Première épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 2 (suite)

Verset 9

«Car vous vous souvenez, frères, de notre peine et de notre labeur; c'est en travaillant nuit et jour pour n'être à charge à aucun de vous, que nous vous avons prêché l'évangile de Dieu.»

Paul rappelle de nouveau ici aux Thessaloniciens quelque chose qu'ils pouvaient confirmer. Il ne leur avait pas seulement annoncé l'évangile, il l'avait fait avec peine et labeur, travaillant nuit et jour. Tout ce qu'il faisait, il le faisait pour son Seigneur, se mettant lui-même de côté. Il vivait la parole de Dieu qu'il prêchait, — modèle pour tous ceux qui veulent servir le Seigneur.

Au verset 2, nous l'avions vu comme évangéliste, annonçant à des inconvertis la Parole de la croix. Nous le voyons ici dans le caractère de pasteur, présentant l'évangile à ceux qui étaient déjà venus à la foi. Nous-mêmes aussi, comme enfants de Dieu, nous avons toujours besoin de nous remémorer les fondements de l'évangile et notre position devant Dieu. «L'évangile de Dieu touchant son Fils» (Romains 1:2) implique beaucoup plus que la bonne nouvelle aux hommes pécheurs. La prédication de l'évangile ancre le croyant sur le fondement inébranlable du salut. C'est pourquoi Paul écrit aux saints de Rome, qui étaient déjà des croyants: «Je suis tout prêt à vous annoncer l'évangile, à vous aussi qui êtes à Rome» (1:15). Et aux Corinthiens: «Je vous fais savoir, frères, l'évangile que je vous ai annoncé» (1 Corinthiens 15:1).

Le ministère de Paul n'était pas toujours facile, il était caractérisé par la peine et le labeur. Les deux expressions sont voisines, mais peine «fait plutôt penser au genre de travail, et labeur à son intensité. Pour lui, la prédication de l'évangile n'était pas une promenade ni une occupation secondaire; il ne connaissait pas la semaine de trente-cinq ou quarante heures, ni les vacances. Non, il s'identifiait totalement avec l'œuvre et ne reculait devant aucun effort.

De plus, il ne voulait être à la charge de personne, c'est-à-dire ne dépendre financièrement d'aucun d'entre eux. Durant ses voyages, nous le voyons à maintes reprises travailler de ses propres mains pour ne pas devoir être soutenu par d'autres. Travaillant nuit et jour, il lui restait bien peu de repos. Le mot utilisé ici pour travailler fait penser à un travail manuel, à une activité professionnelle. Nous savons que son métier était de «faire des tentes» (Actes des Apôtres 18:3), et par ce moyen il put, au moins partiellement, subvenir à ses besoins. En prenant congé des Éphésiens, il leur dit: «Vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins et pour les personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré en toutes choses, qu'en travaillant ainsi il nous faut secourir les faibles, et nous souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui lui-même a dit: Il est plus heureux de donner que de recevoir» (Actes des Apôtres 20:34, 35). Dans sa seconde lettre aux Thessaloniciens, il revient sur ce sujet, en disant: «Car vous savez vous-mêmes comment il faut que vous nous imitiez; car nous n'avons pas marché dans le désordre au milieu de vous, ni n'avons mangé du pain chez personne gratuitement, mais dans la peine et le labeur, travaillant nuit et jour pour n'être à charge à aucun de vous; non que nous n'en ayons pas le droit, mais afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèles, pour que vous nous imitiez» (2 Thessaloniciens 3:7-9).

Paul traite de ce sujet d'une manière approfondie en 1 Corinthiens 9. Il explique que, selon l'ordre du Seigneur lui-même, ceux qui annoncent l'évangile ont le droit de vivre de l'évangile (verset 14). Puis il ajoute: «Mais moi je n'ai usé d'aucune de ces choses… Quel est donc mon salaire? C'est que, en évangélisant, je rends l'évangile exempt de frais, pour ne pas user comme d'une chose à moi de mon droit dans l'évangile» (versets 15-18). Dans la deuxième épître, il répète encore une fois qu'il voulait «annoncer gratuitement l'évangile» (11:7). Il était un imitateur de son Seigneur, qui n'est pas venu ici-bas «pour être servi, mais pour servir». Personne ne pouvait lui reprocher de tirer profit de l'évangile, ni d'avoir été à la charge des frères.

