L'épître aux Philippiens (suite)

Hamilton Smith

Chapitre 2 (suite)

Versets 12, 13

Après avoir dirigé nos regards vers Christ dans toute sa grâce et son humilité, l'apôtre nous exhorte à juger toutes les tendances de la chair à la contestation et à la vaine gloire, et nous invite à marcher dans l'esprit d'humilité de Christ, notre Modèle, en résistant ainsi aux efforts que fait l'ennemi pour semer la discorde parmi les saints. Lorsqu'il était présent parmi ces croyants, l'apôtre les avait gardés des attaques de l'ennemi, mais maintenant, beaucoup plus encore du fait de son absence, ils devaient se méfier des adversaires du dehors et des querelles du dedans. En marchant dans l'esprit d'humilité de Christ, ils travailleraient vraiment à leur propre salut; ils triompheraient de tous les efforts de l'ennemi en vue de détruire leur unité et de ruiner leur témoignage pour Christ. Mais c'est avec «crainte et tremblement» qu'ils devaient travailler à cette délivrance. Si nous avons conscience du caractère séducteur du monde qui nous entoure, de la faiblesse de la chair qui est en nous, et de la puissance satanique qui est contre nous, nous avons bien des raisons de craindre et de trembler! Mais cette crainte et ce tremblement ne se rapportent-ils pas aussi à ce qui suit? L'apôtre, en effet, ajoute aussitôt: «car c'est Dieu qui opère en vous…». Tout en n'oubliant pas la puissance formidable qui est contre nous, nous devons craindre de sous-estimer — et donc de mépriser — la toute-puissance qui est pour nous, et qui opère en nous «et le vouloir et le faire selon son bon plaisir». Dieu ne nous amène pas seulement à «faire», mais à «vouloir faire» ce qui est son bon plaisir. Là est la vraie liberté. Sans le «vouloir», le «faire» ne serait qu'un simple légalisme servile. Naturellement nous aimons faire notre propre volonté pour notre plaisir à nous, mais le travail de Dieu en nous nous amène à vouloir faire ce qui est son bon plaisir, et à avoir ainsi l'humilité de Christ, notre Modèle, qui pouvait dire: «C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir» (Psaumes 40:8).

Versets 14-16

Ayant les yeux fixés sur Christ, et dans la mesure où nous avons son esprit d'humilité, nous serons à l'abri des séductions du monde et du pouvoir de l'ennemi. Nous serons alors un témoignage pour Christ devant le monde. C'est là, certainement, le «bon plaisir» de Dieu, ainsi qu'il a été pleinement manifesté en Christ, lui qui a pu dire: «moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8:29). Les exhortations qui suivent présentent ainsi un merveilleux portrait de Christ.

Nous devons faire toutes choses «sans murmures et sans raisonnements». Le Seigneur, en fait, a gémi devant les souffrances des hommes, mais aucun murmure n'a jamais franchi ses lèvres. On a dit fort justement: «Dieu permet un gémissement, mais jamais un murmure». Puis, nous sommes mis en garde contre les raisonnements; ils pourraient mettre en question les voies de Dieu à notre égard. Aussi douloureux que fut le chemin du Seigneur, aucun raisonnement quant aux voies de Dieu ne fut l'objet de ses pensées ou de ses propos. Au contraire, lorsqu'il dut constater que tout son ministère de grâce n'avait pas touché les cœurs des hommes, et qu'il fut accusé d'avoir accompli ses œuvres par la puissance du diable, il put dire: «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi» (Matthieu 11:26). Il est bon pour nous, lorsque nous recevons quelque insulte ou que nous rencontrons une épreuve, de marcher sur Ses traces et de nous soumettre sans raisonnements à ce que Dieu permet, dans l'esprit d'humilité du Seigneur.

En agissant dans cet esprit, nous serons «sans reproche» devant Dieu, et «purs» devant les hommes. Ces mots expriment encore quelque chose de la perfection de Christ, car il était «innocent, sans souillure, séparé des pécheurs» (Hébreux 7:26). En suivant ses traces, nous devrions être des «enfants de Dieu irréprochables». Le Seigneur a pu dire: «À cause de toi j'ai porté l'opprobre» (Psaumes 69:7), mais jamais aucun reproche fondé n'a pu lui être fait. Au contraire, les hommes ont dû dire: «Il fait toutes choses bien» (Marc 7:37). Nous avons nous aussi le privilège de porter l'opprobre pour son nom, mais prenons garde, dans nos manières d'agir et de parler, à tout ce qui est inconvenant pour des enfants de Dieu et qui donnerait ainsi occasion à des reproches justifiés. Par une marche droite, irréprochable, nous devrions manifester que nous sommes les enfants de Dieu, au milieu d'une génération dont les mœurs dévoyées et perverses prouvent qu'elle n'a pas de relation avec Dieu.

Moïse, en son temps, témoigne que Dieu est «un Dieu fidèle, et il n'y a pas d'iniquité en lui; il est juste et droit», mais il doit ajouter aussitôt qu'il se trouve au milieu d'un peuple qui s'est corrompu à son égard: «leur tache n'est pas celle de ses fils; c'est une génération tortue et perverse» (Deutéronome 32:4, 5). Malgré la lumière du christianisme, le monde n'a pas changé. C'est toujours un monde où les hommes «se réjouissent à mal faire,… dont les sentiers sont tortueux et qui s'égarent dans leurs voies» (Proverbes 2:15). Nous sommes laissés dans un tel monde pour y «reluire comme des luminaires», pour y «présenter la parole de vie», suivant ainsi les traces du Seigneur. Lui a été «la lumière du monde» et a dit: «les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie». La lumière évoque ce que quelqu'un est, plutôt que ce qu'il dit. Présenter «la parole de vie» parle du témoignage rendu en proclamant la vérité de la parole de Dieu. Nos vies doivent refléter quelque chose de la perfection de Christ, pour que nos paroles annoncent le chemin de la vie.

