Un appel – mais pas seulement aux jeunes gens (Tite 2: 6-8)

E.A. Bremicker

Le deuxième chapitre de l'épître à Tite commence et se termine par l'injonction: «annonce». Tite avait reçu un mandat particulier de l'apôtre Paul, en vue de faire connaître la vérité de Dieu en Crête. Sa position contrastait particulièrement avec celle des «insubordonnés vains discoureurs et séducteurs» qui faisaient leur mauvais travail sur l'île, et qui n'avaient reçu aucune mission de la part de Dieu. Ce contraste est clairement marqué par les mots: «Mais toi», au début du chapitre 2. Ces mots mettent l'accent sur ce que Tite devait faire et soulignent sa responsabilité. Il ne devait pas seulement mettre en ordre les choses qui restaient à régler, il devait présenter la vérité en annonçant les choses qui conviennent au sain enseignement (1: 5; 2: 1). Dans tous les temps, les croyants ont besoin d'enseignement et de soins pastoraux pour que le bon ordre d'un rassemblement local soit maintenu.

Le service de Tite ne se limitait pas à la prédication. Il devait aussi s'occuper des croyants individuellement, afin de leur être en aide. Et avant toute chose, il devait être un modèle dans son comportement.

De la part de l'apôtre, Tite était porteur d'un message destiné à chacun des groupes de personnes qui constituent un rassemblement local. Tout d'abord aux vieillards, ensuite aux femmes âgées, puis aux jeunes femmes et aux jeunes hommes. Chaque groupe avait besoin de recommandations spécifiques. Nous nous occuperons ici de ce qu'il avait à dire aux jeunes gens.

Bien que ces enseignements soient donnés à un groupe particulier, ils ont certainement un message pour chacun d'entre nous.

«Exhorte de même les jeunes hommes à être sobres, te montrant toi-même en toutes choses un modèle de bonnes œuvres, faisant preuve, dans l'enseignement, de pureté de doctrine, de gravité, de parole saine qu'on ne peut condamner, afin que celui qui s'oppose ait honte, n'ayant rien de mauvais à dire de nous».

Exhorter et être un modèle

Ces mots concernent le groupe d'âge auquel Tite appartenait très probablement. Cependant l'expression «jeunes gens» peut avoir ici une portée un peu différente de celle que nous lui donnons habituellement.

Il n'est pas demandé à Tite d'exhorter les hommes ou les femmes âgés. A ces personnes, il devait simplement annoncer quelque chose. Le mot employé pour les jeunes gens est plus fort. Quant à ce groupe d'auditeurs, Tite était au même niveau. Ce qu'il avait à leur dire était valable directement pour lui-même. A part l'exhortation à la sobriété, rien n'est explicitement indiqué de ce qu'il devait leur communiquer. En revanche, l'apôtre le place devant la nécessité d'être pour ces jeunes gens «un modèle». Pour un jeune homme, il n'est pas facile d'exhorter des personnes de son âge. C'est pourquoi les jeunes gens devaient voir en Tite comment ils avaient à se comporter. Timothée aussi était appelé à convaincre par son comportement. L'apôtre lui dit: «Que personne ne méprise ta jeunesse; mais sois le modèle des fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté» (1 Timothée 4: 12).

Le «modèle» que Tite devait présenter était très étendu: il englobait «toutes choses». La vie entière d'un serviteur de Dieu doit avoir un caractère exemplaire. Ce sont ses œuvres qui donnent à ses paroles l'autorité morale nécessaire. Et précisément pour les jeunes, il est particulièrement choquant d'être exhorté par une personne du même âge, dont le comportement n'est pas en accord avec les paroles. Dans de telles conditions, une exhortation est difficilement reçue. On comprend donc que les «bonnes œuvres» soient mentionnées d'abord, et «l'enseignement» ensuite. Il faut que les œuvres précèdent les paroles.

Tite devait exhorter les jeunes hommes à la sobriété. Il s'agit là du contrôle sur soi-même qui permet d'éviter de tomber dans un extrême ou un autre. La répétition de l'exhortation à la sobriété, dans ce chapitre, souligne l'importance et la valeur de cette qualité (cf. verset 2). Elle nous concerne tous. Pierre écrit: «Mais la fin de toutes choses s'est approchée; soyez donc sobres et veillez pour prier» (1 Pierre 4: 7).

Ensuite, Paul s'arrête sur quelques points concrets dans lesquels Tite devait être un modèle et au sujet desquels sa sobriété pouvait se montrer. Ces points sont tout d'abord en relation avec la manière dont il devait enseigner la Parole. Tout devait être en accord avec la dignité du message qu'il avait à transmettre.

Faire preuve… de pureté de doctrine

L'enseignement que la parole de Dieu nous donne est naturellement, en lui-même, pur et authentique. Mais lorsque nous le retransmettons, nous sommes exposés à y mêler des éléments étrangers. Les jeunes gens sont souvent curieux, et parfois attirés par toutes sortes de choses qui pourraient faire du tort à leur foi.

