Seconde épître aux Corinthiens (suite)
Chapitre 7
Le premier verset nous reporte aux promesses frappantes qui sont mentionnées dans les deux derniers versets du chapitre 6, et qui viennent de la bouche même de Dieu. Si nous sommes séparés du monde et qu'il en résulte pour nous quelque perte, nous ferons l'expérience que Dieu agit envers nous comme un Père, et nous goûterons la valeur et la douceur de la relation dans laquelle nous avons été placés. Ayant de telles promesses, nous sommes exhortés à nous purifier nous-mêmes et par conséquent à «achever la sainteté dans la crainte de Dieu». Remarquons qu'il est écrit: «de toute souillure de chair et d'esprit». L'expression est très forte. Elle ne laisse rien de côté. Notre attention vient d'être attirée sur la nécessité d'une purification de toute communion avec le monde dans les choses extérieures. Cependant, si nous nous contentons de ne pratiquer la séparation que dans ces choses, nous devenons simplement des pharisiens. C'est l'opposé de ce que Dieu veut pour nous. La séparation que Dieu attend de nous va jusqu'au fond de notre être. Toute souillure de la chair doit être évitée, mais aussi toute souillure de l'esprit.
C'est bien à ces deux aspects de la séparation que nous sommes appelés, celle qui est intérieure et celle qui est extérieure. La séparation extérieure sans l'intérieure n'est rien d'autre que de l'hypocrisie. Et la séparation intérieure sans l'extérieure ne vaut pas cher. Elle est illustrée par la condition fort critique de Lot à Sodome, qui ne s'était pas abaissé jusqu'au niveau moral dégradant de cette ville. Abraham se trouvait dans l'heureux chemin de la volonté de Dieu, séparé du mal quant au lieu où il se trouvait et quant à son être intérieur. Nous sommes exposés à la pollution du monde, à celle de la chair et à celle de l'esprit. Cette dernière est la plus pernicieuse de toutes, car c'est la forme de péché la plus raffinée. Que Dieu éveille en nous une grande prudence à cet égard! Une «sainteté achevée» englobe ces trois domaines. Et c'est notre devoir de tendre à cela déjà maintenant. Que Dieu nous vienne en aide!
L'apôtre avait ainsi déchargé son cœur envers les Corinthiens. Il était conscient que la brèche qui avait menacé de se créer entre lui et eux avait été évitée par la grâce de Dieu. Les personnes extérieures qui avaient amené du trouble et cherché à ruiner sa réputation avaient perdu de leur crédit. Par l'influence de ces hommes, les Corinthiens avaient été incités à tourner le dos à Paul. Mais maintenant les choses avaient changé, et il peut simplement leur dire: «Recevez-nous». Ils connaissaient l'intégrité qui l'avait toujours caractérisé, ainsi que l'amour fervent qu'il y avait dans son cœur à leur égard. Il s'identifiait à eux dans ses affections, que ce soit pour la vie ou pour la mort. De plus, confiant maintenant quant à leur affection pour lui, il était pleinement encouragé et heureux. Il peut alors leur faire part de l'immense joie qu'il avait éprouvée lorsqu'il avait reçu les nouvelles de l'effet qu'avait produit sur eux la première épître.
Le verset 5 reprend le fil des événements rapportés au chapitre 2, verset 13. On pourrait passer de l'un de ces versets à l'autre comme si rien n'existait entre deux. Paul avait quitté la Troade, malgré la porte pour l'évangile que le Seigneur lui avait ouverte dans cette contrée. Très inquiet au sujet des Corinthiens, il n'était pas tranquille dans son esprit. Cependant, quand il était arrivé en Macédoine, cela avait été pire: il y avait non seulement des craintes au-dedans, mais aussi des combats au-dehors. On peut essayer de s'imaginer ce qu'il ressentait, étant toujours plus accablé par les soucis et les sujets d'affliction. Mais soudain, Tite était apparu, porteur de bonnes nouvelles quant à l'effet de la première épître. Quel immense réconfort cela lui avait procuré! Il était réjoui par la compagnie de Tite et par la certitude que Dieu, dans ses compassions, était intervenu à Corinthe.
La première épître avait eu deux effets: premièrement une repentance complète quant aux diverses formes de mal que l'apôtre avait dénoncées, deuxièmement un renouveau dans leur affection envers lui. Il y avait bien sûr une relation étroite entre ces deux effets. Tandis qu'ils se rendaient compte de l'erreur de leurs voies, ils pouvaient découvrir que ses reproches directs et fidèles avaient été motivés par son amour pour eux. En retour, leur amour pour lui était ravivé dans leurs cœurs. A un moment ou l'autre, il avait presque regretté d'avoir écrit cette lettre, mais maintenant que son effet positif était manifesté, il ne pouvait que s'en réjouir.
