Crucifié avec Christ (fin)

Jacques-André Monard

Chapitre 17 - Morts et ressuscités avec Christ

(Survol de Colossiens 2:8-23; 3:1-11)

Les Colossiens étaient en danger d'être détournés de leur attachement à Christ par les enseignements d'une espèce de philosophie religieuse. «Que personne ne vous séduise par des discours spécieux» (2:4). «Que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines déceptions, selon l'enseignement des hommes, selon les éléments du monde, et non selon Christ» (verset 8). Une certaine forme de légalisme, juif ou non (versets 16, 20), les menaçait.

L'apôtre Paul répond à leur besoin en leur présentant Christ, la gloire et la dignité de sa personne, comme aussi la valeur et la portée de son œuvre. C'est ainsi qu'il place devant eux la grande vérité de leur identification avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection.

«… en qui aussi vous avez été circoncis d'une circoncision qui n'a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ» (Colossiens 2:11).

La circoncision faite de main dans la chair, ce coup de couteau sur la chair, était un signe de sa mise à mort. C'était un des fondements — à côté du sang des sacrifices — des relations d'Israël avec Dieu. Depuis la chute, Dieu n'entre en relation avec l'homme que sur la base du jugement de la chair.

Les chrétiens ont été circoncis d'une circoncision spirituelle, «par la circoncision du Christ», c'est-à-dire par sa mort. Dans sa mort, ils ont été mis à mort. La signification de cette circoncision, c'est «le dépouillement du corps de la chair», la mise de côté de la chair. Ce qui est dit ici correspond au dépouillement du vieil homme que nous avons déjà considéré en Éphésiens 4:22.

Remarquons en passant que l'Ancien Testament avait déjà parlé d'une circoncision dans un sens figuré — «l'Éternel, ton Dieu, circoncira ton cœur» (Deutéronome 30:6) — mais sans donner à ce mot le sens précis qu'il a ici. (Voir aussi Romains 2:28, 29; Philippiens 3:3.)

Après avoir pris l'image de la circoncision, qui évoque la mort, l'apôtre parle du baptême chrétien, figure de la mort et de la résurrection avec Christ: «…étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l'opération de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts» (verset 12).

Ce n'est évidemment pas le baptême qui nous fait mourir et ressusciter avec Christ — pas plus qu'il ne nous sauve —, mais bien la foi en Dieu, en Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts (cf. Romains 10:9). Ces choses ont eu lieu une fois pour Christ, et elles nous ont été appliquées lorsque nous avons cru. La cérémonie du baptême est en quelque sorte notre ensevelissement, le constat officiel et public de notre mort avec Christ. Un enseignement analogue est donné au début de Romains 6, où il est précisé: «nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort» (verset 3).

Dans les versets 11 et 12 cités ci-dessus, l'apôtre a donc posé les bases de son enseignement au sujet de notre identification avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection. Il en tire ensuite les conséquences pratiques: «Si vous êtes morts avec Christ…» (verset 20) et «Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ…» (3:1). Il développe ces conséquences en rapport avec les besoins particuliers des Colossiens.

«Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances, — ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas! — (…) selon les commandements et les enseignements des hommes, (…) pour la satisfaction de la chair?» (2:20-23).

Le reproche est très fort: vous faites comme si vous étiez encore en vie dans ce monde, alors que vous êtes morts! Par votre marche, vous contredisez ce que vous êtes en réalité, ce que Dieu a fait de vous! Ne nous sentons-nous pas concernés?

L'objet spécial du reproche fait aux Colossiens était la tendance au légalisme. Vous instituez des ordonnances! Qu'elles soient juives ou autres, les ordonnances s'adressent à la chair. Elles font partie des éléments du monde (verset 8), desquels la mort de Christ nous a séparés. Au verset 14, c'est «l'obligation» consistant en ordonnances qui a été effacée, étant clouée à la croix. Ici c'est le croyant qui est mort à ces choses.

