La conversion de Juda (Ésaïe 29: 17-24)

A. Remmers

«N'y a-t-il pas encore très peu de temps, et le Liban sera converti en un champ fertile, et le champ fertile sera réputé une forêt?» (verset 17).

Dans ce passage, le Saint Esprit dirige le regard du prophète vers l'avenir, alors lointain, dans lequel — après tous les jugements et toutes les tribulations qui doivent arriver — viendront les merveilleux «temps du rétablissement de toutes choses». Presque trois millénaires se sont écoulés depuis lors, et pourtant la vérité des paroles qui introduisent ce passage demeure: «Encore très peu de temps». Dans une période sombre, Dieu encourage les siens en leur faisant voir son but glorieux. Il est le «Dieu d'espérance» (Romains 15: 13; Hébreux 10: 37). Avant d'accomplir son œuvre rédemptrice à la croix et de monter vers son Père, le Seigneur Jésus a dit aux siens: «Je reviendrai», et ses dernières paroles dans les Saintes Écritures sont: «Je viens bientôt» (Jean 14: 3; Apocalypse 22: 7, 12, 20). Les critiques parlent de «l'attente imminente non accomplie» des premiers chrétiens, et les moqueurs mettent de toute façon la venue du Seigneur en doute. Cependant, même s'il s'est déjà écoulé près de deux millénaires depuis qu'elle a été faite, cette promesse demeure l'espérance vivante et bienheureuse des chrétiens, tout comme la venue du Messie était l'espérance des fidèles en Israël — et le sera de nouveau après l'enlèvement de l'Église. Pour nous, êtres humains, le facteur «temps» joue un grand rôle, mais il n'en est pas de même pour le Dieu éternel et immuable. Devant lui, «un jour est… comme mille ans, et mille ans comme un jour» (2 Pierre 3: 8).

Déjà par Ésaïe, Dieu avait consolé son peuple en lui disant: «Car encore très peu de temps: et l'indignation sera accomplie, et ma colère, dans leur destruction» (10: 25). Là, il était question de la destruction de l'Assyrien; ici, par contre, il s'agit du temps de bénédiction qui suit, c'est-à-dire du règne millénaire. Le Seigneur Jésus donne à ce temps le nom significatif de «la régénération». D'une part, les hommes qui, étant les bénis du Père, hériteront du royaume qui leur est préparé dès la fondation du monde, seront alors nés de nouveau; et d'autre part, la nature sera l'objet d'un renouvellement qui n'a jamais été vu (Matthieu 19: 28; 25: 34; Jean 3: 5; Ésaïe 11: 6-9; 14: 7; 41: 18).

Le Liban avec ses hauts cèdres est parfois utilisé par Ésaïe comme image de la grandeur de l'homme et de son orgueil qui le conduit à s'élever lui-même (2: 13; 10: 34; 60: 13). Il est aussi utilisé, et c'est le cas ici, pour décrire la beauté et la majesté de la nature (33: 9; 35: 2). Cette montagne privée depuis longtemps déjà de son magnifique ornement d'arbres — pensons aux puissants cèdres du Liban d'autrefois — sera transformée en un champ fertile (hébr. Carmel), et le champ fertile sera réputé une forêt. Au chapitre 32, qui nous conduit aussi à jeter un regard dans le règne millénaire, nous trouvons presque les mêmes paroles, sauf que «le Liban» y est remplacé par «le désert» (verset 15). Ici donc, le renouvellement et la restauration du monde végétal dans le règne millénaire sont esquissés.

«Et en ce jour-là les sourds entendront les paroles du livre, et les yeux des aveugles, délivrés de l'obscurité et des ténèbres, verront» (verset 18).

L'expression «en ce jour-là» confirme qu'il est effectivement parlé de ce temps futur (cf. 2: 11). Le refus du message que Dieu a adressé à son peuple autrefois a eu pour conséquence un endurcissement qui dure encore aujourd'hui (cf. 6: 9-13; 29: 9-12). Cependant, par la discipline et les jugements sévères qui auront lieu dans des temps futurs, une partie du peuple juif sera amenée à la repentance et à la conversion, et sera ainsi guérie de sa surdité et de sa cécité spirituelles. Ce résidu juif croyant comprendra alors de nouveau la parole de Dieu. En même temps, il reconnaîtra que Jésus, si longtemps méprisé par ce peuple, est le Messie, et qu'il est mort pour eux sur la croix.

«Et les débonnaires augmenteront leur joie en l'Éternel, et les pauvres d'entre les hommes s'égayeront dans le Saint d'Israël» (verset 19).

Qui sont ces «débonnaires» et ces «pauvres d'entre les hommes» qui se réjouiront en l'Éternel? Ce sont ceux qui composent le résidu juif croyant, et que nous avons déjà vus dans les «misérables» et les «débonnaires de la terre» au chapitre 11, verset 4. Ce sont ceux que le Seigneur Jésus a devant les yeux lorsque, dans le Sermon sur la montagne, il déclare bienheureux les «pauvres en esprit», parce que c'est à eux qu'est le royaume des cieux, et les «débonnaires», parce que c'est eux qui hériteront de la terre (cf. Ésaïe 10: 21; 14: 30; 26: 6; 41: 17; 61: 1; Matthieu 5: 3, 5).

«Car l'homme violent ne sera plus, et le moqueur aura pris fin; et tous ceux qui veillent pour l'iniquité seront retranchés, ceux qui tiennent un homme coupable pour un mot, qui tendent des pièges à ceux qui reprennent à la porte, et qui font fléchir le droit du juste par des choses futiles» (versets 20, 21).

