Le pardon de Dieu (Ésaïe 43)
La promesse du retour d'Israël (versets 1-7)
Le début du chapitre introduit un thème déjà évoqué dans les chapitres 40 et 41, l'amour invariable de l'Éternel envers Israël, son peuple terrestre (40: 27-31; 41: 8-14). Dans son amour, l'Éternel se tourne de nouveau en grâce vers ce peuple, après une longue période d'interruption de ses relations avec lui. Il l'appelle à nouveau par les deux noms de Jacob et d'Israël, qui rappellent toute l'étendue et la richesse de sa grâce. Il a créé et formé ce peuple — «le plus petit de tous les peuples» — en appelant Abraham et en lui promettant une nombreuse postérité, en faisant sortir celle-ci d'Égypte quelques siècles plus tard, et en la mettant à part pour qu'elle soit un peuple qui lui appartienne en propre, auquel il a donné sa loi.
Bien qu'Israël, dans le passé, se soit montré très peu digne de cette grâce, Dieu lui dit: «Ne crains point», et il ajoute, comme motif de cet encouragement: «Car je t'ai racheté; je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi» (verset 1). Les Juifs, souvent fiers de leur origine, doivent comme tous les autres hommes reconnaître et accepter le Seigneur Jésus comme leur Rédempteur — celui qui les a rachetés. Un jour, le résidu croyant de ce peuple durement éprouvé sera reconnu par Dieu d'une manière toute nouvelle comme «un peuple qui lui appartient en propre» (cf. Exode 19: 5; Deutéronome 7: 6).
«Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi… quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé…» (verset 2). Le résidu croyant passera par «les eaux» de l'épreuve et par «le feu» du châtiment, toutefois sans être anéanti par eux (cf. Psaumes 66: 12; 1 Pierre 4: 12). Celui qui en est le garant énumère plusieurs de ses noms glorieux: «Car moi, je suis l'Éternel, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton sauveur» (verset 3). Au peuple asservi et gémissant en Égypte, il s'était révélé comme l'Éternel (Jéhovah / Je suis celui qui suis), le Dieu d'Israël (Exode 3: 14; 6: 2-8). Mais il est aussi le Saint d'Israël, celui qui en tous temps dit à son peuple: «Soyez saints, car moi je suis saint» (Lévitique 11: 44; 1 Pierre 1: 16). Ce Dieu deviendra leur Sauveur! Quant à nous, nous pouvons déjà maintenant le connaître par la foi comme le Dieu sauveur; mais quant à Israël, cela deviendra une réalité lorsqu'ils accepteront le Messie qu'ils ont refusé et rejeté. Ils diront par la foi: «Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s'est chargé de nos douleurs» (Ésaïe 53: 4; cf. 2 Corinthiens 3: 14-16; Romains 11: 26; 1 Timothée 1: 1; 2: 3).
Mais, si le Seigneur Jésus a porté le châtiment qui est le fondement de leur paix et a livré son âme pour eux en sacrifice pour le péché (Ésaïe 53: 5, 10), comment comprendre que Dieu donne l'Égypte pour leur rançon et sacrifie pour eux Cush et Seba (verset 3)? Cette déclaration ne peut se rapporter à la rédemption éternelle, mais seulement à la délivrance terrestre d'Israël de toute servitude. En effet, «un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon» (Psaumes 49: 7). Pour la réalisation de ses desseins envers ce monde, Dieu sacrifiera des nations pour ouvrir le chemin du retour de son peuple Israël (cf. Proverbes 11: 8; 21: 18). Indépendamment de cela, Israël, comme peuple, devra porter la peine de ses péchés (cf. 40: 2; Amos 3: 2).
La raison de la grâce avec laquelle Dieu agit est donnée ensuite: «Depuis que tu es devenu précieux à mes yeux, tu as été glorieux, et moi, je t'ai aimé» (verset 4). Ce n'est pas en vertu de leurs qualités et de leurs actions, mais en vertu de son amour, que Dieu les considère au-dessus des peuples. C'est l'amour de Dieu et non le mérite du peuple qui, à la fin des temps, le ramènera dans son pays — ce dont nous vivons actuellement les signes annonciateurs. En rapport avec cela, l'Éternel lui adresse ces paroles consolantes et encourageantes: «Ne crains pas, car je suis avec toi» (verset 5). Il rassemblera de tous les points cardinaux ceux qui appartiennent à son peuple (cf. Deutéronome 30: 3-5; Ésaïe 11: 11, 12; 49: 12; 60: 4; Zacharie 8: 7, 8; Matthieu 24: 31). C'est un retour d'une tout autre envergure que celui du petit résidu de Juda remonté de la captivité babylonienne en l'an 536 avant J.C. (cf. Esdras 2: 64).
