La parole de Dieu et le discernement spirituel

Jacques-André Monard

La construction du tabernacle

Un ouvrage selon la pensée de Dieu

Après avoir délivré Israël de son esclavage en Égypte, et l'avoir amené à lui dans sa merveilleuse bonté, l'Éternel donna à son peuple la loi du Sinaï et toutes les instructions nécessaires à la construction du tabernacle.

Il était de toute importance que le sanctuaire dans lequel Dieu allait habiter au milieu d'Israël soit construit exactement selon la pensée divine. La gloire de Dieu y était impliquée. L'arrangement humain dans la maison de Dieu est toujours un outrage à Celui qui, dans sa grâce, condescend à habiter au milieu des hommes. Tout, dans le tabernacle, devait d'une manière ou d'une autre parler de Christ; et même si les Israélites ne pouvaient pas le comprendre, c'était essentiel pour Dieu.

Pour que le tabernacle soit construit d'une manière entièrement conforme à sa pensée, nous allons voir que Dieu emploie trois moyens: d'abord des directives précises communiquées à Moïse, ensuite un modèle qui lui est montré sur la montagne, enfin un don spécial accordé à Betsaleël et à d'autres.

Des directives précises

Les chapitres 25 à 31 de l'Exode nous rapportent les instructions données par l'Éternel à Moïse sur la montagne, concernant l'arche, le tabernacle et son contenu, les vêtements sacerdotaux, l'huile de l'onction, l'encens, etc. L'arche, par exemple, devait avoir une longueur de deux coudées et demie, une largeur et une hauteur d'une coudée et demie; il n'était pas loisible à Moïse de modifier en quoi que ce soit ces mesures. Le chandelier devait avoir sept branches, et non six, huit ou neuf. La première couverture intérieure du tabernacle devait être faite de dix longs tapis agrafés l'un à l'autre, et la seconde de onze tapis; les premiers de vingt-huit coudées et les seconds de trente coudées. Il ne pouvait être question de changer cela. L'huile de l'onction devait être composée au moyen d'éléments aromatiques dont Dieu avait prescrit les strictes proportions. Les Israélites avaient à respecter toutes ces directives avec soumission, même si les raisons que Dieu avait de les donner leur échappaient.

Les chapitres 36 à 39, qui nous paraissent être une répétition, nous disent explicitement que tout fut fait selon les ordres divins, que tous les matériaux et toutes les mesures furent respectés fidèlement. «Et Moïse vit tout l'ouvrage, et voici, ils l'avaient fait comme l'Éternel l'avait commandé; ils l'avaient fait ainsi» (Exode 39:43).

Un modèle

De même qu'un architecte établit des plans, ou établit même une maquette, pour montrer concrètement ce que sera l'édifice à construire, l'Éternel fit voir un modèle à Moïse. «Selon tout ce que je te montre, le modèle du tabernacle et le modèle de tous ses ustensiles, ainsi vous ferez» (25:9). «Regarde, et fais selon le modèle qui t'en est montré sur la montagne» (25:40).

Le modèle rendait claires les directives divines. Il complétait ce que Dieu avait communiqué à Moïse sous forme d'indications chiffrées. Pour l'autel d'or, par exemple, les matériaux et les dimensions avaient été indiquées, et l'Éternel avait dit qu'il devait avoir des «cornes» et «un couronnement d'or tout autour» (30:1-3). Quelles devaient être la forme et les dimensions de ces cornes et de ce couronnement? Le modèle l'indiquait.

L'épître aux Hébreux nous présente la portée profonde de ce modèle. Au chapitre 8, le tabernacle est appelé «la figure et l'ombre des choses célestes» (verset 5), et l'auteur appuie sa déclaration en citant le verset 40 d'Exode 25, que nous venons de rappeler. Le modèle montré à Moïse sur la montagne est identifié aux réalités célestes dont le sanctuaire terrestre devait être une «image». En effet, au chapitre 9, «le tabernacle et les ustensiles du service» sont appelés «les images des choses qui sont dans les cieux», les images des «choses célestes elles-mêmes» (verset 23). En lisant l'Exode, nous dirions que le modèle montré à Moïse sur la montagne était une image des choses réelles qui devaient être construites. En lisant l'épître aux Hébreux, nous apprenons que les choses matérielles qui ont été construites n'étaient que les images des choses célestes, des «copies» des «vrais» lieux saints (9:24).

