L'attaque et la défaite de l'Assyrien (suite)

A. Remmers

Ésaïe 36 - 37

La lettre de Sankhérib (Ésaïe 37: 8-13)

Le Rab-Shaké est retourné de Jérusalem vers son seigneur, le roi d'Assyrie, qui entre-temps avait attaqué la ville de Libna, près de Lakis (verset 8; cf. 36: 2). Sans doute le Rab-Shaké attendait-il l'ordre de prendre Jérusalem, la ville rebelle. Cependant, par l'intervention de Dieu, les événements prennent soudain une tout autre tournure. L'agresseur est menacé et mis en déroute par d'autres puissances. Plusieurs fois dans son histoire, le peuple de Dieu a pu faire l'expérience du secours divin de cette façon-là (cf. 2 Chroniques 20: 22; Jérémie 51: 11). Ici Sankhérib entend dire que Tirhaka, roi d'Ethiopie, qui avait l'Égypte sous sa domination, était sorti pour lui faire la guerre. Il veut alors rentrer le plus tôt possible dans son pays. Mais auparavant, il envoie encore rapidement des messagers à Ézéchias (verset 9).

Menaces répétées

Cette fois-ci, les messagers ne sont que les porteurs d'une courte lettre, dont le contenu ressemble aux paroles du Rab-Shaké (versets 10-13). Cependant il y est donné expressément à Ézéchias son titre de «roi de Juda» et on n'y trouve plus de raillerie à l'égard de l'Égypte (cf. 36: 6). Ces deux faits laissent entendre que Sankhérib n'est plus aussi sûr de son affaire. Mais les deux messages concordent pleinement par leur mépris du Dieu vivant, en lequel Ézéchias se confie, et par leur arrogance (cf. 36: 7, 18-20). La lettre de Sankhérib s'achève aussi sur le rappel de ce qui était arrivé aux régions et aux villes voisines de l'Assyrie: elles avaient été assujetties depuis longtemps par ses prédécesseurs sans que leurs dieux puissent les sauver (versets 11-13; cf. 10: 9-11).

La réponse de Dieu (Ésaïe 37: 14-38)

Il est bien remarquable de voir la croissance de la foi d'Ézéchias, dans ce temps de détresse. Lors de la première attaque contre Juda, il avait pris l'or qui se trouvait dans le temple de l'Éternel et dans sa propre maison pour apaiser Sankhérib (2 Rois 18: 15, 16). Puis, quand la détresse était devenue plus grande, il s'était rendu dans la maison de l'Éternel et avait envoyé des médiateurs à Ésaïe, le prophète.

La prière d'Ézéchias

Mais maintenant, Ézéchias prend la lettre de l'ennemi, monte dans la maison de l'Éternel et la déploie devant lui (verset 14). Cette manière d'agir témoigne d'une entière confiance en son Dieu, d'une confiance enfantine. De la même manière, nous pouvons exposer nos requêtes à Dieu par des prières et des supplications (Philippiens 4: 6). Dans sa prière, Ézéchias reconnaît d'abord la grandeur et la gloire de son Dieu (verset 16). Ensuite, il se remet, lui et son peuple, entièrement entre les mains de l'Éternel des armées, du Dieu d'Israël qui est assis entre les chérubins, du Créateur des cieux et de la terre, du seul vrai Dieu (versets 15, 16). Sankhérib a effectivement dévasté tous les pays environnants et a brûlé leurs dieux — qui n'étaient que des ouvrages d'homme — mais il outrage maintenant le Dieu vivant. Ézéchias prie Celui qu'il appelle avec confiance «Éternel, notre Dieu», de les sauver de la main de l'ennemi, «afin que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul tu es l'Éternel» (versets 17-20).

Ces dernières paroles évoquent l'époque future du règne millénaire, dans laquelle, après la destruction des ennemis, «la terre sera pleine de la connaissance de l'Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (11: 9).

Le message d'Ésaïe

Dieu ne laisse pas sans réponse celui qui, dans sa détresse, a crié à lui et l'a supplié. Le prophète Ésaïe transmet de la part de Dieu un message d'encouragement au roi dans la détresse, et confirme la fin du roi Sankhérib, comme il l'avait déjà annoncée (cf. versets 6, 7). Il est «l'Éternel, le Dieu d'Israël», qui se place maintenant du côté d'Ézéchias et du peuple de Juda effrayé. Il donne d'abord à Ézéchias la certitude consolante qu'il a entendu sa prière (verset 21). Ensuite il lui fait connaître sa réponse. La première partie de celle-ci (versets 22-29) est une sentence prophétique contre le roi d'Assyrie, alors que la seconde (versets 30-35) est un encouragement adressé à Ézéchias et au peuple de Juda.

