Le Père et le Fils

M. Allovon

En créant l'homme «à son image», Dieu a donné à ses créatures certaines relations qui sont des images de ce qu'il révélera plus tard au sujet de lui-même: celle du père avec son fils, celle de l'époux et de l'épouse.

 Un père et un fils

De nombreux passages de l'Ancien Testament attirent l'attention sur la relation d'un père avec son fils parmi les hommes, sur l'amour d'un père pour son fils, plus encore pour un fils unique.

La première mention de l'amour dans l'Ecriture est contenue dans cette parole de Dieu à Abraham: «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac…» (Genèse 22: 2). Ces mots: «ton fils, ton unique» sont répétés trois fois dans ce chapitre. Un peu plus loin, l'affection, l'intérêt qu'Abraham porte à son fils Isaac s'exprime dans cette parole du serviteur: «Il lui a donné tout ce qu'il a» (24: 36). A partir du chapitre 37, Joseph est le fils que son père Jacob aime, plus que tous, et dont il ressent douloureusement la perte.

L'auteur du livre des Proverbes souligne abondamment la sollicitude affectueuse d'un père pour son fils. Plusieurs dizaines de fois, il s'adresse à celui qu'il enseigne en disant: «Mon fils». A diverses reprises, il montre aussi le plaisir que donne à son père «un fils sage» en contraste avec la peine qu'il éprouve de «celui qui fait honte».

Et à la fin de l'Ancien Testament, cette parole montre combien Dieu apprécie la conduite d'un fils qui sert fidèlement son père: «Je les épargnerai comme un homme épargne son fils qui le sert» (Malachie 3: 17).

 Le Fils de Dieu annoncé

La personne du Fils de Dieu n'est pas révélée directement dans l'Ancien Testament, mais plusieurs passages en présentent des types (Isaac, Joseph…) ou en suggèrent le mystère: «Qui est monté dans les cieux, et qui en est descendu? Qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains? Qui a serré les eaux dans un manteau? Qui a établi toutes les bornes de la terre? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais?» (Proverbes 30: 4).

Dans le livre des Psaumes et dans quelques prophètes, des mentions plus précises évoquent la gloire et la puissance d'un Fils qui doit régner: «Et moi, j'ai oint mon roi sur Sion, la montagne de ma sainteté. Je raconterai le décret: l'Eternel m'a dit: Tu es mon Fils; aujourd'hui, je t'ai engendré… Baisez le Fils, de peur qu'il ne s'irrite, et que vous ne périssiez dans le chemin, quand sa colère s'embrasera tant soit peu. Bienheureux tous ceux qui se confient en lui!» (Psaumes 2: 6, 7, 12).

«Un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule; et on appellera son nom: Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. A l'accroissement de son empire, et à la paix, il n'y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l'établir et le soutenir en jugement et en justice,

dès maintenant et à toujours. La jalousie de l'Eternel des armées fera cela» (Esaïe 9: 6, 7).

 Le Fils de Dieu manifesté

Quand le temps est venu pour que le Fils de Dieu paraisse, l'évangéliste contemple en lui avec ravissement «une gloire comme d'un Fils unique de la part du Père». «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître» (Jean 1: 14, 18).

Peu avant la naissance de Jésus, pendant son ministère, et à la croix, Dieu déclare ou fait déclarer par ses témoins que Jésus est le Fils de Dieu:

«Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut… la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu» (Luc 1: 32, 35).

«Et moi, j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu» (Jean 1: 34).

«Le Père aime le Fils» (Jean 3: 35; 5: 20).

«Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai trouvé mon plaisir (Matthieu 3: 17; 17: 5…).

«Ayant donc encore un unique fils bien-aimé, il le leur envoya, lui aussi, le dernier, disant: Ils auront du respect pour mon fils» (Marc 12: 6).

«Certainement celui-ci était Fils de Dieu» (Matthieu 27: 54).

Le titre de Fils de Dieu et celui de «fils unique» expriment l'excellence et la gloire de sa personne, mais dans les passages qui suivent, il s'y ajoute ce qu'il en a coûté au Père pour envoyer, pour donner le Fils, et au Fils pour accomplir l'oeuvre de la rédemption, celle que le Père lui avait donnée à faire:

«Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique» (Jean 3: 16).

«Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché…» (1 Jean 1: 7).

«Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui… Il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (1 Jean 4: 9, 10).

«Le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde» (verset 14).

Et lorsque Dieu parle de «son propre Fils», c'est toujours pour souligner les souffrances indicibles de la croix, en y associant les bénédictions infinies qui en découlent, à la mesure de l'excellence du sacrifice:

«…l'assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils» (Actes des Apôtres 20: 28).

«Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair, afin que la juste exigence de la loi fût accomplie en nous» (Romains 8: 3, 4).

«Celui même qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui?» (verset 32).

 Cette expression: «Celui même qui n'a pas épargné son propre Fils» rappelle nécessairement, avec un saisissant contraste, celle que nous avons relevée en Malachie 3: «Un homme épargne son fils qui le sert». Quel est le Fils qui a servi parfaitement son Père, sinon celui dont Dieu déclare en Esaïe 42: «Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir» (verset 1). En aucun autre que son Fils bien-aimé, Dieu ne dit qu'il a «trouvé son plaisir». On est alors étreint par la pensée que le Père et le Fils avaient ensemble devant eux à l'avance — et de toute éternité — la réalité poignante de ces heures où le Père n'a pas épargné son propre Fils. On hésite à dire «poignante», par crainte d'introduire nos sentiments humains dans ce qui est divin, hors de notre portée. Cependant, quelle que soit la sobriété de l'Ecriture quand elle touche à ce que le Fils de Dieu a souffert, il convient de nous laisser pénétrer par la grandeur infinie de son amour et de sa souffrance ainsi manifestés. A la croix, «la bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées» (Psaumes 85: 10). Là, Dieu a fait resplendir sa gloire — celle du Père et celle du Fils — dans la rencontre efficace de ce qui était inconciliable. Grâce supplémentaire, il désire nous faire goûter ce qu'il a trouvé dans son Fils unique — ses délices. «Il nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour» (Colossiens 1: 13).

Oui, ton divin amour, dans ses plans adorables,

Pour nous soustraire à notre sort

Abandonna ton Fils aux coups inexorables

Du jugement et de la mort.

 

Jamais oeil ne verra chose plus merveilleuse

Que la croix, où fut attaché

Le Prince de la vie, à l'heure ténébreuse

Où Dieu condamna le péché.