Dans son exposé, l'apôtre mentionne d'abord les ordonnances judaïques (versets 16, 17), dont l'origine était divine, mais qui s'appliquaient à l'homme dans la chair, en le supposant capable de les respecter. Ensuite, l'apôtre passe aux ordonnances que l'on ajoutait à celles de la loi: des choses qui sont «selon les commandements et les enseignements des hommes» (verset 22). C'est l'une des tendances de la chair d'ajouter ce qui est de son crû à ce que Dieu a communiqué. Et la fin du verset 23 nous montre le but final de l'esprit légal. Sous de belles apparences, on recherche «la satisfaction de la chair», c'est-à-dire la satisfaction de soi-même.

«Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu» (3:1-3).

Après le côté négatif, voici le positif. Votre ancienne vie a pris fin à la croix de Christ. Il est ressuscité et vous participez de sa vie de résurrection. Lui est dans le ciel et, bien que vous soyez sur la terre quant à vos corps, votre vie est là-haut. Soyez donc occupés des choses qui sont en haut. Cherchez-les, pensez-y. C'est là que sont vos vrais intérêts. Tout ce qui le concerne vous concerne puisque vous êtes unis à lui. Apprenez donc à le connaître, lui, toujours davantage.

Il est maintenant caché à ce monde, et votre vraie vie l'est aussi. Un jour il sera manifesté en gloire, et vous avec lui (verset 4).

Ensuite, l'apôtre rappelle aux chrétiens qu'ils sont sur la terre, en attirant leur attention sur les dangers auxquels ils sont toujours exposés, bien que Christ, «qui est notre vie», soit dans le ciel.

«Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, la fornication, l'impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité, qui est de l'idolâtrie» (verset 5). Nos membres, ici, ce ne sont pas les membres de nos corps physiques, comme en Romains 6:13. À nos corps créés par Dieu, nous avons à «rendre un certain honneur» (Colossiens 2:23); ils sont «pour le Seigneur» (1 Corinthiens 6:13). Les membres que nous avons à mortifier, la liste le montre, ce sont les membres du vieil homme. Véritablement, le chrétien est un être complexe!

Sa vie est indissolublement liée à Christ dans le ciel, et sur la terre, il a des membres tels que ceux-là!

Mortifiez-les, dit l'apôtre, tenez-les dans la mort. N'en prenez pas soin, ne les nourrissez pas. Ce vieil homme, vous l'avez dépouillé, et vous avez revêtu le nouvel homme (versets 9, 10). Mettez votre vie pratique en harmonie avec ce que vous êtes véritablement devant Dieu.

«Ne mentez point l'un à l'autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé» (versets 9, 10).

Nous avons déjà considéré les termes «dépouillé» et «revêtu» à propos du passage analogue de l'épître aux Éphésiens (4:22-24). Il est dit ici du nouvel homme qu'il est «renouvelé en connaissance». Dès la chute, l'homme avait acquis une faculté d'origine divine, «la connaissance du bien et du mal» ou la conscience, qui l'a plus ou moins guidé, dans la mesure où il l'a écoutée et a laissé la parole de Dieu l'éclairer. Lors de la nouvelle naissance, il y a un renouvellement merveilleux de cette connaissance, les instincts du nouvel homme, si nous pouvons dire ainsi, étant en accord avec les pensées de Dieu. En effet, le nouvel homme est «selon l'image de celui qui l'a créé». Faveur inestimable! Il est vrai que les termes sont inférieurs à ceux qui concernent Christ, au chapitre premier. Lui «est l'image du Dieu invisible» (verset 15), et «en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement» (2:9). Bien que nous soyons «accomplis en lui» (2:10), parfaits en lui, il garde sa place de Créateur et nous celle de créatures.

Chapitre 18 - Vivifiés ensemble avec le Christ

Les passages qui présentent les chrétiens comme crucifiés avec Christ, ou identifiés avec Christ dans sa mort, supposent implicitement ou explicitement qu'avant d'avoir reçu Jésus, ils étaient vivants. Ils vivaient dans leurs péchés. C'est le cadre général des épîtres aux Romains, aux Galates et aux Colossiens (cf. Romains 1:18; Galates 2:20; Colossiens 3:7). Par la mort de Christ, cette vie dans la chair a pris fin, et une nouvelle vie, la vie éternelle, a été donnée au croyant. Dans l'épître aux Colossiens, cette vie est très distinctement la vie de Christ ressuscité: le croyant est déclaré ressuscité avec Christ (2:12; 3:1). Dans l'épître aux Romains, la vie nouvelle est bien associée à la résurrection, mais plutôt dans un sens pratique: «… afin que comme Christ a été ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie» (6:4). «Livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d'entre les morts étant faits vivants» (6:13).

