La séparation d'avec le mal n'est pas tout

H.H. Snell

Dans l'Ancien Testament, nous trouvons l'injonction: «Cessez de mal faire, apprenez à bien faire» (Ésaïe 1: 16, 17). Et parallèlement, dans le Nouveau: «Ayez en horreur le mal, tenez ferme au bien» (Romains 12: 9). Chez ceux qui craignent Dieu et qui se laissent conduire par lui, ces deux choses vont toujours ensemble. Se reposer dans le fait de s'être séparé du mal est dangereux; cela peut conduire à un plus grand mal, ou aboutir à une orthodoxie froide et sèche. C'est toujours un moment critique dans notre vie que celui où nous sommes appelés à ôter le vieux levain ou à nous purifier des vases à déshonneur (1 Corinthiens 5: 7; 2 Timothée 2: 21). Car nous courons alors le risque de trop penser à notre acte de fidélité et de nous enorgueillir, au lieu de continuer à rechercher la gloire de Dieu en toutes choses, en obéissance à sa Parole.

Concernant ce qui devrait toujours succéder à la séparation du mal, il nous sera instructif de considérer trois exemples typiques de l'Ancien Testament. Les faits rapportés se passent dans des temps de ruine, mais ils sont suivis par la bénédiction manifeste de Dieu. Dans chaque cas, nous allons voir que cela commence par la séparation du mal, mais qu'il y a une suite positive et constructive.

Le réveil au temps d'Ézéchias

(Lire 2 Chroniques 29: 1-5, 16, 31, 35, 36; 30: 1-5, 15, 16, 21-27).

Nous assistons dans ces chapitres 29 et 30 à un puissant travail de l'Esprit de Dieu. L'état spirituel du peuple était très bas; ce que l'Éternel avait établi pour sa bénédiction était entièrement négligé. Les portes du temple étaient fermées, les lampes du sanctuaire étaient éteintes et la souillure le remplissait. Ainsi, le centre divin pour le rassemblement du peuple était entièrement perdu. Il est difficile de concevoir un tel état de choses parmi le peuple auquel le nom de Dieu était attaché, et pourtant cela nous donne une leçon des plus solennelles.

Le premier travail auquel Dieu conduisit Ézéchias fut d'ouvrir les portes du temple et de jeter la souillure hors du sanctuaire. Mais le roi et les Lévites se sont-ils arrêtés à cela, satisfaits de ce qu'ils avaient fait? Certainement pas. Nous les voyons retourner à ce qui était dès le commencement, à «la loi de Moïse, homme de Dieu» (30: 16). Ils découvrent que depuis longtemps la Pâque n'a pas été faite «comme il est écrit» (30: 5). Ils agissent avec foi, selon la Parole, selon ce qui était écrit au commencement, et la bénédiction que Dieu répand sur eux est merveilleuse: «Il y eut une grande joie à Jérusalem; car depuis les jours de Salomon, fils de David, roi d'Israël, rien de semblable n'avait eu lieu à Jérusalem» (30: 26).

Il est important de remarquer que la Pâque est célébrée; il y a la mort et l'aspersion du sang de l'agneau, dont on mange la chair rôtie au feu avec des pains sans levain (Exode 12: 7, 8). Cela nous enseigne une leçon bien utile. Quand l'Esprit de Dieu opère, nous sommes toujours amenés à donner leur place aux souffrances et à la mort du Seigneur Jésus, et au sang versé pour nous. C'est l'action du Saint Esprit, qui rend invariablement témoignage de Christ et qui le glorifie (Jean 15: 26; 16: 14).

Le réveil au temps de Josias

(Lire 2 Chroniques 34: 1-8, 14, 29, 30; 35: 1).

Dans ce réveil, nous trouvons pratiquement les mêmes caractères du travail de l'Esprit que lors du réveil précédent. L'œuvre commence par le jugement de ce qui était mauvais aux yeux de Dieu. Avec une grande énergie, le jeune roi purifie «Juda et Jérusalem des hauts lieux, et des ashères, et des images taillées, et des images de fonte»; il fait démolir les autels des Baals et toutes les choses semblables.

Puis la maison de l'Éternel est réparée, et le peuple y contribue par ses dons. C'est alors qu'on retrouve «le livre de la loi de l'Éternel donnée par Moïse». Shaphan, le scribe, le lit devant le roi, et cette lecture produit un travail profond dans le cœur de Josias (34: 19, 21, 27). Dans la crainte de Dieu et avec un esprit brisé, le roi et les anciens du peuple cherchent à agir conformément à la parole de Dieu que l'on vient de retrouver. Après s'être purifiés de ce qui déshonore l'Éternel et être revenus à ce qui était dès le commencement — «la loi de l'Éternel donnée par Moïse» — ils célèbrent à Jérusalem la Pâque à l'Éternel. Les Lévites reçoivent l'ordre d'égorger l'agneau, de se sanctifier, et de préparer la Pâque pour leurs frères, «afin d'agir conformément à la parole de l'Éternel par Moïse» (35: 6). Et ils le font effectivement «selon qu'il est écrit dans le livre de Moïse» (verset 12).

