La chute de Babylone
Esaie 46 et 47
Nous avons déjà trouvé, dans les chapitres 13 et 14, un oracle judiciaire touchant Babylone. Et au chapitre 43 (verset 14), Dieu avait annoncé la prise de la ville par Cyrus, roi de Perse, dont les chapitres 41 à 45 nous ont abondamment entretenus. Maintenant, le Saint Esprit s’occupe encore une fois de la ville idolâtre, de l’ennemie héréditaire d’Israël. Cette puissance mondiale de l’antiquité, dont Dieu s’était servi pour châtier son peuple terrestre, est maintenant elle-même jugée par lui. L’anéantissement historique de la puissance babylonienne est en même temps l’image de ce qui aura lieu à la fin des temps avec Babylone, «la grande prostituée», en Apocalypse 17 et 18. Le prophète Jean voit d’abord le jugement du système religieux de Babylone, puis ensuite celui de sa puissance commerciale. De même, en Esaïe, nous voyons d’abord les idoles (chapitre 46) et ensuite la ville de Babylone elle-même (chapitre 47).
L’impuissance des idoles et la toute-puissance de Dieu (chapitre 46)
Bel et Nebo étaient les principales divinités de Babylone (cf. Jérémie 50: 2). D’ailleurs, des noms tels que Belshatsar et Nebucadnetsar en sont dérivés. Dans ce qui est placé ici devant nous, ces divinités apparaissent plus faibles et plus inutiles que les bêtes de somme par lesquelles leurs images sont portées! (verset 1). Comme elles sont de pures inventions humaines, elles sont incapables de sauver leurs propres images, alors que celles-ci sont transportées en captivité, comme butin, après la prise de la ville (verset 2).
Après ce bref regard sur les idoles de Babylone, Dieu se tourne vers son peuple, la «maison de Jacob» et «tout le résidu de la maison d’Israël». Il dit: «Ecoutez-moi». Cet appel à écouter se retrouve plusieurs fois dans la suite (46: 12; 48: 1, 12, 14, 16; 51: 1, 4, 7). En contraste avec les idoles impuissantes, l’Eternel s’est «chargé» de son peuple dès sa naissance comme nation, et l’a «porté» inlassablement (verset 3). A la fin de la traversée du désert, il rappelle à Israël qu’il l’a porté comme un homme porte son fils (Deutéronome 1: 31). Il demeure éternellement et invariablement «le Même», et il portera les siens jusqu’à leur «vieillesse» et jusqu’aux «cheveux blancs» (verset 4). Il aura de nouveau pitié de son peuple et il le soutiendra jusqu’au règne millénaire, au début duquel cette nation aura plus de 3500 ans d’existence. Puisque, dans ce temps de bénédiction, les hommes ne mourront pas à moins d’avoir péché manifestement, on verra un accomplissement littéral des paroles: «Il n’y aura plus, dès lors, ni petit enfant de peu de jours, ni vieillard qui n’ait pas accompli ses jours» (Esaïe 65: 20).
La conclusion de la comparaison entre Dieu et les idoles vient au verset 5: «A qui me comparerez-vous et m’égalerez-vous ou m’assimilerez-vous, pour que nous soyons semblables?» (cf. 40: 18, 25).
Les idoles d’or et d’argent, qui ont déjà été décrites plusieurs fois dans cette partie du livre, sont à nouveau placées devant nous dans toute leur inanité: il est question de leur fabrication et de leur adoration, comme aussi de toute leur impuissance, accentuée ici par le fait qu’elles doivent être portées (versets 6, 7; cf. 40: 19, 20; 44: 9-17; 45: 20).
Puis Dieu s’adresse de nouveau à son peuple rebelle et l’exhorte: «Souvenez-vous de cela, et montrez-vous hommes; rappelez-le à votre esprit, transgresseurs» (verset 8). L’annonce prophétique de la chute de Babylone et de ses idoles aurait dû conduire le peuple qui, au temps d’Esaïe, se trouvait encore dans le pays de Canaan, à revenir à Dieu. Placé devant l’impuissance et la vanité de toutes les idoles, ce peuple qui avait abandonné son Dieu aurait pu se souvenir de ses actes de puissance et de sa fidélité inlassable, et revenir à lui de tout son coeur. Il pouvait discerner l’action de Dieu dès les temps les plus anciens, que ce soit dans la création, lors du déluge, lors de la construction de la tour de Babel, dans l’élection d’Abraham, lors de la délivrance du peuple hors d’Egypte, lors de sa marche dans le désert, ou durant son habitation dans le pays de la promesse. En tout cela, sa main avait été active; car hors lui il n’y a pas de Dieu, et personne ne peut se comparer à lui (verset 9; cf. 43: 11; 44: 6; 45: 5).
