Compter sur Dieu (Deutéronome 1)

John Nelson Darby

Nous avons dans ce chapitre un triste résumé de l'histoire d'Israël dans le désert et de la manière dont l'incrédulité se prive de grandes bénédictions. Dieu avait fait passer Israël par un chemin plus long, afin qu'ils ne rencontrent pas un peuple aguerri; il les avait fait traverser la mer Rouge pour qu'ils apprennent à connaître la puissance de Dieu, au lieu de celle de l'ennemi.

Maintenant il s'agit pour eux de la possession et de la jouissance des promesses. Canaan leur avait été promis; aucun d'eux, sauf Josué et Caleb, n'y est entré, à cause de leur incrédulité! Il n'y a que onze journées depuis Horeb jusqu'en Canaan (verset 2), et le résultat de leur incrédulité est qu'ils mettent quarante ans à ne faire que ce court trajet. Ce simple fait est un avertissement très solennel.

Ce chapitre nous explique comment cela a pu arriver. Au livre des Nombres, Dieu compte le peuple et se le consacre à lui-même. Il les a conduits en Horeb dans ce but, il les met en ordre en sa présence; à leur départ d'Horeb, il sépare les Lévites pour le service; Dieu est là au milieu d'eux, Israël n'étant que l'avant et l'arrière garde de la gloire et de la présence de Dieu. Israël devient l'armée d'Israël; l'arche va devant eux dès leur première étape, pour trouver le lieu où ils doivent se reposer. L'arche est leur gloire et leur guide. Et voici qu'il n'y a, tout le long de leur voyage, que murmures et iniquité (Nombres 10; 11; 12)! Ils veulent retourner en Égypte; ils ont leurs pensées au temps où ils étaient dans le monde et à leurs aises passées. Dieu les châtie, et pourtant les conduit, malgré leurs murmures, jusqu'à Kadès-Barnéa. Là ils sont tout près de Canaan et de la possession des promesses. C'est là aussi que le chrétien arrive. Il n'est pas encore dans la gloire, mais à la frontière de la gloire et du monde à venir. Encore une courte traversée et j'y suis!

Dieu, qui leur avait donné toutes ses promesses, les encourage:» Ne crains point et ne t'effraie point». Mais Israël désire obtenir une connaissance plus exacte du pays, et l'Éternel ne le lui refuse pas. Le Saint Esprit, comme les messagers d'Israël, vient nous dire: Le pays que notre Dieu nous donne est bon. Il prend les choses de Christ, toutes les choses que le Père a données au Fils, les fruits de ce pays béni, et nous les communique. Mais Israël refuse d'y monter, quand bien même l'Éternel lui donne les arrhes de ce que le pays contient. Ce que Satan fait, c'est de nous présenter les difficultés pour nous rendre infidèles. Les dangers, la force de l'ennemi, tout cela est vrai. Il est vrai qu'il faut compter si, avec dix mille hommes, on peut aller contre celui qui en a vingt mille (Luc 14:31), mais Satan dit ces choses pour nous effrayer. Dieu avait aplani jusque-là toutes les difficultés devant Israël, il s'était associé à eux après les avoir rachetés d'Égypte, il avait combattu pour eux (Exode 17). Il permet qu'ils voient l'étendue des difficultés; mais eux se placent devant les difficultés et le cœur leur manque. Ils ont beau voir les fruits du pays, leur cœur refuse d'y entrer.

Dieu se présente à eux comme» l'Éternel, votre Dieu, qui marche devant vous» (verset 30). C'était donc l'Éternel qui rencontrait les difficultés, quelque grandes qu'elles soient, comme le Berger qui marche devant les brebis. Impossible que les ennemis les écrasent. Dieu dit: Il faut compter sur moi.» Votre Dieu… combattra lui-même pour vous». Sans doute, il nous exerce au combat pour la jouissance des promesses; il nous faut renoncer à nous-mêmes, vivre de régime en toutes choses. Israël ne succombera-t-il pas? Non, votre Dieu combattra lui-même pour vous.

Dieu ne nous a-t-il pas déjà délivrés de la puissance de Satan? Quelle folie pour des enfants de Dieu de penser que ce même Dieu n'aurait pas la puissance de les délivrer des difficultés que Satan élève sur leur chemin! Ils ne sont plus ses esclaves. Dieu n'a-t-il pas rendu impuissant notre ennemi? D'où vient donc ce manque de foi? De ce que, en route, le cœur est retourné en Égypte et s'est écarté de la présence de Dieu et de son témoignage. Hélas! n'avaient-ils pas vu que l'Éternel leur Dieu» les avait portés comme un homme porte son fils» (verset 31)? Il ne leur avait pas demandé de la force. Sa patience les avait conduits jusqu'ici. N'est-il pas honteux de ne pas compter sur sa puissance et sur sa force? Dieu s'était servi des difficultés pour manifester sa fidélité.» Il allait devant eux dans le chemin, la nuit, dans le feu, pour leur faire voir le chemin où ils devaient marcher» (verset 33). La nuit était pour eux un moment sûr et heureux.

L'Éternel entend tous les entretiens de leurs cœurs (versets 34-40). Et voici le résultat: Pour tout Israël, le fruit de l'incrédulité est un triste trajet de quarante ans dans le désert, au lieu de l'entrée directe dans le pays de Canaan. C'est l'histoire continuelle de nos âmes: tandis que Dieu nous porte comme un homme porte son fils, nous ne voulons pas compter sur sa force pour nous. Ensuite, quand Dieu ne veut pas qu'Israël monte, sa présomption le pousse à monter quand même, et il est défait par l'ennemi. Dieu nous présente des occasions de bénédictions; si nous manquons ces occasions, elles ne se retrouvent pas; Dieu nous les retire. Plus tard, Dieu n'y est pas et l'on va au-devant d'une défaite.

Dieu ne demande pas mieux que de nous voir jouir des promesses. Il nous y encourage. Si nous voulons connaître le pays, le Saint Esprit nous en présente les fruits et les difficultés, les raisins d'Eshcol et les villes fortifiées jusqu'au ciel; mais si, au lieu de chercher à mesurer d'avance les difficultés, nous nous en tenons aux promesses de Dieu, nous allons en avant sans peine. Dieu nous avertit aussi; laissons sa Parole agir sur nos consciences et craignons de perdre l'occasion.

Jouissez-vous des choses que Dieu nous a promises en Christ? Voici le pays que Dieu vous a donné. Qu'est-ce qui vous arrête? Y a-t-il des craintes? Ne savez-vous pas compter sur le Seigneur? Si vous allez en avant sans crainte, vous trouverez l'Éternel et rien d'autre. Les difficultés que Satan présente seront des occasions de victoire. Pour nous encourager, le Saint Esprit, dans sa grâce, nous rappelle tout ce que Dieu a fait, l'amour parfait de celui qui nous a délivrés, la tendresse de Dieu qui nous a conduits jusqu'ici et qui veut nous faire entrer dans la gloire!