Les églises et l'Église

John Nelson Darby

Vous me demandez: «Ne trouve-t-on pas plusieurs églises dans l'Écriture?» Je réponds: Certainement; mais, qu'est-ce que des églises? Nous avons besoin de nous poser la question, pour être au clair dans nos pensées. La plupart des chrétiens penseront immédiatement à ce qu'on appelle des églises dans le monde religieux. On pensera à l'église presbytérienne, ou libre, ou baptiste; à l'église de Rome ou à une autre. Quelqu'un dont l'esprit est formé par l'Écriture, pensera à Corinthe, à Éphèse ou à une autre église nommée dans la Parole. Ce qui existe dans la chrétienté, et les pensées qui y ont cours, sont-ils différents de ce que nous trouvons dans l'Écriture, ou des pensées qu'elle communique? Examinons la chose sans préventions, et si nous trouvons l'état actuel bien éloigné de l'état scripturaire, en principe ou en pratique, si nous trouvons qu'au lieu de la puissance de l'Esprit et de son unité, tout est en ruines, en dépit d'une belle apparence extérieure, menons deuil et crions au Seigneur. Il viendra à notre secours.

Qu'était-ce que les églises dans les temps des apôtres? Le mot église signifie simplement assemblée, ou, d'après l'usage local de la langue grecque, un rassemblement de personnes privilégiées, de citoyens. Toute la multitude des croyants, réunis en un par le Saint Esprit, formait l'Assemblée ou l'Église; c'était l'Assemblée de Dieu. Seulement ceux qui étaient à Rome ou à Corinthe ne pouvaient pas, cela va sans dire, se réunir à Jérusalem. De là vient qu'il y avait des assemblées en divers lieux, formant chacune, dans sa localité, l'assemblée de Dieu à cet endroit.

Mais, avant de parler des assemblées locales, il nous faut examiner brièvement l'Assemblée considérée comme un tout dans l'Écriture. Elle est envisagée en premier lieu comme l'habitation de Dieu, en second lieu comme le corps de Christ.

L'habitation de Dieu

Dans un sens, l'Église n'est pas encore formée, ni complète. Tout ce qui sera uni à Christ dans sa gloire en fait partie. «Je bâtirai mon assemblée», dit Jésus, «et les portes du hadès ne prévaudront point contre elle» (Matthieu 16:18). Cela sera infailliblement accompli, et Pierre y fait évidemment allusion quand il dit: «duquel vous approchant comme d'une pierre vivante,… vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle» (1 Pierre 2:4, 5). Il est dit aussi: «en qui tout l'édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur» (Éphésiens 2:21). La chose n'est pas encore achevée, mais se continue; et si, au début, l'Église était un corps manifeste et public, «le Seigneur ajoutant tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés» (Actes des Apôtres 2:47), cette Assemblée est devenue ce qu'on appelle maintenant l'Église invisible. Elle est invisible, et pourtant elle aurait dû être la lumière du monde, mais quelle peut être l'utilité d'une lumière invisible? De plus elle est tombée depuis longtemps dans la corruption et l'iniquité, qui sont les vrais caractères de Babylone; il est donc évident qu'elle n'a plus été la lumière du monde. Les saints persécutés — car Dieu a certainement toujours eu un peuple — ont rendu témoignage, mais le corps publiquement reconnu n'a été que ténèbres, et non pas lumière dans le monde.

Il est encore parlé de la maison de Dieu d'une autre manière. C'est toujours une habitation de Dieu, mais elle est construite par l'homme et sous sa responsabilité. «Comme un sage architecte», dit Paul, «j'ai posé le fondement, mais que chacun considère comment il édifie dessus» (1 Corinthiens 3:10). Voilà ce que l'homme est chargé de faire, il en est responsable. Là il peut y avoir du bois, du foin, du chaume, choses qui seront brûlées. Il y avait, sur la terre, un vaste ensemble qui était la maison de Dieu ou son temple. Le Saint Esprit, descendu le jour de la Pentecôte, y a fait sa demeure. «Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l'Esprit» (Éphésiens 2:22).

