Première épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 2 (suite)

Verset 12

«…pour que vous marchiez d'une manière digne de Dieu qui vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire».

Ce verset touche le fondement même de l'enseignement de l'apôtre aux Thessaloniciens. Il ne lui suffisait pas de les avoir amenés à la foi, il voulait les conduire plus loin et les aider dans leur vie de croyants. Ceci est bien important. Beaucoup de chrétiens se satisfont de savoir qu'ils sont sauvés et ne viendront pas en jugement. Mais Dieu ne se contente pas de cela; il veut que nous croissions intérieurement. Ce passage nous montre quel est le but de Dieu pour nous. En même temps, il est important pour la compréhension de toute l'épître. Il est comme un condensé de l'enseignement de l'apôtre.

La première chose est donc que nous marchions d'une manière digne de Dieu. Le terme grec pour «marcher» signifie «aller et venir». Il se retrouve dans plusieurs passages du Nouveau Testament, dans un sens figuré. Il évoque toute notre conduite, dans tous les domaines, qu'il s'agisse de nos paroles, de nos pensées, de nos actes ou de nos sentiments. Le mot «digne» signifie aussi: «conforme». Tout notre comportement doit être en conformité avec ce que nous professons et avec notre appel.

L'expression «marcher d'une manière digne de» se trouve trois fois sous la plume de Paul, chaque fois en rapport avec le caractère de l'épître où elle apparaît. Elle nous indique avec quoi notre marche doit être en accord. (En Philippiens 1:27, nous trouvons l'expression «conduisez-vous d'une manière digne», mais le mot grec original est différent.)

Les croyants sont exhortés, en Colossiens 1:10, à marcher d'une manière digne du Seigneur. Ils étaient en danger de détourner leurs regards de Christ et de s'occuper d'autres choses par lesquelles ils pensaient enrichir leur foi. Paul leur présente alors la plénitude de la gloire du Seigneur et leur rappelle qu'ils avaient à marcher d'une manière digne de lui. Ils devaient être remplis de la connaissance de sa volonté, pour que leur marche soit en accord avec la dignité et la gloire du Seigneur.

En Éphésiens 4:1 nous lisons: «Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de l'appel dont vous avez été appelés». Cet appel nous est tout spécialement développé dans le chapitre 2. Par l'appel de Dieu, nous sommes «un homme nouveau», «un seul corps»; nous sommes «gens de la maison de Dieu», «un temple de Dieu», «une habitation de Dieu par l'Esprit». Voilà la doctrine telle que Dieu nous la présente et qui doit être visible et manifestée dans notre marche. Nous avons à marcher à la hauteur de cette vérité si précieuse.

Dans le passage qui est devant nous, il s'agit de marcher d'une manière digne de Dieu, qui nous a appelés à son propre royaume et à sa propre gloire. C'est-à-dire que notre comportement doit être en accord avec la sainteté et la dignité de notre Dieu. Il nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire, et cela doit être vu dans les siens. Le chrétien a sa part dans ce royaume et dans cette gloire, et sa conduite doit être en rapport avec une telle position.

Bien que, dans cette lettre, l'expression «royaume de Dieu» n'apparaisse que dans ce passage, ce sujet y est pourtant développé en détail. Nous allons nous y arrêter un peu. Que faut-il comprendre par cette expression? Le royaume de Dieu est le domaine où s'exerce l'autorité de Dieu, autorité qu'il a confiée au Seigneur Jésus comme Fils de l'homme. Il est dans les plans de Dieu de soumettre un jour toutes choses au Seigneur Jésus.

Quand il reviendra sur cette terre, ce royaume sera établi avec puissance et avec gloire et il en prendra possession. C'est là «le jour du Seigneur», mentionné en d'autres passages (1 Thessaloniciens 5:2; 2 Thessaloniciens 2:2). Dans le même sens, l'Ancien Testament parle souvent du «jour de l'Éternel». Le Seigneur, actuellement, ne possède pas encore ce royaume de manière officielle et visible. D'après Hébreux 2:8, toutes choses lui sont déjà assujetties, mais nous ne voyons pas encore qu'il en soit ainsi. Il est maintenant le rejeté du monde. Lorsqu'il est venu sur cette terre pour établir son règne, il n'a rencontré que souffrance. On n'a pas voulu de lui, et son règne n'a pu être établi. Il en est de même jusqu'à aujourd'hui; c'est pourquoi le royaume de Dieu a revêtu actuellement une forme cachée, que seule la foi discerne.

