Première épître aux Thessaloniciens

E.A. Bremicker

Introduction

La première épître aux Thessaloniciens nous entretient tout spécialement, et comme aucune autre dans le Nouveau Testament, du retour du Seigneur Jésus. Elle est adressée à une assemblée locale encore très jeune dans la foi, mais qui persévérait dans l'attente journalière de la venue du Seigneur. Toute l'épître respire la fraîcheur de la vie de foi de cette assemblée. Ces croyants manquaient encore de connaissance, mais en contrepartie, ils manifestaient dans leur vie ce dont le Seigneur dut constater plus tard l'absence chez les chrétiens d'Éphèse (Apocalypse 2:2-7). Ces derniers étaient familiers avec les plus grandes vérités chrétiennes, mais ils avaient abandonné leur premier amour. Il en allait différemment des Thessaloniciens. Bien que Paul n'ait été que trois semaines parmi eux (Actes des Apôtres 17:2), ils avaient non seulement reçu la Parole avec joie, mais ils la mettaient en pratique dans leur vie journalière. L'apôtre leur rend témoignage qu'ils s'étaient convertis des idoles vers Dieu «pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1:9).

La ville de Thessalonique

Thessalonique est située au Nord de la Grèce actuelle, sur la côte de la mer Égée. En ce temps-là, ce pays était divisé en deux parties. La région du Nord s'appelait la Macédoine; c'est là que se trouvaient les villes de Philippes, Thessalonique et Bérée. La région du Sud, l'Achaïe, comportait les villes d'Athènes et de Corinthe.

Du temps de l'apôtre Paul, Thessalonique était une des plus importantes villes de Macédoine. On estime sa population d'alors à 200.000 âmes. Elle était située sur la voie Egnatia, une des principales artères militaires qui reliaient Rome avec l'Orient. De ce fait, Thessalonique était un grand centre commercial où s'étaient installés de nombreux Juifs. Ville portuaire, elle était aussi renommée pour son immoralité et sa licence. Elle fut fondée en l'an 315 av. J.-C. par Cassandre, un général d'Alexandre le Grand. Sous la domination des Romains qui l'investirent en 168 av. J.-C., elle devint une capitale de province.

L'apôtre Paul à Thessalonique

Nous ne pouvons bien comprendre certaines des déclarations de l'épître que si nous gardons devant les yeux son contexte historique. En Actes 17:1-9, Luc nous fait le récit de la visite de Paul et Silas (ou Sylvain) à Thessalonique. C'était au cours du deuxième voyage de l'apôtre, celui qui le conduisait pour la première fois en Europe, venant de la Troade (au Nord-Ouest de l'Asie mineure) jusqu'en Macédoine. La première étape fut Philippes, où fut formée la première assemblée d'Europe (Actes des Apôtres 16:13-40). De là, ils continuèrent leur voyage vers Thessalonique, à environ 150 km vers le Sud-Ouest, où habitaient certainement quelques Juifs, puisqu'il y avait une synagogue (Actes des Apôtres 17:1). Le récit inspiré de Luc nous indique que, pendant trois sabbats, Paul s'entretint dans la synagogue avec les Thessaloniciens et que, par sa prédication, beaucoup de personnes vinrent à la foi.

Un certain nombre de Juifs, toutefois, furent remplis de jalousie et cherchèrent à s'opposer à l'œuvre naissante. L'attroupement qu'ils provoquèrent mit la ville en émeute, contraignant Paul à abandonner de nuit la ville. Il écrit dans la lettre que lui et Silas furent «chassés par la persécution». L'étape suivante de leur voyage fut Bérée, puis de là, Paul se rendit à Athènes, y laissant Silas et Timothée, qui le rejoignirent ensuite. Ne voyant aucune possibilité de revenir lui-même à Thessalonique (cf. 2:18), mais préoccupé au sujet de ses bien-aimés frères et sœurs, il renvoya vers eux Timothée. Écoutons-le lui-même: «C'est pourquoi, n'y tenant plus, nous avons trouvé bon d'être laissés seuls à Athènes et nous avons envoyé Timothée, notre frère… pour vous affermir et vous encourager touchant votre foi» (3:1, 2). Ils se retrouvèrent tous les trois à Corinthe et c'est de là qu'il écrivit ses deux lettres aux Thessaloniciens.