L'épître aux Éphésiens présente un autre point de départ: non des hommes vivant dans leurs péchés, mais des hommes morts dans leurs péchés (2:1). Par l'œuvre de Christ, ces hommes sont vivifiés, et rendus participants de sa vie de résurrection1.

1 Notons en passant que dans l'épître aux Colossiens, on trouve les deux points de départ: dans un seul verset, l'homme mort dans ses péchés et vivifié (2:13) et, comme point de vue général, celui de l'homme vivant dans ses péchés, identifié à Christ dans sa mort et ressuscité avec lui.

 «Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ, … et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Éphésiens 2:4-6).

Comme on le voit, cette épître contient ici un élément de plus que celle aux Colossiens: les rachetés sont vus assis dans les lieux célestes. Par le fait de leur union avec Christ, et parce que Christ est dans le ciel, les croyants sont considérés maintenant comme déjà assis dans les lieux célestes. C'est là qu'ils sont bénis de toute bénédiction spirituelle en Christ (1:3). Et, chose merveilleuse, ils ont été «rendus agréables dans le Bien-aimé» (1:6).

Chapitre 19 - Cette vie est dans son Fils

Vivifiés, ressuscités, nous possédons la vie éternelle. Mais qu'est-ce que la vie éternelle?

Premièrement, c'est une vie qui dure toujours. «Si quelqu'un garde ma parole, il ne goûtera point la mort, à jamais» (Jean 8:52). Et à cela se rattache immédiatement le pardon des péchés, puisque «les gages du péché, c'est la mort» (Romains 6:23). Ne pas mourir, c'est échapper aux conséquences du péché. La justice de Dieu a été accomplie à la croix. Christ est mort pour nous, et «par une seule justice les conséquences de cette justice furent envers tous les hommes en justification de vie» (Romains 5:18).

Deuxièmement, plusieurs passages nous présentent Jésus lui-même comme étant la vie éternelle. «Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie» (Jean 14:6). «Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée» (1 Jean 1:2). «Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle» (1 Jean 5:20). Ce n'est pas seulement que le Fils de Dieu «a la vie en lui-même», tout comme le Père, et qu'il «vivifie ceux qu'il veut»; ce n'est pas seulement qu'il «donne la vie éternelle» (Jean 5:26, 21; 10:28), mais il est lui-même la vie éternelle. Ainsi, «celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie» (1 Jean 5:12).

Troisièmement — et ceci fait le trait d'union entre les deux premiers aspects —, la parole de Dieu nous montre que la vie que nous avons reçue n'est aucunement indépendante de Celui qui en est la source. Un enfant reçoit de sa mère une vie indépendante de celle-ci; dès qu'il est né, il n'est pas indispensable qu'elle vive pour qu'il vive. Au contraire, la vie du croyant est absolument liée à celle de Christ. Lui-même a dit: «Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père» (c'est-à-dire parce qu'il est et vit), «de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi» (c'est-à-dire parce que je suis et vis) (Jean 6:57 et note). Un peu plus loin dans le même évangile: «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (14:19). L'apôtre Jean écrit: «Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils» (1 Jean 5:11).

Cet enseignement de Jean rejoint celui de Paul dans l'épître aux Colossiens: «Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté…» (3:3, 4).