Le danger est grand qu'à la saine doctrine soient ajoutés des éléments qui la corrompent entièrement et conduisent à l'égarement. Par conséquent, un serviteur du Seigneur devrait être très attentif à ne rien présenter d'autre que la pure doctrine de la Bible, et à réchauffer les cœurs pour elle.

Et surtout, la présentation de la vérité ne devrait jamais être entachée par de mauvais motifs. Il serait faux de se laisser diriger, dans la prédication, par le souci de plaire aux auditeurs. Et combien il serait triste de chercher à soigner sa propre réputation ou sa gloire! A cet égard, l'apôtre Paul nous donne un exemple remarquable. Il écrit aux Thessaloniciens: «Car aussi nous n'avons jamais usé de parole de flatterie, comme vous le savez, ni de prétexte de cupidité, Dieu en est témoin; et nous n'avons pas cherché la gloire qui vient des hommes, ni de votre part, ni de la part des autres» (1 Thessaloniciens 2: 5, 6). Un vrai service place toujours la personne du Seigneur au premier plan.

… de gravité

La recommandation a une portée très générale et est particulièrement opportune aujourd'hui. Dans le contexte de ce passage, il est clair qu'elle est en relation avec la saine doctrine. L'enseignement doit être donné de manière sérieuse, de façon que ce qui est dit soit pris au sérieux et mis en pratique. Nous ne devrions jamais nous permettre de nous exprimer légèrement ou de faire des plaisanteries avec la parole de Dieu.

… de parole saine qu'on ne peut condamner

Ceci se lie étroitement à ce qui vient d'être dit. La substance de ce que nous présentons doit être saine. En outre, nous devons nous garder d'être précipités dans nos paroles, mais nous attacher à en peser toujours les conséquences possibles. N'avons-nous pas dû, plus d'une fois, regretter d'avoir dit quelque chose qui n'était pas vraiment sain et équilibré, qui était incomplet ou tendancieux? Nos paroles n'ont-elles pas eu parfois des suites regrettables? Une fois prononcées, des paroles ne peuvent pas être effacées, pour que tout soit comme si on ne les avait pas dites. Il nous faut y penser.

Celui qui s'oppose

Nos paroles sont entendues. En premier lieu, souvenons-nous que Dieu prend connaissance de tout ce que nous disons. D'autre part, il y a autour de nous, comme c'était le cas pour Tite, des gens qui sont prêts à s'opposer. Ils nous observent, nous écoutent, et prononcent leur jugement. C'est un état de fait qu'il serait vain et dangereux de vouloir ignorer. Les incrédules ne sont pas de notre côté, mais de l'autre. Même si nous avons souvent l'impression que beaucoup de gens de ce monde sont très convenables, cela n'ôte rien au fait qu'ils sont «de dehors», tandis que nous sommes «de dedans». Aux Colossiens est donnée l'exhortation: «Marchez dans la sagesse envers ceux de dehors, saisissant l'occasion» (4: 5). Et aux Thessaloniciens: «Afin que vous marchiez honorablement envers ceux de dehors et que vous n'ayez besoin de personne» (1 Thessaloniciens 4: 12). Nos paroles aussi font partie d'une telle marche dans la sagesse et l'honorabilité.

Nous sommes appelés à être des témoins de Dieu devant les gens de ce monde. Notre comportement et nos paroles doivent être tels qu'ils n'aient rien à nous reprocher. Ils cherchent souvent une occasion de nous pointer du doigt. Si Paul dit ici «contre nous», cela peut désigner particulièrement Tite et lui-même, mais cela peut aussi s'étendre aux croyants en général. Chaque fois que, par un témoignage défectueux, un croyant donne occasion au monde de dire quelque chose de négatif, cela a des conséquences pour l'ensemble du peuple de Dieu. Les hommes de ce monde sont enclins à déduire de la conduite et des paroles d'un seul chrétien des conclusions concernant tous les chrétiens. Malheureusement, le comportement d'un seul croyant a plus d'une fois servi de prétexte à des incrédules pour ne pas venir au Sauveur. Bien sûr, cela n'enlève rien à leur responsabilité, mais c'est très humiliant pour nous.

Parfois, des gens mal intentionnés cherchent même activement un motif de médire. En 2 Corinthiens 11, l'apôtre parle de personnes qui «veulent une occasion» (verset 12). Et il agissait de manière à leur «retrancher» de telles occasions. Au cours de la vie du Seigneur, il y a eu souvent des situations où ses ennemis cherchaient une occasion contre lui. Mais jamais le Seigneur n'a dit une parole qui puisse donner prise à leurs mauvaises intentions. Au contraire, ils ont dû reconnaître qu'il ne se laissait prendre à aucun des pièges qu'ils lui tendaient. Son comportement et ses paroles leur fermaient la bouche (cf. Matthieu 22: 34, 46).

Que les recommandations de l'apôtre Paul à Tite nous encouragent à servir notre Maître avec fidélité, à être des modèles pour les croyants qui nous entourent, et à nous comporter de manière à être un témoignage pour lui! Il peut en être ainsi, que nous appartenions ou non à la catégorie des «jeunes hommes».