L'épée à deux tranchants – Hébreux 4:12, 13

Traduit de l'allemand

La Parole de Dieu nous est présentée dans l'Écriture sous différents caractères. Elle est une lampe, une lumière, une nourriture, une eau rafraîchissante; elle est la source du salut, de la vie, de la joie, de la force et de la connaissance; elle est la révélation de la grâce et de la gloire. Et au-dessus de tout, elle est la révélation de Christ lui-même. Mais elle est aussi l'épée à deux tranchants, une arme de combat, mise à notre disposition dans notre lutte contre les puissances spirituelles de méchanceté. «L'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu» complète l'armure que nous avons à revêtir (Éphésiens 6:17). C'est de cette épée que nous désirons nous occuper.

Pour apprendre à l'utiliser de la bonne manière, il nous faut d'abord considérer la manière dont le Seigneur Jésus s'en est servi, s'en sert encore, et s'en servira dans l'avenir.

Déjà au commencement de son service, le Seigneur a employé la Parole de Dieu comme l'épée de l'Esprit, dans le combat contre Satan (Matthieu 4:1-10). Seul dans le désert, sans assistance et sans autre ressource que cette seule arme, il a réduit l'adversaire au silence, l'obligeant à battre en retraite. Il nous a donné cette même épée, pour nous en servir comme lui l'a fait, et contre le même adversaire.

En Apocalypse 2:12-16, nous trouvons «l'épée aiguë à deux tranchants», sortant de sa bouche (cf. 1:16). Avec elle il combattra le mal dans l'église responsable où Satan a réussi à établir son trône en y introduisant de mauvaises doctrines, de l'impureté et une association impie avec le monde. Pour être des vainqueurs, nous sommes appelés à combattre le mal avec le même moyen, comme l'a fait Antipas le fidèle témoin. Au milieu d'une chrétienté où Satan est comme chez lui, nous avons à utiliser «l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu», «contre les artifices du diable».

En Apocalypse 19:15, nous lisons que le Seigneur emploiera la même épée aiguë à deux tranchants sortant de sa bouche pour exécuter le jugement sur les nations et instaurer son règne. Tout comme il était seul sur la croix pour inaugurer le règne de la grâce, il sera seul pour établir le règne de justice. Mais pour notre propre joie, ce même passage nous apprend que Christ associera alors tous les saints à lui-même pour avoir part aux résultats de sa victoire, comme il se les associe actuellement dans la jouissance des fruits de son œuvre rédemptrice.

Ces considérations nous amènent au chapitre 4 de l'épître aux Hébreux, sujet de notre méditation. Dans les versets 12 à 16 nous sont présentées la parole de Dieu et la sacrificature de Christ.

La Parole, dont le Seigneur Jésus est lui-même la plus haute expression, est «vivante et opérante, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants». Ici, cette épée ne s'applique pas aux ennemis de l'extérieur, mais à nous-mêmes. Elle ne nous pénètre pas d'une façon brève et superficielle, car elle provient de l'arsenal divin et elle est extrêmement puissante. Rien ne lui échappe. Elle pénètre dans les recoins les plus secrets de nos cœurs. Même nos sentiments parfois revêtus d'un habit attrayant ne peuvent la tromper. La Parole de Dieu atteint «jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit». Elle sépare d'une façon précise ce qui est de la chair et ce qui est de l'Esprit (ce que nous sommes absolument incapables de faire, car la frontière est parfois imperceptible), elle va «jusqu'à la division… des jointures et des moelles».

Par exemple, nous désirons faire du bien en soutenant l'œuvre du Seigneur: mais dans quelle mesure essayons-nous par cela d'augmenter notre influence? Ou encore nous voulons aider ceux qui sont dans le besoin: jusqu'à quel point cherchons-nous notre propre satisfaction, ou l'approbation des frères ou même celle du monde? Quels sont les motifs de notre service pour le Seigneur? Est-ce en partie notre moi? Il tend peut-être inconsciemment à mettre en valeur notre éloquence ou à nous faire paraître plus spirituel que nous ne le sommes réellement. Laissons-nous au Saint Esprit sa place, ou recherchons-nous pour nous-mêmes celle qui lui appartient? Si nous n'agissons pas selon Dieu, cette épée à deux tranchants, dirigée par une main sûre, nous atteindra et manifestera toutes choses. Ne cherchons pas à l'esquiver! Notre fierté, notre vanité et la satisfaction de nous-mêmes en souffriront il est vrai, et il pourra en résulter bien des douleurs. Mais ce sera pour notre bénédiction.

Nous éprouvons parfois de la peine à pardonner aux instruments que Dieu emploie pour manier l'épée contre nous. Le bon moyen d'y échapper, c'est de prendre nous-mêmes l'épée à deux tranchants et de l'appliquer à notre être intérieur. En effet, avant de l'employer pour d'autres, nous devrions commencer à en faire usage contre nous-mêmes. En reconnaissant en quoi elle nous condamne, nous saurons aussi en quoi elle nous approuve. Gardons-nous d'excuser notre indifférence, notre haute estime de nous-mêmes, ou notre souci de soigner notre apparence, lorsque notre vie intérieure n'y correspond pas!

L'effet de la Parole de Dieu place des êtres en qui habite encore la chair dans la présence du Seigneur, devant qui toutes choses sont nues et découvertes. Disons-nous avec le psalmiste: «Sonde-moi, ô Dieu! et connais mon cœur; éprouve-moi, et connais mes pensées» (Psaumes 139:23), ou essayons-nous de nous soustraire à la Parole, lorsqu'elle découvre sans ménagement tous nos motifs charnels? Laissons-la donc nous parler librement!

Les effets de notre prédication de la Parole — si ce service nous est confié — dépendent souvent de la manière dont nous nous laissons nous-mêmes pénétrer par elle. Il nous faut apprendre à faire la différence entre l'âme (les sentiments) et l'esprit (ce qui en nous est en relation avec Dieu), avant de vouloir l'appliquer à d'autres. Soyons donc attentifs à cet aspect du combat, le combat contre nous-mêmes, afin d'être francs et vrais devant Dieu, pratiquant le jugement de nous-mêmes. Ne nous préoccupons pas seulement du combat contre les puissances des ténèbres qui sont autour de nous!