Première épître aux Corinthiens (suite)

F.B. Hole

Chapitre 11

Le nouveau sujet commence au verset 2, qui fait un net contraste avec le verset 17. Au chapitre 10, comme nous l'avons vu, l'apôtre a parlé de l'institution de la cène du Seigneur. En relation avec elle, il y avait de graves désordres à Corinthe, exigeant une réprimande sévère. Il y avait cependant certains points en lesquels l'apôtre pouvait louer les Corinthiens. Il commence donc par quelques mots de louange. Des «enseignements» leur avaient été donnés; ils s'étaient souvenus de Paul et les avaient gardés. Ainsi, même en cela, nous voyons l'apôtre confirmer par l'exemple ce qu'il venait de dire. Il cherchait le profit des Corinthiens en les louant avant de les blâmer. Et en agissant de cette manière, il suivait Christ. En effet, c'est bien là sa manière d'agir, comme nous le voyons dans les messages aux sept assemblées, en Apocalypse 2 et 3.

Cependant, même à cet égard, il y avait des choses au sujet desquelles les Corinthiens étaient ignorants. Il semble qu'ils observaient les enseignements qui leur avaient été donnés quant à l'attitude des hommes et des femmes dans la prière et la prophétie, sans comprendre la vérité qui motivait ces enseignements. Le fait que l'homme doive accomplir ces exercices spirituels avec la tête découverte, et la femme avec la tête couverte, n'était pas un ordre arbitraire. Au contraire, c'était en accord avec l'ordre divin établi en relation avec Christ. Trois «chefs» ou «têtes» sont mentionnés au verset 3.

Si Dieu est le plus élevé d'entre eux, c'est parce qu'en devenant homme, afin de pouvoir assumer sa fonction de médiateur, le Seigneur Jésus a pris une place de soumission. Ésaïe avait annoncé la venue du serviteur de l'Éternel, qui aurait l'oreille de celui qu'on enseigne et qui ne dévierait jamais de ses commandements (50: 4, 5) — c'est-à-dire que l'Éternel serait sa tête ou son chef en toutes choses. Cela a été parfaitement accompli en Christ, et le fait qu'il soit maintenant ressuscité et glorifié n'a pas altéré cette position. Il est toujours le serviteur qui accomplit la volonté de Dieu, bien qu'il ne soit jamais moins que Dieu lui-même, et «le plaisir de l'Éternel prospérera en sa main» pour l'éternité (Ésaïe 53: 10). Ainsi, «le chef du Christ, c'est Dieu».

Ensuite, Christ est le chef de l'homme — distingué ici de la femme. Un ordre déterminé a été établi à la création, «Adam a été formé le premier, et puis Eve» (1 Timothée 2: 13). Cet ordre est réaffirmé par les versets 8 et 9 de notre chapitre. Eve participait à la place d'honneur que possédait Adam; mais, même pendant le temps de l'innocence, la direction était dévolue à Adam. Le péché n'a pas changé cet ordre, non plus que la venue de la grâce de Dieu en Christ. Ainsi, Christ est le chef de l'homme — de tout homme. Et l'homme est le chef de la femme.

Les membres du corps humain sont tous dirigés par la tête — ou le chef. Ainsi, l'image est très simple et très expressive. En un mot, c'est une affaire de direction. La femme doit accepter la direction de l'homme. L'homme doit accepter la direction de Christ. Christ accepte la direction de Dieu, et le fait d'une manière parfaite. Quant aux autres relations, la soumission se réalise d'une manière très imparfaite. Les hommes, pour la plupart, ne reconnaissent pas Christ du tout; et nous assistons à la grande révolte féministe contre l'autorité et la direction de l'homme — spécialement dans les nations «christianisées», ce qui est bien significatif. Mais aucun de ces faits n'altère l'ordre divin.

Dans des activités spirituelles qui touchent directement Dieu — que ce soit en priant (c'est-à-dire en s'adressant à lui) ou en prophétisant (c'est-à-dire en parlant de sa part) — il faut que le croyant, homme ou femme, observe ces enseignements quant à la tête découverte ou couverte. C'est un signe que l'ordre divin est reconnu et obéi. Les versets 14 et 15 montrent en outre que c'est en accord avec cela que l'homme a des cheveux courts et la femme des cheveux longs.