Si, comme résultat du ministère de l'apôtre, les saints étaient amenés à avoir l'humilité de Christ et à devenir ainsi ses témoins, l'apôtre pourrait se réjouir de ne pas avoir «couru en vain ni travaillé en vain». Ici, en ce qui le concerne, il semble faire une distinction entre la «vie» et le «témoignage». En effet «courir» dirige nos pensées vers sa manière de vivre, et «travailler» vers son ministère.

Ces sept exhortations de l'apôtre nous offrent un tableau touchant d'une vie vécue conformément au parfait modèle que nous avons en Christ: une vie sans murmures quant à notre sort, sans raisonnements sur le pourquoi de telle ou telle épreuve rencontrée sur le chemin, une vie irréprochable quant à ce que nous disons ou faisons, une vie pure, qui évite tout mal infligé aux autres par des paroles ou des actes, une vie dans laquelle il n'y a rien qui puisse nous attirer le reproche d'être des enfants de Dieu inconséquents, une vie qui brille comme un luminaire dans un monde de ténèbres, et qui présente la parole de vie dans un monde où règne la mort. En vivant ainsi, nous réjouirions le cœur de Dieu, nous glorifierions Christ, nous aiderions les saints, nous serions en bénédiction au monde, et nous aurions notre récompense au jour de Jésus Christ. Si tous les saints, les yeux fixés sur Jésus, menaient cette vie merveilleuse, il n'y aurait pas de discorde parmi les chrétiens. Nous serions un seul troupeau, suivant un seul Berger.

Versets 17, 18

Dans le reste de ce chapitre, sont placés devant nous trois exemples de croyants vivant alors, qui, dans une grande mesure, manifestèrent cette humilité de Christ, s'oubliant eux-mêmes pour servir les autres, et qui, pour cette raison, brillèrent comme des luminaires dans ce monde et présentèrent la parole de vie.

Tout d'abord, dans l'apôtre lui-même, l'Esprit de Dieu veut nous faire voir quelqu'un qui a vécu ayant Christ pour modèle. La foi des saints de Philippes, en subvenant aux besoins de l'apôtre, avait fait un sacrifice pour le servir. Mais si, malgré ce service, son emprisonnement devait aboutir à la mort, il se réjouirait encore d'avoir eu le privilège de souffrir pour Christ, et il leur demande de s'en réjouir avec lui. C'est ainsi qu'il fait preuve de cette humilité qui, par égard pour les autres, le rend capable de s'oublier lui-même et de suivre Christ jusqu'à la mort.

Versets 19-24

Paul passe ensuite à Timothée. Il en parle comme de quelqu'un qui est «animé d'un même sentiment» que lui, qui est marqué du sceau de cette humilité qui fait que l'on s'oublie soi-même pour penser au bien des autres. L'état général de l'Église primitive, déjà au temps de l'apôtre, avait hélas tellement décliné — était si loin de porter la marque de cet amour qui s'oublie lui-même — qu'il doit dire: «tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ». En Timothée, l'apôtre avait trouvé quelqu'un qui avait de la «sollicitude» pour les autres, et qui «servait» avec lui dans l'évangile en présentant la parole de vie. Comme Timothée portait la marque de l'humilité de Christ, Paul pouvait se servir de lui pour prendre soin des saints, et il espérait l'envoyer à l'assemblée de Philippes dès qu'il connaîtrait l'issue de son jugement.

Versets 25-30

Finalement, en Épaphrodite, nous avons un exemple frappant de cette humilité qui s'oublie dans l'ardent désir de faire du bien aux autres. Épaphrodite n'était pas seulement un «frère» en Christ, mais un «compagnon» dans l'œuvre du Seigneur, un «compagnon d'armes» dans le combat pour la vérité, un «envoyé» des saints et un «ministre» pour les besoins de l'apôtre. Dans son amour désintéressé, il pensait aux saints avec une vive affection, et il était fort abattu à l'idée qu'ils puissent être excessivement inquiets à son sujet à cause de sa maladie. Il avait été en effet fort près de la mort, mais, par la grâce de Dieu, il avait été épargné. Paul, maintenant, sans penser à lui-même ni au fait qu'un ami aussi précieux allait beaucoup lui manquer, envoie ce serviteur bien-aimé aux Philippiens, pour leur joie. C'est avec toute sorte de joie qu'ils peuvent recevoir dans le Seigneur et honorer un tel homme. L'apôtre ajoute quelques mots qui montrent admirablement quel est cet «honneur» si précieux aux yeux de Dieu. Épaphrodite était remarquable par sa fidélité dans l'œuvre de Christ, et, rempli d'humilité, il était prêt, suivant l'exemple de Christ, à affronter la mort dans son service pour les autres.

Étant donné qu'en ces commencements de l'Église, tous cherchaient déjà leurs propres intérêts, et que les saints n'étaient plus animés d'une même pensée avec l'apôtre, nous ne devons guère nous étonner si, dans ces temps de la fin, le peuple de Dieu est divisé et dispersé. Quelqu'un a dit: «Il est peu probable que nous soyons jamais un seul cœur, avant de connaître la joie d'être tous ensemble dans un seul ciel». Toutefois, encouragés par ces exemples admirables de croyants caractérisés par leur humilité, détachons nos regards de toute la ruine qui nous entoure et fixons-les sur Christ, notre divin modèle, en nous efforçant de marcher selon sa pensée! Nous deviendrons ainsi, dans une petite mesure, des témoins de Christ et traverserons ce monde selon le bon plaisir de Dieu.

À suivre