Le tabernacle dans l'évangile de Jean

Élie Argaud

«Au commencement était la Parole; et la Parole était auprès de Dieu; et la Parole était Dieu… Et la Parole devint chair, et habita (proprement: dressa tabernacle) au milieu de nous» (Jean 1:1, 14).

Et c'est ainsi qu'en suivant Jésus dans cet évangile, il nous semble entrer pas à pas dans le tabernacle.

La Victime

Au chapitre premier, verset 29, voici la victime, la sainte victime, «l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde». D'où vient-il? Du ciel où il était de toute éternité (1:1). «Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous» (3:31). Il est à la fois l'envoyé du Père et la victime volontaire. Il est «l'agneau préconnu dès avant la fondation du monde» (1 Pierre 1:19), et maintenant manifesté. Il est Dieu, Dieu manifesté en chair (1 Timothée 3:16).

L'autel d'airain

Au chapitre 3, verset 14, l'autel d'airain est déjà évoqué. C'est la première chose qu'on rencontrait dans le parvis du sanctuaire d'Israël. «Il faut que le fils de l'homme soit élevé», c'est-à-dire crucifié. Dieu, à qui rien n'est impossible, s'est trouvé devant cette impossibilité: sauver les hommes sans donner son Fils. «Il convenait pour Dieu, à cause de qui sont toutes choses et par qui sont toutes choses, que, amenant plusieurs fils à la gloire, il consommât le chef de leur salut par des souffrances» et «que Christ goûtât la mort pour tout» (Hébreux 2:10, 9). Sur l'autel du Calvaire, Christ a été fait péché pour nous (2 Corinthiens 5:21) et, à cause de cela, il est devenu malédiction (Galates 3:13). Avons-nous bien pesé ces termes? Ou chantons-nous parfois trop légèrement: «Froissé, maudit, tel fut alors le Christ»?

La cuve d'airain

Au chapitre 13, verset 5, Jésus verse de l'eau dans un bassin et lave les pieds de ses disciples: nous sommes à la cuve d'airain. C'est là que les sacrificateurs se lavaient avant d'entrer dans le lieu saint. Il ne s'agit pas pour nous d'une nouvelle conversion. Nous l'avons connue à l'autel d'airain quand, comme l'Israélite d'autrefois, reconnaissant notre culpabilité, nous nous sommes identifiés avec la victime. C'est bien ce que faisait l'Israélite en posant ses mains sur la tête de l'animal qu'il offrait. Il s'agit de retrouver la communion avec Dieu, lorsque nous l'avons perdue par quelque manquement.

Le lieu saint: la table, l'autel d'or et le chandelier

Au chapitre 12, verset 1-8, il nous semble entrer dans le lieu saint. C'est le premier jour de la semaine. Lazare et les disciples sont là, à table avec Jésus. Marie, pour ainsi dire, se tient à l'autel d'or pour offrir le parfum, un nard pur de grand prix — les perfections de Christ telles qu'elle les avait saisies. «Et la maison fut remplie de l'odeur du parfum», comme l'était aussi autrefois le lieu saint. Il fait bon dans ce sanctuaire. Nous y jouissons de la communion avec le Seigneur, nous l'adorons et par lui nous adorons le Père. Il n'y a pas d'autre lumière que celle du chandelier, figure du Saint Esprit. C'est lui qui nous enseigne (14:26), nous conduit dans toute la vérité (16:13) et glorifie celui qui est au milieu de nous (16:14).

Le lieu très saint

Sous la loi, les sacrificateurs ne pouvaient pas aller plus loin. Seul le souverain sacrificateur, une fois par an, le jour des propitiations, enveloppé d'un nuage d'encens et portant du sang, pouvait soulever le voile et entrer dans le lieu très saint. Pour nous, le voile a été déchiré (Matthieu 27:51), un chemin nouveau et vivant nous a été ouvert (Hébreux 10:20). Le chapitre 17 de cet évangile nous apparaît comme le lieu très saint. Jésus est là devant son Père, comme le souverain sacrificateur d'autrefois, et il prie pour les siens. Il n'est pas encore allé à la croix, mais sachant parfaitement qu'il est venu pour cela, il considère l'œuvre de la rédemption comme déjà accomplie. Il peut dire à son Père: «Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire». Une vie parfaite couronnée par un sacrifice parfait! Nous écoutons avec des cœurs émus la prière que Jésus adresse à son Père pour ceux qu'il va laisser. Une de ses paroles nous touche particulièrement. Jésus dit à son Père: «Tu les as aimés comme tu m'as aimé» (verset 23). Est-ce possible? Qui sommes-nous pour être tant aimés? Comment répondons-nous à un si grand amour, l'amour de celui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous (Romains 8:32)?

Et puis, admis dans ce sanctuaire, nous tournons nos regards vers le propitiatoire — le couvercle de l'arche — et nous voyons le sang, le sang de l'Agneau de Dieu. Nous entendons encore cette dernière requête présentée par notre Seigneur: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi» (verset 24). Il ne nous manque désormais plus qu'une chose: être toujours avec lui dans la maison du Père. Aussi disons-nous: «Amen; viens, Seigneur Jésus!» (Apocalypse 22:20).