Il n'y a pas de contradiction entre le verset 5 de notre chapitre et le verset 34 du chapitre 14, pour la simple raison que là il est question de parler dans l'assemblée, alors qu'ici le fonctionnement de l'assemblée n'est pas en vue avant le verset 17. C'est seulement depuis ce verset que le chapitre commence à considérer ce qui se passe lorsqu'on se réunit. La prière et la prophétie envisagées au verset 5 ne sont pas en relation avec les rassemblements formels des saints de Dieu.

C'est lorsqu'il se met à parler des choses qu'il avait apprises au sujet de leurs réunions en assemblée que l'apôtre se voit contraint de les blâmer (verset 17). Ils ne se réunissaient pas pour leur profit, mais pour leur détriment. Au premier chapitre, Paul avait déjà fait allusion à ces divisions parmi eux, et c'est lorsqu'ils se réunissaient qu'elles étaient rendues manifestes. Ils se réunissaient encore en un même lieu. Les choses n'avaient pas atteint un point tel qu'ils refusent de se rencontrer et qu'ils se réunissent dans des locaux différents. Et pourtant il y avait des fissures internes dans l'assemblée, avec tout leur cortège d'effets désastreux.

Ces nouvelles étaient parvenues aux oreilles de Paul et il leur dit ouvertement qu'il les croit en partie, car il connaissait leur état charnel. Le mot «sectes» du verset 19 signifie «écoles d'opinion». Les sectes sont mentionnées en Galates 5: 20, parmi les affreuses «œuvres de la chair». Lorsque des croyants se trouvent dans une condition charnelle, les sectes surviennent inévitablement. C'est pourquoi l'apôtre dit à ces Corinthiens charnels: «il faut aussi qu'il y ait des sectes parmi vous». Ces sectes peuvent avoir l'effet de manifester ceux qui sont follement «approuvés» par les hommes. Elles auront certainement pour effet de révéler ceux qui refusent cet esprit de parti, et qui par conséquent ont l'approbation de Dieu.

Quel doit être le jugement de l'Esprit de Dieu sur nous aujourd'hui, en raison de la manière dont les écoles d'opinion prospèrent dans l'Église de Dieu!

Le verset 20 montre clairement que les croyants de Corinthe, bien que très nombreux, se réunissaient encore ensemble dans un même bâtiment. Ils se réunissaient «en assemblée», c'est-à-dire pas seulement pour être ensemble mais comme assemblée (verset 18). Et alors, les sectes et les partis se manifestaient douloureusement. En outre, leur façon d'agir était désordonnée. Elle l'était tellement que l'apôtre refuse de reconnaître leurs festins, qu'ils appelaient la cène, comme étant véritablement la cène du Seigneur. Ce n'est pas «manger la cène dominicale», dit-il, mais chacun prenant «son propre souper».

Nous croyons qu'il y a ici un double contraste. Premièrement un contraste entre les termes «du Seigneur» et «son propre». Ils traitaient la question comme s'ils en étaient maîtres, et pouvaient par conséquent l'arranger à leur guise en célébrant la cène comme ils le voulaient. Cela conduisait à un désordre scandaleux, certains ne recevant rien et d'autres buvant tellement de vin qu'ils s'enivraient. Si un désordre aussi choquant semble ne plus avoir lieu de nos jours, n'y a-t-il pas beaucoup de chrétiens qui s'estiment maîtres de cette sainte ordonnance et se croient parfaitement libres de la modifier à leur convenance? — libres de la changer en une messe ou en un sacrifice, libres de l'ornementer ou de l'agrémenter par des chœurs, libres d'en limiter l'administration à une caste sacerdotale, libres de la célébrer si fréquemment qu'elle en devient presque continue, libres de la réaliser une fois seulement en plusieurs mois ou de l'abolir complètement.

Mais il y a aussi un contraste entre la cène du Seigneur qui est une affaire de communion, comme le chapitre 10 l'a exposé, et «chacun» prenant son propre souper, ce qui en fait une affaire purement individuelle. Si des croyants se réunissent et respectent cette institution de façon extérieurement impeccable, mais qu'en même temps ils la traitent comme un privilège purement personnel, en lui ôtant, dans leur esprit, la pensée que ceux qui la célèbrent le font comme étant un seul corps, ils se fourvoient complètement. Ce n'est pas chacun agissant et mangeant pour lui-même, mais plutôt tous agissant ensemble.

