Crucifié avec Christ (suite)

Jacques-André Monard

Chapitre 11 - Trompeur par-dessus tout et incurable

«Le cœur est trompeur par-dessus tout, et incurable; qui le connaît? Moi, l'Éternel, je sonde le cœur, j'éprouve les reins» (Jérémie 17:9, 10).

Il n'est pas flatteur, le tableau que Dieu trace du cœur de l'homme. Il est pénible à contempler. Il serait même déprimant si Dieu ne nous avait pas donné simultanément le tableau de sa grâce. Mais soyons bien assurés que si Dieu nous donne dans sa Parole le tableau humiliant de ce que sont nos cœurs, c'est parce que cela nous est indispensable.

Quelqu'un dira peut-être: C'est le cœur de l'homme naturel qui est si mauvais, pas celui du croyant! Celui qui a cru au Seigneur Jésus n'a-t-il pas le cœur purifié? (Actes des Apôtres 15:9; 1 Jean 1:7; etc.) Dieu n'a-t-il pas «rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés» (Hébreux 10:14)? Dieu soit béni, il en est bien ainsi! C'est là notre position devant Dieu, comme résultat de l'œuvre parfaite de Christ à la croix. Mais ne confondons pas cette position avec notre état pratique.

Le Seigneur Jésus introduira dans la maison de son Père des hommes qui étaient des pécheurs souillés, mais que son sang a lavés de tous leurs péchés, et que son œuvre glorieuse a rendus «saints et irréprochables» (Éphésiens 1:4). Mais bien que nous soyons, déjà maintenant, saints quant à notre position devant Dieu, la parole de Dieu nous exhorte a être «saints dans toute notre conduite» (1 Pierre 1:15). Nous devons marcher «comme il convient à des saints» (Éphésiens 5:3). Ces exhortations montrent, et notre expérience confirme hélas! que notre état pratique n'est pas automatiquement le reflet de ce que nous sommes devant Dieu quant à notre position.

Nous sommes frappés, en lisant les épîtres — même celle aux Éphésiens —, d'y trouver des mises en garde contre les péchés les plus grossiers. Qu'est-ce que cela signifie, sinon que nous sommes exposés à les commettre? Nous nous sommes déjà arrêtés sur le chapitre 5 de l'épître aux Galates, qui décrit les œuvres de la chair (versets 19-21), cette chair qui, dans le croyant, convoite contre l'Esprit, et cherche toujours à se manifester.

Le Seigneur lui-même met à nu le fond de notre nature quand il dit: «Ce qui sort de l'homme, c'est là ce qui souille l'homme; car du dedans, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les vols, la cupidité, les méchancetés, la fraude, l'impudicité, l'œil méchant, les injures, l'orgueil, la folie» (Marc 7:20-22).

Peut-être pensons-nous avoir été gardés des choses les plus grossières mentionnées ici, ou dans la liste de Galates 5. Mais justement parce que notre cœur est trompeur, nous pouvons être victimes de manquements que Dieu seul voit, dont nous n'avons peut-être guère conscience, et qui sont pourtant abominables à ses yeux. «Le péché… nous enveloppe si aisément» (Hébreux 12:1). Pensons par exemple à l'orgueil, avec ses multiples formes: confiance en soi, obstination, etc. Pierre, dans l'ardeur de son amour et de son zèle pour le Seigneur, pensait que même si tous étaient scandalisés, lui ne le serait point. Nous savons comment il a honteusement renié son Maître.

Un des chrétiens les plus fidèles de tous les temps fut l'objet de soins particuliers du Seigneur, afin qu'il ne s'enorgueillisse pas. Les privilèges extraordinaires qu'il avait eus, les révélations qu'il avait reçues lorsqu'il avait été ravi au troisième ciel, l'exposaient à s'élever dans son cœur. Aussi le Seigneur lui envoya une «écharde pour la chair», afin de le garder dans l'humilité (2 Corinthiens 12:7). Si l'apôtre Paul était exposé à compromettre son témoignage et à jeter du discrédit sur son enseignement par l'orgueil, que devons-nous penser de nous-mêmes?

La chair ne subit aucune amélioration par la nouvelle naissance. Elle conserve chez le croyant les germes de tous les péchés que peuvent commettre les incrédules.

