Seconde épître aux Corinthiens (suite)

F.B. Hole

Chapitre 9

Dans les cinq premiers versets, Paul renouvelle son plaidoyer auprès des Corinthiens. Ils s'étaient si clairement engagés, une année auparavant, quand la collecte en faveur des croyants de Judée avait été mise en route, que Paul s'était même glorifié d'eux auprès des Macédoniens. Or ceux-ci les dépassaient maintenant au niveau de la réalisation pratique. Il fallait donc que les Corinthiens agissent concrètement et tout de suite, afin que leur contribution puisse être considérée comme venant du cœur et non comme quelque chose d'extorqué. Ce nouvel appel est suivi de quelques considérations qui l'appuient. Ainsi sont mis en lumière d'autres principes importants concernant la libéralité.

Par exemple, donner c'est semer, et les règles régissant les semailles et les moissons s'appliquent aux dons. Si la semence est répandue pauvrement, la moisson est maigre; si elle est répandue libéralement, la moisson est abondante. Il ne peut en être autrement, que ce soit dans les choses de la nature ou dans celles de Dieu. En donnant à autrui, nous semons la grâce; et c'est ainsi que l'apôtre rappelle: «Dieu est puissant pour faire abonder toute grâce envers vous» (verset 8). Les versets 10 et 11 parlent aussi de cette moisson de bénédiction qui sera recueillie dans le domaine spirituel.

Mais pour vraiment plaire à Dieu en donnant, il faut le faire joyeusement. Donner à regret ou par contrainte n'a pas grande valeur aux yeux de Dieu. Que chacun se propose dans son cœur ce qu'il veut donner, selon son état. Si nos cœurs sont droits et au large parce qu'ils demeurent dans l'amour de Dieu, nous ne donnerons pas seulement libéralement mais aussi joyeusement. Nous donnerons à la manière de Dieu lui-même, et Dieu aime ceux qui portent ses caractères.

En donnant, nous ne semons pas seulement la grâce, mais aussi la justice. Dans le Psaume 112, dont le verset 9 est cité ici, on trouve la description d'un homme «juste», «droit» et «qui craint l'Éternel». Un tel homme répand ses biens et donne à ceux qui sont dans le besoin. Or sa bienveillante générosité n'est pas considérée là comme une grâce, mais comme une justice qui demeure éternellement. Sommes-nous accoutumés à considérer les dons dans cette lumière? Nous avons tellement reçu de la part de Dieu qu'il n'est que juste que nous nous trouvions à notre tour à la place de ceux qui donnent, si Dieu nous a confié des biens matériels ou spirituels. Si nous ne donnons pas, mais nous contentons d'accumuler ce qui nous est donné ou de l'utiliser pour satisfaire nos plaisirs, nous sommes franchement injustes. Considérons et assimilons bien ceci, et mettons-le en pratique dans nos vies.

De plus, une libéralité généreuse et joyeuse a des résultats magnifiques. Il y a d'abord le fait que «les besoins des saints» sont comblés, ce qui en soi est une très bonne chose. Qui pourrait en douter, après avoir vu le réconfort et la joie éprouvés par un croyant démuni qui vient d'être soulagé par la libéralité de ses frères et sœurs. Mais il y a plus cependant: Dieu est glorifié. Ce service «abonde par beaucoup d'actions de grâces rendues à Dieu» (verset 12). Le croyant qui a été aidé et soulagé rend grâces à Dieu de façon répétée pour le don reçu et pour ceux qui en sont les auteurs. Ensuite, ceux qui ont donné s'en trouvent tellement bénis et agrandis par Dieu qu'ils se mettent à rendre grâce d'avoir eu le privilège de donner. Le principe: «il est plus heureux de donner que de recevoir» a la meilleure autorité qui puisse être — c'est une parole de Jésus (cf. Actes des Apôtres 20: 35). Et finalement, les croyants démunis, n'ayant rien à donner en retour, répondent à ce qui leur a été donné en rendant une ardente affection et d'instantes prières. Ceux qui donnent récoltent la bénédiction qui découle de l'amour et des prières de ceux qu'ils ont aidés.

Quelle merveilleuse succession d'heureux résultats de la libéralité! Il n'est pas étonnant qu'elle soit mentionnée parmi les «dons» de Romains 12, et qu'ailleurs nous lisions «N'oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens» (Hébreux 13: 16). Que d'élargissement spirituel en découle! Et à l'opposé, combien souvent la pauvreté spirituelle résulte directement de la négligence à cet égard! Si les croyants se montrent avares dans leur administration des choses matérielles, le gouvernement de Dieu les laissera pauvres et démunis dans les choses spirituelles.

Tout don fait par un croyant provient de ce qui lui a été donné de Dieu. C'est pourquoi l'apôtre ne peut clore son exhortation sur ce sujet sans conduire nos pensées vers le don suprême de Dieu, duquel découle tout ce que nous pouvons donner. C'est un don si grand qu'il dépasse tout ce que nous sommes capables de dire ou de décrire. Nous ne pouvons qu'exprimer des actions de grâces pour cela!

«Dieu… a donné son Fils unique». Il y a «l'Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent». «Le don de grâce de Dieu, c'est la vie éternelle». On pourrait citer plusieurs autres versets sur ce thème. Nous croyons qu'au verset 15, dans la pensée de l'Esprit, tous ces grands dons sont traités comme un seul don, qui requiert de notre part des actions de grâce éternelles.

En ajoutant du fond du cœur notre «Amen» à cette action de grâces, désirons avoir une appréciation si vivante de la grandeur de ce don qu'elle nous conduise à mettre nous-mêmes en pratique la grâce de la libéralité.

À suivre