Un cantique nouveau – la louange de notre Dieu

H. Bouter

«Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu. Plusieurs le verront et craindront, et se confieront en l'Eternel» (Psaumes 40: 3).

Le psaume 40 est l'un des plus beaux psaumes messianiques. Il décrit le chemin de Christ sur la terre et la valeur unique de sa mort. Nous y voyons successivement son incarnation (versets 6-8), son témoignage au sein du peuple d'Israël, «la grande congrégation» (versets 9, 10), et ses souffrances à la croix à cause de nos péchés qu'il a fait siens (versets 11-17). Mais le psaume débute par sa résurrection d'entre les morts (versets 1-5).

Le psalmiste commence par la résurrection, avec la délivrance de Christ des douleurs de la mort et le cantique nouveau qui l'accompagne, puis il regarde en arrière et décrit le chemin qui a amené ce glorieux résultat. Christ est le premier-né des morts, et avec les siens, il entonne un chant de triomphe, le cantique nouveau qui retentira durant l'éternité. «Plusieurs le verront et craindront, et se confieront en l'Eternel» (verset 3).

Bien que nous nous tenions avec lui sur un roc (verset 2), sur le terrain de la résurrection, nous ne devons jamais oublier qu'il a dû s'abaisser lui-même, devenant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. Nous le connaissons comme le Prince de la vie, mais il se présente toujours à nous comme celui qui nous a aimés jusqu'à la fin. Et nous le verrons et le louerons éternellement comme l'Agneau qui a été immolé et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang (Apocalypse 1: 5, 6). C'est le grand thème du cantique céleste, du cantique nouveau (Apocalypse 5: 9), caractéristique de la nouvelle dispensation inaugurée par la résurrection de Christ d'entre les morts.

Les choses nouvelles, les bénédictions qui marquent cette nouvelle dispensation, découlent du sacrifice de Christ. Il a pleinement accompli tout ce que préfiguraient les sacrifices offerts sous l'ancienne alliance. Les quatre sacrifices principaux de l'Ancien Testament sont mentionnés dans le verset 6 (cité en Hébreux 10: 5-8). Il y a d'abord le sacrifice de prospérités (appelé ici simplement «sacrifice») et «l'offrande de gâteau». Dans ces sacrifices, l'Israélite cédait une partie de sa nourriture à l'Eternel et aux sacrificateurs.

Le sacrifice de prospérité portait le caractère d'un repas pris en commun, car l'Eternel lui-même, le sacrificateur et l'Israélite apportant l'offrande, y avaient une part. Ce sacrifice est une image du sacrifice de Christ comme étant la base de la communion paisible établie entre Dieu et son peuple, comme aussi de la communion mutuelle entre enfants de Dieu. Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jean 1: 3).

L'offrande de gâteau était un sacrifice non sanglant; elle évoque donc la vie parfaite de Christ comme homme sur la terre. Elle parle de sa pureté et de son dévouement à Dieu. Et à l'achèvement de cette vie, la mort de Christ a constitué le point culminant de sa soumission à la volonté de Dieu.

Bien des passages montrent qu'un holocauste était généralement accompagné d'une offrande de gâteau. Ce lien nous rappelle que la valeur du sacrifice de Christ résulte de la perfection de son humanité. Cet Homme unique qui livrait sa vie à la mort donnait ainsi une valeur toute spéciale à sa mort.

Le Psaume 40 donne une place importante à l'holocauste — un des aspects de l'oeuvre de Christ. L'holocauste était offert entièrement à Dieu sur l'autel et son odeur agréable montait vers lui. Ce sacrifice est l'image de Christ s'offrant lui-même à Dieu en parfum de bonne odeur (Ephésiens 5: 2; Hébreux 9: 14). Jésus est venu dans le but de faire la volonté de Dieu, pour le glorifier là où l'homme l'avait déshonoré par le péché. Pour cela, il s'est volontairement offert lui-même: «C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir» (Psaumes 40: 8; Hébreux 10: 7, 9).

Cet aspect de son œuvre, celui de l'holocauste, est mis en évidence dans l'évangile de Jean. Selon le commandement du Père, il fallait que le Seigneur laisse sa vie (Jean 10: 17, 18). En faisant cela, il accomplissait la volonté du Père, le glorifiant sur la terre et achevant l'œuvre qu'il lui avait donnée à faire (Jean 13: 31; 17: 4; 19: 30).