Aux versets 6 et 7, Dieu désigne ceux qui reviendront comme ses fils et ses filles, ceux qui sont appelés de son nom et qu'il a créés, formés et faits pour sa gloire. Ces expressions ne se rapportent pas à la rédemption, mais uniquement à l'appartenance au peuple terrestre de Dieu (cf. verset 1; Deutéronome 28: 10; 32: 19). Les Juifs qui rentreront dans leur pays seront pour la plupart dans un état d'incrédulité; et là seulement s'opérera en eux un retour spirituel vers leur Dieu (cf. chapitre 18; Ezéchiel 37: 1-14).
Israël comme témoin de Dieu (versets 8-13)
Le verset 8 exprime l'état du cœur, déjà décrit précédemment, de ceux qui sont rentrés au pays: «Fais sortir le peuple aveugle qui a des yeux, et les sourds qui ont des oreilles». Dieu lui-même a endurci le peuple qui, déjà dans les jours du prophète Ésaïe mais particulièrement par le rejet du Seigneur Jésus, s'est montré sourd et aveugle à l'égard de ses soins d'amour (cf. 6: 10; 29: 18; 42: 18; Romains 11: 8-10). Toutefois il ne le laissera pas toujours dans cet état, mais le ramènera dans son pays et se tournera de nouveau vers lui.
Cet événement extraordinaire, mentionné déjà plusieurs fois par Ésaïe, est maintenant présenté aux nations et aux peuples, invités à se rassembler. Quelqu'un parmi eux a-t-il prédit le merveilleux retour et la restauration du peuple d'Israël, ou même l'un des événements qui s'est accompli? S'il en est ainsi, que des témoins s'avancent et le déclarent, afin qu'on puisse en juger (verset 9)! En fait, les témoins de Dieu sont ceux qui appartiennent à son propre peuple, qu'il appelle ici de nouveau «mon serviteur» (verset 10; cf. 41: 8; 44: 8). Ils ont été choisis par lui afin qu'ils le croient et qu'ils comprennent qu'il est lui seul le Dieu éternel — afin qu'ils sachent qu'il est le premier, avant lequel aucun Dieu n'a été formé, et le dernier, après lequel il n'y en aura pas. Lui seul peut prédire l'avenir; lui seul est l'éternel «Je suis»; lui seul est le Sauveur (verset 11).
Quand la délivrance de son peuple, annoncée à l'avance, sera devenue réalité, chacun pourra reconnaître que le Sauveur qui a opéré cela n'était pas quelque dieu «étranger» mais l'Éternel seul. Combien de fois, dans le passé, Israël s'est-il tourné vers les idoles (cf. Deutéronome 32: 16)! Mais à la fin des temps, le résidu croyant reconnaîtra que ni l'Antichrist ni l'empire romain avec son idolâtrie ne peuvent lui offrir du secours contre l'assaut des Assyriens. Seul le Seigneur Jésus, leur Messie, le pourra (cf. Ésaïe 28: 15, 16). C'est précisément cette expérience qui fera d'eux des témoins appropriés de Dieu, qui pourront annoncer avec joie sa délivrance verset 12). De même, dans le temps actuel, seuls peuvent être de vrais témoins de la grâce de Dieu en Christ ceux qui ont été sauvés par la foi en l'évangile (cf. Actes des Apôtres 1: 8).
Toutefois Dieu, qui est éternellement le Même, est non seulement amour mais aussi lumière. Celui qui n'accepte pas son salut devra le rencontrer un jour comme juge; et de sa main personne ne pourra délivrer (verset 13). Les peuples ennemis et leurs dieux en feront l'expérience lors de l'apparition du Seigneur Jésus. Il en sera de même, plus tard, de ceux qui se tiendront devant le grand trône blanc parce qu'ils n'auront pas cru en l'œuvre rédemptrice du Seigneur Jésus. Ils recevront de sa bouche la sentence de leur condamnation éternelle.