Par cet enseignement du Nouveau Testament, nous comprenons encore mieux l'importance d'une maison de Dieu parfaitement conforme à sa volonté. Elle devait être, sur la terre, un témoignage non altéré des choses célestes elles-mêmes. La gloire de Dieu y était liée.

Un esprit de sagesse

Des directives précises avaient fixé les caractères essentiels de l'ouvrage à faire, un modèle avait été montré à Moïse pour les compléter. Restaient pourtant des détails d'exécution, qui devaient eux aussi être selon la pensée divine. Les ressources de l'intelligence ou de l'imagination de l'homme ne pouvaient y faire face, parce qu'il fallait que tout soit de Dieu. «Regarde, dit l'Éternel à Moïse, j'ai appelé par nom Betsaleël… et je l'ai rempli de l'Esprit de Dieu, en sagesse, et en intelligence, et en connaissance, et pour toutes sortes d'ouvrages, pour faire des inventions: pour travailler en or, et en argent, et en airain… Et voici, j'ai donné avec lui Oholiab… et j'ai mis de la sagesse dans le cœur de tout homme intelligent, afin qu'ils fassent tout ce que je t'ai commandé» (Exode 31:2-6; cf. 35:35). Dieu remplit ici un homme — et même plusieurs hommes — de son Esprit, pour leur donner la sagesse dont ils avaient besoin pour l'exécution de l'ouvrage. Il était nécessaire que chaque détail de chaque objet soit le reflet de la gloire de Dieu, et pour cela, Dieu «remplit de l'esprit de sagesse» «des hommes intelligents» qu'il choisit et qu'il forme (28:3). Et ainsi «Betsaleël et Oholiab, et tout homme sage de cœur à qui l'Éternel avait donné de l'intelligence pour savoir faire toute l'œuvre du service du lieu saint, firent selon tout ce que l'Éternel avait commandé» (36:2).

Une mission spéciale confiée à des hommes que Dieu qualifie pour cela est quelque chose que l'on rencontre ailleurs dans les Écritures. Mentionnons David, qui a, «en sa propre génération, servi au conseil de Dieu» (Actes des Apôtres 13:36).

Que signifient pour nous ces choses?

Pas plus aujourd'hui qu'autrefois, Dieu n'accepte la propre volonté de l'homme, — et surtout pas dans sa maison! S'il confie des services aux siens, s'il leur fait l'honneur de les laisser collaborer à son œuvre, il faut que ce soit toujours son œuvre à lui. Le service doit porter les caractères de Celui qui en est la source, et pour qui il est accompli. Tous les éléments qui sont apportés à la maison de Dieu par ceux qu'il appelle ses «collaborateurs» (1 Corinthiens 3:9) doivent porter des caractères dignes de lui.

Et pour discerner la volonté de Dieu, pour être en mesure d'accomplir son service d'une manière qui lui plaise, pour travailler à sa maison selon sa pensée, serions-nous moins bien munis que les Israélites dans le désert? À la lumière du Nouveau Testament, nous allons voir à quoi peuvent correspondre, dans le temps actuel, les trois moyens que Dieu avait donnés à Israël pour la construction du tabernacle. Les deux premiers correspondent à des éléments que nous fournit la parole de Dieu (des textes formels et des exemples), le troisième au discernement spirituel que cette Parole, le Saint Esprit et une marche avec Dieu forment dans le cœur du croyant.

La parole de Dieu

Des textes formels

Pour nous conduire dans notre vie chrétienne, individuelle ou collective, Dieu nous a donné dans sa Parole de nombreuses instructions claires et précises. Elles sont aussi incontournables que les directives données à Moïse sur la montagne.

Ces enseignements font appel à la soumission de nos esprits et à l'obéissance de nos cœurs.

Une connaissance d'ensemble de la révélation divine — dans la mesure où elle nous est possible — nous préservera d'applications erronées. Nous devons toujours distinguer à qui Dieu s'adresse lorsqu'il donne des instructions. Par exemple, les prescriptions de la loi de Moïse au sujet des animaux purs et impurs (Lévitique 11) étaient exclusivement pour Israël. Elles sont formellement mises de côté dans le Nouveau Testament (Actes des Apôtres 10:9-16).

Mais, en présence des enseignements les plus clairs de l'Écriture, notre volonté propre insoumise peut, hélas! élever des questions. C'est ce que fit autrefois un docteur de la loi: placé devant le commandement «Tu aimeras ton prochain comme toi-même», il osa demander à Jésus: «Et qui est mon prochain?» (Luc 10:20). En fait, il voulait se justifier lui-même, détourner le tranchant de la Parole par des raisonnements.