L'œuvre de Christ sous son aspect de sacrifice pour le péché se trouve aussi dans le psaume 40 (versets 6, 12), mais ce sujet est traité plus spécialement dans le psaume 22. Nous voyons là comment le Sauveur a porté le poids de nos péchés, dans les trois heures de ténèbres durant lesquelles Dieu l'a abandonné. Dieu a dû détourner sa face de celui qui portait le péché (versets 1, 3). Dieu l'a mis dans la poussière de la mort parce qu'il était fait péché pour nous et subissait la mort du pécheur.

Dans les lois sur les sacrifices, la sainte colère de Dieu contre le péché s'exprimait symboliquement par un commandement spécifique: les sacrifices pour le péché dont le sang était porté dans le sanctuaire devaient être emmenés hors du camp pour y être brûlés entièrement. C'est ainsi que Christ a souffert dans une solitude absolue, subissant le feu du jugement divin.

Le psaume 22 ne mentionne pas seulement les souffrances que Christ a endurées de la part de Dieu, mais aussi, et avec plus de détails encore, les souffrances subies de la part des hommes. A la fin du verset 21, un grand changement apparaît quand, en résurrection, il reçoit la réponse de Dieu à sa profonde détresse. La seconde partie de ce psaume décrit les résultats glorieux de son oeuvre: les bénédictions pour l'Eglise, pour Israël et pour les nations dans le royaume à venir. Au milieu des siens, qu'il appelle dorénavant ses frères, Christ loue son Père. Il entonne un cantique nouveau de louange et d'adoration.

Nous trouvons dans ce psaume 22 les privilèges spécifiques de l'Eglise qui, durant le temps du rejet de Christ, est rassemblée d'entre les Juifs et les nations (verset 22; cf. Jean 20: 17; Hébreux 2: 12). Et c'est ce qui relie clairement ce psaume avec le cantique nouveau du psaume 40. Après sa résurrection, Christ chante les louanges de Dieu au milieu de ses frères, qui sont appelés enfants de Dieu en vertu de l'oeuvre de la rédemption. Lui-même a été sauvé de la gueule du lion, et il loue son Dieu et Père qui l'a délivré des douleurs de la mort. Et nous le louons avec Celui qui est mort pour nos péchés, et qui a été ressuscité pour notre justification.

Ainsi, nous pouvons nous joindre à son propre cantique de louange et chanter avec lui. Nous sommes unis au Seigneur ressuscité, nous sommes à l'abri du pouvoir de la mort. Nous nous tenons devant Dieu sur un fondement entièrement nouveau et nous le louons pour le grand salut qu'il a accompli — tout comme autrefois Israël s'était joint au cantique de Moïse sur la rive de la mer Rouge.

Le christianisme traite de choses nouvelles et le cantique nouveau exprime cela d'une manière particulière. Il met l'accent sur la joie et le bonheur qui caractérisent ces choses nouvelles. Elles éveillent un cantique de louange dans le coeur du croyant. Ne devons-nous pas remercier notre Dieu et Père pour les merveilles qu'il nous a apportées par le moyen de l'oeuvre de son Fils? Si tous les «fils de Dieu» éclataient de joie lors de la première création (Job 38: 4-7), combien plus nos coeurs doivent-ils déborder de joie et de reconnaissance en raison de la nouvelle création, de laquelle nous sommes les prémices!

Nous vivons aux temps du Nouveau Testament et profitons des bénédictions de la nouvelle alliance qui a été scellée par le sang de Christ (1 Corinthiens 11: 25; 2 Corinthiens 3: 6). Nous sommes une nouvelle création en Christ; les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites nouvelles (2 Corinthiens 5: 17; cf. Apocalypse 21: 4, 5). Nous sommes l'ouvrage de Dieu, créés dans le Christ Jésus (Ephésiens 2: 10). Le Nouveau Testament parle aussi d'une nouvelle sorte d'homme: le nouvel homme (Ephésiens 2: 15; 4: 24; Colossiens 3: 10). Celui-ci a été «créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité». Il montre l'image et la ressemblance de son Créateur encore mieux qu'Adam ne le faisait, car nous sommes unis au Christ ressuscité qui, comme le dernier Adam, est la tête d'une nouvelle génération d'hommes. Il a introduit une vie nouvelle — une vie au-delà de la mort et du tombeau — et il la partage avec les siens par l'Esprit. C'est ainsi que nous marchons «en nouveauté de vie», et que nous servons «en nouveauté d'esprit, et non pas en vieillesse de lettre» (Romains 6: 4; 7: 6). Notre Seigneur nous a donné un commandement nouveau (Jean 13: 34; 1 Jean 2: 8). Un nouveau nom nous sera donné (Apocalypse 2: 17; 3: 12). La nouvelle Jérusalem, le lieu d'habitation de Dieu et l'Agneau, sera aussi notre demeure (Apocalypse 21: 2). La sainte cité est liée avec les nouveaux cieux et la nouvelle terre (2 Pierre 3: 13; Apocalypse 21: 1).