Mais en quoi le royaume nous concerne-t-il? Eh bien, nous voyons ici que nous sommes appelés à ce royaume de Dieu! Cela signifie que, quand le Seigneur viendra pour établir son règne en puissance et en gloire, nous régnerons avec lui. Telle sera notre position dans le royaume futur. Du haut du ciel, nous partagerons sa suprématie et sa gloire. Cependant nous faisons déjà partie de ce royaume, bien qu'il soit caché aux yeux des hommes, et que le temps de la domination effective ne soit pas encore là.

De même que le Seigneur est aujourd'hui encore rejeté, ceux qui reconnaissent sa seigneurie et ses droits dans leur vie sont rejetés. Le royaume de Dieu dans sa forme actuelle implique la souffrance, comme c'était le cas pour les Thessaloniciens eux-mêmes. Le chemin vers la gloire du royaume futur passe pour nous aussi par la souffrance. Paul en parle de nouveau dans sa deuxième épître: «… que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu pour lequel aussi vous souffrez» (1:5); et en Actes 14:22, nous lisons qu'il exhortait les disciples «à persévérer dans la foi, les avertissant que c'est par beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu». Il y a donc deux phases dans ce royaume: — la période actuelle, où nous reconnaissons sur nos vies les droits du Roi rejeté, et par conséquent sommes aussi rejetés et dans la souffrance, — et la période future, dans laquelle nous partagerons sa gloire et régnerons avec lui.

«Marcher d'une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume» signifie aussi que notre comportement sur cette terre est en accord avec les bénédictions du règne à venir. Notre marche doit être à la hauteur de cette scène glorieuse. Plus tard, il ne sera pas difficile aux hommes d'être sujets de ce royaume et de reconnaître l'autorité du Roi. Actuellement, c'est en vérité difficile, mais c'est une source de bonheur. Les Thessaloniciens en sont la preuve: ils avaient reçu la Parole avec de grandes tribulations, mais aussi avec la joie de l'Esprit Saint. Ils souffraient, mais ils étaient heureux dans le Seigneur. Il peut en être de même pour nous, quoique nous devions reconnaître que nous avons une bien petite part aux souffrances de Christ. À la pensée du royaume de Dieu est aussi associée celle de notre responsabilité, comme disciples du Seigneur Jésus, de reconnaître déjà maintenant ses droits sur nos vies.

Nous ne sommes toutefois pas seulement appelés «à son propre royaume», mais encore «à sa propre gloire». À cet égard, nous pouvons penser à ce que Pierre écrit aux Juifs de la dispersion: «Le Dieu de toute grâce… vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus» (1 Pierre 5:10). Notre destinée est en effet la gloire de la maison du Père, où nous goûterons éternellement un bonheur parfait dans la communion du Père et du Fils. Mais remarquons surtout que ce passage lie la propre gloire de Dieu avec le royaume qui est mentionné juste avant. Cela dirige nos pensées vers Apocalypse 21, où nous voyons la sainte cité, la Jérusalem céleste, image de l'assemblée de Dieu dans le Millénium. Une de ses caractéristiques est qu'elle paraît «ayant la gloire de Dieu» (verset 10). Quand les hommes de ce temps-là verront l'assemblée — figurée par la sainte cité — ils contempleront en elle la gloire de Dieu. Sa propre gloire sera reflétée dans l'assemblée. C'est à cela que nous sommes appelés, mais devons-nous attendre pour cela notre manifestation avec lui? Non, et c'est justement ce que nous trouvons ici dans cette épître aux Thessaloniciens. Nous devons déjà refléter cette gloire de Dieu dans un monde de ténèbres qui ne veut rien savoir de lui. C'est notre responsabilité. Nous ne pouvons pas vivre à un niveau inférieur à celui de notre appel céleste.

Moralement, Dieu nous forme déjà pour son royaume et pour sa gloire. Ce qui sera bientôt réalité dans l'avenir doit être le principe de notre vie et de notre comportement. Bien que le péché soit encore là, nous pouvons, par la puissance de l'Esprit Saint, mener une vie par laquelle Dieu est glorifié.

Verset 13

«C'est pourquoi aussi nous, nous rendons sans cesse grâces à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la parole de la prédication qui est de Dieu, vous avez accepté, non la parole des hommes, mais (ainsi qu'elle l'est véritablement) la parole de Dieu, laquelle aussi opère en vous qui croyez».

