Sur la montagne de la transfiguration

J. Muller

Matthieu 17: 1-8; Marc 9: 2-8; Luc 9: 28-36

Dans cette scène unique, Christ révèle sa gloire à trois de ses disciples — Pierre, Jacques et Jean — pour leur faire connaître sa puissance et sa venue (2 Pierre 1: 16). Devant eux, il parle avec Moïse et Elie. Le thème de leur conversation, rapporté par Luc, est «sa mort qu'il allait accomplir à Jérusalem». Le Roi d'Israël, le Fils de David, aurait dû être reçu dans la ville royale; mais, en fait, le Messie allait être retranché, le Fils de l'homme devait mourir. Que le Seigneur nous accorde d'être à l'unisson avec les pensées du ciel et de la terre dans ce moment unique! Christ, sa mort et ses gloires sont le centre de cette scène merveilleuse.

Christ est transfiguré devant les disciples. L'apparence de son visage devient tout autre; il resplendit comme le soleil. Le soleil est le symbole de l'autorité suprême. Christ en est la parfaite expression. Il est «le soleil de justice» qui se lèvera un jour, avec la guérison dans ses ailes, pour ceux qui craignent le nom de l'Éternel (Malachie 4: 2). Il apportera alors le repos à une terre qui est tellement bouleversée. Quel beau moment! Mais, dans l'intervalle, nous attendons Christ comme l'étoile brillante du matin, déjà levée dans nos cœurs (2 Pierre 1: 19; Apocalypse 22: 16).

Ses vêtements deviennent blancs comme la lumière, brillants et d'une extrême blancheur, blancs et resplendissants comme un éclair. Le sens spirituel de cet éclair est donné plus loin dans l'évangile: «Car comme l'éclair qui brille, luit de l'un des côtés de dessous le ciel jusqu'à l'autre côté de dessous le ciel, ainsi sera le Fils de l'homme en son jour» (Luc 17: 24). Ainsi, l'apparition glorieuse de Christ est liée à la pensée des jugements exercés par le Fils de l'homme. Ses gloires sur la sainte montagne sont à rapprocher de celles du Fils de l'homme au début de l'Apocalypse. Avant d'introduire son règne, Christ «doit juger en justice la terre habitée (Actes des Apôtres 17: 31). Car «le Père… a donné tout le jugement au Fils… et il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu'il est Fils de l'homme» (Jean 5: 22, 27).

Les trois disciples, qui avaient été jusque-là accablés de sommeil, se réveillent alors pour voir la gloire de Christ en présence de Moïse et d'Elie. Et Pierre cède à l'impulsion de son caractère naturel pour intervenir auprès de Jésus. Il propose de dresser trois tentes, suggérant ainsi de placer le Seigneur au même niveau que Moïse et Elie. Mais Christ est au-dessus de toutes ses créatures, célestes ou humaines. Aussi, au moment même, Moïse et Elie disparaissent, une nuée couvre la scène et la voix du Père déclare ce qu'est Jésus pour son cœur: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir; écoutez-le» (Matthieu 17: 5). Au baptême de Jean, sur la rive du Jourdain, le ciel s'était déjà ouvert sur Christ pour déclarer au monde qui était celui qui était là, le Bien-aimé du Père; ici, sur la montagne, la voix du ciel est aussi celle du Père pour parler de son Fils. Le baptême de Jean introduisait le ministère du Seigneur, la perfection de sa vie, dont l'offrande de gâteau était le type. La scène de la transfiguration introduit la mort de Christ, le don de sa vie sur la croix comme holocauste, «en parfum de bonne odeur» (Éphésiens 5: 2).

La déclaration du Père relative au plaisir qu'il trouve en son Fils est au passé: «J'ai trouvé mon plaisir». En effet, Christ, «le Fils unique, qui est dans le sein du Père» (Jean 1: 18), est l'objet de l'amour du Père de toute éternité: «Tu m'as aimé avant la fondation du monde» (17: 24). Sagesse d'éternité, il subsiste dans le temps comme «ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui» (Proverbes 8: 30). Toute la vie de Christ sur la terre a été un parfum pour le cœur du Père: «Moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8: 29). Mais par l'offrande de sa vie et son obéissance jusqu'à la mort, le Fils de Dieu a donné à son Père une raison supplémentaire de l'aimer: «A cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (10: 17). Voilà pourquoi il est «le Bien-aimé». Il est cet «unique fils bien-aimé» de la parabole des cultivateurs (Marc 12: 6), que le Père a envoyé et a donné. Quant à nous, ses rachetés, nous sommes «rendus agréables» en lui (Éphésiens 1: 6). Nous pouvons partager avec le Père ses pensées à l'égard de son Fils; nous avons communion avec lui. Que la grâce nous soit accordée de mieux sonder cet inestimable privilège! C'est une anticipation du ciel.