Des paroles comme «Fuyez la fornication» (1 Corinthiens 6:18), ou «si une femme a une longue chevelure, c'est une gloire pour elle» (11:6), ou encore «Que vos femmes se taisent dans les assemblées» (14:34), ne devraient jamais élever de questions dans nos cœurs. Demander à leur sujet: qu'est-ce que la fornication? qu'est-ce qu'une longue chevelure? ou qu'est-ce que se taire? – c'est faire comme le docteur de la loi.

Alors que, pour un esprit soumis, les choses sont simples, tout peut devenir compliqué pour l'homme qui veut suivre un autre chemin que celui que Dieu lui indique. C'est ainsi que Balaam, dont les désirs profonds allaient en sens inverse de l'ordre de Dieu — «Tu n'iras pas avec eux» —, déclara à ses visiteurs: «Demeurez ici… cette nuit, et je saurai ce que l'Éternel aura de plus à me dire» (Nombres 22:19). Imaginait-il donc que Dieu pouvait se contredire?

Des modèles et des exemples

La plupart des chrétiens le savent, les Écritures ne nous parlent pas seulement au moyen de textes formels. Elles ont d'autres manières de nous communiquer la pensée et la volonté de Dieu quant à notre vie pratique.

L'Ancien et le Nouveau Testament, les livres historiques en particulier, abondent en exemples instructifs. Nous y voyons comment la foi et la crainte de Dieu agissent, et comment l'incrédulité et la chair se manifestent. Par la manière même dont les récits sont présentés, Dieu nous fait comprendre quels sont les comportements qui lui plaisent et quels sont ceux qu'il réprouve. Il y a là une mine inépuisable d'instructions.

Ces récits nous placent devant des situations concrètes qui nous rendent pour ainsi dire palpables les principes divins, tout comme le modèle montré à Moïse sur la montagne complétait et rendait claires les instructions orales que Dieu lui avait données.

Plus nous connaîtrons ces récits bibliques, plus nous serons à même de voir des similitudes entre les situations présentées et nos propres situations. C'est une réelle bénédiction de pouvoir nous dire, dans telle ou telle circonstance de notre vie: tiens, je me trouve maintenant dans la situation où s'est trouvé David, ou Josaphat, ou Jérémie… et voilà ce qu'ils ont fait. Ou bien: le piège qui m'est tendu ici est celui qui a été tendu à Ézéchias ou à Néhémie. Lisons ces récits, retenons-les. Ils sont l'un des grands moyens par lesquels Dieu forme nos pensées et nos cœurs, afin que notre marche soit à sa gloire.

Pour illustrer comment Dieu nous enseigne au moyen d'exemples, arrêtons-nous sur deux cas précis.

D'où vient que les chrétiens rendent grâces à Dieu au début de leurs repas? N'est-ce pas précisément à cause des exemples que donne le Nouveau Testament? Les Évangiles nous montrent le Seigneur rendre grâces lors des deux multiplications des pains (Matthieu 14:19; 15:36) et lors du repas chez les disciples d'Emmaüs (Luc 24:30), sans parler de la Cène. Le livre des Actes nous relate que, sur le navire qui allait faire naufrage, Paul prit du pain et rendit grâces devant tous, avant de manger (27:35). À cela s'ajoute le fait que divers passages des Épitres établissent un lien entre le fait de manger et les actions de grâces (voir Romains 14:6; 1 Corinthiens 10:30 et surtout 1 Timothée 4:3, 4). Ces passages montrent que les chrétiens remerciaient Dieu lorsqu'ils prenaient leur nourriture.

Considérons un autre exemple, dans l'Ancien Testament. Le chapitre 24 de la Genèse nous montre de quelle manière Isaac reçoit une épouse de la main même de Dieu. Combien sont instructifs le soin d'Abraham concernant le mariage de son fils, la façon dont Éliézer fait appel à Dieu pour être sûr d'être vraiment conduit par lui, et la manière dont Dieu répond à la foi de ceux qui s'attendent à lui! En dépit des différences de coutumes entre cette époque et la nôtre, et des transpositions que ces différences rendent nécessaires, ce beau récit demeure un guide pour les jeunes croyants pieux qui désirent fonder un foyer.

À suivre