Il est important de remarquer que notre vie nouvelle est celle de Christ ressuscité. C'est pour cette raison que nous sommes non seulement vivifiés, mais ressuscités ensemble avec Christ (Éphésiens 2:6; Colossiens 2:12). Le Seigneur Jésus l'a enseigné à ses disciples par un acte symbolique, le soir même du jour de la résurrection: «Il souffla en eux, et leur dit: Recevez l'Esprit Saint» (Jean 20:23). Ce n'était pas encore la venue du Saint Esprit sur la terre, qui n'eut lieu que cinquante jours plus tard. Cet acte du Seigneur rappelait ce que le Créateur avait fait avec l'homme, lors de sa création, lorsqu'il avait soufflé dans ses narines une respiration de vie (Genèse 2:7). Nous vivons donc de la vie de Christ ressuscité.

Les passages que nous venons de considérer ne sont pas des exhortations, ils nous décrivent un état de fait. Ils nous montrent la nature et le caractère de la vie nouvelle que nous avons reçue. Mais quelles conséquences pratiques ce lien vital entre Christ et nous ne devrait-il pas avoir! Si notre vie est dans le ciel, où devraient être nos pensées, nos intérêts, nos biens, nos cœurs? Et quel reflet de cette vie ne devrait-il pas y avoir en nous sur cette terre?

«Pour moi, vivre, c'est Christ» disait l'apôtre Paul (Philippiens 1:21).

Chapitre 20 - Comme il est, lui — Comme lui a marché

Contrairement à l'enseignement de la loi du Sinaï, les exhortations du christianisme quant à notre marche sont fondées sur ce que Dieu a fait de nous, sur ce que nous sommes en Christ, sur notre position devant lui.

L'épître aux Romains déploie d'abord, dans ses onze premiers chapitres, le plan merveilleux de Dieu pour le salut de l'homme, tout ce que Dieu a fait pour nous et en nous. Sur cette base, l'épître donne des exhortations pratiques, à partir du chapitre 12.

Dans l'épître aux Éphésiens, après la partie doctrinale, nous lisons: «Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de l'appel dont vous avez été appelés» (4:1).

Nous y trouvons aussi: «Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné. Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés» (4:32; 5:1). Dieu vous a pardonné — pardonnez! Vous êtes des enfants bien-aimés — marchez dans l'amour.

«Vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur; marchez comme des enfants de lumière» (Éphésiens 5:8). Marchez d'une manière conforme à ce que vous êtes!

Nous avons souligné plus haut le lien étroit, dans l'épître aux Colossiens, entre les grands faits de notre mort et de notre résurrection avec Christ et les conséquences qui en découlent pour nos vies pratiques. Le verset suivant illustre aussi le principe dont nous parlons: «Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de longanimité…» (3:12). Vous êtes des élus de Dieu, des saints, des bien-aimés de Dieu. Manifestez donc les caractères qui correspondent à ce que vous êtes.

Dans sa grâce merveilleuse, Dieu «nous a rendus agréables dans le Bien-aimé» (Éphésiens 1:6). Nous sommes agréables à ses yeux parce que nous sommes en Christ et que Christ lui est agréable. Et c'est un puissant motif pour que, dans notre vie de chaque jour, nous nous appliquions «avec ardeur à lui être agréables» (2 Corinthiens 5:9).

Marcher d'une manière qui soit en accord avec ce que Dieu a fait de nous, ce n'est pas simplement une obligation qui découle d'une dignité reçue — comme on dit dans ce monde: «noblesse oblige». En fait, il s'agit de la puissance de la vérité elle-même sur nos âmes, lorsqu'elle est saisie par la foi. Elle produit cet effet en nous.

«En ceci est consommé l'amour avec nous, afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement, c'est que, comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17). Merveilleuse déclaration! Déjà maintenant, tandis que nous sommes dans ce monde, aux yeux de Dieu, nous sommes «comme» est son Fils, «comme il est, lui». Notre foi peut se saisir avec bonheur de ces paroles divines, source de paix pour nos cœurs. Elles nous donnent toute assurance en vue du jour du jugement, puisque nous serons dans la perfection même du Juge devant lequel nous comparaîtrons. Non pas à cause de ce que nous aurons fait, mais comme résultat de son œuvre à lui.

Et en attendant ce jour, quelle est la norme que Dieu attend de ses rachetés quant à leur marche sur la terre?

«Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean 2:6). Pas moins que cela! Pour l'Israélite, la mesure était la loi; pour le chrétien, c'est Christ.

