La vie de la foi (Hébreux 11:1-16)

John Nelson Darby

Après les grands traits de la foi dans le sacrifice d'Abel, la vie d'Énoch et la connaissance de l'avenir en Noé, nous voyons Abraham attendre la cité qui a des fondements, le plein accomplissement des pensées de Dieu qui, seul, peut satisfaire l'attente de la foi.

Ensuite, le chapitre nous montre des traits plus particuliers, tels que: compter sur Dieu, non pas malgré la difficulté, mais malgré l'impossibilité. De pauvres pêcheurs pourraient dire à une montagne de se jeter dans la mer, et cela s'accomplirait. La foi ne s'informe pas des moyens; elle n'y pense pas; elle compte sur la promesse de Dieu, quand on pourrait croire qu'elle manque de prudence. Les moyens rendent les choses faciles à l'homme; si l'on s'attend à ces moyens, ce n'est plus l'œuvre de Dieu. Quand il y a impossibilité, il faut que Dieu intervienne. La foi ne regarde pas aux circonstances, mais à Dieu qui fait tout. L'Église est faible dans la foi, c'est pourquoi nous la voyons compter sur des moyens extérieurs pour faire l'œuvre de Dieu. Souvenons-nous que, du moment où, selon l'homme, les choses sont faisables, il n'est besoin ni de foi, ni de l'énergie du Saint Esprit. On voit des chrétiens travailler beaucoup pour produire très peu de chose; lorsque la foi agit, les résultats sont selon la puissance de Dieu (verset 12). Il est évident que, pour avoir de grands résultats, cette puissance doit agir; elle choisit les choses faibles pour anéantir les fortes. Il faut que Dieu soit glorifié, non pas l'homme.

On sème avec larmes, et partout où se fait une œuvre bénie, il y a d'abord des douleurs d'enfantement. L'âme sent les difficultés, et Dieu veut nous faire éprouver que nous sommes sans force en toutes choses. Mais si l'on sème avec larmes, on moissonnera avec chants de joie.

«Tous ceux-ci sont morts dans la foi» (verset 13). Les Juifs attendaient le Messie selon la promesse de Dieu. Nous avons aussi la promesse du retour du Seigneur. Les apôtres sont morts dans la foi sans voir l'accomplissement de la promesse. C'est ce qui rend la vie du chrétien à la fois heureuse et difficile; il n'a toujours pas atteint les choses que Dieu a promises. Si un homme met beaucoup d'ardeur à poursuivre quelque chose, c'est qu'il l'espère: telle est la vie de la foi. Celui qui possède ne déploie plus d'énergie pour obtenir. Nous avons ici-bas le privilège de pouvoir être fidèles au milieu des difficultés et des choses hostiles; nous ne l'aurons pas dans le ciel, où nous jouirons sans entrave de la présence de Dieu et où toutes nos affections s'épanouiront pleinement. En attendant, il faut semer avec larmes, et les difficultés s'élèvent d'autant plus que les affections sont plus entièrement fixées sur le Seigneur.

Non seulement ces hommes de foi étaient «étrangers et voyageurs», mais ils l'ont déclaré. On voit quelquefois des gens qui veulent être religieux dans leur cœur et n'en pas parler; ce n'est pas l'énergie de la foi. Voir le monde perdu et condamné, et avoir nos espérances dans le ciel, a pour effet de nous faire parler et agir comme des étrangers; il faut que cela se montre dans toute la vie; le cœur est déjà loin de la scène actuelle et il ne reste au croyant qu'à déloger.

«Ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu'ils recherchent une patrie» (verset 14). C'est évidemment une profession ouverte, publique, un témoignage rendu à Christ. Nous ne serions pas contents d'un ami qui n'avouerait pas nous connaître, lorsque nos circonstances sont difficiles. Ainsi, un chrétien qui se tient caché est un très mauvais chrétien.

Lorsque, pour le croyant, les difficultés s'élèvent, lorsqu'on l'insulte, qu'on l'abandonne, si ses affections ne sont pas fixées sur Jésus, le souvenir du monde lui revient au cœur. Mais si sa foi est fixée sur Christ, il salue les choses qu'il a vues de loin et ne songe pas à ce qu'il a quitté. Il n'a, comme objet de ses pensées, que «les choses qui sont devant», comme Rebecca quand elle se rendait au-devant d'Isaac.

En Philippiens 3:7, 8, Paul ne renonce pas à certaines choses dans un moment d'exaltation, pour s'en repentir ensuite. Son cœur étant rempli de Christ, il considérait les autres choses comme des ordures.

«S'ils se fussent souvenus de la patrie d'où ils étaient sortis, ils auraient eu du temps pour y retourner» (verset 15). Il y a une persévérance du cœur qui démontre que les affections sont toujours en avant et en haut, changées et tournées vers les choses de Dieu, vers ces choses célestes qu'on désire. «C'est pourquoi Dieu n'a point honte d'eux, savoir d'être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité» (verset 16). Leur Dieu! Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob! Pour les chrétiens fidèles, il n'est pas seulement le Père, mais notre Père. Il aurait honte d'être appelé le Dieu d'un mondain, qu'il puisse être dit qu'il est en relation avec quelqu'un qui recherche les misérables plaisirs de ce monde, ou la gloire, ou l'argent; oui, Dieu aurait honte de cette relation. Mais il n'a point honte d'être le Dieu de ceux qui sont attachés aux choses célestes. Jésus dit: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». Mais il dit aussi: «Quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il a, ne peut être mon disciple». Nous sommes dans la même position de renoncement que Jésus, mais aussi dans la même relation avec Dieu.

Si la grâce avait entraîné vers Dieu le cœur de ces hommes de foi, Dieu, de son côté, avait travaillé pour eux et leur avait «préparé une cité». Dieu s'occupe de nous. Si nous sommes occupés de son œuvre, semant avec larmes et montrant que nous sommes étrangers et pèlerins sur la terre, il travaille, selon sa gloire infinie, pour préparer la gloire pour nous, et il trouvera son repos à nous introduire dans ce repos. Nos travaux sont chétifs ici-bas; le travail de Dieu est glorieux et nous prépare la gloire.

Les désirs, les besoins du nouvel homme, sont tous célestes. Le vrai but du chrétien ne peut être que les choses célestes. On voudrait parfois essayer d'employer le christianisme à améliorer le monde. Dieu n'en veut rien. Chercher à améliorer le monde par le christianisme, c'est nous attacher au monde et aux choses terrestres. Or Dieu veut nous attacher au ciel. Il faut que vous ayez le ciel et la gloire, ou le monde et la perdition. Dieu, qui a préparé la cité, ne peut vouloir un entre-deux.

Le désir de cette «patrie meilleure» est celui que produit une nature qui est d'en haut et ne peut être satisfaite qu'en retournant à son origine. Comment serai-je pèlerin et étranger, si je cherche les choses terrestres et l'amélioration du monde? Dieu nous adresse un appel céleste; si nous y répondons, il n'a point honte de s'appeler notre Dieu et notre Père.

Dieu crible l'âme pour en séparer la balle et préparer le grain pur pour son grenier, et quand nous verrons la gloire du vrai Salomon, nous dirons comme la reine de Sheba: «On ne m'en avait pas rapporté la moitié». La cité que Dieu nous prépare est digne de Dieu, digne de ses affections aussi bien que de sa gloire.

Que Dieu, dans sa bonté, agisse sur nos âmes pour purifier nos affections, pour nous faire jouir de lui-même et nous amener à montrer clairement que nous sommes des pèlerins et des étrangers sur la terre!