Le récit biblique nous dit: «On n'avait point célébré en Israël de Pâque semblable depuis les jours de Samuel, le prophète; et aucun des rois d'Israël n'avait célébré une Pâque comme celle que firent Josias, et les sacrificateurs et les lévites, et tout Juda et Israël» (verset 18). Ces sacrifices annonçaient en type la mort expiatoire de Jésus, le Fils de Dieu. Et nous pouvons bien nous demander: Y a-t-il jamais eu, dans l'histoire de l'Église, un temps de bénédiction marquée dans lequel le sacrifice de Christ, ses souffrances, sa mort et son sang versé n'ont pas rempli les cœurs, et n'ont pas eu une place prééminente dans le ministère des serviteurs de Dieu?

Le réveil au temps d'Esdras et de Néhémie

Nous avons un autre exemple encourageant au temps d'Esdras et de Néhémie. Par un effet de la miséricorde de Dieu, un petit résidu de la tribu de Juda était revenu de captivité et se trouvait de nouveau dans son pays (Esdras 1: 3). Ces Juifs s'étaient séparés de Babylone et de ses péchés. Rentrés dans leur terre, ils refusent catégoriquement toute association impure avec les habitants du pays (4: 1-3) et mettent de côté une sacrificature incapable de prouver son origine (2: 59-63).

Eux aussi reviennent à ce qui était dès le commencement. Une de leurs premières préoccupations est de rebâtir l'autel du Dieu d'Israël — le vrai lien entre l'Éternel et son peuple — «pour y offrir des holocaustes, selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse, homme de Dieu» (3: 2). Ils reconstruisent ensuite la maison de Dieu, le vrai centre autour duquel tous les Israélites fidèles peuvent se rassembler (5: 2). Lors de la dédicace de la maison, ils offrent «cent taureaux, deux cents béliers, quatre cents agneaux, et, comme sacrifice pour le péché, pour tout Israël, douze boucs, selon le nombre des tribus d'Israël» (6: 17). Et la joie remplit les cœurs (verset 16; cf. verset 22).

Plus tard, la muraille de Jérusalem est reconstruite par Néhémie dans un temps très difficile (Néhémie 3-6). Et on trouve de nouveau la séparation du mal et le retour à ce qui était dès le commencement — un retour qui se traduit par des actes. Esdras, le sacrificateur, apporte le livre de la loi «devant la congrégation des hommes et des femmes, et de tous ceux qui avaient de l'intelligence pour entendre» (Néhémie 8: 2). Il lit dans le livre «depuis l'aube jusqu'à midi» et tout le peuple prête l'oreille (verset 3). Des Lévites font comprendre la loi au peuple: «Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu, et ils en donnaient le sens et le faisaient comprendre lorsqu'on le lisait» (verset 8). Et «tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la loi» (verset 9).

Puis ils trouvent «écrit dans la loi que l'Éternel avait commandée par Moïse, que les fils d'Israël devaient habiter dans des tabernacles pendant la fête du septième mois». Immédiatement, ils agissent «comme il est écrit» (versets 14, 15). Et en conclusion, il nous est dit que «les fils d'Israël n'avaient pas fait cela depuis les jours de Josué, fils de Nun, jusqu'à ce jour-là. Et il y eut une très grande joie» (verset 17).

Remarquons aussi que la pensée de l'unité du peuple de Dieu est dans le cœur des fidèles, et qu'ils prennent soin d'en témoigner par leurs actes. Ézéchias invite tout Israël à la fête de la Pâque (2 Chroniques 30: 1), et le résidu remonté de Babylone offre douze boucs, lors de la dédicace de la maison de Dieu, selon le nombre des tribus d'Israël (Esdras 6: 17).

Tous ces récits se rapportent à des temps de ruine, et même d'une ruine croissante. Le royaume d'Israël avait été divisé longtemps auparavant, et, par le gouvernement de Dieu, les dix tribus avaient été emmenées captives en Assyrie. Dans le dernier récit, Juda avait été déporté à Babylone et n'en était que partiellement remonté. Pourtant, en chacun de ces trois réveils, la bénédiction de Dieu est abondante, malgré la grande faiblesse du résidu. Et remarquons l'appréciation divine de la fidélité de ceux «qui tremblent à sa Parole». Plus le temps avance et devient sombre, plus il faut remonter en arrière pour trouver quelque chose de semblable. A ce qui se passe au temps d'Ézéchias, de Josias et de Néhémie, l'Esprit de Dieu fait correspondre — pour la comparaison — les jours de Salomon, de Samuel et de Josué. Quel encouragement pour nous!