Le cantique nouveau de David est le prélude à ces choses, qui seront vues dans leur pleine réalisation lors du retour de Christ en gloire. Dans le Nouveau Testament, le terme «cantique nouveau» ne se rencontre que dans le livre de l'Apocalypse.

En Apocalypse 5, nous trouvons le cantique nouveau des vingt-quatre anciens dans le ciel. Ceux-ci représentent, d'une manière symbolique, les saints glorifiés dans le ciel après l'enlèvement de l'Eglise. L'objet de leur cantique n'est pas seulement leur propre rédemption, mais aussi le salut d'autres personnes, par le sang précieux de l'Agneau (verset 9; cf. Apocalypse 1: 5, 6). Car Christ a racheté pour Dieu par son sang, des hommes «de toute tribu, et langue et peuple et nation» et les a faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu. Digne est l'Agneau qui a été immolé de recevoir la louange universelle!

La période des jugements mentionnés en Apocalypse 6 à 18 sera un temps terrible pour la terre, mais l'Eglise entourera le trône de l'Agneau dans le repos céleste; elle se prosternera devant Christ et l'adorera. Les anciens dans le ciel l'adorent et chantent le cantique nouveau, confiants que toutes choses seront faites nouvelles par Celui qui siège sur le trône. Ils sont conscients du fait que Dieu va rassembler d'autres saints pour lui-même dans ces temps troublés, une grande multitude tirée d'Israël et des nations; ce sont ceux qui seront sauvés par la prédication de l'évangile du royaume. Il est bon de ne pas penser seulement à ce qui nous concerne nous-mêmes, mais aussi à d'autres familles de rachetés. Le contenu du cantique des vingt-quatre anciens nous le rappelle.

En Apocalypse 14 (verset 3), le cantique nouveau est chanté par d'autres personnes, car nous lisons qu'il est chanté devant le trône et devant les anciens. Il semble que le cantique nouveau, chanté d'abord par les anciens, déclenche une réponse de la part d'autres saints qui le reprennent. Il s'agit probablement de martyrs juifs et de leurs frères sur la terre qui ont survécu à la grande tribulation (cf. Apocalypse 15: 2, 3). Ce cantique est entendu aussi bien dans le ciel que sur la terre. Il est chanté devant le trône par ceux qui ont dû payer de leur vie leur témoignage fidèle, et il est enseigné à leurs frères sur la terre qui se tiennent avec l'Agneau sur la montagne de Sion.

Cela nous ramène à notre point de départ, le cantique nouveau tel que nous le trouvons dans le psaume 40, au verset 3, comme aussi dans d'autres psaumes (33: 3; 96: 1; 98: 1; 144: 9; 149: 1). En tout premier lieu, il s'agit du cantique de louange qui sera chanté par le résidu d'Israël à l'aube du Millénium. L'apparition du Messie changera tout pour ce résidu et inaugurera une ère nouvelle, une ère de bénédiction. Des «choses nouvelles» vont «germer» et «un cantique nouveau» sera chanté à l'Eternel (Esaïe 42: 9, 10). Ce cantique sera entendu jusqu'au bout de la terre.

Le royaume à venir sera caractérisé par la justice, la paix et la joie (cf. Romains 14: 17). Dans un sens spirituel, nous pouvons jouir de ces choses déjà maintenant. C'est pourquoi nous pouvons joyeusement chanter le cantique nouveau de louange, en unissant nos voix à celle du Seigneur ressuscité. Très bientôt, ce cantique sera entendu sur toute la terre, quand d'autres croyants appartenant aux «plusieurs» du verset 3 du psaume 40 se joindront au choeur que Christ lui-même a entonné. Comment pourrions-nous rester silencieux, nous qui sommes si privilégiés? C'est notre grand privilège de pouvoir exalter la grandeur de sa personne et de son oeuvre dans nos cantiques de louange.

L'Esprit de Christ lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Et si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes également des adorateurs qui peuvent adorer le Père en esprit et en vérité. Le Père nous appelle ses enfants et le Fils nous appelle ses frères. Quel privilège! Et dans cette nouvelle famille de Dieu, le chant de louange s'élève maintenant à la gloire de Dieu et de l'Agneau. Il retentira dans toute l'éternité et son écho résonnera dans le ciel et sur la terre.