apôtre Jean: «En ceci est consommé l'amour avec nous, afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement, c'est que, comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17). Telle est la position responsabilisante que nous avons déjà présentement, étant encore dans le monde! Elle est le témoignage et la preuve de la perfection de l'amour divin envers nous. Cet amour parfait chasse toute crainte et, là où il est connu et estimé, il contribue à nous rendre toujours plus conformes à Celui qui nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous.

Traduit de l'allemand