L'assemblée à Thessalonique

Voyons maintenant ce qui concerne ces croyants dans la grande ville portuaire commerçante, et que Paul nomme «l'assemblée des Thessaloniciens en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ» (1:1). Pour comprendre une lettre, il est toujours opportun de voir d'abord qui sont les destinataires et quelles sont leurs circonstances.

En Actes 17:4, Luc mentionne trois groupes de personnes à Thessalonique qui reçurent l'évangile et vinrent à la foi:

  1. Quelques Juifs.
  2. Des grecs qui servaient Dieu (donc des païens qui précédemment avaient abandonné le culte des idoles et étaient devenus des prosélytes).
  3. Des femmes de premier rang (probablement grecques).

En lisant l'épître, nous acquérons l'impression que beaucoup de Grecs s'étaient convertis; car c'est de païens seulement qu'il pouvait être dit qu'ils s'étaient tournés des idoles vers le Dieu vivant (1:9). De même aussi, les dangers contre lesquels Paul les met en garde au chapitre 4 (versets 1-8) étaient un problème particulier pour des personnes venues du paganisme, beaucoup moins pour des Juifs d'origine.

Nous trouvons ainsi une assemblée où certains croyants étaient précédemment juifs, d'autres précédemment païens, ceux-ci probablement en plus grand nombre. Mais il n'y avait apparemment aucune mésentente entre ces deux groupes, comme c'était le cas dans d'autres assemblées (par exemple Rome).

Prédication de Paul à Thessalonique

Le contenu du message présenté par Paul aux Thessaloniciens est important pour la compréhension des deux épîtres. Nous en saisirons mieux la portée si nous gardons en mémoire la substance de sa prédication lors de son passage dans cette ville.

En lisant Actes 17:1-9, nous constatons deux pensées principales. La première ressort des versets 2 et 3. Paul entra dans la synagogue des Juifs et leur exposa que, selon les Écritures, le Christ devait souffrir et ressusciter d'entre les morts, et que ce Jésus qu'il leur annonçait était le Christ. Paul leur démontrait ainsi au moyen des écrits de l'Ancien Testament — car c'étaient les seuls qui étaient à leur disposition et qu'ils lisaient — que Jésus, crucifié par les Juifs, était le Messie promis par Dieu et qu'il était maintenant ressuscité. Ce message était difficile à accepter pour un Juif, mais il lui fallait le recevoir pour être sauvé. Dans ce passage, l'accent n'est pas mis sur le fait que Christ soit mort (bien que naturellement cela soit, quant au principe, fondamental), mais plutôt qu'il ait souffert. Ceci inclut son rejet de la part de son peuple et de celle des nations. En d'autres termes, Paul dit: Ce Jésus que vous avez rejeté et crucifié est le Christ de Dieu, et Dieu a agréé son œuvre. Ses souffrances sont passées, il est ressuscité. Les croyants à Thessalonique étaient ainsi unis à un Christ ressuscité mais rejeté. Cette union avait pour conséquence qu'eux aussi connaîtraient la souffrance en le suivant. Paul en était pour eux un exemple (3:4), et eux-mêmes avaient vite réalisé ce que signifie la persécution en suivant le Seigneur.

Le second thème de sa prédication se trouve dans les versets 6 et 7. Ses opposants rendent eux-mêmes témoignage du sujet de sa prédication et donnent ainsi involontairement comme un condensé de son enseignement: «Ils contreviennent tous aux ordonnances de César, disant qu'il y a un autre roi, Jésus». Paul n'avait donc pas seulement annoncé Jésus comme Sauveur, mais aussi comme Roi d'un royaume à lui. Jésus de Nazareth, qui a été rejeté des hommes, n'est autre que celui que Dieu a fait Seigneur et Christ. Bien que sa royauté soit plutôt en rapport avec son peuple Israël, nous le connaissons actuellement comme le Seigneur de son royaume, et c'est lui que nous servons.

Selon le livre des Actes, la prédication du royaume de Dieu occupe une grande place dans l'enseignement de Paul. L'apôtre a continuellement annoncé que Jésus est aussi Seigneur. Il est vrai qu'il n'est pas encore manifesté officiellement avec puissance et gloire. Mais il est celui dont les cœurs des croyants aiment à reconnaître l'autorité et les droits. Le jour est proche où il établira d'une manière visible son royaume sur la terre. Alors, il viendra en gloire pour dominer comme roi. Paul avait exposé cela en détail aux Thessaloniciens; ils savaient qu'il allait venir pour prendre le pouvoir. Les deux épîtres en témoignent.