La vérité dont nous venons de parler est infiniment intéressante et précieuse, savoir cette habitation de Dieu ici-bas, dans sa maison, préparée pour lui, comme il l'a voulu. Dieu n'a jamais demeuré avec Adam innocent, il le visitait; pas davantage avec Abraham, qu'il visitait aussi et bénissait particulièrement; mais quand Israël fut tiré hors d'Égypte, Dieu vint et demeura avec lui. L'habitation de Dieu avec les hommes est la conséquence de la rédemption (voyez Exode 29:46). La vraie rédemption a été accomplie à la croix, et Dieu s'est formé une habitation pour lui-même, où il demeure par l'Esprit. Il en est de même pour l'individu (1 Corinthiens 6:19), mais je parle maintenant de l'Assemblée, de la maison du Dieu vivant. Elle est à présent, sur la terre, l'habitation de Dieu par l'Esprit. Il demeure et marche au milieu de nous. Nous sommes l'édifice de Dieu. L'homme peut avoir édifié du bois, du foin, du chaume, mais Dieu n'a pas encore exécuté le jugement contre elle; cependant c'est par elle que commencera le jugement (1 Pierre 4:17).

Le corps de Christ

L'Assemblée est aussi le corps de Christ (Éphésiens 1:23). C'est par un seul Esprit que nous sommes baptisés en un seul corps. Celui-ci ne sera finalement complet que dans le ciel; mais il est établi sur la terre; car le baptême du Saint Esprit correspond à sa descente ici-bas le jour de la Pentecôte (Actes des Apôtres 1:5; 1 Corinthiens 12:13). Nous trouvons en outre, dans le même chapitre de l'épître aux Corinthiens, qu'il a mis dans l'Église d'abord des apôtres, puis des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite des miracles, des dons de guérison;… il est clair que tout cela est sur la terre. Remarquez aussi que ces dons sont placés dans l'Église entière, tous, quels qu'ils soient, étant membres d'un seul et même corps. C'est ainsi que l'Église ou l'Assemblée est décrite dans l'Écriture.

Les églises locales

Qu'étaient-ce donc que les églises ou assemblées, sinon des églises locales? L'apôtre pouvait écrire «à l'assemblée de Dieu qui est à Corinthe». Elle représentait l'unité tout entière du corps dans cet endroit. «Vous êtes le corps de Christ et ses membres chacun en particulier» (1 Corinthiens 12:27). Il ne pouvait y avoir dans le même endroit deux corps de Christ pour le représenter. Lorsqu'il s'agit de la Galatie, qui était une grande province, il est dit: les églises de Galatie. À Thessalonique, ville de Macédoine, nous avons l'assemblée des Thessaloniciens. Il en est de même pour les sept églises; Jean écrit à l'assemblée qui est à Éphèse, à Smyrne, etc. Ainsi partout, en quelque lieu que ce soit, on pouvait s'adresser directement à l'assemblée de Dieu en cette qualité. Au chapitre 20 des Actes, Paul appelle les anciens de l'assemblée d'Éphèse. Ils étaient établis par le Saint Esprit comme surveillants au milieu du troupeau de Dieu. Tite est laissé en Crète pour établir des anciens dans chaque ville. Nous avons (Actes des Apôtres 11:22) l'assemblée qui est à Jérusalem, bien qu'elle soit excessivement nombreuse. En Actes 13, nous trouvons l'assemblée qui était à Antioche. Paul retourne à Lystre, Derbe et Iconium, et leur choisit des anciens dans chaque assemblée (14:21-23.) Toute l'Écriture nous fait voir clairement qu'il y avait une seule assemblée dans un lieu, et qu'elle était l'assemblée de Dieu. Ils n'avaient pas d'édifices nommés églises, le Tout-Puissant n'habitant pas dans des temples faits par des hommes; ils se rassemblaient dans des maisons quand ils le pouvaient; mais le tout formait une assemblée, l'assemblée de Dieu dans ce lieu, et les anciens étaient anciens dans ce tout qui constituait un seul corps.

Les dons et les anciens

L'assemblée locale représentait l'Assemblée de Dieu tout entière, comme la première épître aux Corinthiens nous le montre. La position des chrétiens qui la composaient était celle de membres de Christ, de tout le corps de Christ. Selon l'Écriture, on n'est membre que du corps de Christ; on est un œil, une main, etc. Le ministère est présenté en relation directe avec cette pensée. Lorsque Christ est monté au ciel, il a donné des dons aux hommes: des apôtres, des prophètes (ceux-ci étaient les dons fondamentaux: Éphésiens 2:20), puis des évangélistes, des pasteurs, des docteurs; ils étaient placés dans l'Église, dans l'Assemblée tout entière (1 Corinthiens 12:28).

