La soumission

J.A. Monard

Ce texte fait suite à l'article «L'AUTORITE» paru dans le numéro précédent. Ici nous considérerons successivement:

  • la soumission à Dieu, fondement de tous les autres genres de soumission,
  • la soumission à tout ordre humain, celui-ci étant considéré comme établi de Dieu,
  • la soumission à nos frères et sœurs dans la foi, ou l'esprit de soumission.

L'exemple de l'homme parfait

Avant de nous arrêter sur les différents sujets mentionnés, portons nos regards sur l'exemple de soumission que nous donne le Seigneur Jésus dans son humanité parfaite. Lorsqu'il était enfant, tout en étant entièrement conscient de la gloire divine de sa personne, il était «soumis» à ses parents (Luc 2: 49, 51).

Durant son service, c'était ses délices «de faire la volonté» de celui qui l'avait envoyé et «d'accomplir son œuvre» (Jean 4: 34). Sa volonté à lui ne pouvait être que parfaite, mais il l'effaçait devant la volonté de son Dieu et Père: «Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé» (Jean 5: 30). «Je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé» (6: 38).

Et au-devant des heures terribles de la croix, sachant parfaitement ce qu'il allait endurer et en en ressentant le poids écrasant, il ne pouvait que désirer ardemment en être épargné et supplier Dieu de faire passer cette coupe loin de lui. Mais encore une fois, à cette heure suprême, il s'incline devant la volonté de son Père: «Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite» (Luc 22: 42).

La soumission à Dieu

Être soumis à Dieu, c'est non seulement lui obéir en tout ce qu'il a commandé, c'est aussi accepter sa volonté, quelle qu'elle soit. Pour l'homme naturel, une telle acceptation est impossible, car son cœur est caractérisé par la rébellion et l'indépendance. Mais celui dont l'entendement est renouvelé peut apprendre à «discerner la volonté de Dieu» (Romains 12: 2). Par la foi, il peut saisir qu'elle est «bonne et agréable et parfaite» et s'y soumettre de cœur. Mais il faut parfois un grand travail de Dieu dans nos âmes pour que ce résultat soit atteint.

Au début de ses épreuves, Job a montré une soumission remarquable. Dépouillé de tout, il dit: «L'Éternel a donné, et l'Éternel a pris; que le nom de l'Éternel soit béni!» (Job 1: 21; cf. 2: 10). Puis la soumission lui a gravement manqué, et, accablé par l'épreuve, il a élevé devant Dieu tous ses «pourquoi?» Mais finalement, il a été amené à se juger lui-même d'une manière qui nous est en exemple (cf. 39: 36-38; 42: 6).

La soumission brillait en David quand, injustement traité et maudit par Shimhi, il recevait la malédiction comme de la part de Dieu (2 Samuel 16: 10). Les instruments par lesquels Dieu discipline ses enfants sont souvent des hommes. Mais en recevant de Sa main la discipline qu'il nous envoie par eux, nous serons «soumis au Père des esprits» (Hébreux 12: 9).

«La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas» (Romains 8: 7). Soyons bien conscients de cette tendance de nos cœurs naturels à l'insoumission, proche parente de l'orgueil.

On peut distinguer différents aspects de la soumission à Dieu.

  • Il y a la soumission à sa Parole. Nous recevons tout ce qu'il dit sans élever aucune objection. C'est la foi.
  • Il y a la soumission à sa volonté quant à notre marche. C'est l'obéissance.
  • Il y a la soumission à sa volonté quant aux circonstances par lesquelles il nous fait passer, c'est-à-dire à sa discipline. C'est ce qu'on peut appeler «un esprit brisé» (cf. Psaumes 51: 17).

Jacques nous montre que la soumission va de pair avec l'humilité. Après avoir rappelé: «Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles», il ajoute: «Soumettez-vous donc à Dieu» (Jacques 4: 7).

La soumission à tout ordre humain

«Soyez donc soumis à tout ordre humain pour l'amour du Seigneur» (1 Pierre 2: 13). Par ces mots, l'apôtre Pierre introduit ses exhortations à la soumission, qu'il développe ensuite dans trois cadres particuliers: celui des autorités civiles (versets 13, 14), celui des domestiques (verset 18) et celui des épouses (3: 1).