Chapitre 12 - Afin qu'il connût tout ce qui était dans son cœur

La parole de Dieu rend un témoignage remarquable à la fidélité du roi Ézéchias: «Il mit sa confiance en l'Éternel, le Dieu d'Israël; et après lui, il n'y en eut point de semblable à lui parmi tous les rois de Juda, non plus que parmi ceux qui avaient été avant lui» (2 Rois 18:5).

Il avait montré les beaux fruits de la vie divine en lui, lors d'épreuves d'une extrême intensité. Mais dans une circonstance, «Dieu l'abandonna pour l'éprouver, afin qu'il connût tout ce qui était dans son cœur». Et alors «son cœur s'éleva» (2 Chroniques 32:31, 25). Gardons-nous bien de lui jeter la pierre, mais retenons l'enseignement que nous donne ce récit. Des années de fidélité ne sont pas une garantie pour la suite. Nous avons sans cesse besoin d'être gardés par la puissance de Dieu. Le mal — n'importe quel mal! — peut germer dans nos cœurs à n'importe quel moment. L'expérience faite par Ézéchias est humiliante, et elle a porté des conséquences sous le gouvernement de Dieu, mais elle est bénéfique. Oh! si seulement nous apprenions à connaître ce qu'il y a dans notre cœur par la lecture et la méditation de la parole de Dieu, dans la communion avec le Seigneur, sans que des chutes soient nécessaires!

Le patriarche Job, sans aucun doute, avait lui aussi la vie divine. Cet homme «parfait et droit, craignant Dieu et se retirant du mal» (Job 1:1) manifestait les fruits de cette vie. Mais il nourrissait dans son cœur une secrète satisfaction de lui-même. Vint l'épreuve, le dépouillement d'abord, la maladie ensuite, et finalement les insinuations injustes des «amis» qui étaient venus «le consoler». Ils laissaient entendre qu'il récoltait ce qu'il avait semé. Et Job perdit patience. Dans un flot de paroles irréfléchies (chapitres 29 et 31), il clama ses bonnes œuvres et sa perfection. Alors Dieu se révéla à lui, d'abord par la bouche d'un messager fidèle, Elihu (chapitres 32-37), puis directement. Et dans ce contact avec Dieu, Job apprit non seulement à connaître Dieu de plus près, mais à se connaître lui-même. Écoutons ses dernières paroles: «Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t'a vu: C'est pourquoi j'ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre» (42:5, 6).

Ces témoignages des temps anciens sont-ils dans l'Écriture simplement pour intéresser nos esprits, ou Dieu «parle-t-il entièrement pour nous?» (1 Corinthiens 9:10). Avons-nous aussi appris à dire: «Je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien» (Romains 7:18)? L'expérience de ce chapitre 7 pourra être nécessaire pour nous y amener.

Chapitre 13 - Le mal que je ne veux pas, je le fais

(Survol de Romains 7:14-25)

Le chapitre 7 de l'épître aux Romains traite des relations du chrétien avec la loi. Dans la première moitié du chapitre, l'apôtre montre que nous avons été libérés de la servitude de la loi par la mort de Christ. Nous sommes morts à la loi, nous ne sommes plus sous son autorité. C'est un état de fait. Il en est ainsi aux yeux de Dieu. Cela appartient à notre position.

Mais à partir du verset 14, ce chapitre présente une lutte intérieure désespérée aboutissant à un cri de détresse. Ce tableau peut rappeler à plus d'un chrétien un état qu'il a connu pendant un certain temps de sa vie, ou même à plusieurs reprises. Il peut aussi être la description d'un état actuel, dans lequel la joie chrétienne est assombrie, pour ne pas dire totalement étouffée. Les expériences par lesquelles Dieu nous fait passer sont diverses. Celles de ce chapitre, tout comme la conversion, peuvent revêtir des formes différentes pour l'un et pour l'autre. Gardons-nous de faire des schémas trop rigides.

Ce qu'il faut remarquer d'emblée, c'est que celui qui parle ici est un croyant — puisqu'il peut dire: «je prends plaisir à la loi de Dieu selon l'homme intérieur» (verset 22) — mais un croyant malheureux. Il sait comment il devrait marcher, mais il n'a aucune force pour le faire. «Car ce n'est pas ce que je veux que je fais, mais ce que je hais, je le pratique» (verset 15). «Car le bien que je veux, je ne le pratique pas; mais le mal que je ne veux pas, je le fais» (verset 19). Il voit dans ses membres une loi — ici c'est comme une force intérieure — qui combat contre «la loi de son entendement», c'est-à-dire contre les désirs de son nouvel homme (verset 23).