Son caractère unique se montre en particulier en ce que lui seul peut prédire valablement l’avenir; il en est ainsi parce que c’est lui qui conduit et dirige toutes choses (42: 9; 43: 12; 45: 21). Sa toute-connaissance et sa toute-puissance s’expriment dans les trois affirmations progressives des versets 10 et 11:
- déclarant dès le commencement ce qui sera à la fin, et d’ancienneté ce qui n’a pas été fait;
- disant: Mon conseil s’accomplira, et je ferai tout mon bon plaisir;
- appelant du levant un oiseau de proie, d’un pays lointain l’homme de mon conseil».
Il est d’abord question de la préconnaissance de Dieu, puis de l’accomplissement de son conseil et enfin de son exécution concrète. «L’homme de mon conseil» est Cyrus, le roi de Perse, qui, tel un oiseau de proie, prendra soudainement et à l’improviste l’insouciante ville de Babylone (41: 2). Comme pour souligner le tout, Dieu conclut: «Oui, je l’ai dit, et je ferai que cela arrivera; je me le suis proposé, et je l’effectuerai» (versets 10, 11).
Au temps d’Esaïe, les Juifs résistaient à l’Eternel et à ses messagers, les prophètes (verset 12). C’est ce qu’ils font encore aujourd’hui, comme beaucoup d’autres hommes dans le monde entier, en rejetant son Fils qu’il a envoyé au temps convenable pour l’accomplissement de ses promesses à Israël. Dieu l’a envoyé pour manifester sa «justice». Par lui la justice de Dieu s’est approchée des hommes (verset 13; cf. Romains 3: 21-26; 10: 1-13). A son salut et à sa justice, que nous pouvons déjà connaître maintenant par l’évangile, Israël aura aussi part lorsque le royaume sera établi. L’Eternel mettra le salut en Sion et sa gloire sur Israël. Au début du règne millénaire, la gloire de Dieu qu’Ezéchiel a vu se retirer du temple de Jérusalem y retournera (cf. Ezéchiel 9: 3; 43: 1-5).
La chute de Babylone (chapitre 47).
Maintenant Babylone, «l’ornement des royaumes, la gloire de l’orgueil des Chaldéens» (13: 19), reçoit de Dieu le verdict de son jugement. Cette ville orgueilleuse, qui ici, probablement parce qu’elle avait été invaincue jusqu’alors, est comparée à une vierge, a été prise d’un coup de main, en l’an 539 A.C., par les Mèdes et les Perses sous le roi Cyrus. La capitale de la puissance mondiale qui avait détruit Jérusalem devait maintenant quitter son trône et s’asseoir dans la poussière (verset 1). Ses habitantes choyées, tendres et délicates, appelées collectivement «fille des Chaldéens», devaient maintenant exécuter des travaux d’esclaves (tels que moudre le blé) et, le voile ôté et la robe relevée, traverser les cours d’eau, si le travail (ou le chemin de la captivité) l’exigeait (versets 2, 3). En résumé, nous avons ici le tableau de l’abaissement le plus profond et de la honte (cf. Jérémie 13: 26).
Dieu donne aussi le motif de l’effondrement de l’orgueilleuse puissance mondiale: «Je tirerai vengeance, et je ne rencontrerai personne qui m’arrête». Les Chaldéens avaient été employés par Dieu comme verge sur son peuple désobéissant, mais maintenant ils devaient eux-mêmes subir le châtiment en raison de leur idolâtrie et de leur cruauté (cf. Habakuk 1; 2).