Le seul remède au désordre quant à la cène du Seigneur était de revenir, et cela même aux temps apostoliques, à son institution originale — à son esprit, à sa signification et à toute sa simplicité. Paul ne développe pas d'arguments à ce sujet. Dans les versets 23 à 27, il revient simplement à ce qui avait été institué par le Seigneur lui-même. Et il le fait, non pas comme s'il avait reçu des informations authentiques de la part des autres apôtres qui avaient été présents alors, mais comme ayant reçu directement ces instructions du Seigneur, par une révélation divine. Cette révélation confirme le compte-rendu donné par les évangélistes inspirés et en clarifie la signification. Beaucoup de ce qui peut être considéré par les hommes comme la beauté et la grandeur de la célébration de cette institution n'est, selon l'estimation divine, rien d'autre que du désordre. Tout ordre qui n'est pas l'ordre divin, aussi ornementé et magnifique qu'il soit aux yeux des hommes, n'est que du désordre aux yeux de Dieu.

Il a plu à Dieu de nous donner quatre comptes rendus de l'institution de la cène du Seigneur. Le quatrième, donné par Paul, revêt une importance particulière.

Il établit clairement que cette institution doit être observée par les croyants d'entre les nations aussi bien que d'entre les Juifs, et qu'elle doit se continuer jusqu'à ce que le Seigneur vienne. Les objets matériels employés sont des plus simples: le pain, la coupe, objets connus dans chaque maison à cette époque. Leur signification est profonde: «mon corps», «la nouvelle alliance en mon sang». Et l'esprit entier de cette institution est défini par les mots: «en mémoire de moi». Nous devons nous souvenir de lui dans les circonstances par lesquelles il a passé: il a été dans la mort, bien que nous le connaissions comme celui qui est maintenant glorifié dans le ciel.

La cène commence donc avec le souvenir du Seigneur dans sa mort. Beaucoup de choses découlent de ce souvenir. Nous ne manquerons pas d'être conscients de la bénédiction qui est la nôtre — c'est «la coupe de bénédiction» — et nous pourrons bénir Dieu en retour. Mais il nous faut aller au-delà des symboles et voir ce qu'ils représentent. Nous devons discerner le corps et le sang de Christ. Et en discernant cela, nous serons gardés de traiter ces choses saintes d'une manière profane et indigne, comme les Corinthiens le faisaient. Le Seigneur ne les tenait pas pour innocents, et ils mangeaient et buvaient un jugement contre eux-mêmes. Ils étaient coupables du déshonneur qu'ils jetaient, non seulement sur un pain et une coupe, mais sur le corps et le sang de Christ représentés par ce pain et cette coupe. C'est le sens profond des versets 27 et 29.

Que devrions-nous faire alors? Lorsque l'Éternel exerça le jugement sur Uzza, parce qu'il avait traité l'arche comme si elle était un objet ordinaire (voir 2 Samuel 6), David fut irrité et laissa l'arche entièrement de côté pour un temps. C'était une faute, qu'il rectifia par la suite en honorant l'arche et en la traitant comme Dieu l'avait ordonné. Les instructions de Paul aux Corinthiens, dans les versets 28 à 30, sont en plein accord avec cela. Dieu était intervenu en jugement parmi eux; plusieurs étaient faibles et malades, et certains avaient même été retranchés par la mort. Mais cela ne devait pas les conduire à renoncer à célébrer la cène du Seigneur. Au contraire, cela devait les amener à s'éprouver eux-mêmes et à y participer dans un esprit de jugement de soi. Il y avait eu abus, et la solution n'était pas l'abstention, mais la réalisation soigneuse de ce mémorial, dans l'obéissance à l'intention de Dieu.

Les derniers versets de ce chapitre nous fournissent un exemple du châtiment de Dieu en rétribution. Les Corinthiens étaient sous la discipline divine à cause du mal qu'ils avaient commis. Dieu châtie ses enfants afin qu'ils ne soient pas condamnés avec le monde. Si nous nous jugeons nous-mêmes, nous serons gardés du mal et il ne sera pas nécessaire que la main de Dieu s'appesantisse sur nous. Notons bien cela. Exerçons-nous au jugement de nous-mêmes; il est hélas si peu mis en pratique. Cultivons-le toujours plus. Par lui, nous serons préservés d'innombrables fautes. Les Corinthiens l'avaient manifestement négligé, et il y avait beaucoup à reprendre parmi eux. L'apôtre a maintenant corrigé leurs erreurs les plus flagrantes en relation avec la Cène. Il y en avait d'autres, mais elles pouvaient attendre jusqu'à ce qu'il vienne en personne. Il termine donc le chapitre en disant: «Or quant aux autres points, je les réglerai quand j'irai vers vous».

À suivre