Les deux thèmes ci-dessus sont intimement liés entre eux et contiennent des enseignements importants pour nous aussi. Jésus, rejeté alors par les Juifs, est encore rejeté du monde actuel. Il a souffert et nous souffrons en le suivant. Nous sommes serviteurs dans son royaume, un royaume invisible pour les hommes de ce monde. Dieu l'a fait Seigneur et Christ, et c'est comme tel qu'il reviendra pour établir son royaume en puissance et en gloire. Nous nous réjouissons de sa venue; et en l'attendant, nous avons le privilège de le reconnaître comme le Seigneur de nos vies.

Ces pensées se poursuivent tout le long des deux épîtres. Les Thessaloniciens avaient reçu la Parole de Dieu, accompagnée de beaucoup de persécutions, mais avec la joie de l'Esprit Saint (1:6). Les souffrances sont un caractère extérieur du royaume de Dieu dans sa forme actuelle, la joie de l'Esprit Saint en est un caractère intérieur (Actes des Apôtres 14:22; Romains 14:17). C'est pourquoi Paul les avait exhortés à marcher d'une manière digne de Dieu qui les avait appelés à son propre royaume et à sa propre gloire (2:12). Cette pensée est reprise dans la deuxième épître, quand Paul déclare qu'ils ont été estimés dignes du royaume de Dieu, pour lequel ils avaient à souffrir (1:5). Maintenant aussi nous souffrons avec le Seigneur (quoique dans une bien faible mesure), mais le jour vient où il sera «glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru» (1:10).

Auteur et composition de l'épître

La première lettre aux Thessaloniciens est une des premières que l'apôtre Paul ait écrites. Beaucoup admettent même que c'est la première (selon d'autres, ce serait l'épître aux Galates). De fait, elle fut très tôt mise en circulation parmi les croyants du début du christianisme. Plusieurs pères de l'église du deuxième siècle la mentionnent déjà dans leurs écrits (par ex. Irénée, Clément d'Alexandrie, Tertullien).

Qu'est-ce qui a incité Paul, si peu de temps après sa visite à Thessalonique, à prendre la plume pour écrire — conduit par l'Esprit Saint — une lettre à une assemblée? En Actes 18:5 et en liaison avec le verset 6 du chapitre 3, nous voyons qu'il a reçu à Corinthe des nouvelles des Thessaloniciens. Si on ne lit que le premier verset de ce chapitre, on pourrait penser que Paul a écrit depuis Athènes. Mais selon les étapes du voyage de Paul indiquées en Actes 18 — Athènes puis Corinthe, où l'ont rejoint Silas et Timothée venant de Macédoine (versets 1 et 5) — il est bien probable que Paul ait écrit depuis Corinthe, capitale de l'Achaïe. Cette province est citée deux fois dans le premier chapitre. Il est en général admis que cette épître fut écrite vers l'an 51.

Le motif qui conduisit Paul à écrire aux Thessaloniciens fut visiblement les informations qu'il reçut à leur sujet. Dans l'ensemble, elles étaient bien propres à réjouir le cœur de l'apôtre. Il écrit: «Nous rendons toujours grâces à Dieu pour vous tous… nous souvenant sans cesse de votre œuvre de foi, de votre travail d'amour, et de votre patience d'espérance… de sorte que vous êtes devenus des modèles pour tous ceux qui croient dans la Macédoine et dans l'Achaïe» (1:2-7). Leur foi en Dieu s'était répandue partout. Témoignage vivant d'une jeune assemblée, de laquelle nous avons beaucoup à apprendre!

Il y avait toutefois chez les Thessaloniciens un certain manque de connaissance, bien compréhensible chez des croyants jeunes dans la foi, et Paul voulait le combler. Il leur avait parlé de la venue du Seigneur, mais il restait pour eux des questions et des problèmes à ce sujet, et l'apôtre les traite de manière approfondie dans les deux épîtres.