Immédiatement, en présence de cette scène qui signifie pour eux la délivrance, ceux qui appartiennent au peuple de Dieu éclatent en cris d’allégresse: «Notre rédempteur, son nom est l’Eternel des armées, le Saint d’Israël» (verset 4). L’Eternel des armées, dont la puissance est sans limites, le Saint d’Israël, est leur «rédempteur» (cf. 41: 14). Ce titre de rédempteur, le plus révélateur de ses titres de gloire pour Israël, est mis ici en évidence. Lorsqu’il apparaît dans le livre d’Esaïe, il se rapporte aux temps de la fin, car ce n’est qu’alors que le peuple sera vraiment racheté, ce qui n’a été le cas ni lors du retour du résidu de Babylone, ni lors de la première venue de Christ sur la terre.
Le silence et les ténèbres sont maintenant la part de Babylone, la «fille des Chaldéens» (verset 5). Au temps de la transportation de Juda, elle était encore la «maîtresse des royaumes», et Nebucadnetsar, son souverain, était «le roi des rois»; mais tout cela est maintenant passé (cf. Ezéchiel 26: 7; Daniel 2: 37). Dieu était courroucé contre son peuple et voulait le châtier par le moyen des Chaldéens. C’est pourquoi l’armée de cette nation païenne était venue dans le pays d’Israël et l’avait profané. Mais Babylone a outrepassé les bornes que Dieu avait fixées. Lorsque Dieu a livré son peuple en la main des Chaldéens, ils ont été cruels. Même sur les vieillards, pour lesquels on éprouvait dans l’antiquité un respect plus marqué qu’aujourd’hui, ils ont placé le joug pesant de l’esclavage (verset 6).
Il est frappant de voir comment les traits de caractère de la Babylone antique correspondent à ceux de la Babylone future. Tandis que la première dit: «Je serai maîtresse pour toujours» et «Je ne serai pas assise en veuve, et je ne saurai pas ce que c’est que d’être privée d’enfants» (versets 7, 8), la seconde dit: «Je suis assise en reine, et je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil» (Apocalypse 18: 7). Et les jugements que Dieu annonce sont semblables: toutes deux viendront à leur fin en un jour (verset 9; Apocalypse 18: 8-10). Le verset 15 présente un autre parallèle.
Dans les versets 8 à 11, le prophète mentionne quatre motifs essentiels pour le jugement de Babylone, la «voluptueuse»:
- ses sorcelleries et ses sortilèges (magie et occultisme) (verset 9),
- son iniquité (verset 10),
- sa sagesse et sa connaissance (verset 10),
- l’orgueil et la déification de soi-même (versets 8, 10). (Les paroles «C’est moi, et il n’y en a pas d’autre» sont très proches de celles que l’Eternel lui-même emploie; cf. 45: 5, 18; 46: 9).
Le châtiment de Babylone est exprimé dans un langage imagé; ce sera: «la privation d’enfants et le veuvage» (verset 9), allusion probable à la perte de ses habitants et de son roi (verset 9; cf. Lamentations de Jérémie 1: 1). La prise de Babylone par Cyrus amènera sur la ville le malheur et la désolation (verset 11). Ni sa magie ni son soi-disant savoir ne pourront la secourir, car Dieu est derrière tout cela et il agit à cause de son peuple (cf. 43: 14), et en fin de compte, à cause de son propre nom.
Dans les versets 12 à 15, la condamnation de Babylone atteint son point culminant. Ses sorcelleries sont tournées en dérision (verset 12), car ses «interprétateurs des cieux» et ses «observateurs des étoiles» sont embarrassés et impuissants (verset 13). Ils ne seront pas plus que du chaume, et ils seront brûlés par le feu du châtiment divin (verset 14). De même, ceux qui ont trafiqué avec Babylone à l’apogée de son commerce s’éloigneront de ce lieu maintenant désolé et erreront chacun de son côté. La mention directe de ceux avec lesquels elle a trafiqué nous rappelle à nouveau le passage d’Apocalypse 18: 11-19, où nous voyons les marchands et les marins qui se tiennent loin et se lamentent sur la chute de Babylone. «Il n’y a personne qui te sauve», aucun sauveur n’est là (verset 15). Il en a été ainsi autrefois et il en sera de même au temps de la fin.
En Apocalypse 18 retentit un appel du ciel : «Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies» (verset 4). Que tous les enfants de Dieu aujourd’hui aient à coeur d’être séparés de tout mal et de toute idolâtrie, et de vivre pour notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ! Et que tous ceux qui sont encore loin de Dieu se tournent des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils (1 Thessaloniciens 1: 9, 10)!