Lectures hebdomadaires
Epître aux Hébreux
Chapitre 1
1 - Introduction
Quelques mots préliminaires avant de commencer à considérer le texte en détail.
Bien que dans la version anglaise autorisée du Roi Jacques le titre de ce merveilleux traité soit « Épître de Paul aux Hébreux », son auteur a pourtant été conduit par l’inspiration de l’Esprit à omettre à la fois son nom et celui de ceux à qui il écrivait. Pourtant on y retrouve partout le témoignage qu’elle était adressée à des croyants Hébreux, et d’après un certain nombre de petites allusions, il est quasiment sûr qu’elle a été écrite par Paul. S’il en est ainsi, il s’agit de l’épître aux croyants Juifs que Pierre mentionne dans sa seconde épître comme ayant été écrite par « notre bien-aimé frère Paul » (2 Pierre 3:15).
Au cours de la lecture de cette épître, nous verrons qu’elle a été écrite parce qu’une certaine lassitude avait envahi ces croyants ; ils avaient les mains lassées et les genoux défaillants dans la course chrétienne, et ces symptômes inquiétants faisaient craindre que cette tendance à reculer aille jusqu’à l’apostasie déclarée pour quelques-uns d’entre eux.
Nous verrons aussi qu’il sera par-dessus tout insisté sur l’immense supériorité du christianisme sur le judaïsme, bien que ce dernier fasse appel à la vue, et le christianisme à la foi seulement. Par ailleurs cette épître les appelait aussi à rompre les derniers liens qui les rattachaient au système juif périmé, auquel ils avaient tendance à se raccrocher comme les Actes des Apôtres le montrent : Cette épître a dû être écrite quelques années seulement avant la cessation de l’imposant rituel du Judaïsme lors de la destruction de Jérusalem.
Il ne faut pas sous-estimer l’importance de cette épître pour le temps actuel. Des multitudes de croyants de nos jours, bien que faisant partie des nations et donc nullement liées au judaïsme, sont encore asservies à des formes perverties du christianisme, qui consistent très largement en des formes, des cérémonies et des rituels, lesquels sont eux-mêmes des imitations du rituel juif ordonné autrefois par Dieu pour tout le temps précédant la venue de Christ. Il se peut que la plupart de nos lecteurs soient maintenant libérés de ces systèmes, par la grâce de Dieu, et pourtant la plupart d’entre nous ont eu plus ou moins à faire avec eux, et en ont été influencés presque sans s’en rendre compte.
Si notre foi est ravivée par la lecture de cette épître, si nos yeux spirituels sont renouvelés à la vue des immenses gloires de Christ, et de la réalité de toutes ces vérités spirituelles fondées sur Lui, nous retrouverons de la vigueur pour courir « avec patience la course qui est devant nous » (Héb. 12:1).
2 - Chapitre 1
2.1 - Ch. 1:1-2a
L’épître s’ouvre de manière très majestueuse. L’épître aux Hébreux est le seul livre de la Bible commençant par le mot DIEU. Nous sommes immédiatement mis en face du fait extraordinaire que Dieu, qui avait parlé autrefois aux pères d’Israël par des prophètes, a maintenant parlé, en plénitude divine et de manière définitive, dans Son Fils. Notez simplement en passant que le verset 1 témoigne que l’épître est adressée aux Hébreux, car l’expression « aux pères » n’aurait aucun sens pour quelqu’un des nations.
Dieu étant un Dieu vivant, on ne peut que s’attendre à ce qu’Il parle. Avant la venue du péché, Il parlait librement à Adam, face à face ; après la chute Il ne s’est adressé qu’à des hommes choisis qui devinrent donc Ses porte-parole. Les prophètes avaient juste à dire ce qu’Il leur donnait, et souvent ils ont prononcé des paroles dont la signification complète leur était cachée, selon ce que nous dit 1 Pierre 1:10-12. Quand le Seigneur Jésus est venu accomplir la rédemption, Dieu a fait connaître toutes Ses pensées. Il n’a pas simplement parlé par Lui, comme un porte-parole, mais en Lui. La distinction ne ressort pas de la version autorisée anglaise, mais elle le devrait, car la préposition du verset 2 n’est pas « par » mais « dans ». Cette distinction est importante car elle préserve d’emblée le caractère unique de notre Seigneur. Quand le Fils parlait, c’était Dieu qui parlait, pour la simple raison que le Fils était Dieu.