Si un homme était docteur à Éphèse, il l'était aussi à Corinthe. De même, pour les dons miraculeux, un homme parlait en langue là où il était; son don n'appartenait à aucune assemblée particulière, mais ce membre, ou ce don, était donné à tout le corps sur la terre, au moyen du même Esprit (12:8-11), par lequel un homme devenait un serviteur de Christ. En 1 Corinthiens 12, nous voyons le Saint Esprit distribuant les dons sur la terre, tels qu'ils existaient alors. En Éphésiens 4, ils sont donnés d'en haut par Christ, et il n'est fait mention que de ceux qui contribuent à la formation des saints, pour l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous à la mesure de la stature de la plénitude du Christ. Ce sont là les talents avec lesquels l'homme devait trafiquer, s'il connaissait le maître, et parce qu'il avait reçu ces talents. «Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu» (1 Pierre 4:10). Des règles sont données dans l'Écriture quant à la manière d'exercer ces dons. Les femmes devaient se taire dans les assemblées. Mais mon dessein, en ce moment, est de faire voir que c'était comme appartenant à toute l'Assemblée de Dieu, en tout lieu, que ceux qui possédaient ces dons devaient les exercer. La charge d'ancien était locale, ce n'était pas un don, mais l'aptitude à enseigner était une qualité désirable pour ces anciens, même si tous ne la possédaient pas (1 Timothée 5:17). Les anciens étaient anciens de l'assemblée de Dieu dans un endroit déterminé. Les dons devaient s'exercer pour le bien de tout le corps et en accord avec la Parole, là où se trouvait le membre doué.

En résumé, l'Écriture nous apprend que dans chaque ville où il y avait des chrétiens, existait une seule assemblée de Dieu et que tous les chrétiens étaient membres du corps de Christ, l'Écriture ne reconnaissant pas que l'on soit membre d'autre chose. Enfin, les dons s'exerçaient par le Saint Esprit, d'après les règles données par l'Écriture, dans toute l'Église, qui était une seule Assemblée de Dieu, dans le monde entier. L'ancien avait une charge locale, pour laquelle il était choisi et établi par l'apôtre ou par son délégué. Les anciens exerçaient leur office dans la seule assemblée de Dieu qui se trouvait dans l'endroit où le Saint Esprit les avait établis surveillants (Actes des Apôtres 14:23; 20:17, 28; Tite 1:5-9). La charge d'ancien n'était pas un don, quoiqu'un don ait été désirable pour rendre son service plus efficace, mais ce qui comptait d'abord, c'était d'avoir certaines qualités, qui sont détaillées dans les épîtres.

Des églises organisées par les hommes

Il n'existe pas trace de cela dans ce que les hommes appellent actuellement églises. Grâces à Dieu, ils ne peuvent empêcher le Seigneur de faire son œuvre, ni de susciter des ouvriers qui travaillent au bien de ses élus en suivant sa souveraine direction; mais les hommes ont organisé des églises, chacun selon sa fantaisie; ils ont oublié l'Église de Dieu et la parole de Dieu, bien que quelques-uns reconnaissent une Église invisible que la fidélité du Seigneur maintiendra. Cela, ils le laissent à ses soins, pendant que chacun arrange l'Église visible comme il lui semble bon.

Dès que l'Église, comme corps publiquement manifesté dans le monde, est tombée dans le système romain (ou dans la tradition grecque, avec laquelle nous avons moins à faire en Occident), tout a été en ruines selon la prédiction de l'apôtre. Lors de la Réformation, les gouvernements civils ont établi des églises nationales, car personne ne pensait à l'Église de Dieu; et pendant quelque temps, on ne toléra pas autre chose. Ensuite, la liberté religieuse commença à se généraliser; mais l'idée de ce qu'est l'Église de Dieu était absente, c'est pourquoi on organisa des églises, unies d'après un système imaginé par l'homme, ou bien indépendantes les unes des autres, mais que l'homme arrangeait et organisait à son idée. La notion de l'unité du corps, le fait qu'on n'est membre que du corps de Christ, la vérité que le Saint Esprit est sur la terre, que les dons sont donnés par Christ et que ceux qui les ont reçus sont responsables de leur exercice, — tout cela était complétement oublié et mis de côté. Il ne restait rien de la vérité scripturaire initiale au sujet de l'Église et de la présence du Saint Esprit.