En premier lieu est annoncée à l'ennemi sa défaite devant la ville de Dieu. C'est probablement David qui a donné le beau nom de «fille de Sion» à Jérusalem (cf. Psaumes 9: 14; Ésaïe 1: 8; 10: 32; 16: 1; 52: 2; 62: 11). Cette ville lui tenait particulièrement à cœur, parce que c'était là le lieu que l'Éternel, dans sa grâce, avait choisi pour son habitation. Ce nom est précédé ici de «vierge», car Jérusalem devait ressortir invaincue et intacte du siège des Assyriens. Pendant que l'ennemi s'en retourne comme il est venu, elle le suit du regard en se moquant et en secouant la tête (verset 22; cf. Psaumes 22: 7).

La raison de cette retraite honteuse est d'emblée indiquée: Sankhérib s'est non seulement moqué du peuple de Dieu, mais il a orgueilleusement bafoué et blasphémé le Saint d'Israël (verset 23; cf. 36: 20; 37: 10, 17). Les serviteurs du roi avaient, en son nom, outragé l'Éternel et s'étaient vantés de leurs victoires sur différentes nations. Ici, il est fait mention du Liban avec ses cèdres haut élevés, des régions desséchées qui sont au sud d'Israël et finalement de l'Égypte fertile, que l'Assyrien avait conquis ou voulait encore conquérir. Dans sa présomption, il pense que rien ne peut résister à sa puissance militaire (versets 24 et 25).

Cependant, de la bouche de Celui qu'il a mis au même rang que les faux dieux des pays qu'il a conquis, le roi d'Assyrie doit entendre cette question: «N'as-tu pas entendu que j'ai fait cela dès longtemps, et que je l'ai formé dès les jours d'autrefois?» (verset 26). Ce n'est pas la grandeur de sa force qui lui a procuré toutes ces victoires, mais Celui dans la main duquel il n'est qu'un instrument. C'est seulement pour cela qu'il a été en mesure de réduire des villes fortes en monceaux de ruines et de détruire sans peine leurs habitants devenus sans force comme l'herbe des champs (verset 27; cf. 10: 5).

Cependant il a abusé de sa puissance d'une manière effroyable; et surtout, il a manifesté sa rage contre le vrai Dieu avec une insolence démesurée. Mais Celui-ci connaît parfaitement toutes ses pensées et ses voies (verset 28; cf. 10: 7-11, 13-15). Ainsi, son jugement est prononcé: «Je mettrai mon anneau à ton nez et mon frein entre tes lèvres, et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu» (verset 29). Comme un animal récalcitrant (cf. Psaumes 32: 9), Dieu le refrénera et le ramènera dans son pays (verset 29).

Après avoir prononcé ce jugement contre le roi d'Assyrie — qui d'ailleurs se poursuit dans les versets 33 à 35 — le prophète se tourne vers le peuple de Juda (verset 30). Il promet au roi Ézéchias un signe des soins de la grâce de Dieu envers son peuple éprouvé. Cette année même, les habitants du pays mangeront ce qui s'est semé de soi-même après la dernière récolte, puisqu'ils n'ont pas pu labourer leurs champs à cause du siège. Pour la même raison, ils mangeront aussi l'année suivante ce qui aura crû de soi-même. Mais la troisième année, ils sèmeront de nouveau et récolteront. Non seulement ils mangeront ce qui est nécessaire pour vivre, mais ils pourront même boire du vin, image de la joie (verset 30; cf. Psaumes 104: 15).

Les deux versets suivants décrivent le résultat du déploiement de la bonté de Dieu envers son peuple. Ils se rapportent clairement aux temps de la fin: Dieu détruira l'Assyrien lors de sa dernière attaque et bénira abondamment le résidu de son peuple. Pas plus d'un siècle après que ces paroles ont été prononcées, le peuple de Juda a été emmené en captivité à Babylone, tandis que dans un temps futur, sa délivrance sera telle qu'aucun ennemi ne le mettra en danger. Seulement alors, «ce qui est réchappé et demeuré de reste de la maison de Juda, poussera encore des racines en bas et produira du fruit en haut» (verset 31). Jérusalem et la montagne de Sion seront le point de départ et le centre de la résurrection nationale du résidu (cf. 2: 3; 4: 3; 35: 10; 51: 11).