Fort heureusement, il ne prend pas son parti de cet état. Il en souffre, et il continue à lutter. Il se sent esclave, «vendu au péché» (verset 14), «captif de la loi du péché qui existe dans ses membres» (verset 23). Remarquons combien cet état est loin de celui que Dieu veut pour les siens. Il est explicitement contraire à celui qui a été présenté au chapitre 6, par exemple au verset 14: «Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce», ou aux versets 18 et 22: «ayant été affranchis du péché…».

Pour comprendre cette contradiction, pensons à un esclavage entre hommes. Un esclave peut être affranchi de droit ou de fait. Il est affranchi de droit au moment où, par exemple, un bienfaiteur l'achète et le rend libre. Il est affranchi de fait au moment où il cesse de servir son ancien maître. La première étape est le fondement indispensable de la seconde.

Par la mort de Christ, nous avons été affranchis aussi bien de l'esclavage du péché que de celui de la loi. Nous sommes morts au péché et morts à la loi. Cet affranchissement a eu lieu lorsque Christ a donné sa vie pour nous. C'est le prix qu'il a payé pour cela. Et nous devenons participants de cette immense bénédiction au moment où nous recevons la vie nouvelle. Mais tout en étant réellement des affranchis, nous pouvons vivre comme des esclaves. C'est ce qui arrivait aux Galates en ce qui concerne l'esclavage de la loi. C'est pourquoi l'apôtre leur dit: «Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant; tenez-vous donc fermes, et ne soyez pas de nouveau retenus sous un joug de servitude» (5:1). Et c'est ce qui arrive au croyant de Romains 7 en ce qui concerne l'esclavage du péché.

Mais que lui manque-t-il donc pour qu'il soit effectivement et pratiquement soustrait à cet esclavage? Devrait-il se donner plus de peine, faire davantage d'efforts, avoir davantage de volonté? Non!

Il nous faut apprendre, et c'est une des leçons les plus pénibles qui soit, que nous n'avons aucune force en nous-mêmes. Le nouvel homme que nous sommes depuis notre nouvelle naissance est parfait, mais il a plu à Dieu de ne pas lui donner de force. Ceci nous oblige à être constamment dépendants du Seigneur. Selon l'image de la vigne de Jean 15, les sarments ne peuvent produire de fruit par eux-mêmes. La sève, l'énergie nourricière, provient du cep, et le fruit n'est produit que si les sarments demeurent dans le cep. «Séparés de moi», a dit le Seigneur, «vous ne pouvez rien faire» (verset 5).

Cette seconde moitié de Romains 7 est frappante par l'abondance des «moi» et des «je». (Comme d'ailleurs les chapitres 29 et 31 de Job.) Celui qui parle est tourné vers lui-même. Il se débat avec lui-même, et s'enfonce toujours plus. Finalement, n'en pouvant plus, il regarde en dehors de lui et appelle au secours: «Qui me délivrera de ce corps de mort?» (verset 24). Et c'est alors qu'il trouve la délivrance. Notre Sauveur nous suit toujours des yeux, et il est prêt à nous délivrer dès que nous crions à lui. C'est pourquoi le cri de détresse est suivi immédiatement d'une action de grâces: «Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur» (verset 25). La délivrance est goûtée sans transition parce qu'elle résulte de l'œuvre de Christ, qui est déjà accomplie.

Nous avons une illustration de ceci dans le récit de Pierre marchant sur la mer (Matthieu 14:24-33). Tant qu'il regarde à Jésus, se confiant en lui, tout va bien. Il est comme soustrait à la loi naturelle de la pesanteur. Mais quand il regarde au vent et aux vagues, il s'enfonce. Alors, dans sa détresse, il crie à Jésus. Il renonce à ses efforts inutiles. Et aussitôt Jésus étend sa main pour le délivrer.

Dans ce chapitre 7, le verset 24 est véritablement le point où tout change. Dans le chapitre suivant, l'élément dominant sera «l'Esprit», non plus le «moi» et le «je». Et celui qui vient de s'avouer captif de la loi du péché qui existe en lui (7:23) va se déclarer affranchi de la loi du péché (8:2).