Le clergé se distinguait du troupeau en ce sens qu'il prétendait remonter aux origines par succession, et il croyait rendre les gens membres de Christ par le baptême d'eau, alors qu'on ne peut trouver trace de cela dans l'Écriture. C'est par un seul Esprit que nous sommes baptisés en un seul corps. On est baptisé d'eau pour la mort de Christ. Mais, si nous laissons de côté ces prétentions et ces erreurs, nous trouvons que le système actuel est celui d'assemblées formées par les hommes sur un principe ou un autre qu'ils ont adopté, avec un homme choisi par eux et mis à leur tête. On devient membre de cette église ou assemblée ainsi formée, et l'on vote comme tel au milieu d'elle. Que ces personnes soient membres de Christ ou non, ce qui les caractérise, c'est qu'elles sont membres de cette assemblée particulière. Dans la plupart des églises, le vote ne crée pas de divisions, c'est la majorité qui décide. Il n'est pas question du Saint Esprit. Toute l'action, du commencement à la fin, vient de l'homme. Que les uns aient divers conseils d'église, en sorte qu'il y a un élément aristocratique dans leur organisation, que chez les autres les décisions soient prises par chaque corps séparément et par le vote des membres des assemblées, — le tout reste un arrangement humain, formé et conduit par l'homme; un homme est membre d'un corps que l'homme a organisé, et il agit en conséquence. L'état actuel des choses, c'est une église ou une assemblée dont sont membres un certain nombre de personnes, ayant à leur tête une autre personne qui a fait des études pour le ministère. C'est le troupeau ou l'église de Monsieur tel et tel; il est payé tant par an; il peut ou non être converti, l'important est qu'il soit consacré; peut-être est-il un évangéliste, il sera mis à la place d'un pasteur; peut-être est-il un pasteur, il devra prêcher au monde. Toutefois, s'il ne réussit pas, on le contraint à la démission, le plus souvent directement, parfois d'une manière indirecte. Toute la constitution de l'Église de Dieu, sa constitution divine, est ignorée — on lui a substitué la constitution de l'homme. On ignore l'ordre du Saint Esprit et sa puissance, ou l'on n'y croit pas du tout.

L'Église de Dieu

L'Écriture ne reconnaît ni membre d'une église, ni pasteur d'un troupeau qui lui appartienne, ni assemblée volontaire ayant ses propres principes. Rien de semblable dans la Parole, si ce n'est les divisions qui commençaient à se produire parmi les Corinthiens, et que l'apôtre qualifie de charnelles. Il y avait alors une Église de Dieu; il n'y avait pas d'église des hommes. Si Paul adressait aujourd'hui une épître à l'église de Dieu à ***, personne ne saurait à qui la remettre.

Les églises ont supplanté l'Église de Dieu. L'action de l'Esprit de Dieu est mise de côté. L'Esprit donnait les évangélistes, serviteurs de Christ pour le monde; il donnait les pasteurs et docteurs (non pas ceux qu'un troupeau a choisis, ou qui ont leur troupeau), pour exercer leurs dons partout où Dieu les conduisait. Ils enseignaient à Éphèse dans l'assemblée de Dieu, quand ils s'y trouvaient; à Corinthe quand ils y étaient. Là où Dieu les envoyait, ils agissaient avec le don qui leur avait été confié d'en haut; ils trafiquaient avec leur talent parce que le maître les en avait chargés. Suivant que chacun avait reçu quelque don, il l'employait comme bon dispensateur de la grâce variée de Dieu; s'il exhortait, il s'appliquait à l'exhortation; s'il enseignait, à l'enseignement, et cela, dans l'Assemblée de Dieu comme un tout.

