Les songes de Joseph (Genèse 37: 5-11)

A. Helling

Ici commence une nouvelle étape de la vie de Joseph, une relation particulière avec Dieu. L'Éternel se révèle à lui par des songes et lui communique par ce moyen ses pensées et ses desseins. Les deux songes qui nous sont rapportés contiennent l'histoire future de Joseph et, en type, l'histoire du Seigneur Jésus.

 Bien que Joseph ait connu l'état du cœur de ses frères, il n'a pas hésité à leur communiquer ce qui lui avait été révélé. De même, pendant son service sur la terre, le Seigneur Jésus a fidèlement fait connaître les pensées de Dieu à ses disciples et au peuple. Il leur a communiqué les paroles qu'il avait reçues du Père. Il avait pour tous un message de salut et de paix, mais aussi d'avertissement. Il a été le témoin fidèle et véritable.

Le premier songe de Joseph se rapporte à la terre. Sur un champ fauché, des hommes sont occupés à lier le blé en gerbes. Et voilà que la gerbe de Joseph se dresse, tandis que les gerbes de ses frères viennent s'incliner devant la sienne. Au récit du songe, les frères de Joseph lui demandent: «Est-ce que tu dois donc régner sur nous? Domineras-tu sur nous?»

Dans la gerbe de Joseph, nous avons une image du Fils de l'homme, de Jésus Christ. Israël a rejeté son Messie et son Roi et a dit: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous». Et ainsi «il a été retranché de la terre des vivants» (Ésaïe 53: 8). Mais il a été ressuscité d'entre les morts le troisième jour. Comme le grand vainqueur, il est sorti du tombeau que des soldats gardaient en vain. Il n'était pas possible qu'il soit retenu par la mort (Actes des Apôtres 2: 24). «Christ, ayant été ressuscité d'entre les morts, ne meurt plus; la mort ne domine plus sur lui» (Romains 6: 9).

La gerbe des prémices, qui était offerte «le lendemain du sabbat», nous présente en figure le Seigneur Jésus dans sa résurrection (Lévitique 23: 9-14). «Christ a été ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis» — il est les prémices de la nouvelle moisson (1Corinthiens 15: 20). Il peut se présenter comme «le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre» (Apocalypse 1: 5). Le lion de Juda a vaincu à Golgotha. C'est pourquoi Dieu lui a donné toute autorité dans le ciel et sur la terre. Tout genou se ploiera devant lui, et toute langue confessera qu'il est le Seigneur (Philippiens 2: 9-16). Le jour vient où Christ régnera sur toute la terre, et où il sera reconnu par tous comme Seigneur et Roi (Ésaïe 32: 1; 11: 10-16). Son peuple terrestre — «un peuple de franche volonté, au jour de sa puissance» (Psaumes 110: 3) — l'acclamera en lui disant: «Tu es plus beau que les fils des hommes; la grâce est répandue sur tes lèvres; c'est pourquoi Dieu t'a béni à toujours» (Psaumes 45: 2).

Le second songe de Joseph se rapporte aux cieux. Le Messie, le roi des Juifs, rejeté sur la terre, a pris place dans le ciel selon le premier verset du psaume 110: «L'Éternel a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds». Il est «monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplît toutes choses» (Éphésiens 4: 10). «Nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties; mais nous voyons Jésus… couronné de gloire et d'honneur» (Hébreux 2: 8, 9).

Le royaume terrestre dont il est question dans le premier songe sera en étroite relation avec le ciel. Le royaume millénaire du Messie sera gouverné, administré et béni d'en haut. Il y aura dans ce royaume une gloire terrestre et une gloire céleste, mais tout sera dans une merveilleuse et parfaite harmonie. Tous honoreront le Fils (Jean 5: 23). C'est là la signification principale de ces deux songes.

Cette place glorieuse et merveilleuse — aussi bien terrestre que céleste — le Seigneur Jésus se l'est acquise. Elle lui appartient de droit en raison des indicibles souffrances qui ont été sa part, de son abaissement profond et de son obéissance jusqu'à la mort de la croix. «Il verra du fruit du travail de son âme et sera satisfait» (Ésaïe 53: 11). «Il va en pleurant, portant la semence qu'il répand; il revient avec chant de joie, portant ses gerbes» (Psaumes 126: 6).

Comme le montre la réponse des frères de Joseph, le premier songe évoque surtout la glorification de Christ comme Messie et Roi d'Israël. Le second songe nous présente davantage sa glorification comme Fils de Dieu et fils de l'homme, à laquelle les nations ont aussi leur part.

A la fin de sa course terrestre, ayant prêché, «travaillé en vain» et «consumé sa force pour le néant» (selon les termes d'Ésaïe 49: 4-6), le Seigneur parlait de sa mort, de sa résurrection, de sa séance à la droite de la puissance de Dieu et de sa venue avec les nuées du ciel (Marc 14: 62; Luc 22: 69). Ainsi, ses paroles dans les derniers jours et les dernières heures de sa présence sur la terre font aussi davantage ressortir ses relations célestes avec son Père. C'est ce que nous trouvons spécialement dans l'évangile de Jean (cf. 13: 1). Au chapitre 17, le Seigneur quitte en quelque sorte cette terre et prend sa place dans le ciel: «Je ne suis plus dans le monde, et ceux-ci sont dans le monde, et moi, je viens à toi» (verset 11). Tout cela, nous le trouvons préfiguré dans les deux songes de Joseph.

La réaction de ses frères, leur hostilité, est la même lors du récit des deux songes. Nous avons là l'image de l'homme naturel, non régénéré, dans son incrédulité et son inimitié contre Christ — qu'il s'agisse des Juifs ou des nations.

A ce moment-là, Jacob lui-même ne peut s'élever au niveau des pensées de Dieu. C'est ce que nous voyons lorsque Joseph lui communique son second songe. Il le réprimande en lui disant: «Qu'est-ce que ce songe que tu as songé? Est-ce que moi, et ta mère, et tes frères, nous viendrons nous prosterner en terre devant toi?» (Genèse 37: 10). Jacob se montre alors dans l'incapacité de saisir les pensées de Dieu au sujet de Joseph. Nous voyons quelque chose de semblable chez les parents du Seigneur Jésus, lorsque sa mère lui dit: «Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi?» (Luc 2: 48).

Joseph n'a rien répliqué à son père, et cela était tout à fait convenable. Mais le Seigneur Jésus a rappelé à ses parents qu'il y avait pour lui une relation prioritaire, une relation céleste avec son Père. Cependant, il est dit ensuite: «Il descendit avec eux, et vint à Nazareth, et leur était soumis» (verset 51).

On peut remarquer que le père de Joseph a éprouvé en ce moment un autre sentiment que ses fils incrédules. Il est dit de lui: «Il gardait cette parole» (Genèse 37: 11). Pareillement, il est dit de la mère de Jésus: «Et elle conservait toutes ces paroles dans son cœur» (Luc 2: 51).

Comme les parents de Jésus, les disciples n'étaient pas à même de s'élever au niveau des pensées du Seigneur. Ils ne pensaient guère qu'à un déploiement de sa puissance sur la terre; ils attendaient son royaume. Néanmoins leurs noms étaient écrits dans les cieux. Ils étaient tous marqués par la faiblesse, mais ils aimaient le Seigneur, le suivaient, le servaient et rendaient témoignage de lui.