De l'ensemble des passages cités ci-dessus, nous pouvons déduire les principes suivants, quant au soutien financier de ceux qui s'emploient à l'œuvre du Seigneur. Le serviteur de Dieu accomplit sa tâche et se confie seulement en son Maître; il ne construit pas avec les moyens financiers d'autrui. Mais d'un autre côté, c'est la responsabilité des croyants de veiller à ce que les serviteurs du Seigneur disposent de ce qui est nécessaire. «L'ouvrier est digne de son salaire», a dit Jésus (Luc 10:7).

Verset 10

«Vous-mêmes, vous êtes témoins, et Dieu aussi, combien nous nous sommes conduits saintement, et justement, et irréprochablement envers vous qui croyez»

Les derniers mots du verset montrent que Paul s'adresse aux Thessaloniciens comme à ceux qui sont dans la foi au Seigneur Jésus. La foi était le fondement de la relation entre Paul et eux. Elle demeure aujourd'hui encore le fondement de nos relations entre nous.

Ce que Paul avait à dire aux Thessaloniciens n'était pas des paroles en l'air; ils pouvaient rendre témoignage à ce sujet, et Dieu lui-même pouvait le faire, lui qui regarde non seulement les actions, mais les motifs du cœur. Et parce que les motifs de Paul étaient purs, il pouvait en appeler, comme il l'avait fait plus haut (verset 5), à leur témoignage comme à celui de Dieu.

Nous trouvons alors trois caractères du ministère de Paul envers les croyants. Premièrement, sa conduite était sainte, c'est-à-dire pure, pieuse, selon Dieu. On pouvait constater que sa vie était séparée du mal, et entièrement consacrée à Dieu. Deuxièmement, il agissait justement, rendant à chacun ce qui lui revenait. Enfin sa conduite était à l'abri de tout blâme; il n'avait rien à se reprocher à lui-même. Ces trois mots: «saintement», «justement» et «irréprochablement» se rapportent respectivement à son comportement à l'égard de Dieu, des hommes et de lui-même.

Chaque croyant au service du Seigneur (ce que sans doute nous désirons tous être) est particulièrement observé, tant par le monde que par ses frères. En outre, il est exposé aux attaques de Satan. C'est pourquoi il est important de nous appliquer à vivre de manière que personne ne puisse nous faire de reproches. Rien ne fait plus de tort à l'œuvre du Seigneur dans ce monde que les occasions de chute que nous pouvons être pour d'autres. Le modèle de Paul est placé ici devant nous. Puissions-nous le suivre!

Verset 11

«ainsi que vous savez comment nous avons exhorté chacun de vous, comme un père ses propres enfants, vous exhortant, et vous consolant, et rendant témoignage»

Nous avons déjà vu au verset 7 la différence entre l'amour maternel et l'amour paternel. Nous voyons ici en quoi se manifeste l'amour d'un père en Christ: il exhorte, il console et il témoigne. D'autres passages nous disent qu'un père discipline (par ex. Hébreux 12:6, 7), mais il n'en est pas fait mention ici. La discipline peut consister à reprendre celui qui est sur un mauvais chemin, tandis que l'exhortation est toujours positive: elle indique le bon chemin, et c'est ce dont nous avons besoin. La consolation — ou l'encouragement — nous sont aussi nécessaires afin que nos forces soient renouvelées. Le rôle d'un père, enfin, est de présenter le témoignage de la parole de Dieu pour l'instruction et l'éducation.

Paul ne les avait pas seulement enseignés collectivement, il l'avait fait aussi individuellement: il dit, chacun d'entre vous! Le ministère de pasteur ne consiste pas seulement dans la présentation publique de la Parole. Il s'exerce en premier lieu individuellement, à l'occasion de conversations particulières permettant de s'enquérir des difficultés et des besoins de chacun. C'est un ministère à la fois très discret et très important. Les êtres humains sont si divers et ont des besoins si variables que les entretiens personnels sont irremplaçables.

Sommes-nous reconnaissants à Dieu pour les frères qui accomplissent ce service de berger, qui s'occupent des âmes individuellement, qui exhortent, consolent et enseignent? Ce sont des dons que Dieu nous a faits et nous devrions beaucoup estimer leur service. Mais demandons-nous aussi si le Seigneur ne nous a pas confié un tel service. Il n'est pas nécessaire pour cela d'être engagé «à plein temps» dans l'œuvre du Seigneur. Ce service peut être accompli localement par ceux auxquels le Seigneur met cela à cœur. Combien nous en avons besoin aujourd'hui dans les assemblées locales!

À suivre