En contraste, l'homme violent et le moqueur ne seront plus, de même que tous ceux qui ont condamné les innocents. Il ne s'agit pas de leur destruction éternelle, mais de la fin de leur activité sur la terre. Dans «l'homme violent», nous pouvons bien voir l'Assyrien et dans le «moqueur», l'Antichrist1. Tous deux tourmentent — chacun à sa manière — le peuple de Dieu; et à cause de cela ils recevront, lors du retour du Seigneur Jésus en gloire, leur juste châtiment. En particulier, les adeptes de l'Antichrist en veulent aux croyants du peuple juif. Ils oppriment les justes par de fausses accusations. Dans le discours prophétique qu'il adresse à ses disciples, le Seigneur Jésus décrit le temps — terrible pour le résidu croyant — qui se situe entre l'enlèvement des saints et son apparition. (Voir Marc 13: 9-13.)

1 Le jugement définitif et éternel de l'Antichrist est décrit en Apocalypse 19: 20 et 20: 10).

«C'est pourquoi, ainsi dit à la maison de Jacob l'Éternel qui racheta Abraham: Maintenant Jacob ne sera plus honteux, et maintenant sa face ne sera plus pâle» (verset 22).

Le tableau changera complètement lors de l'apparition du Seigneur. Il se présentera alors à son peuple comme celui qui a racheté Abraham en l'appelant à sortir d'un pays idolâtre et en le justifiant sur le principe de sa foi (cf. Genèse 15: 6; 48: 15; Josué 24: 2). Ici le peuple n'est pas appelé Israël, mais «la maison de Jacob» (cf. Ésaïe 46: 3; 48: 1). Le nom d'Israël (vainqueur de Dieu) nous montre la hauteur de la bénédiction à laquelle l'Éternel a élevé l'ancêtre du peuple; en revanche le nom de Jacob (supplanteur) nous rappelle le bas état dans lequel la grâce de Dieu l'a trouvé. Quelle profondeur d'éloignement de son Dieu le peuple a-t-il aussi connue au cours de sa longue histoire, bien que les patriarches Abraham, Isaac et Jacob aient reçu des promesses étendues et merveilleuses! De même qu'Abraham a été racheté des peuples qui étaient esclaves de l'idolâtrie afin de devenir l'ancêtre du peuple de Dieu, ainsi le résidu sera séparé de la grande partie du peuple qui a sombré dans l'apostasie. Alors, le résidu racheté ne connaîtra plus de honte, ni à cause de ses propres péchés, ni à cause de l'oppression des étrangers (cf. 1: 29; 29: 4; Sophonie 3: 11).

«Car quand il verra ses enfants, l'œuvre de mes mains au milieu de lui, ils sanctifieront mon nom, et ils sanctifieront le Saint de Jacob, et ils craindront le Dieu d'Israël» (verset 23).

Dans l'émerveillement et l'adoration, les enfants de Jacob verront alors l'œuvre des mains de leur Dieu, qui se manifestera aussi bien dans le jugement du mal que dans le renouvellement spirituel du peuple (cf. 10: 12; 28: 21; 60: 21). Ils sanctifieront le nom de l'Éternel, c'est-à-dire qu'ils honoreront leur Dieu conformément à sa sainteté. En Ezéchiel 36: 17-23, nous voyons qu'ils ont fait le contraire, en profanant le nom de leur Dieu par leur désobéissance et leurs péchés, et que, dans les temps futurs, Dieu sanctifiera lui-même de nouveau son nom par le jugement de tout mal. Ce qui nous est dit ici, c'est que, par la foi, des hommes approuveront cette action de Dieu et ainsi ils sanctifieront son nom (cf. 8: 13). Les Juifs croyants reconnaîtront et honoreront leur Dieu d'une toute nouvelle manière comme le «Saint de Jacob» et le «Dieu d'Israël», et ils le craindront. Le fait qu'il ne se nomme pas ici le «Saint d'Israël», comme si souvent dans le livre d'Ésaïe, mais le «Saint de Jacob», nous montre de nouveau la grâce infinie avec laquelle il se tourne vers son pauvre peuple égaré.

La grâce de Dieu n'est cependant pas limitée au peuple d'Israël. Quiconque croit au Seigneur Jésus et reçoit «l'évangile de la grâce de Dieu» peut déjà connaître aujourd'hui la grâce et ses richesses (Actes des Apôtres 20: 24; Éphésiens 1: 7; 2: 8). Plus nous apprenons à la connaître, plus s'accroît en nous le désir de répondre aussi à sa sainteté et de sanctifier son nom (cf. 1 Pierre 3: 15).

Un autre résultat de l'œuvre de l'Éternel est décrit dans le dernier verset du chapitre: «Et ceux qui errent en esprit auront de l'intelligence, et les désobéissants apprendront la bonne doctrine» (verset 24). Le profond sentiment de la bonté et de la grâce du Dieu saint produira un esprit contrit et soumis en ces hommes auparavant égarés et rebelles. La lumière de Dieu chassera les ténèbres spirituelles qui régnaient depuis longtemps, et auxquelles le prophète Ésaïe avait déjà affaire. L'endurcissement du peuple dans son égarement fera place à une heureuse intelligence des pensées de Dieu; et au lieu des murmures précédents contre ses voies envers eux, il y aura en eux l'humble désir d'apprendre. Ils découvriront alors que les voies de Dieu envers son peuple n'ont eu pour but que sa bénédiction. Tout cela est aujourd'hui encore futur, même si les signes des temps paraissent en indiquer le prochain accomplissement.