La consolation d'Israël (suite et fin) - Ésaïe 40
La grandeur de Dieu (versets 12-31)
Le Messie, le futur Rédempteur et Roi d'Israël, est en même temps le Dieu éternel. Ésaïe vient justement de l'annoncer lorsqu'il a dit: «Voici votre Dieu! Voici, le Seigneur l'Éternel viendra avec puissance, et son bras dominera pour lui. Voici, son salaire est avec lui, et sa récompense devant lui» (verset 10). En outre, il a déjà annoncé que le Roi à venir est le Fils de Dieu, même s'il l'a fait en des termes moins clairs que les écrivains du Nouveau Testament, qui ont révélé le mystère de la filiation éternelle du Seigneur Jésus. Le nom d'Emmanuel (Dieu avec nous) devait être donné au Fils de la vierge (Ésaïe 7: 14; cf. Matthieu 1: 23), et les noms «Merveilleux, Conseiller, Dieu Fort, Père du siècle, Prince de paix» devaient être ceux de l'enfant dont le prophète dit: «Un enfant nous est né, un fils nous a été donné» (Ésaïe 9: 5; cf. Luc 1: 31-35).
Dieu ne nous a dévoilé toute la gloire de son Fils que dans le Nouveau Testament. Il est le Fils éternel, le Créateur qui est devenu homme pour révéler Dieu et pour accomplir l'œuvre de la rédemption en faveur des pécheurs perdus (cf. Jean 1: 1-3; Colossiens 1: 15, 16; Hébreux 1: 2). Maintenant glorifié dans le ciel, il est le Chef de son assemblée. Mais il exercera un jour, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le gouvernement sur Israël, son peuple terrestre, et sur le monde entier.
Sa grandeur et sa gloire comme créateur et comme conservateur de toutes choses sont maintenant présentées dans ce passage. En contraste avec les vaines idoles, il est le Dieu vivant et vrai, qui est au-dessus de tout, et qui n'a pas oublié son peuple dans les temps les plus difficiles.
Sa grandeur comme Créateur (versets 12-17)
En premier lieu est placée devant nos regards sa grandeur comme Créateur. Il a pour ainsi dire mesuré les eaux des mers et des océans dans le creux de sa main, fixé de ses doigts les limites de l'étendue des cieux, mesuré la poussière de la terre dans un boisseau, pesé les montagnes et les collines dans une balance et ainsi établi leur hauteur. Ces images nous font voir que la création, si immense qu'elle soit pour nous, est toute petite aux yeux du Créateur tout-puissant. Les questions posées au verset 12 mettent en lumière l'inanité de l'homme face à la grandeur de Dieu. La réponse à chacune d'elles est: Dieu.
Une deuxième série de questions apparaît aux versets 13 et 14. Elles rappellent à l'homme la parfaite connaissance de Dieu. Quelle créature pourrait prétendre avoir dirigé l'Esprit de l'Éternel, l'avoir conseillé ou instruit? Job a dû entendre des questions semblables de la bouche de Dieu, et se trouver sans réponse devant lui (Job 38-42). A chacune des questions posées ici, la réponse est incontestablement: personne. Quelle merveille pour nous de pouvoir contempler les desseins de Dieu, dans lesquels personne n'a été son conseiller! Nous mesurons combien grande est la grâce avec laquelle il s'est penché aussi bien vers Israël, son peuple terrestre, que vers nous, pécheurs perdus d'entre les nations.
Comme troisième témoignage de la grandeur de Dieu, il est fait mention de son élévation au-dessus de tous les peuples de la terre. «Voici, les nations sont réputées comme une goutte d'un seau, et comme la poussière d'une balance; voici, il enlève les îles comme un atome» (verset 15). La vanité et l'insignifiance de l'homme — et de l'humanité tout entière — aux yeux de Dieu ne pourraient pas être exprimées d'une manière plus forte. Et pourtant Dieu ne les abandonne pas à eux-mêmes et à leur misère, mais il leur offre sa grâce.
«Toutes les nations sont comme un rien devant lui; elles sont réputées par lui comme moins que le néant et le vide» (verset 17). Il est question ici de l'immense distance entre Dieu et l'homme, infranchissable par celui-ci, et non pas d'un mépris du Créateur pour sa créature. De nombreux passages tant de l'Ancien que du Nouveau Testament attestent que Dieu ne méprise pas les peuples (voir par exemple: Deutéronome 33: 3 et Jean 3: 16).