Motif et thème principal de l'épître

Les Thessaloniciens vivaient dans l'attente permanente du retour du Seigneur Jésus (1:10). Ils savaient que lui, le Rejeté, établirait publiquement son royaume sur cette terre avec puissance et avec gloire. Ce moment de la manifestation de son pouvoir était si vivant devant leurs yeux qu'ils l'attendaient journellement. Mais lors de sa visite, Paul ne leur avait apparemment pas expliqué qu'avant l'établissement de ce royaume, les croyants devaient d'abord être enlevés, pour revenir ensuite afin de paraître avec le Seigneur. Quoi qu'il en soit, ce point restait encore obscur pour eux. Quand donc quelques-uns parmi eux décédèrent, il y eut pour eux une grande inquiétude en pensant que les défunts n'auraient aucune part à l'établissement du royaume.

Paul les éclaire à ce sujet, c'est le motif de sa lettre. Au chapitre 4, il dit: «Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance à l'égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n'ont pas d'espérance» (verset 13). Puis il leur expose clairement que le Seigneur viendra premièrement pour réveiller ceux qui se sont endormis et pour les ravir ensemble avec les croyants encore vivants. Il n'y a ainsi aucun préjudice pour ceux qui se sont déjà endormis. Au chapitre 5, l'apôtre revient encore là-dessus en disant: «…afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui» (verset 10). Au cours de notre étude, nous verrons qu'il s'agit ici tant des croyants vivants que de ceux qui sont déjà auprès du Seigneur.

Ces enseignements concernant la venue du Seigneur, qui incontestablement forment le sujet central de l'épître, sont propres à nous encourager et nous édifier (5:11). Cette venue du Seigneur est mentionnée dans tous les chapitres, chaque fois sous un aspect particulier:

  • Chapitre 1:9, 10: Ici, la venue du Seigneur est présentée comme fondement de notre vie pratique. Cette espérance, l'attente du Fils de Dieu venant du ciel, est un caractère essentiel de la vie chrétienne. Notre vie doit être orientée vers ce but. Le retour du Seigneur n'est pas une connaissance théorique, mais il exerce son influence sur notre marche, sur nos actions et sur nos pensées.
  • Chapitre 2:19, 20: Paul met la venue de notre Seigneur Jésus en relation avec la récompense — ou couronne — que recevra le serviteur. À l'apparition de Jésus, il sera manifesté ce que chacun a été pour lui sur cette terre.
  • Chapitre 3:12, 13: La marche du croyant devrait être caractérisée d'un côté par l'amour et de l'autre par la sainteté. Quand nous pensons à l'apparition du Seigneur avec les siens, la sainteté pratique, c'est-à-dire la consécration au Seigneur associée à la séparation de tout mal, devrait tout naturellement s'ensuivre.
  • Chapitre 4:13-18: Ces versets non seulement contiennent un enseignement important mais constituent une précieuse consolation pour ceux qui ont perdu un être cher. Nous serons pour toujours avec le Seigneur, près de lui qui nous a tant aimés. Paul termine en disant: «Consolez-vous donc l'un l'autre par ces paroles».
  • Chapitre 5:1-11: Le courant de pensée du chapitre 4 se poursuit ici. Pour le croyant, la venue du Seigneur est un sujet de consolation et d'encouragement; pour l'incrédule, il signifie un jugement inévitable, terrible et éternel. «Ils n'échapperont point» — Quelles paroles solennelles!

Bien que cette épître présente la doctrine de la venue du Seigneur, ce n'est pas à proprement parler une épître doctrinale, comme par exemple celles aux Romains, aux Colossiens ou aux Éphésiens. La pratique de la vie chrétienne y est mise au premier plan, et cela parce qu'elle est une conséquence directe de l'attente du Seigneur, qui vient bientôt. Cette épître est une exhortation à servir notre Dieu avec consécration et à attendre des cieux notre Seigneur.

Plan de l'épître

Il y a plusieurs possibilités de structurer cette épître. La division suivante, en sept parties, peut nous aider à en saisir plus facilement les pensées successives:

  1.  L'état pratique des Thessaloniciens (chapitre 1)
  2. Le ministère de l'apôtre Paul (chapitre 2)
  3. La mission de Timothée et son rapport (chapitre 3)
  4. La marche des croyants dans la sainteté (chapitre 4:1-12)
  5. La venue du Seigneur (chapitre 4:13-18)
  6. Le jour du Seigneur (chapitre 5:1-11)
  7. Instructions pratiques aux croyants (chapitre 5:12-28)

À suivre