Il y a dans la société humaine un certain ordre; il y a des personnes qui ont une place plus élevée que d'autres. D'une part, devant Dieu, tous les hommes sont égaux et «il n'y a pas d'acception de personnes auprès de lui» (Éphésiens 6: 9). A ceux qui ont été «baptisés pour Christ» et qui ont «revêtu Christ», il est dit: «Il n'y a ni Juif, ni Grec; il n'y a ni esclave, ni homme libre; il n'y a ni mâle, ni femelle; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus» (Galates 3: 28). Mais d'autre part, il y a, pour le temps où nous sommes sur la terre, un «ordre humain» que Dieu reconnaît et nous demande de reconnaître.

Cet ordre humain comporte des relations de subordination que Dieu lui-même a instituées; ce sont celles de la famille: entre mari et femme, entre parents et enfants. Il comporte aussi des relations qui caractérisent le monde où nous vivons, et que nous avons à accepter comme venant de Dieu, même si elles résultent de positions d'autorité que des hommes ont indûment accaparées. Lorsqu'un homme ambitieux parvient à renverser le gouvernement et à prendre le pouvoir par la force et la violence, on ne peut pas dire que c'est Dieu qui l'a conduit à cela. De même, lorsque des hommes se sont assujetti comme esclaves leurs captifs de guerre, ils ont commis des actes hautement répréhensibles. Mais, dans ce monde si gravement marqué par le péché et ses conséquences, le chrétien a le privilège d'être soumis au Seigneur.

La soumission à l'autorité humaine qui est au-dessus de nous est en fait l'acceptation de l'autorité de Dieu. Si nous avons à être soumis à tout ordre humain, c'est «pour l'amour du Seigneur».

La soumission aux autorités

Pierre évoque en quelques mots ce sujet (1 Pierre 2: 13-17). Paul le développe de façon plus détaillée en Romains 13. Il écrit notamment: «Que toute âme se soumette aux autorités qui sont au-dessus d'elle; car il n'existe pas d'autorité, si ce n'est de par Dieu; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu; de sorte que celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordonnance de Dieu» (versets 1, 2). Le roi, le gouverneur ou le magistrat est présenté comme «serviteur de Dieu» pour louer celui qui fait le bien et punir celui qui fait le mal. Il s'agit de lui être soumis «non seulement à cause de la colère» — c'est-à-dire de la punition possible — «mais aussi à cause de la conscience» — c'est-à-dire pour avoir une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes (verset 5).

Lors de sa comparution devant Pilate, le Seigneur Jésus n'a aucunement contesté l'autorité du gouverneur, bien que celui-ci ait abusé de son pouvoir et ait agi contre toute justice. Avec la dignité de celui qui possédait tous les droits mais y renonçait alors, il a rappelé à Pilate de qui il détenait le pouvoir et devant qui il était responsable de rendre la justice: «Tu n'aurais aucun pouvoir contre moi, s'il ne t'était donné d'en haut» (Jean 19: 11).

Au cours des siècles, de nombreux chrétiens fidèles se sont trouvés occasionnellement dans la nécessité de ne pas se soumettre aux autorités, lorsqu'elles prescrivaient ce qui était contraire à la volonté de Dieu. Comme les apôtres en Actes 5, ils ont agi selon le principe: «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes» (verset 29).

La soumission du chrétien à l'autorité établie est un des éléments de son témoignage devant le monde. Elle ferme la bouche aux personnes mal intentionnées qui voudraient accuser les chrétiens d'insoumission à l'ordre public: «C'est ici la volonté de Dieu, qu'en faisant le bien vous fermiez la bouche à l'ignorance des hommes dépourvus de sens» (1 Pierre 2: 15). Dans le verset qui suit, le chrétien est considéré tout à la fois «comme libre» — ayant été placé par Dieu dans la liberté — et «comme esclave de Dieu». Que cette liberté ne soit pas utilisée «comme voile de la méchanceté» (verset 16), comme prétexte pour accomplir sa propre volonté!

La soumission des esclaves ou des domestiques

Pour nous qui vivons dans une société qui a aboli l'esclavage, les directives données aux esclaves pourraient, de prime abord, paraître désuètes. En fait, elles s'appliquent à tous ceux qui travaillent sous l'autorité d'un chef, donc à la plupart des chrétiens, quel que soit leur niveau de responsabilité dans les entreprises où ils travaillent. Quant aux écoliers et étudiants, ils ont manifestement des maîtres à qui ils doivent la soumission.