2.2 - Ch. 1:2b
Ayant mentionné le Fils, le Saint Esprit se met à déployer Sa gloire, non seulement la gloire qui est essentiellement la Sienne comme Dieu et comme Créateur, mais aussi celle qui est la Sienne en raison de l’œuvre de la rédemption. Ceci conduit à une digression longue mais très nécessaire, jusqu’à la fin du chapitre, tant et si bien que ces versets pourraient être mis en parenthèses. Nous devrions donc, après le mot « Fils » (1:2), passer directement au début du ch. 2, pour avoir le sens complet : « Dieu … nous a parlé dans le Fils … C’est pourquoi nous devons porter une plus grande attention ». Ce n’est qu’en arrivant au v. 3 du ch. 2, qu’on découvre la direction et le thème principal de ce discours Divin. C’était « un si grand salut qui a commencé par être annoncé par le Seigneur ». Quand Dieu formulait Ses commandements aux hommes, il suffisait que les anges Le servent, et qu’un homme comme Moïse soit Son porte-parole. Maintenant que ce grand salut est le thème, le Fils Lui-même s’avance pour parler.
Cependant le thème direct du ch. 1 est la gloire unique du Fils. Dès qu’Il est mentionné, nos pensées sont emportées vers le moment où Sa gloire sera pleinement manifestée, puis elles sont ramenées vers le moment où cette gloire apparut en premier, en rapport avec les créatures. D’un côté, Il est l’Héritier, non seulement du trône de David, mais de « toutes choses », et cette expression recouvre les choses qui sont dans les cieux, et non pas seulement celles qui sont sur la terre. D’un autre côté, quand les mondes furent faits, c’est Lui qui les a faits. Dieu a effectivement créé, selon Genèse 1:1, mais quand les Personnes divines sont distinguées, comme dans ce passage d’Hébreux 1, la création n’est pas attribuée au Père, mais au Fils. Le Fils, que nous connaissons comme notre précieux Seigneur Jésus, fut l’Acteur tout-puissant dans ces scènes de création dont la splendeur est inconcevable.
2.3 - Ch. 1:3
Le v. 3 place devant nous trois grandes choses Le concernant. D’abord nous avons ce qu’Il est, le resplendissement de la gloire de Dieu et l’expression exacte de tout ce que Dieu est. Deuxièmement, il nous est dit ce qu’Il a fait. Par Lui-même Il a accompli l’œuvre qui fait la purification des péchés. Comment Il l’a faite, cela n’est pas dit pour le moment, mais nous savons que ce fut par la mort de la croix. Troisièmement, il nous est dit où Il est. Il s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux, c’est-à-dire qu’Il est assis à la place du pouvoir suprême, d’où tout sera administré en son temps. Combien il est merveilleux que ces trois choses aillent ensemble ! L’efficacité de l’œuvre qu’Il a accomplie dépendait de qui Il était et de ce qu’Il était ; tandis que la preuve et la démonstration de l’efficacité de Son œuvre ressortent du lieu où Il est, dans le fait qu’Il est assis à la place du pouvoir suprême. Si un croyant en Jésus est encore tourmenté par des doutes et des inquiétudes quant à la question de savoir s’il est réellement et effectivement purifié de ses péchés, qu’il regarde par la foi à ce trône dans les cieux où Jésus est assis, et qu’il ne doute plus !
Au verset 3 nous trouvons aussi le fait merveilleux que le Fils est le Soutien de toutes choses. Le verset précédent L’avait placé devant nous comme le Créateur de toutes choses, et comme l’Héritier de toutes choses. Maintenant nous découvrons qu’Il soutient et maintient toutes choses par la parole de Sa puissance. On parle quelquefois des lois de l’univers, on observe le fonctionnement de la loi de la gravitation, bien qu’on en ignore l’origine et la cause. Il se peut même qu’avant peu il nous faille entendre la science versatile modifier et renverser tout ce qu’elle avait affirmé auparavant au sujet de ces lois. Eh bien, qu’il en soit ainsi ! Nous savons que LA LOI de l’univers est la parole de Sa puissance, et c’est là tout ce qui compte réellement. Toutes les lois que nous pouvons observer, ou croire observer, sont très secondaires, et si les têtes pensantes des spéculations scientifiques renversaient soudainement leurs déclarations, nous ne changerions pas d’un cheveu.