Un Dieu incomparable (versets 18-26)
La question: «A qui donc comparerez-vous Dieu?» semble s'adresser à tous les hommes sur la terre et non seulement au peuple d'Israël, vers lequel le prophète se tournera de nouveau à partir du verset 27. Quand il s'agit de Dieu, du Dieu fort (hébr. El), il n'y a point de comparaison possible. Aucune créature ne peut se mesurer avec lui. Contrairement aux nombreuses divinités des nations, qui sont adorées sous forme d'images, il est impossible d'assimiler le Dieu invisible à quelque «ressemblance» matérielle (verset 18; cf. Colossiens 1: 15; 1 Timothée 6: 16). Un homme fortuné peut charger un artisan de lui fondre une idole et de l'ornementer d'or et d'argent; un pauvre peut aussi se faire sculpter une idole de bois — mais tous deux se trouvent sur un terrible chemin d'égarement qui se termine à la perdition éternelle (versets 19, 20). La description ironique de l'idole, à la fin du verset 20 — «une image taillée qui ne branle pas» — est reprise plus en détail aux chapitres 44 (versets 8-20) et 46 (versets 5-7).
La grandeur de Dieu et sa suprématie n'ont pas été révélées seulement à Israël. Par les quatre questions du verset 21, Ésaïe rappelle à tous les hommes qu'il est possible de comprendre «la fondation de la terre», et cela soit par le récit de la création (ce qui était particulièrement vrai pour les Israélites), soit par l'intelligence (ce qui est vrai pour tous). La contemplation de la nature et la méditation sur l'origine du monde, dans la crainte de Dieu, conduisent à reconnaître un Créateur qui est en dehors et au-dessus de la création (Psaumes 19: 1-7). Toutefois, depuis longtemps déjà, les hommes se sont détournés du Créateur, dont la «puissance éternelle» et la «divinité» pouvaient pourtant «se discerner par le moyen de l'intelligence, par les choses qui sont faites», «et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l'image d'un homme corruptible et d'oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles» (Romains 1: 18-23). Ainsi, avant l'idolâtrie, l'homme s'est détourné délibérément de Dieu. De même les théories scientifiques actuelles relatives à l'origine de l'univers s'allient le plus souvent avec le refus du récit biblique de la création.
La majesté du Dieu créateur est ensuite décrite en trois phrases qui résument tout ce qui a été dit jusque-là au sujet de sa gloire (versets 22, 23):
- Il «est assis au-dessus du cercle de la terre, et ses habitants sont comme des sauterelles» (verset 22). Nous voyons ici sa place infiniment élevée au-dessus de tout le domaine de la terre, et l'extrême petitesse de l'homme (cf. verset 15).
- Il «étend les cieux comme une toile légère, et… les déploie comme une tente pour y habiter». L'immense tente que constituent les cieux visibles, et qui n'est qu'une infime partie du cosmos connu aujourd'hui, a été étendue par Dieu comme une toile légère et comme une tente pour y habiter (cf. Psaumes 104: 2).
- Il «réduit ses chefs à néant» et «fait que les juges de la terre sont comme rien» (verset 23). Dieu n'a pas seulement créé les mondes, mais il conduit aussi leurs destinées. Il peut réduire les plus puissants souverains à néant, quand il le veut. C'est ce qui est arrivé à l'orgueilleux Nebucadnetsar qui a dû se nourrir d'herbe comme un animal, ou au blasphémateur Hérode qui a péri rongé par les vers (cf. Daniel 4: 33; Actes des Apôtres 12: 23)! Le verset 24 souligne le caractère éphémère des grands de la terre (cf. verset 7). Ils sont comme des plantes qui à peine sorties de la terre sont déjà desséchées; Dieu souffle sur eux et les emporte comme du chaume.
Une nouvelle fois la question du verset 18 est posée, cette fois-ci par Dieu lui-même: «A qui donc me comparerez-vous et serai-je égalé? dit le Saint» (verset 25). Il prend ici ce nom caractéristique du livre d'Ésaïe. Ce n'est cependant pas «le Saint d'Israël», mais d'une manière absolue «le Saint», qui est au-dessus de tous (cf. 57: 15). C'est ainsi qu'Ésaïe a pu apprendre à le connaître dans une vision, comme celui devant lequel même les séraphins doivent cacher leurs faces, parce que lui seul est parfait et pur — celui qui a les yeux trop purs pour voir le mal (Ésaïe 6; cf. Hab. 1: 13).
