Au sujet de la justification

J.A. Monard

Question

Durant la dispensation de la loi, les hommes qui ont été justifiés devant Dieu l'ont-ils été par leurs œuvres ou par leur foi?

Réponse

Il est nécessaire de bien distinguer

  • la façon dont des hommes de cette époque ont pu être effectivement justifiés devant Dieu et
  • le principe de justification caractéristique de la loi.

La justification par la foi, dans tous les temps

Le Nouveau Testament enseigne de façon parfaitement claire que l'homme est pécheur et absolument incapable d'accomplir les commandements de Dieu. Il est donc perdu, exposé au juste jugement de Dieu, et ne peut y échapper que s'il est sauvé. Celui qui croit en Jésus Christ est «justifié gratuitement», «justifié

sur le principe de la foi» (Romains 3: 24; 5: 1). Toute tentative d'acquérir une justice devant Dieu par de bonnes œuvres, ou en accomplissant la loi divine, est vouée à l'échec.

Les hommes de l'époque de la loi n'étaient pas meilleurs que ceux de l'époque chrétienne, ni plus capables d'accomplir les commandements de Dieu. L'histoire d'Israël l'a abondamment démontré. Personne n'a donc jamais été justifié par des œuvres de loi (cf. Romains 3: 20).

Le chapitre 11 de l'épître aux Hébreux nous montre que s'il y a eu, avant la venue de Christ, des hommes qui ont plu à Dieu et qu'il peut reconnaître comme siens, ce sont ceux qui ont été caractérisés par leur foi. Le Nouveau Testament cite à plusieurs reprises l'exemple d'Abraham, le père — et en quelque sorte le modèle — des croyants. Le patriarche a été justifié par la foi, et sa foi a été rendue manifeste par ses œuvres (Romains 4: 1-5, 23, 24; Jacques 2: 21-24). Les hommes qui ont vécu avant la loi ou sous la loi et qui sont sauvés, le sont en raison de leur foi, non en raison de leurs œuvres.

Le trait essentiel de la foi, c'est qu'elle reçoit la parole de Dieu; elle la tient pour vraie. Depuis la venue de Christ, la foi s'attache nécessairement à lui comme Sauveur. Sans lui, il n'y a pas de salut. Il est la parole de Dieu faite chair, et la foi le reçoit comme tel. Avant sa venue, la foi recevait ce que Dieu avait communiqué et s'y attachait, même si ce n'était que des révélations partielles. Job craignait Dieu et se retirait du mal; c'est ainsi que sa foi se manifestait. Abraham croyait les promesses de Dieu; c'est sur cette base qu'il a été justifié (Genèse 15: 6). Les Israélites pieux mettaient leur confiance en un Dieu qui leur avait témoigné sa bonté et sa puissance; ils pouvaient compter sur la valeur des sacrifices qu'il avait prescrits et sur les ressources de la grâce de Dieu.

Israël sous la loi

La loi a été une expérience de la nature humaine et de ses capacités. Il a plu à Dieu d'y soumettre son peuple Israël. C'était une expérience nécessaire pour l'homme, mais Dieu en connaissait par avance le résultat. La loi est «intervenue» afin de mettre en évidence l'état irrémédiable de l'homme (cf. Romains 5: 20; Galates 3: 19).

L'apôtre Paul rappelle son principe: «Car Moïse décrit la justice qui vient de la loi: L'homme qui aura pratiqué ces choses vivra par elles» (Romains 10: 5)1. L'apôtre se réfère à l'un des nombreux passages de la loi de Moïse qui demande l'obéissance aux commandements de l'Éternel et promet la vie à celui qui les observe: «Et vous garderez mes statuts et mes ordonnances, par lesquels, s'il les pratique, un homme vivra» (Lévitique 18: 5). Ce principe est demeuré en vigueur durant toute l'histoire d'Israël, comme base de la dispensation de la loi, jusqu'à la venue de Christ. Par la bouche d'Ezéchiel, prophète au temps de la déportation à Babylone, l'Éternel parle encore de ses statuts et de ses ordonnances, «par lesquels, s'il les pratique, un homme vivra» (Ezéchiel 20: 11, 13, 21).