Ce passage nous montre clairement ce qu'est une vraie repentance. Il ne s'agit pas simplement d'une tristesse à cause du péché, bien qu'une tristesse selon Dieu en fasse partie. Le verset 11 montre ce que la repentance impliquait pour eux, et avec quel zèle et quelle crainte ils s'étaient purifiés. Une vraie repentance est une «repentance à salut», c'est-à-dire qu'elle implique la délivrance de la chose dont on se repent. Une simple tristesse à cause du péché, ressentie à cause de ses conséquences, est ce dont le monde est capable. Cela ne conduit qu'à la mort et non au salut. Judas Iscariote en est un triste exemple.
Un beau résultat de tout ce qui s'était passé à Corinthe et de l'envoi de la première épître, c'est l'expression mutuelle d'affection entre Paul et les croyants de cette ville. On trouve aux versets 7 et 12 les expressions: «votre affection ardente envers moi» et «le zèle que nous avons pour vous». Ce n'était pas une petite chose que de tout remettre d'aplomb entre celui qui avait fait le tort et celui à qui on avait fait tort, mais c'en était encore une plus grande que de manifester cette affection qui est le fruit de la nature divine dans les croyants.
Un trait saisissant de ce chapitre, dès le verset 5, est la façon dont on voit la main de Dieu dans toutes ces circonstances. Après avoir envoyé sa première épître, Paul était agité et inquiet au point de regretter de l'avoir écrite — bien que, comme nous le savons, ce soit une lettre inspirée de Dieu. Mais finalement, quand la situation était la plus angoissante, Tite était arrivé avec de bonnes nouvelles quant à l'effet de cette lettre sur les Corinthiens. Les compassions de Dieu étaient intervenues pour réconforter l'apôtre abattu, comme elles étaient intervenues pour produire une repentance selon Dieu dans les cœurs des Corinthiens. L'expression «selon Dieu» apparaît ici à trois reprises (versets 9, 10, 11). Dieu était intervenu; voilà ce qui était le fondement de la consolation et de la joie de Paul.
De plus, Tite était revenu de Corinthe entièrement récréé et réjoui, ce qui dépassait certainement de beaucoup les espoirs de Paul. La première épître montre que l'apôtre avait été très anxieux à l'égard des Corinthiens, et qu'il avait dû les blâmer sur de nombreux points. Et maintenant, la façon dont ils avaient reçu Tite le comblait au-delà de son attente. Il est vrai qu'il s'était glorifié d'eux auprès de Tite, qu'il avait parlé d'eux avec une affection chaleureuse, étant assuré de la réalité de leurs sentiments. Et voilà que tout s'était trouvé comme il l'avait dit. Ainsi, l'angoisse de l'apôtre se transformait en joie débordante et en profonde reconnaissance.
Dans tout ceci, nous voyons comment Dieu trouve son plaisir à relever et à encourager ses serviteurs éprouvés. Celui qui agissait de cette manière avec Paul est encore le même aujourd'hui. Pourquoi ne sommes-nous pas remplis d'une confiance plus entière en lui?
Les Corinthiens avaient reçu Tite «avec crainte et tremblement». Ils avaient été caractérisés par «l'obéissance». La lettre de Paul leur était parvenue avec une autorité divine. Dans celle-ci, il les invitait à reconnaître que les choses qu'il leur écrivait étaient «le commandement du Seigneur» (1 Corinthiens 14: 37). Etant la parole inspirée de Dieu, cette lettre s'était imposée comme telle à leurs consciences et avait demandé leur obéissance. De nos jours, certains hommes prétendent que nous n'avons pas de raison logique d'accepter un texte comme étant la parole de Dieu, à moins qu'il ne soit authentifié par une autorité ecclésiastique. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité! Il n'en était pas ainsi au commencement, et il ne doit pas en être ainsi aujourd'hui. La parole de Dieu s'authentifie d'elle-même dans les cœurs et les consciences de ceux qui sont nés de lui.
L'obéissance des Corinthiens à la parole du Seigneur donnait pleine confiance à l'apôtre à leur égard; il pouvait dire avec joie: «en toutes choses, j'ai de la confiance à votre égard». Était-ce une surestimation quelque peu exubérante de sa part, le fruit des sentiments contrastés qu'il venait d'éprouver? Pas du tout! C'était l'expression d'un sobre jugement. Les croyants peuvent montrer de sérieux manquements et être blâmables à plusieurs titres, mais s'ils reconnaissent la voix de Dieu dans sa Parole et se soumettent à ses instructions, il n'y a rien à craindre à leur sujet. Tout ira bien.
Ce n'est pas que les Corinthiens tremblaient devant Tite, ou que la crainte de Paul pesait sur leurs esprits, en raison de ses lettres «graves et fortes». La réalité, c'est que malgré toutes leurs erreurs, ils tremblaient devant la parole de Dieu.
Qu'en est-il de nous? Notre temps est particulièrement marqué par une absence de respect de la parole de Dieu. Dans beaucoup de milieux de la profession chrétienne, la Bible est considérée comme un document qui doit être soumis à la critique. Prenons garde à ne pas être contaminés par ce mode de pensée! Paul pourrait-il avoir en toutes choses de la confiance à notre égard? Sommes-nous caractérisés par la soumission et l'obéissance à la Parole de Dieu?
À suivre