Reprenons ceci brièvement. Le Fils est le Créateur, le Soutien et l’Héritier de toutes choses. Il est en outre l’Expression exacte de tout ce que Dieu est (l’empreinte de Sa substance), étant Dieu Lui-même ; et étant cette expression exacte, Il s’est avancé pour être d’une part le Divin Porte-parole, et d’autre part le Rédempteur. S’Il s’était borné à parler, nous aurions tous été terrifiés, mais comme Il a à la fois fait la purification de nos péchés et parlé, nous pouvons recevoir avec joie la révélation qu’Il a faite.
2.4 - Ch. 1:4
Au verset 4, Il est mis en contraste avec les anges, et ce contraste ne fait pas simplement l’objet d’une courte allusion : le thème est développé très longuement, jusqu’à la fin du chapitre. Et il y a bien CONTRASTE à tous égards. En disant cela, nous soulignons l’un des aspects caractéristiques de cette épître. En avançant dans l’épître, nous trouverons continuellement des références à l’ancien ordre de choses établi quand la loi fut donnée à Moïse. Ces choses anciennes et matérielles avaient une certaine ressemblance avec les choses nouvelles et spirituelles établies et introduites par le Seigneur Jésus, et elles étaient destinées à servir de modèles ou de types. Mais quand on met ces types en face des réalités qu’ils typifient, on voit alors l’immensité du contraste. Comme les cieux sont hauts au-dessus de la terre, ainsi l’antitype dépasse le type. Dans notre épître la ressemblance est considérée comme allant de soi, et l’accent est mis sur le contraste.
On pourrait cependant se demander pourquoi le contraste avec les anges est tant développé, et même poursuivi au chapitre suivant ? Quelle en est la raison ? Eh bien, tous les Juifs savaient que les anges avaient joué un rôle important en rapport avec le don de la loi par Moïse, bien qu’il en soit peu parlé dans l’Exode. Les paroles d’Étienne relatées en Actes 7:53, le montrent tout comme le verset Héb. 2:2. Ce déploiement d’anges pouvait donner, dans l’esprit des gens, un appui très fort à Moïse et à la loi qu’il leur apportait. Et voilà maintenant apparaître parmi les hommes le Divin Porte-parole, même si pour eux il n’est encore que Jésus de Nazareth, un Homme humble et méprisé. Il n’y a aucune beauté en Lui qui nous Le fasse désirer, ni Lui ni Ses paroles, et il n’y a aucun déploiement d’anges pour L’accréditer. Il était donc de la plus haute importance d’insister sur la vraie gloire de Sa personne comme étant infiniment au-dessus de tous les anges. S’il avait été ouvertement servi par des myriades de myriades d’anges, cela ne Lui aurait rien donné de plus.
Il est dit deux choses au verset 4 — d’une part qu’Il a un nom plus excellent que les anges par héritage, et d’autre part qu’Il est devenu plus excellent qu’eux. Les mots « étant devenu » peuvent aussi être traduits par « étant fait » ou « prenant une place ». L’expression « Il a hérité d’un nom plus excellent que les anges » se réfère à Sa supériorité en raison de Sa gloire dans la Déité. L’autre expression (Il est devenu plus excellent) se réfère à la place qu’Il occupe maintenant dans Son humanité comme Celui qui a accompli la rédemption. Et remarquez que Sa supériorité est déclarée de manière égale dans les deux cas, comme cela ressort des mots « d’autant plus… que ». Relisez le verset pour vous-même, et vous verrez.
2.5 - Ch. 1:5-14 — Sept citations de l’Ancien Testament
Ces faits comme le verset 4 les pose, sont soutenus et prouvés par une série remarquable de citations de l’Ancien Testament, allant du verset 5 à la fin du chapitre. Remarquons simplement la suite du raisonnement.
2.5.1 - Le contenu des versets
Les versets 5 et 6 contiennent trois citations donnant les déclarations de Dieu quand Il introduit le Seigneur Jésus parmi les hommes. Ces citations soutiennent de manière décisive ce qui est dit au verset 4, spécialement l’affirmation qu’Il est plus excellent que les anges par héritage.