Dans les versets 13 à 16, Paul entre maintenant dans un nouveau sujet. Il rappelle aux Thessaloniciens de quelle manière ils avaient reçu la révélation de Dieu et quelles en étaient les conséquences pour eux. C'était pour lui un sujet de reconnaissance. Il avait commencé sa lettre en remerciant Dieu pour eux et il continue ici à le faire. Avec ses compagnons d'œuvre, il pouvait continuellement rendre grâces de ce que les Thessaloniciens avaient reçu l'évangile qu'ils leur avaient prêché, non comme un simple message humain, mais comme la parole de Dieu.

Le message que nous avons à annoncer aux hommes n'est pas d'origine humaine, mais divine (Cf. Galates 1:11). Nous ne parlons pas de la part d'un homme, mais de la part de Dieu. L'apôtre pouvait dire aux Corinthiens: «Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, — Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen; nous supplions pour Christ: Soyez réconciliés avec Dieu!» (2 Corinthiens 5:20). Nous avons la mission expresse de Dieu, comme représentants du Seigneur Jésus, d'avertir les hommes d'être réconciliés avec Dieu. Il ne saurait y avoir de mandat plus important. Et parce que c'est Dieu lui-même qui nous l'a confié, nous avons la responsabilité de ne pas ajouter d'éléments humains à ce message. Paul ne l'avait pas fait.

Nos paroles ne sont évidemment pas inspirées. Nous devons être conduits par l'Esprit Saint, mais personne aujourd'hui ne peut prétendre prononcer des paroles inspirées de Dieu. L'inspiration divine, comme elle nous est présentée en 2 Timothée 3:16, concerne uniquement la Parole écrite, telle que nous l'avons entre nos mains. Et rien ne permet d'affirmer que, dans toutes ses prédications orales de l'évangile, l'apôtre Paul ait été directement inspiré. Mais les Thessaloniciens avaient reçu son message comme étant la parole de Dieu. Et il l'était véritablement. L'apôtre dit ailleurs: «Mais nous, nous avons reçu, non l'esprit du monde, mais l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu; desquelles aussi nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l'Esprit, communiquant des choses spirituelles par des moyens spirituels» (1 Corinthiens 2:12, 13).

À ce propos, il est bon de nous souvenir que la Bible, de sa première à sa dernière page, est la parole de Dieu, non une parole d'hommes. Dieu s'est servi d'écrivains humains, auxquels il a confié la fonction de canaux de sa révélation. «Car la prophétie n'est jamais venue par la volonté de l'homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l'Esprit Saint» (2 Pierre 1:21). Il a plu à Dieu, au cours des siècles, de se servir d'hommes pour transcrire sa Parole, mais chaque mot de la Bible est inspiré de Dieu. C'est pourquoi toute l'Écriture possède une autorité divine.

Actuellement, dans la chrétienté, on prétend parfois que certains enseignements de Paul ne font plus autorité pour nous, parce qu'ils présentent sa pensée personnelle. Une telle attitude montre que l'on ne reçoit plus la Parole comme les Thessaloniciens. On ne veut pas reconnaître que Dieu a utilisé la pensée d'un fidèle serviteur du Seigneur pour devenir partie intégrante de sa Parole inspirée.

Les croyants de Thessalonique avaient d'abord reçu la Parole, puis ils l'avaient acceptée et enfin elle avait opéré en eux. Voilà l'enchaînement divin. C'est une chose d'écouter ou de lire la parole de Dieu, et c'en est une autre de la recevoir vraiment dans son cœur. Ce n'est qu'en ceux qui l'ont acceptée effectivement au plus profond d'eux-mêmes qu'elle peut opérer. Il ne s'agit pas ici de la Parole qui amène à la repentance, mais de son œuvre en nous, ses enfants. Dieu ne veut pas limiter son action à notre salut et à notre paix; c'est sa volonté expresse qu'elle opère profondément en nous qui croyons.

En Hébreux 4, nous avons la pensée plus générale de l'opération de la parole de Dieu dans le cœur des hommes: «Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur» (verset 12). Le mot de l'original grec pour opérante inclut la pensée de l'énergie. Il doit y en avoir dans nos vies de croyants. Dieu désire qu'il soit vu concrètement que nous avons accepté sa Parole.

À suivre