Chapitre 14 - Ce n'est plus moi

(Survol de Romains 7:14-25 — suite)

Le croyant dont nous venons de voir les luttes s'écrie: «Or si ce que je ne veux pas, moi, — je le pratique, ce n'est plus moi qui l'accomplis, mais c'est le péché qui habite en moi» (verset 20; cf. verset 17), constat qui ne donne d'ailleurs aucun soulagement à son trouble intérieur. Arrêtons-nous un peu sur cette déclaration.

Celui qui l'exprime prend en quelque sorte ses distances vis-à-vis du péché qui habite en lui et qui le domine. C'est le tyran déjà rencontré au chapitre 6, et appelé là «le péché» et «notre vieil homme» (versets 6, 12, 13, etc.).

Mais, tandis qu'il y était présenté comme un maître dépouillé de son autorité — «vous étiez esclaves du péché» (versets 17, 20); vous avez «été affranchis du péché» (versets 18, 22) — nous le voyons ici dominant sur le croyant! Alors que «notre vieil homme» était déclaré «crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé» (verset 6), nous le voyons ici en activité et imposant sa volonté.

Néanmoins, le croyant qui vit cette lutte a parfaitement raison sur un point. Il ne reconnaît pas son vieil homme comme étant son «moi». Il s'identifie à son nouvel homme, qui définit sa véritable position devant Dieu, et il attribue le mal qu'il commet à un hôte indésirable et détesté qui habite en lui. Il se met en quelque sorte du côté de Dieu contre son vieil homme.

Son erreur, c'est que par ses propres efforts il cherche à réduire à l'impuissance cet être dont il est dit: «la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas» (Romains 8:7). «Incurable», avait dit le prophète! Et c'est justement pour cela que Dieu l'a condamné à mort. Rien ni personne ne peut faire plier le vieil homme.

Celui qui dit: «ce n'est plus moi… c'est le péché qui habite en moi» (7:20) se distance donc de son vieil homme. Il ne reconnaît pas comme venant de lui ce que le péché produit en lui (verset 15). Dans ces versets, «je» et «moi» désignent incontestablement le croyant lui-même. Mais au verset 18, quand il dit: «Car je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien», le mot «moi» désigne manifestement la chair. On pourrait trouver bien d'autres exemples analogues. Tout en évitant soigneusement d'analyser ce qui nous dépasse infiniment, nous pouvons constater que «je» ou «moi» ne désignent pas toujours la même chose. Cela peut être le croyant lui-même, le vieil homme ou le nouvel homme. «Je suis crucifié avec Christ» — c'est le vieil homme. «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi» — c'est le nouvel homme, auquel Paul s'identifie. «Ainsi donc moi-même, de l'entendement je sers la loi de Dieu; mais de la chair, la loi du péché» (Romains 7:25). Qui sert la loi de Dieu? Le nouvel homme. Et qui sert la loi du péché? Le vieil homme.

L'existence simultanée du vieil homme et du nouvel homme dans le croyant ne signifie en aucune façon qu'il soit deux personnes. Mais il est un être complexe: il participe de la nature d'Adam par son corps et par la chair qui lui est indissolublement attachée, et il participe «de la nature divine» (2 Pierre 1:4) par le nouvel homme créé par Dieu lors de sa nouvelle naissance.

C'est pourquoi les commentateurs qui ont bien saisi la portée des enseignements des épîtres à ce sujet — et auxquels nous avons une très grande dette de reconnaissance — ont fréquemment employé des expressions comme la vieille nature et la nouvelle nature, pour désigner le vieil homme et le nouvel homme. Ces expressions sont en accord avec la lettre de l'Écriture (cf. Éphésiens 2:3; 2 Pierre 1:4) et avec son esprit. C'est bien à deux natures que fait allusion le Seigneur, dans son entretien avec Nicodème au sujet de la nouvelle naissance, lorsqu'il dit: «Ce qui est né de la chair est chair; et ce qui est né de l'Esprit est esprit» (Jean 3:6). Celui qui est engendré a la nature de celui qui l'a engendré. Descendants d'Adam, nous possédons sa nature. Engendrés de Dieu, nous participons de sa nature.