Une chose nouvelle va germer (versets 14-21)
Le Rédempteur, le Saint d'Israël, s'adresse de nouveau à son peuple avec autorité. Il a appelé Cyrus, roi de Perse, et l'a envoyé à Babylone dans le but exprès de libérer son peuple (verset 14; cf. 13: 3). A la suite d'une attaque subite, de riches habitants de la ville ont apparemment tenté en vain de fuir sur l'Euphrate au moyen des vaisseaux dont ils étaient fiers (verset 14).
Mais personne ne peut résister à la main de Dieu; il est l'Éternel, le Saint d'Israël, et aussi son «créateur» et son «roi» (verset 15; cf. versets 1, 21; 6: 5). Ces deux derniers titres englobent toute l'histoire du peuple terrestre de Dieu, depuis ses débuts jusqu'au règne du Messie dans le Millénium. On a ici une première indication du fait que la prise de Babylone n'est qu'un premier accomplissement d'une prophétie qui concerne les temps de la fin. Il en est de même du jugement, déjà décrit en détail dans les chapitres 13 et 14, qui tombera sur cette puissance mondiale idolâtre et brutale (cf. 21: 9; 47: 1 et suivants; Apocalypse 14: 8; 18: 2).
Dans ce qui suit, l'Éternel rappelle la délivrance d'Israël hors d'Égypte. Déjà en ce temps-là, il avait manifesté sa toute-puissance en faveur de son peuple en lui frayant «un chemin dans la mer et un sentier dans les eaux puissantes», dans lesquelles il avait englouti toute l'armée des Égyptiens, avec ses chars et ses chevaux (versets 16, 17; cf. Exode 14: 21-31). Cette délivrance de la part de Dieu est présentée ici comme une preuve de la puissance de Dieu pour sauver son peuple et pour anéantir ses ennemis.
Cependant le peuple de Dieu doit diriger ses regards en avant au lieu de s'occuper de son passé (verset 18) — ce qui bien sûr ne veut pas dire qu'il doit oublier son histoire (cf. 46: 9). Les choses annoncées ici surpassent toutes celles qui sont arrivées auparavant. Dieu avait dit au chapitre précédent: «Voici, les premières choses sont arrivées, et je déclare les choses nouvelles: avant qu'elles germent, je vous les ferai entendre» (42: 9), et il dit ici: «Voici, je fais une chose nouvelle; maintenant elle va germer: ne la connaîtrez-vous pas?» (verset 19). Ce qui était annoncé va maintenant s'accomplir. Le retour d'un petit résidu juif de Babylone n'est qu'un avant-goût des événements prédits ici. L'Éternel va mettre un chemin dans le désert et des rivières dans le lieu stérile (verset 19; cf. 40: 3; 35: 6; 41: 18). Dans ces passages, nous pouvons sans aucun doute voir une allusion à l'état spirituel renouvelé d'Israël, lorsqu'il sera richement béni après être revenu à son Dieu. Toutefois leurs contextes montrent qu'ils font aussi allusion aux énormes bouleversements qui interviendront dans la nature au commencement du Millénium. Ainsi au verset 20, même les chacals et les autruches, animaux déclarés impurs par la loi, glorifieront le Seigneur (cf. Lévitique 11; Ésaïe 34: 13; 35: 1; 55: 13; Osée 2: 18). Mais avant tout, son peuple «élu», qu'il a «formé» pour lui-même, doit raconter et racontera sa louange dans ce temps glorieux (verset 21). Tous ceux qui ont été rachetés par l'œuvre de Christ, qui aussi autrefois étaient «impurs», peuvent déjà maintenant annoncer les vertus de celui qui les «a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière» (1 Pierre 2: 9)!
La grâce de Dieu imméritée (versets 22-28)
Ici la série des prophéties s'interrompt. Dieu rappelle à Israël ses nombreuses iniquités. L'expression «à cause de vous», du verset 14, aurait pu éveiller leur orgueil, mais ils n'ont aucun motif de se glorifier. Bien que Dieu ait fait d'eux son propre peuple et qu'il les ait abondamment bénis, ils ont été las de lui et ils l'ont fatigué par leurs péchés.
C'est pourquoi l'Éternel place devant son peuple un acte d'accusation divinement complet comportant sept points en lesquels il a manqué quant à l'honneur qui est dû à Dieu. La première chose est l'absence de prière sincère (verset 22). Suit une énumération de six offrandes volontaires qu'Israël aurait dû apporter à l'Éternel: l'holocauste, le sacrifice de prospérités, l'offrande de gâteau, l'encens, le roseau aromatique et la graisse des sacrifices (versets 23, 24).
