La bénédiction du règne de paix (Ésaïe 35)

A. Remmers

Le pays d'Israël dans le règne millénaire (versets 1-7)

Le glorieux avenir du pays d'Israël est ici en contraste absolu avec la dévastation définitive du territoire d'Edom décrite au chapitre précédent. Après la longue période de discipline et de jugements sévères que doit connaître Israël, le règne millénaire apportera un glorieux renouveau, non seulement au peuple lui-même mais aussi à son pays. Pendant des siècles, le territoire autrefois «ruisselant de lait et de miel» a été une contrée misérable, pleine de marécages et de steppes. En dépit des nombreux travaux de culture et des immenses améliorations réalisés par les Juifs rentrés dans leur pays durant le dernier siècle, le sud du pays se compose encore aujourd'hui, en partie, d'un désert et de régions désertiques. Mais aux «temps du rétablissement de toutes choses», Dieu opérera des bouleversements climatiques et biologiques par lesquels «le désert et la terre aride se réjouiront; le lieu stérile sera dans l'allégresse, et fleurira comme la rose» (verset 1; cf. Actes des Apôtres 3: 21).

Cette prédiction, déjà évoquée aux chapitres 14 (verset 7) et 32 (verset 15), ne se rapporte ni au retour du résidu des deux tribus de Juda et Benjamin après la captivité babylonienne, ni à la formation de l'assemblée de Dieu dans la dispensation actuelle. (Nous mentionnons cela parce que plusieurs ont pensé pouvoir appliquer à l'Église toutes les prophéties relatives au peuple d'Israël.) Mais cette prédiction s'accomplira littéralement dans le règne millénaire. L'enseignement du Nouveau Testament le confirme. «La création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Car nous savons que toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu'à maintenant» (Romains 8: 21, 22). Ce n'est pas dans l'éternité que cette «vive attente» de la création trouvera satisfaction, car alors la création actuelle n'existera plus. Le ciel et la terre auront passé pour faire place à un nouveau ciel et à une nouvelle terre (2 Pierre 3: 10-13; Apocalypse 20: 11; 21: 1). Mais auparavant, pendant «l'administration de la plénitude des temps», c'est-à-dire dans le règne millénaire, Dieu réunira en un toutes choses dans le Christ — celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre (Éphésiens 1: 10).

Car Christ a été «établi héritier de toutes choses» (Hébreux 1: 2). Quant à nous qui croyons en lui maintenant, nous serons aussi glorifiés avec lui, nous hériterons avec lui et nous régnerons avec lui. C'est un privilège qui dépasse de beaucoup les bénédictions du peuple terrestre dans le règne de paix (Romains 8: 17; 2 Timothée 2: 12). Il est vrai aussi que durant le règne millénaire, Israël sera richement béni non seulement matériellement mais spirituellement (11: 1-10; 29: 17; 41: 18-20; Ezéchiel 34: 23-31; Joël 2: 21-32).

Toutefois, dans notre chapitre, il ne s'agit pas d'une bénédiction spirituelle, mais terrestre, matérielle. La terre — et tout particulièrement le pays d'Israël — connaîtra un temps de fertilité encore jamais vu et un changement complet des conditions naturelles ayant eu cours jusqu'alors. Les parties les plus bénies du pays, le Liban, le Carmel et le Saron sont en quelque sorte la mesure de la gloire et de la magnificence qui rempliront le désert (verset 2; cf. 33, 9; 60: 13).

A la fin du verset 2, le regard est dirigé sur la source de toute cette gloire et de toute cette magnificence de la nature que verra le peuple terrestre de Dieu: c'est l'Éternel, le Dieu d'Israël. Son apparition en gloire dans la personne de son Fils, le Seigneur Jésus, sera le point de départ du règne millénaire, et pendant ce règne, toute la terre sera remplie de sa gloire (Matthieu 25: 31; Psaumes 72: 19; Ésaïe 60: 2). Que sera-ce pour les Juifs croyants de voir, après leurs terribles épreuves, la gloire de Christ, leur Messie ardemment désiré, Celui qu'ils ont autrefois rejeté! Alors ils le reconnaîtront comme ce qu'il est véritablement, le Seigneur, leur Dieu.

Mais d'abord doit avoir lieu pour eux le temps terrible de la grande tribulation. Au verset 3, le prophète leur adresse un encouragement: «Fortifiez les mains lassées, et affermissez les genoux qui chancellent» — paroles que l'écrivain de l'épître aux Hébreux transmet aux croyants qui, déjà au début du christianisme, étaient en danger de perdre courage sous la persécution de la part des ennemis de Christ (Hébreux 12: 12). Ésaïe poursuit: «Dites à ceux qui ont le cœur timide: Soyez forts, ne craignez pas; voici votre Dieu: la vengeance vient, la rétribution de Dieu! Lui-même viendra et vous sauvera» (verset 4). Pour l'Antichrist, l'Assyrien, Edom et ses alliés, l'apparition du Christ en puissance et en gloire sera le signal de leur juste châtiment. Mais pour son peuple si sévèrement châtié, il sera le Sauveur!

