Tout va bien (2 Rois 4:8-37)

Jean-Pierre Fuzier

Pourquoi vas-tu vers Élisée aujourd'hui? Le mari de la Sunamite ne voyait pas de raison à la conduite de sa femme. Pris par son travail avec ses moissonneurs, il avait déjà oublié le malaise de son fils; en tout cas, il ne le lie pas à la démarche insolite de sa femme. Ce n'était pas un jour de fête, ni une sainte convocation. Pour lui, il suffisait d'observer ces jours prescrits par la loi, sans en saisir la portée spirituelle. Y avait-il de la foi en lui?

Sa femme ne lui répond pas, elle savait qu'elle serait incomprise. Si son mari avait su que son enfant était mort, il en aurait été attristé, mais il n'aurait pas pensé à aller auprès d'Élisée. L'intelligence de l'homme ne peut comprendre les motifs de la foi. Mais pour la Sunamite, le fils qu'elle avait gardé sur ses genoux jusqu'au moment où il mourut, était d'abord un don de Dieu. Elle l'avait désiré, mais ne l'avait pas demandé (verset 28). Dieu le lui avait donné en dehors de toute espérance humaine; il était pour elle un témoignage de sa puissance vivifiante et de son amour. Et c'est ce qui lui dicte sa conduite, aussi bien que la réponse qu'elle fait à son mari: «tout va bien» (verset 23).

Elle laissait son fils mort, couché sur le lit du prophète; elle s'en allait en hâte vers Élisée, ne voulant pas se laisser retarder ni distraire dans son voyage, mais ayant déjà, en quelque sorte, remis son enfant à la puissance de Dieu. Il n'y avait en elle ni indifférence à l'épreuve qui l'atteignait, ni désespoir, bien que son âme fût dans l'amertume (verset 27). Elle ressentait profondément la tristesse des heures passées — dans l'angoisse sans doute, tandis qu'elle tenait son enfant sur ses genoux, souffrant avec lui. Mais dans son affliction, elle n'était pas comme «les autres qui n'ont pas d'espérance» (1 Thessaloniciens 4:13); car lorsque son mari et elle-même étaient, dans leur stérilité, comme sous la sentence de mort, elle avait fait l'expérience de la puissance de Dieu pour donner la vie.

On peut penser que le souvenir des expériences d'Abraham et de Sara, et l'exemple de leur foi, étaient devant elle. Ces choses n'avaient-elles pas été écrites pour elle, afin que par la patience et la consolation des Écritures, elle puisse avoir espérance (Romains 15:4)?

C'est pourquoi, au moment où pour l'homme naturel tout va très mal, elle peut dire: «tout va bien».

Dans une épreuve semblable, le patriarche Jacob avait dit: «Toutes ces choses sont contre moi!» (Genèse 42:36). Ce petit-fils d'Abraham connaissait alors un temps de découragement, du fait des mensonges et de la dureté de cœur de ses fils (cf. Genèse 37:34, 35). En fait, c'était la dernière étape de la discipline de Dieu, avant qu'il ne retrouve son fils, Joseph, dans la gloire du royaume d'Égypte.

Quel contraste avec le Seigneur Jésus, au temps où il venait d'être rejeté par les villes de Galilée, témoins pourtant de ses miracles! «En ce temps-là, Jésus répondit et dit: Je te loue, ô Père… c'est ce que tu as trouvé bon devant toi» (Matthieu 11:25, 26). Et seul, le chef et le consommateur de la foi pouvait dire, dans de telles circonstances: «Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur; et vous trouverez le repos de vos âmes» (verset 29).

Par la foi, la Sunamite avait comme entendu à l'avance cette invitation. Elle allait vers Élisée, figure de Christ, pour trouver le repos de son âme. Quel exemple nous donne cette femme de foi!

N'avons-nous pas aujourd'hui reçu les témoignages vivants de la grâce et de l'amour de Dieu, la révélation de ses pensées à l'égard de Christ et de l'assemblée — ces choses que nous avons apprises par «la vivante et permanente parole de Dieu»?

Mais peut-être avons-nous oublié — si même nous l'avions appris —, que ces choses nous venaient de Dieu, pour sa gloire et pour la gloire de Christ dans l'assemblée. Et au moment où la détresse nous atteint, où il nous semble que ces trésors nous sont ôtés, ne devons-nous pas confesser que nous avons été trop occupés à «moissonner», nous déchargeant sur d'autres de s'occuper d'un mal mortel?

Cependant, la grâce de Dieu demeure. Il a encore des serviteurs pour porter la souffrance des siens sur leurs genoux, avec l'affection d'une mère, sans se décourager quand tout semble perdu. Dieu a encore des serviteurs et des servantes qui, tout en éprouvant profondément l'amertume de la ruine présente, sont capables de dire aujourd'hui par la foi: «tout va bien».

Mais, dire «tout va bien», lorsqu'en apparence tout va mal et qu'on pourrait dire «toutes ces choses sont contre moi», cela n'est possible que si on a foi en Dieu (Marc 11:23).

Cette même foi qui avait enseigné la Sunamite à coucher son enfant sur le lit du prophète, nous enseigne aujourd'hui à déposer nos fardeaux aux pieds de celui qui est venu faire sa demeure chez nous (Jean 14:23). Cela suppose que, premièrement, nous avons répondu à l'amour de Christ en gardant sa parole. On entend dire parfois: Le Seigneur garde le silence. Ne devrions-nous pas plutôt nous demander si nous avons gardé ses commandements? Dieu veut «la vérité dans l'homme intérieur» (Psaumes 51:6). Et «celui qui dit: Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n'est pas en lui (1 Jean 2:4).

La femme de Sumen connaissait Élisée. Lui ayant, en quelque sorte, remis son souci, elle va chercher auprès de lui l'explication de son amertume, et elle la reçoit. Après avoir expérimenté la puissance vivifiante de Dieu, elle apprend sa puissance de résurrection.

Qu'à l'exemple de la femme de Sunem, nous sachions placer devant la grâce du Seigneur ce «qui s'en va mourir» (Apocalypse 3:2) et, dans l'assurance d'une foi par laquelle nous pourrons dire «tout va bien», revenir nous placer humblement et sans réserve, sous le joug de l'obéissance à sa parole, jusqu'à ce qu'il vienne.