Première épître aux Corinthiens (suite et fin)

F.B. Hole 

Chapitre 16

La dernière instruction de l'apôtre dans cette épître concerne la collecte spéciale faite à cette époque pour les croyants pauvres de Judée. Aujourd'hui, dans bien des cercles religieux, l'argent est souvent le sujet le plus important. Ici il a la dernière place. Néanmoins, il est abordé, et nous trouvons à ce propos des instructions pour tous les temps. Selon le verset 2, nous avons à donner régulièrement, et non pas au hasard. Et Dieu attend que nous donnions proportionnellement, c'est-à-dire en proportion de la prospérité qu'il nous a accordée. Sous la loi, Dieu avait fixé cette proportion à un dixième. Pour nous qui sommes sous la grâce, il n'a pas fixé de proportion; mais selon ce que nous aurons fait, nous nous exposons à entendre quelque chose de très sérieux lors du tribunal de Christ, si nous n'atteignons même pas la mesure fixée par la loi. Si tous les croyants faisaient leurs dons de manière régulière et proportionnée, il n'y aurait aucun problème d'argent dans l'œuvre du Seigneur. La division en chapitres nous empêche peut-être de voir la relation entre le verset 58 du chapitre précédent et le verset 2 de celui-ci.

Les paroles finales de l'épître, d'un caractère personnel, viennent ensuite. Les versets 5 à 12 éclairent le récit d'Actes 18: 24 à 20: 6. Paul écrivait d'Ephèse alors que prospérait l'œuvre et qu'il y avait beaucoup d'adversaires, dont l'opposition a eu son point culminant lors de l'émeute dans le théâtre. Apollos avait précédé Paul à Ephèse puis, après avoir été instruit dans la voie de Dieu par Aquilas et Priscilla, il avait visité l'Achaïe, où se trouvait Corinthe. Paul était venu à Ephèse alors qu'Apollos était à Corinthe, mais bientôt Apollos avait quitté Corinthe pour aller plus loin. De son côté, Paul avait envisagé de traverser la Macédoine et de visiter Corinthe en chemin. La visite en Macédoine a bien eu lieu, comme Actes 20 le rapporte, mais la seconde épître montre que la visite à Corinthe a été remise à plus tard. L'apôtre avait prié Apollos de faire une nouvelle visite à cette assemblée, mais celui-ci n'y avait pas tenu.

On voit ici que lorsque Dieu suscite un serviteur, celui-ci n'est responsable que devant le Seigneur qui l'envoie, et non devant un homme, fût-il apôtre. Paul n'exerçait aucune autorité sur Apollos. Le fait qu'il le prie d'aller montre qu'il n'entretenait aucun sentiment de jalousie envers cet homme doué qui était apparu récemment. Le fait qu'Apollos comprenait qu'il ne devait pas aller à Corinthe à ce moment indique probablement que celui-ci n'avait aucune envie de se mettre en avant, de peur d'attiser l'esprit de parti et de rivalité qui pouvait amener à dire: Je suis d'Apollos.

Les Corinthiens n'avaient pas été vigilants. Ils s'étaient montrés vacillants quant à la foi de l'Évangile. Ils s'étaient comportés comme de faibles enfants et non comme des hommes faits. D'où les sérieuses exhortations du verset 13. Cependant, pour garder un sain équilibre, nous ne devons pas les séparer du verset 14. Tout ce que nous faisons doit être fait «dans l'amour». Sans cela, la fermeté et la force prendront un caractère charnel, voire brutal. Etre homme, être ferme tout en manifestant l'amour, voilà ce qui est selon Dieu et qui est la vraie force.

Le verset 15 met en évidence un aspect intéressant du service. Ceux de la maison de Stéphanas s'étaient «voués au service des saints». Ils se dépensaient pour servir les croyants, sachant qu'en servant les membres de Christ, ils le servaient, lui. Il pouvait y avoir bien des choses banales ou monotones dans un tel travail, mais il était accompli pour Christ. Un service de ce genre devrait être plus fréquent. Nous le voyons hautement distingué au verset 16. C'est un exemple de ce qui est appelé «des aides», dans la liste des dons du chapitre 12 (verset 28).

Les trois derniers versets allient la solennité et la grâce. Les Corinthiens se distinguaient par leurs dons, mais ils étaient déficients quant à l'amour. C'est ce qui explique le verset 22. Prenons garde de ne pas leur ressembler. Ayons à cœur de donner à l'amour sa vraie place. Ne pas aimer le Seigneur Jésus appelle une malédiction à sa venue, lorsque toute profession sera mise à l'épreuve. «Maranatha», mot araméen et non grec, signifie: «le Seigneur vient».

Pour ceux qui aiment le Seigneur, il y a une pleine provision de grâce de sa part, et un flot d'amour de la part de ceux qui sont siens. C'est ce que montre l'affectueuse salutation de l'apôtre Paul par laquelle l'épître se termine.