L'esclavage, au sens strict du terme, résultait souvent d'actions guerrières, d'oppressions ou de violences, toutes choses produites par la méchanceté de l'homme. Mais ni le Seigneur ni les apôtres n'avaient la mission d'établir la justice sur la terre. Le jour viendra où les droits des opprimés seront revendiqués et où, sous le sceptre de Christ, la justice régnera. Mais, en attendant, le chrétien doit être soumis au Seigneur dans les relations où il se trouve placé. Il sera attentif aux recommandations faites aux esclaves, s'il a des supérieurs, et à celles qui sont faites aux maîtres, s'il a des personnes sous ses ordres.

La soumission aux maîtres est touchée au moins cinq fois dans les épîtres.

En 1 Pierre 2: 18-20, la soumission des domestiques est requise, même s'ils ont des maîtres «fâcheux», et qu'ils doivent souffrir injustement. Il y a certainement là un principe général: celui qui doit la soumission n'est pas dispensé de son obligation si celui qui a l'autorité sur lui ne s'acquitte pas correctement des devoirs qui sont les siens. Dans les versets qui suivent, Pierre saisit l'occasion de cette mention de souffrances injustement subies pour tourner nos regards vers les souffrances du Seigneur Jésus.

En 1 Timothée 6, la soumission des esclaves doit être réalisée «afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés» (verset 1). C'est la même pensée que celle que nous avons rencontrée en 1 Pierre 2: 15 au sujet de la soumission aux autorités. L'insoumission des chrétiens amènerait un déshonneur sur Christ dont ils portent le nom.

En Tite 2: 9, 10, l'apôtre va plus loin. La soumission des esclaves à leurs maîtres est un témoignage d'une telle valeur qu'elle constitue un ornement de la doctrine chrétienne: «…afin qu'ils ornent en toutes choses l'enseignement qui est de notre Dieu sauveur». Quel encouragement pour tous ceux qui travaillent sous l'autorité d'autrui!

Dans les deux passages très semblables d'Éphésiens 6: 5-8 et de Colossiens 3: 22-25, il est dit aux esclaves: «obéissez à vos maîtres». L'obéissance, tout en exprimant la pensée générale de la soumission, se rapporte à des ordres donnés, à des directives énoncées par celui qui détient l'autorité. L'apôtre exhorte les esclaves à servir leurs maîtres non seulement lorsqu'ils sont observés mais toujours, et à le faire de bon cœur, joyeusement. Il conclut: en servant vos maîtres, «vous servez le Seigneur Christ» (Colossiens 3: 24). Tous ceux qui occupent une place de subordonné peuvent serrer cette parole dans leur cœur.

La soumission des enfants

Comme dans le cas des esclaves, cette soumission se manifeste sous forme d'obéissance (Éphésiens 6: 1-3; Colossiens 3: 20). «Cela est juste», «cela est agréable dans le Seigneur». Déjà dans la loi de Moïse, Dieu avait attaché une bénédiction particulière à cette obéissance, et le Nouveau Testament le rappelle expressément (Éphésiens 6: 3). Que les enfants qui connaissent le Seigneur Jésus aient à cœur de faire contraste avec les enfants de ce monde, dont le caractère est d'être «désobéissants à leurs parents». Cela est dit des païens (Romains 1: 30) et des nations christianisées des temps de la fin (2 Timothée 3: 2).

Les parents chrétiens ont, quant à eux, le devoir de tenir leurs enfants soumis (1 Timothée 3: 4), c'est-à-dire d'exercer sur eux la bienveillante autorité qui leur est confiée.

La soumission de la femme

Il s'agit tout d'abord de la soumission de la femme à son mari (Romains 7: 2; Éphésiens 5: 22, 24; Colossiens 3: 18; Tite 2: 5; 1 Pierre 3: 1, 5), mais il s'agit aussi de l'attitude générale de la femme vis-à-vis de l'homme. Sa longue chevelure ou sa «tête couverte» sont des signes extérieurs de cette soumission (1 Corinthiens 11: 10). Son silence dans l'assemblée en est également la manifestation (1 Corinthiens 14: 34; 1 Timothée 2: 11).