Mais, encore une fois, le fait que le croyant possède ces deux natures n'empêche nullement qu'il soit une seule personne. Et cette remarque n'est pas sans importance en ce qui concerne sa responsabilité devant Dieu. En effet, quelqu'un pourrait demander, en pensant à Romains 7:20: Si le mal que je fais vient d'un autre, qui n'est plus moi, puis-je en être rendu responsable? La réponse sans équivoque de l'Écriture est oui. Pourquoi?

Premièrement, souvenons-nous que Dieu a mis à notre disposition tout ce qu'il faut pour être des vainqueurs. Il nous a donné la vie même de Christ ressuscité, et il a mis en nous son Esprit. Il nous a déliés de notre assujettissement au péché qui habite en nous, en nous identifiant avec Christ dans sa mort. Il nous a montré le chemin de la victoire sur nos ennemis extérieurs et intérieurs. Nous sommes responsables de saisir par la foi ce qu'il nous a donné.

Deuxièmement, la parole de Dieu entière rend témoignage au fait que tout homme rendra compte à Dieu. Assurément, celui qui a la vie éternelle «ne vient pas en jugement», comme le Seigneur l'a affirmé (Jean 5:24). C'est-à-dire qu'aucune condamnation ne saurait intervenir pour lui. Il n'en demeure pas moins qu'«il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu'il aura fait, soit bien, soit mal» (2 Corinthiens 5:10). En ce jour-là, personne ne songera à dire: ce n'était pas moi, mais le péché qui habitait en moi! Et dans l'épître aux Romains même, il est écrit: «Nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu… Ainsi donc, chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu» (14:10, 12).

Troisièmement, le gouvernement de Dieu sur la terre existe, tout mystérieux qu'il soit. Même si, pour les croyants, il a la forme douce d'une discipline paternelle! C'est à des chrétiens qu'il est écrit: «Ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera. Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption» (Galates 6:7, 8). Ainsi, je demeure responsable de mes actes, même si c'est la chair qui les a produits.

Je n'oublie pas que lorsque j'étais pécheur, mort dans mes péchés, haïssable, le Fils de Dieu m'a aimé et s'est livré lui-même pour moi (Éphésiens 2:5; Tite 3:3; Galates 2:20). C'est moi qu'il a aimé, et non pas le vieil homme — ni le nouvel homme, qui alors n'existait pas. Dans sa grâce, Dieu m'a pardonné toutes mes fautes, m'a vivifié, m'a justifié (Colossiens 2:13; Romains 5:1). Il m'a lié fermement à Christ, m'a placé en Christ, m'a rendu agréable dans le Bien-aimé (2 Corinthiens 1:21; Romains 8:1; Éphésiens 1:6). Bientôt il m'introduira irréprochable devant sa gloire avec abondance de joie (Jude 24). Dans ce parcours extraordinaire, qui commence si bas et qui aboutit si haut, c'est toujours moi — une seule et même personne — qui suis le bénéficiaire des «immenses richesses de la grâce» de Dieu, «à la louange de sa gloire».

Pour conclure ce survol du chapitre 7, citons ici ce que quelqu'un a écrit au sujet du verset 25: Ainsi donc moi-même, de l'entendement je sers la loi de Dieu; mais de la chair la loi du péché. «Cette dernière phrase du chapitre a embarrassé bien des chrétiens; ils pensaient qu'après la joie de la délivrance qui vient de s'exprimer en actions de grâces, il ne devrait plus être question de servir encore la loi du péché. Or c'est précisément dans cette conclusion finale, paisiblement énoncée après la délivrance, que se trouve la clef de l'enseignement de ce chapitre. Je ne dois pas me faire d'illusions sur moi-même, comme si j'étais devenu meilleur, ou capable de le devenir après avoir cru. Il y a en moi deux natures dont le caractère est clairement établi: la nouvelle, par l'intelligence renouvelée, l'entendement, sert la loi de Dieu; elle a la volonté de faire ce qui Lui est agréable; l'ancienne, la chair, sert la loi du péché et ne peut faire autrement. Maintenant que je le sais, je fais mon compte avec cela; je l'accepte ainsi et c'est un gain. Je ne suis pas meilleur qu'avant, mais je le sais et la chair est désormais jugée. Je peux maintenant dire avec Paul: Nous n'avons pas confiance en la chair (Philippiens 3:3).»

À suivre