1 On peut remarquer que l'apôtre assimile «la justice» à «la vie». Dans l'Ancien Testament, «la vie» n'est pas révélée de façon claire comme étant «la vie éternelle», ou la vie de Dieu. Les termes employés peuvent bien contenir cela en germe, mais dans ce qui est explicitement dit, c'est plutôt une longue vie sur la terre, dans la jouissance des bénédictions que Dieu a promises (cf. Deutéronome 4: 1; 5: 16, 33; 8: 1; 30: 15, 16, 19, 20; 32: 47…).

Cependant, si ce principe de «la justice qui vient de la loi» est demeuré officiellement en vigueur et a été rappelé à Israël pendant toute cette dispensation, il est vrai aussi que dès son début, Dieu s'est fait connaître à son peuple comme celui qui fait grâce. En face de la faillite de l'homme, la foi a pu se rejeter sur un Dieu qui pardonne. C'est ainsi que nous voyons Moïse intercéder en faveur du peuple, alors que celui-ci a transgressé la loi au moment même où les deux tables de pierre lui ont été apportées (Exode 32). Moïse avait donné la loi, mais sa foi le conduit à la dépasser et à faire appel à la grâce. De nombreux croyants d'autrefois ont suivi son exemple et se sont appuyés sur la merveilleuse et inépuisable grâce de Dieu. C'est particulièrement le cas de David. Il dit dans le psaume 32: «Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert! Bienheureux l'homme à qui l'Éternel ne compte pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude» (versets 1, 2), et dans le psaume 34: «Aucun de ceux qui se confient en lui ne sera tenu pour coupable» (verset 22). On lit aussi dans le psaume 130: «O Jah! si tu prends garde aux iniquités, Seigneur, qui subsistera? Mais il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint» (versets 3, 4).

Dès le début de la dispensation de la loi, Dieu lui-même, dans ses communications inspirées, se révèle comme un Dieu qui pardonne. Il annonce la faillite complète d'Israël sous la loi et les jugements qui en résulteront, mais il annonce en même temps la repentance et la restauration de son peuple (cf. Lévitique 26). Ce sont comme des rayons de lumière qui viennent éclairer le chemin et soutenir la foi de ceux qui craignent Dieu.

Une période révolue

L'apôtre écrit aux Galates: «La loi a été notre conducteur jusqu'à Christ» (3: 24). Et encore: «Quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi» (4: 4, 5). Il écrit aux Romains: «Car Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant» (10: 4). Ces déclarations, confirmant ce que nous voyons aussi dans tout l'Ancien Testament, nous montrent qu'Israël est resté «sous la loi» jusqu'à la venue de Christ.

L'apôtre Paul, profondément attaché à ses frères selon la chair (les Juifs), adressait à Dieu des supplications pour eux, afin qu'ils soient sauvés (10: 1). Il leur rend témoignage qu'ils avaient «du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance» (verset 2). «Car, ignorant la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu» (verset 3). Avant la venue de Christ, les efforts que pouvaient faire les Israélites pour garder la loi n'avaient rien de blâmable. Ils pouvaient même traduire la crainte de Dieu. Les hommes qui ont estimé que leur justice était satisfaisante pour Dieu se sont placés par là dans la triste compagnie des pharisiens. Ceux dont les œuvres n'étaient que le témoignage de la foi qui était en eux se sont placés dans la compagnie d'Abraham. Dieu seul peut en juger. Mais prenons bien garde: maintenant que, «sans loi, la justice de Dieu» a été «manifestée» (cf. 3: 21), des efforts pour établir sa propre justice ne sont que de l'insoumission à la justice de Dieu. En fait, ils traduisent le rejet de Christ.