Ce temps ne sera pas seulement celui du rétablissement du royaume pour Israël, mais, dans «le siècle à venir», un tout nouvel état de choses se réalisera sur la terre, à tous égards. C'est ce que montrent les expressions employées dans d'autres passages de la Parole — «les temps de rafraîchissement», «le rétablissement de toutes choses», «la régénération» — pour désigner cette glorieuse époque (Matthieu 19: 28; Actes des Apôtres 1: 6; 3: 19, 21). D'immenses changements introduiront et accompagneront le règne de Christ. Les maladies, qui sont une conséquence du péché, n'existeront plus (versets 5 et 6; cf. 33: 24).

Les nombreuses guérisons opérées par le Seigneur Jésus, lors de sa première venue sur la terre, étaient des preuves de sa mission divine comme roi (cf. Ésaïe 53: 4; Matthieu 8: 17; 11: 2-5). Les miracles qu'il a faits, que ses disciples ont faits, et qui ont encore été accomplis dans les premiers temps de l'assemblée, sont appelés dans l'épître aux Hébreux «les miracles du siècle à venir», parce qu'ils sont en fait des signes caractéristiques du règne millénaire (Hébreux 6: 5). Quand le Seigneur apparaîtra pour la seconde fois, ce ne sera pas seulement quelques-uns mais tous les malades qui seront guéris. Sur toute la terre, il n'y aura plus d'aveugle, de sourd, de paralytique et de muet. Le Seigneur les guérira tous.

La guérison des infirmités corporelles peut sans doute avoir aussi un sens figuré, car il existe aussi une cécité, une surdité, une paralysie et une mutité spirituelles (cf. 6: 10; 29: 10, 18). Telle n'est cependant pas la signification de notre passage, où il est question du rétablissement extérieur de tout ce qui a été gâté par le péché.

C'est aussi ce que montrent les versets 6 et 7, dans lesquels sont indiquées les causes de la fertilité du désert et de la terre aride dont le verset 1 a parlé. Dans les contrées les plus sèches jailliront des sources et des rivières. A la place de régions brûlées par la chaleur, il y aura des étangs et des sources d'eau, de telle sorte que là où gîtaient auparavant les chacals, on verra croître l'herbe et les plantes des marais telles que le roseau et le papyrus (cf. 41: 18; 43: 19).

Le peuple d'Israël dans le règne millénaire (versets 8-10)

Dans le pays d'Israël, il y aura certainement beaucoup de chemins sur lesquels le peuple racheté pourra marcher dans la liberté et dans la joie. Cependant, il est fait mention ici d'un chemin particulier, appelé «le chemin de la sainteté»; il est destiné aux Juifs délivrés de leurs péchés et de tous leurs fardeaux (versets 8, 9). Ce nom nous rappelle les «chemins frayés» qui sont dans les cœurs (Psaumes 84: 5), et la déclaration d'Ésaïe: «Le chemin du juste est la droiture. Toi qui es droit, tu aplanis le sentier du juste» (26: 7). Au lieu du chemin tortueux que chacun pour lui-même a suivi jusqu'ici, il y a maintenant un chemin de sainteté que Dieu a préparé pour son peuple. Aucun homme impur à ses yeux n'y passera, et même les insensés qui le suivent ne s'égareront pas. Il ne s'y trouvera aucun danger quelconque.

Ce «chemin de la sainteté» n'est bien sûr pas une route concrète, mais le chemin sur lequel le peuple reviendra à son Dieu — ce peuple autrefois si éloigné de lui mais appelé maintenant «le peuple saint» (verset 10; cf. 43: 19; 49: 11; 62: 10-12). «Et ceux que l'Éternel a délivrés retourneront et viendront à Sion avec des chants de triomphe; et une joie éternelle sera sur leur tête». Leur joie ne prendra jamais fin, car après le règne millénaire, ils jouiront de la joie que procurera «l'habitation de Dieu avec les hommes» (cf. Apocalypse 21: 3).

Le long pèlerinage des fils d'Israël est alors terminé. Ils ont erré comme leur ancêtre Jacob et leurs jours aussi ont été «courts et mauvais», car le temps passé sans communion avec Dieu est sans valeur. Mais maintenant, ils sont arrivés au but qu'avaient toutes les voies de Dieu envers eux. «Le chagrin et le gémissement» qu'ils ont connus pendant de longs siècles, et tout particulièrement au «temps de la détresse pour Jacob», s'enfuiront pour toujours (cf. 51: 11).

Cependant, si grande que soit la bénédiction d'Israël et de toute la terre dans le règne millénaire, la part de ceux qui croient au Seigneur Jésus dans le temps actuel, celui de la grâce, est plus élevée encore. En Christ, le Fils du Père, nous avons trouvé le chemin, la vérité et la vie (Jean 14: 6). Nous entrerons avec lui dans une demeure céleste, la maison du Père, où il a préparé une place pour chacun des siens, afin que nous soyons là où il est et que nous voyions éternellement sa gloire (Jean 17: 24).