Malgré sa grandeur et sa sainteté, il n'abandonne pas l'univers à lui-même; il contrôle et soutient par sa toute-puissance les milliards d'étoiles qu'il a créées, dont on ne peut contempler à l'œil nu qu'une infime partie. Il connaît chacune d'elle par nom, et quand il les appelle, pas une d'elles ne manque (verset 26; cf. Psaumes 147: 4). Les lois selon lesquelles elles suivent leurs parcours sont le résultat de son décret et non pas du hasard. S'il est le créateur, il est aussi le conservateur de toutes choses et de tous les hommes, spécialement des siens (cf. 1 Timothée 4: 10).
Ses soins envers Israël (versets 27-31)
Maintenant, Dieu s'adresse de nouveau à son peuple terrestre, auquel il a déjà fait entendre des paroles si consolantes dans la première partie du chapitre (versets 1-11). Israël, dans la déception et l'amertume, se lamente: «Ma voie est cachée à l'Éternel, et ma cause a passé inaperçue de mon Dieu» (verset 27). Mais à ce peuple qui se croit abandonné de son Dieu, le prophète demande: Pourquoi parlez-vous ainsi?
L'Éternel n'avait-il pas envoyé ses prophètes aux dix tribus avant qu'elles aient été emmenées en captivité en Assyrie? N'avait-il pas fait de même avec les deux tribus avant leur déportation à Babylone? Son Fils n'a-t-il pas dû dire avec tristesse: «Jérusalem… que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu!» (Matthieu 23: 37)? Certainement, Dieu n'a pas manqué de sollicitude envers son peuple obstiné, mais celui-ci n'a pas été sensible aux soins de son amour. N'en est-il pas quelquefois de même en ce qui nous concerne? Nous nous plaignons et nous soupirons, mais nous ne voyons pas tout ce que l'amour de notre Dieu et Père a fait pour nous.
«Ne sais-tu pas, n'as-tu pas entendu, que le Dieu d'éternité, l'Éternel, créateur des bouts de la terre, ne se lasse pas et ne se fatigue pas? On ne sonde pas son intelligence» (verset 28). Les questions ressemblent à celles du début du verset 21. Le prophète rappelle à ce peuple spirituellement aveugle que l'Éternel est «le Dieu d'éternité», qui, non seulement a créé le monde, mais est aussi inlassablement en activité pour lui. Mais son intelligence insondable et l'activité qui en découle dépassent l'entendement de l'homme. Le prophète le dit un peu plus loin: «Car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées» (55: 9).
«Il donne de la force à celui qui est las, et augmente l'énergie à celui qui n'a pas de vigueur» (verset 29). Lui, qui «ne se lasse pas et ne se fatigue pas», est en mesure de donner sa force à tous ceux qui sont épuisés par les combats et les souffrances. L'apôtre Paul a appris que cette force «s'accomplit dans l'infirmité» (2 Corinthiens 12: 9). Seul celui qui reconnaît son impuissance peut la recevoir pleinement. Ce sont des principes divins toujours en vigueur. Ils trouveront un glorieux accomplissement quand le résidu croyant des Juifs, au temps de la détresse de Jacob, reconnaîtra ses voies d'égarement passées. Avec une confiance enfantine, mais encore sans la certitude de son acceptation, il se tournera vers Dieu. Les dispositions de cœur de ces croyants s'expriment dans le troisième livre des psaumes (Psaumes 73-89) et dans le troisième groupe des cantiques des degrés (Psaumes 129-131). Dans ces psaumes, nous voyons le retour du peuple dans la repentance, en même temps que la grâce et la puissance de Dieu envers les siens.
«Les jeunes gens seront las et se fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants; mais ceux qui s'attendent à l'Éternel renouvelleront leur force, ils s'élèveront avec des ailes, comme des aigles; ils courront et ne se fatigueront pas, ils marcheront et ne se lasseront pas» (versets 30, 31). La force de l'homme — même celle de la jeunesse — peut s'affaiblir et s'effondrer. Mais celui qui, dans le sentiment de sa propre faiblesse, se confie et s'attend au Seigneur, fera une tout autre expérience — même si parfois le temps d'attente peut paraître très long. Celui «qui ne se lasse pas et ne se fatigue pas» donnera toujours des forces nouvelles à ceux qui se confient en lui. Ils pourront lever leurs regards en haut et surmonter les difficultés, courir avec toute l'énergie nécessaire sans se fatiguer, et marcher avec persévérance sans se lasser.