L'ordre humain et l'ordre divin

L'homme a organisé, mais il a totalement mis de côté, dans la mesure de ses arrangements à lui, l'ordre et les arrangements de Dieu dans l'Assemblée. C'est ainsi que, pour avoir des églises, on a mis de côté l'Église, l'Assemblée de Dieu. C'est ainsi que les hommes ont remplacé, par des ministres de leur choix, l'Esprit qui répartit ses dons à divers membres, et qu'ils ont négligé la Parole dans laquelle l'ordre de Dieu est révélé. L'Église, l'Esprit et la Parole, sont mis de côté par ce qu'on appelle l'ordre, à savoir l'arrangement et l'organisation des hommes.

On prétend qu'on ne peut pas faire autrement. Mais c'est plutôt la foi qui manque pour confier au Seigneur le soin de gouverner et de bénir sa propre maison selon l'ordre qu'il a établi; et néanmoins la vraie bénédiction ne peut provenir que de son action par l'Esprit qu'il a envoyé du ciel. Quel est l'effet de tout cela? Il serait peu charitable (et je n'ai pas la moindre envie de le faire) d'exposer ici les tristes conséquences qui en sont souvent le résultat. Elles sont bien connues, même du monde. Mon but est de démontrer que le système est antiscripturaire, et qu'il nie le Saint Esprit et la vraie Église de Dieu. D'ailleurs, il est évident qu'une personne choisie et rémunérée par une assemblée, dont souvent la moitié au moins est inconvertie, et qui a quelquefois pour objet principal l'augmentation du nombre, de l'influence, et l'appui des gens riches, — que cette personne, dis-je, devra nécessairement chercher à plaire à ceux qu'elle sert, et s'accommoder à son auditoire. Or l'apôtre dit: «Si je complaisais encore à des hommes, je ne serais pas esclave de Christ» (Galates 1:10).

Quant au résultat pratique, j'en appelle à toute personne pieuse et consciencieuse, familière avec l'état de choses actuel. De toute part, j'entends leurs plaintes, mais elles ne songent pas que c'est l'effet naturel et nécessaire du système. Le «ministère» n'est plus l'exercice du don conféré par le Seigneur, mais c'est l'éducation et la consécration d'une personne pour une profession, en sorte que, bien souvent, elle n'est pas même convertie. La vraie Église de Dieu, établie sur la terre (1 Corinthiens 12), est méconnue aussi bien que les vraies églises, qui sont les assemblées de Dieu en chaque lieu. En revanche, les hommes font des églises, suivant leur propre notion de ce qui est bien, et ils sont membres de leurs églises, au lieu d'être considérés comme membres du corps de Christ. Le membre inconverti d'une église y a les mêmes droits et le même pouvoir qu'un membre de Christ.

L'influence des richesses l'emporte sur celle de l'Esprit de Dieu; une majorité décide et non pas l'Esprit. Si une majorité avait décidé à Corinthe, quel en aurait été l'effet? Dans tout le système, l'homme, la volonté de l'homme, l'organisation humaine, ont pris la place de l'Esprit et de la parole de Dieu, et de ce que Dieu avait organisé lui-même, selon les déclarations de cette Parole.

On m'objecte: «N'y avait-il donc pas des églises alors?» Je réponds: Certainement, et c'est ce qui démontre le caractère antiscripturaire de ce qui existe aujourd'hui. Qu'on me montre dans l'Écriture une chose telle qu'un corps séparé et distinct, dont on est membre et que l'on appelle aujourd'hui une église! Tout cela met de côté ce qu'on trouve dans l'Écriture, pour établir quelque chose d'autre.

Je ne traite pas ici de plusieurs sujets qui s'y rattachent, tels que l'état de ruine de l'Église comme un tout, la venue du Seigneur, etc., désirant m'en tenir à cette question: l'ordre de chose actuel est-il scripturaire ou antiscripturaire? Que des hommes qui ont bu du vin vieux en veuillent aussitôt du nouveau, je conçois que cela est peu probable; mais heureux celui qui suit la Parole et reconnaît le Saint Esprit, même s'il est seul à le faire. La parole du Seigneur demeure éternellement; il en est de même de celui qui fait Sa volonté. Les chapitres 3 et 4 de la seconde épître à Timothée indiquent clairement quel est l'état de l'Église et le chemin du croyant aux derniers jours; tandis que la première épître nous présente les détails extérieurs de l'Église à son début, mis en place par les soins apostoliques.