Chapitre 21 - Afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps

Quatre passages de la seconde épître aux Corinthiens vont nous montrer comment la vie de Jésus peut être vue dans les siens. Car si, devant Dieu, ils ont l'immense privilège de vivre de la vie de Christ ressuscité, il faut aussi que cela soit vu devant le monde. Chacun de ces passages contient les mots caractéristiques: «afin que».

«Nous avions en nous-mêmes la sentence de mort, afin que nous n'eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts» (2 Corinthiens 1:9). L'apôtre Paul dit cela relativement aux persécutions qu'il venait de traverser en Asie, ayant connu des souffrances telles qu'il avait «désespéré même de vivre» (verset 8). Cela avait été l'occasion d'expérimenter les délivrances de Dieu (verset 10) et ses consolations (verset 5). L'apôtre n'était nullement découragé, et il discernait même le but qu'avait le Seigneur en lui envoyant ces épreuves. C'était pour qu'il n'ait aucune confiance en lui-même, mais toute confiance en Dieu, en Dieu qui ressuscite les morts. La confiance en nous-mêmes, en nos propres forces, en notre propre sagesse, etc., est au fond une négation de la «sentence de mort» prononcée par Dieu sur l'homme naturel. Paul connaissait la «sentence de mort» que ses ennemis avaient prononcée sur lui et cela l'aidait à vivre en conformité avec celle que Dieu avait prononcée. Cette expression — la sentence de mort — paraît être une clé pour comprendre l'enseignement de l'apôtre Paul sur l'ensemble du sujet dont nous nous sommes occupés.

«Mais nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l'excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous» (2 Corinthiens 4:7). Paul vient de parler de la lumière que Dieu avait allumée dans son cœur, non seulement pour l'éclairer lui, mais surtout pour faire luire dans ce monde la lumière de l'évangile. Dieu voulait manifester sa puissance dans ce «vase d'élection», et il avait choisi pour cela un vase de terre. Bien fragile et de peu de valeur! — voilà comment l'apôtre s'estimait lui-même. Et c'est ce qui le rendait apte au déploiement de la puissance de Dieu en lui. «Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmité, afin que la puissance du Christ demeure sur moi», dit-il un peu plus loin (12:9).

«… portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps» (2 Corinthiens 4:10). L'apôtre connaissait les tribulations et les persécutions; il pouvait être dans la perplexité et même abattu, quoique jamais abandonné, jamais sans ressources. Mais Dieu se servait de ces circonstances éprouvantes pour accomplir en lui un travail d'une immense valeur: l'amener à reproduire quelque chose de la vie de Jésus. Il est frappant de voir ici la liaison entre la mort et la vie. Il faut que la mort de Jésus soit appliquée dans nos corps, concrètement et journellement, pour que la vie de Jésus puisse y être manifestée. Il est vrai que cela ne suffit pas, et que le lien de nos cœurs avec Jésus vivant dans le ciel est tout aussi indispensable. C'est en «contemplant à face découverte la gloire du Seigneur» que «nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (3:18).

Et ce passage de 2 Corinthiens 4:10 nous ramène en quelque sorte à notre point de départ. Car ce qu'il nous enseigne, au fond, n'est-ce pas justement cela porter sa croix?

«Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l'amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle» (2 Corinthiens 4:11). Le verset précédent nous montrait l'apôtre Paul dans un chemin où nous avons tous à le suivre; car, d'une manière ou d'une autre, il faut que tous nous portions «toujours partout dans le corps la mort de Jésus». Ce verset-ci nous présente un martyr, quelqu'un de livré à la mort pour l'amour de Jésus. Les apôtres étaient «comme des gens voués à la mort» (1 Corinthiens 4:9). Mais tandis que la «sentence de mort» était sur eux, Dieu se glorifiait en manifestant en eux les caractères de Jésus.

Chacun dans le chemin où Dieu nous a placés, ayons à cœur de manifester quelque chose de cette vie de Christ. C'est le fruit naturel de la nouvelle vie que nous avons reçue.

Fin