Le résidu croyant de Juda des temps futurs, duquel Ésaïe parle si souvent, a une valeur toute particulière pour Dieu. C'est la partie du peuple terrestre qui reviendra à son Dieu dans la repentance et qu'il pourra reconnaître comme étant son peuple (cf. 10: 20-22; 11: 11-16; 28: 5; 46: 3). «La jalousie de l'Éternel des armées fera cela» (verset 32). C'est par la même parole que se termine le passage bien connu qui nous présente Celui qui aura toute autorité durant le royaume millénaire (9: 7). Ce n'est pas la jalousie et les efforts de l'homme qui opéreront cela, mais le Dieu tout-puissant, qui domine sur toutes choses et qui ne donne pas sa gloire à un autre (cf. 42: 8).

La délivrance

Cependant le message de Dieu par le prophète n'est pas encore à son terme. L'Éternel annonce à Ézéchias et à son peuple quelle sera la fin du roi d'Assyrie. Celui-ci ne pourra ni prendre la ville, ni même l'assaillir ou en faire le siège. Il n'entrera pas dans la ville de Dieu, mais s'en retournera par le chemin par lequel il est venu (versets 33, 34). C'est la confirmation expresse des dernières paroles adressées à Sankhérib au verset 29. Dieu lui-même protégera et sauvera Jérusalem. Cependant, ce ne sont pas la fidélité et l'obéissance de son peuple qui en sont le motif, mais sa propre gloire et sa souveraine grâce — et cela, «à cause de David», son serviteur, l'homme selon son cœur, le type du roi qui, un jour, régnera en justice (verset 35).

Le roi Ézéchias n'a pas à attendre longtemps l'exaucement de sa prière et l'accomplissement de la prophétie. «Cette nuit-là», l'Éternel envoie un messager céleste (cf. 2 Rois 19: 35). Un seul ange tue une armée de 185 000 soldats (verset 36). Quel tableau de la puissance du Dieu d'Israël! C'est le même Dieu que nous connaissons comme notre Dieu et Père en Christ. Sa puissance est la même, bien qu'elle se manifeste aujourd'hui en faveur des siens d'une tout autre manière (cf. Éphésiens 1: 19). Battu de cette façon, mais lui-même épargné, le roi de la plus puissante nation de l'époque s'en retourne dans son pays (verset 37). C'est ainsi que s'accomplit la parole de l'Éternel.

Cependant Sankhérib ne profite pas, comme Nebucadnetsar plus tard, de l'enseignement que Dieu lui donne (cf. Daniel 4: 34-37). Il demeure un idolâtre jusqu'à sa fin. La mort le surprend alors qu'il se prosterne dans la maison de Nisroc, son dieu. Ses propres fils le frappent là avec l'épée. Ainsi s'accomplit ce qu'Ésaïe, le prophète du seul vrai Dieu, avait prédit (verset 7). L'ennemi est vaincu; l'époque du cruel Sankhérib est terminée. «Et Esar-Haddon, son fils, régna à sa place» (verset 38). Après la mort d'Esar-Haddon, la puissance de l'Assyrie déclina et finalement, Ninive, la capitale de l'Assyrie, succomba aux attaques des Babyloniens et des Mèdes.

La destruction de l'armée assyrienne devant Jérusalem par l'ange de Dieu n'est qu'une ombre de la destruction du roi du nord dans les temps à venir. De même la délivrance et la bénédiction de Juda sous le règne d'Ézéchias ne sont qu'une faible image de la complète délivrance future et de la gloire définitive du peuple de Dieu. L'épisode de la menace de Jérusalem par Sankhérib contient aussi un enseignement prophétique concernant le futur résidu croyant du peuple. Comme Ézéchias s'est confié humblement en l'Éternel, ainsi aussi les Juifs fidèles de ce temps attendront de Dieu seul leur délivrance.

Et pour nous, quel enseignement pratique contiennent ces chapitres! Pour notre Dieu et Père, il n'y a aucune situation dans laquelle il ne puisse ou ne veuille nous secourir. Parfois il nous laisse passer par les plus grandes difficultés, mais il le fait afin que nous apprenions toujours mieux que notre force est cachée en lui «dans la tranquillité et dans la confiance» (30: 15). En cela, le pieux roi Ézéchias est un exemple lumineux pour nous.