Ce n'est pas à cause de la valeur de ces sacrifices eux-mêmes que Dieu les avait prescrits (cf. Jérémie 7: 22-24). Pour les Israélites, ils étaient un témoignage constant du fait que l'homme ne peut subsister devant Dieu en vertu de ses propres mérites, mais uniquement dans le jugement complet du moi. Comme le montrent les paroles de David au psaume 51, les hommes pieux d'autrefois pouvaient comprendre que Dieu ne regardait pas aux sacrifices mais au cœur: «Car tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, autrement j'en donnerais; l'holocauste ne t'est point agréable: Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. O Dieu! tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié» (Psaumes 51: 16, 17; cf. Psaumes 40: 6). Or la plupart des Israélites offraient des sacrifices comme un devoir importun tout en vivant dans l'iniquité et le péché. Ils fatiguaient Dieu. Celui-ci ne pouvait en aucune manière reconnaître leurs offrandes impures comme de véritables sacrifices (cf. Jérémie 6: 20; Osée 6: 6; Amos 4: 4-6; Michée 6: 3-8; Malachie 1: 7-14; 2: 13; Matthieu 9: 13). Ce n'est pas lui qui les avait fatigués par ses ordonnances, mais eux par leurs iniquités. Oubliant l'esprit dans lequel les sacrifices devaient être offerts, et les associant aux péchés les plus affreux, ils s'étaient rendus gravement coupables devant Dieu.
Et malgré tout cela, Dieu offrait le pardon des péchés. Dans sa grâce et son amour, il fait proclamer: «C'est moi, c'est moi qui efface tes transgressions à cause de moi-même; et je ne me souviendrai pas de tes péchés» (verset 25; cf. 44: 22; Jérémie 31: 34). L'amour de l'Éternel envers son peuple est entièrement immérité. Au lieu de juger les pécheurs, Dieu efface les péchés et il ne s'en souviendra plus jamais. Il agit ainsi pour sa propre gloire: «A cause de moi-même». Et il souligne cela par un double «c'est moi». Le fondement de cela, c'est l'œuvre rédemptrice de Christ à la croix, œuvre qui sera décrite d'une manière détaillée au chapitre 53. Le résultat en est un plein et éternel pardon de tous les péchés de ceux qui croient à l'Agneau de Dieu (cf. Psaumes 103: 12; Ésaïe 38: 17; Michée 7: 19; Hébreux 10: 17).
Ce verset 25 se détache merveilleusement sur la description qui vient d'être faite de l'état spirituel d'Israël. C'est comme un sommet du livre d'Ésaïe et il confirme le titre qu'on lui donne parfois: celui d'évangile parmi les prophètes.
Aux versets 9 et 10, Dieu avait appelé les nations à comparaître devant lui afin de se justifier si elles le pouvaient. Maintenant c'est son propre peuple qu'il appelle pour cela (verset 26; cf. 1: 18). L'Éternel invite Israël à lui montrer s'il y a quelque mérite de son côté. Mais il n'y en a aucun à produire. Au contraire, l'histoire de ce peuple consiste, du début à la fin, en une série interminable de péchés.
L'expression «ton premier père», au verset 27, semble plutôt se référer à Adam qu'aux ancêtres d'Israël, Jacob ou Abraham. C'est par Adam que le péché est entré dans le monde (cf. Osée 6: 7; Romains 5: 12 et suivants).
Cependant non seulement le premier père, mais aussi les «médiateurs» du peuple, ceux qui auraient dû lui faire connaître la volonté de Dieu, ont péché (verset 27). Ce sont tout particulièrement les sacrificateurs, dont les lèvres devaient garder la connaissance, et de la bouche desquels on devait rechercher la loi (Deutéronome 33: 10; Malachie 2: 7). Ils sont aussi appelés les «chefs du lieu saint» (verset 28; 1 Chroniques 24: 5); Dieu les a profanés dans sa colère, à cause de leurs iniquités. En outre il a livré tout son peuple à la destruction et à l'opprobre. Tout cela était déjà décrété de sa part à l'époque d'Ésaïe, même si l'accomplissement n'en a eu lieu qu'au moment de la transportation à Babylone. Les conséquences en subsisteront jusqu'au retour final d'Israël vers Dieu.