Alors, une nuée vient pour couvrir la scène. Il s'agit d'une «nuée lumineuse», une nuée de gloire, que nous pouvons identifier avec la nuée qui couvrait le tabernacle de Moïse dans le désert. «Et la nuée couvrit la tente d'assignation, et la gloire de l'Éternel remplit le tabernacle; et Moïse ne pouvait entrer dans la tente d'assignation; car la nuée demeura dessus, et la gloire de l'Éternel remplissait le tabernacle» (Exode 40: 34). La nuée représentait la présence personnelle de Dieu au milieu de son peuple terrestre (cf. Nombres 9: 15-23).

Plus tard, la nuée a couvert le temple de Salomon dans le pays, au jour de sa dédicace: «Et les sacrificateurs ne pouvaient entrer dans la maison de l'Éternel, car la gloire de l'Éternel remplissait la maison de l'Éternel» (2 Chroniques 7: 2).

Par suite de l'infidélité du peuple, la gloire de l'Éternel a dû quitter le temple, comme à regret: au début du livre d'Ezéchiel, on la voit s'élever de dessus le chérubin, sortir de dessus le seuil de la maison, s'arrêter à l'entrée de la porte orientale de la maison de l'Éternel, pour, enfin, monter du milieu de la ville et se tenir sur la montagne qui est à l'orient de la ville, la montagne des Oliviers (Ezéchiel 9: 3; 10: 18, 19; 11: 23). A la fin du livre, on la voit revenir, par le chemin inverse, pour demeurer à toujours sur le temple millénaire (43: 1-6).

La faiblesse humaine des trois disciples s'était traduite par leur profond sommeil au début de la scène; maintenant, comme ils entrent dans la nuée, ils sont «saisis d'une très grande peur»; ils sont «épouvantés» devant la gloire excellente de cette révélation. Cette nuée représente pour eux plus que la gloire du royaume; c'est la demeure même du Père. Alors, Moïse et Elie disparaissent et Jésus reste seul avec ses trois disciples. Le Seigneur demeure seul l'objet du cœur et des affections de son Église!

Il convient de bien distinguer, sans jamais les séparer, les gloires variées de Christ présentées par les Écritures.

  • D'abord, sa gloire morale: «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Corinthiens 3: 18). En contemplant cette gloire, par la foi, nous sommes rendus capables d'en refléter quelques rayons, à l'image de Moïse dont, à son insu, le «visage rayonnait, parce qu'il avait parlé avec Lui» (Exode 34: 29).
  • Ensuite, sa gloire personnelle de Fils éternel du Père: «Et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût» et: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, que tu m'as donnée; car tu m'as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17: 5, 24). Cette gloire de Fils de Dieu a été déployée par la maladie et la résurrection de Lazare (Jean 11: 4). Nous ne la partagerons pas, mais nous la contemplerons éternellement avec adoration.
  • Sa gloire de Fils de l'homme. Christ se l'est acquise en venant dans ce monde pour accomplir l'œuvre de l'expiation. Le Seigneur en parle aux Grecs venus à Jérusalem pour la fête de la Pâque: «L'heure est venue pour que le Fils de l'homme soit glorifié» (Jean 12: 23). Tandis qu'elle sera pleinement déployée pendant la période millénaire, elle brille déjà à la croix, au milieu de la honte acceptée par celui qui «a été crucifié en infirmité» (2 Corinthiens 13: 4): «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même; et incontinent, il le glorifiera» (Jean 13: 31, 32). Cette gloire acquise est personnelle au Sauveur; elle lui a été donnée par le Père, mais il veut la partager avec ses rachetés; c'est un pur don de sa part: «La gloire que tu m'as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu'ils soient un, comme nous, nous sommes un» (17: 22).
  • Enfin, sa gloire comme Roi d'Israël et Fils de David. Elle lui a été brièvement reconnue lors de son entrée à Jérusalem, selon l'accomplissement de la prophétie de Zacharie (Zacharie 9: 9; Jean 12: 13). Elle brillera pleinement dans le monde millénaire.

La scène de la transfiguration se termine ainsi sur cette vision de la gloire céleste, la demeure du Père. Mais cette perspective est indissolublement liée à la venue du Sauveur sur la terre et à sa mort sur la croix, le thème de sa conversation avec Moïse et Elie. Que le Seigneur nous conserve dans la méditation de ces choses excellentes; et que tout disparaisse devant les yeux de nos cœurs, pour ne nous laisser voir que Christ seul avec nous!