Dans le monde égalitaire où nous vivons, tout cela est considéré comme discriminatoire ou désuet, mais celui qui est soumis à la parole de Dieu n'a pas honte de se distancer du monde, et dans ses pensées et dans son comportement.

L'épître aux Éphésiens met en évidence le parallèle entre la soumission de la femme à son mari et la soumission de l'assemblée à Christ (5: 24). Et elle en montre la contrepartie: l'amour du mari et — ce qui en fournit le modèle — le merveilleux amour de Christ qui s'est livré lui-même pour celle qu'il a aimée (verset 25).

La soumission à nos frères et sœurs dans la foi

La soumission aux anciens et aux conducteurs

«Pareillement, vous, jeunes gens, soyez soumis aux anciens» (1 Pierre 5: 5). Ce chapitre commence par une exhortation aux anciens quant à la manière dont ils ont à paître le troupeau de Dieu. Le caractère d'ancien n'est pas une affaire d'âge, mais correspond à une fonction confiée par le Seigneur pour le bien des siens. Les anciens ont à surveiller les brebis du Seigneur et à leur montrer le chemin, non en «dominant» sur elles, «mais en étant les modèles du troupeau» (verset 3). Les jeunes gens, quant à eux, ont à être soumis aux anciens; c'est ainsi qu'ils montreront de l'humilité.

Mais une telle attitude n'est pas requise des jeunes gens seulement.

Parmi les différentes «fonctions» qui s'exercent dans le corps de Christ, et auxquelles correspondent des «dons de grâce différents», l'Écriture mentionne «celui qui est à la tête» (Romains 12: 8), «ceux qui travaillent parmi vous, et qui sont à la tête parmi vous dans le Seigneur, et qui vous avertissent» (1 Thessaloniciens 5: 12) et «vos conducteurs» qui «veillent pour vos âmes, comme ayant à rendre compte» (Hébreux 13: 17). Il s'agit pour nous tous de les reconnaître, de «les estimer très haut en amour à cause de leur œuvre, de leur «obéir» et de leur «être soumis». S'ils montrent le bon chemin, c'est en tout premier lieu par l'exemple. Ils sont attentifs au bien des âmes, «comme ayant à rendre compte» à Dieu à leur sujet. L'attitude de soumission de ceux qui bénéficient de leur service leur permet d'accomplir celui-ci «avec joie, et non en gémissant».

La soumission comme principe général

Immédiatement après son exhortation «Jeunes gens, soyez soumis aux anciens», l'apôtre Pierre ajoute: «et tous, les uns à l'égard des autres, soyez revêtus d'humilité; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles» (1 Pierre 5: 5). Comme Jacques dans son épître, il lie étroitement la soumission à l'humilité — une humilité qui doit nous caractériser «tous, les uns à l'égard des autres» (cf. Jacques 4: 6, 7).

De même, dans l'épître aux Éphésiens, l'apôtre Paul nous donne des exhortations pratiques en vue de «garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix». Les premiers éléments nécessaires pour cela sont: l'humilité, la douceur, la longanimité et le support dans l'amour (4: 1, 2). Et avant d'aborder les relations de subordination particulières dont nous avons déjà parlé, il pose le principe général: «étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ» (5: 21).

Ici nous sommes tous concernés. Nos goûts, nos préférences, notre estimation des choses, notre avis personnel… doivent savoir s'effacer devant ceux de nos frères dans la foi. Bien sûr, ce qui doit être dominant dans nos cœurs, c'est «la crainte de Christ». Il ne s'agit pas de mettre les pensées des hommes au niveau ou au-dessus de l'enseignement de la parole de Dieu. La crainte de Christ nous amène à faire de sa Parole un absolu, alors que les pensées humaines les meilleures sont toujours marquées d'infirmité. Néanmoins, le Seigneur nous demande une attitude de soumission les uns aux autres. «As-tu vu un homme sage à ses propres yeux? Il y a plus d'espoir pour un sot que pour lui» (Proverbes 26: 12).

Que Dieu nous donne un esprit de soumission, pour notre propre bien, pour le bien de nos frères et sœurs, pour le bien des assemblées, et pour sa gloire!