Au verset 7, nous avons une citation qui déclare simplement la nature des anges et la raison de leur existence. Par nature, ce sont des esprits, et ils sont des administrateurs pour servir la volonté Divine. Le contraste porte à la fois sur ce qui précède et ce qui suit.
Les versets 8 à 12 donnent deux citations de déclarations de Dieu à Christ ; les deux fois c’est en tant qu’homme que la déclaration Lui est adressée, et pourtant Il est salué comme Dieu et comme le Créateur.
Au verset 13 il y a la citation du décret qui L’a exalté à la droite de la Majesté en haut, et il nous est affirmé que ceci n’a jamais été dit aux anges. Ceux-ci ne sont que des esprits, et ils sont heureux, selon la volonté divine, de servir ces créatures si humbles, autrefois pécheurs déchus, mais destinées à être héritiers du salut. Tout ceci, et particulièrement les versets 9 à 13, nous montre qu’Il est plus excellent que les anges dans la mesure où Il a pris une place tellement plus élevée que la leur.
2.5.2 - Les citations
Dans ces versets, il y a en tout sept citations de l’Ancien Testament : l’une concerne les anges et six concernent Christ. Ces dernières proviennent du psaume 2:7, de 2 Samuel 7:14 (ou 1 Chr. 17:13), des psaumes 97:7 et 45:6-7 et 102:25-27 et 110:1, et chacune mérite d’être étudiée séparément.
La première citation (Ps. 2:7) est profondément intéressante en ce qu’elle montre que, même comme homme né dans le temps, Il est le Fils de Dieu. Ces paroles anticipent la naissance d’une vierge, dont l’accomplissement est annoncé en Luc 1:35. On peut dire que ce passage donne les paroles de Dieu à Christ lors de Son incarnation.
La deuxième citation (1 Chr. 17:13 et 2 Sam. 7:14) est remarquable en ce qu’elle montre combien le Saint Esprit a toujours Christ en vue. En lisant 2 Samuel 7, on pourrait penser que ces paroles ne se réfèrent qu’à Salomon. D’une manière immédiate, c’est bien Salomon qui était en vue, comme le montre le contexte qui suit ; mais au-delà de Salomon, c’est bien Christ qui est en vue.
La troisième citation (Ps. 97:7) donne le décret concernant Christ au moment de Sa réintroduction dans le monde en puissance et en gloire ; non pas lors de Sa première venue, mais lors de Sa seconde venue. Selon le psaume, le « Lui » est clairement l’Éternel. En Hébreux 1, le « Lui » est clairement Christ. Qu’est-ce que cela nous enseigne ? Remarquez aussi que le terme « dieux » peut être utilisé pour quiconque représente Dieu, que ce soit des anges comme ici, ou des hommes comme dans le psaume 82:6, que le Seigneur cite en Jean 10:34.
La quatrième citation est celle du psaume 45, avec ce qui est dit au Fils par Dieu au début du règne millénaire. Il est un Homme, car Dieu est Son Dieu, mais les paroles qui lui sont adressées le traitent comme Dieu. Comme Homme, Il a des compagnons, et pourtant Il possède un bonheur qui est au dessus d’eux — combien nous en sommes heureux !
La cinquième citation, celle du psaume 102:25-27, nous donne la parole divine qui Lui a été adressée au moment de Son extrême humiliation et de sa profonde affliction — on peut presque dire, au jardin de Gethsémané. Celui qui est retranché au milieu de Ses jours, est déclaré être le puissant Créateur, qui finalement consumera ou changera tout ce qui a besoin d’être changé dans la création, mais qui, quant à Lui-même, demeure éternellement le même.
La sixième citation provient du psaume 110:1. Elle tourne nos pensées vers Christ comme le Ressuscité, et nous donne la parole que Dieu Lui adressait alors qu’Il montait aux cieux. Nous sommes ainsi conduits au lieu où se trouve Christ, et nous sommes préparés à Le voir là, et à apprendre la signification de Sa séance en gloire quand nous en arriverons au ch. 2.
2.5.3 - Le but de ces citations
Tout ce merveilleux déploiement de l’excellence de notre précieux Sauveur a pour but que nous soyons marqués par la grandeur de Celui en qui Dieu nous a parlé. Il est, selon l’expression du ch. 3:1, « l’Apôtre … de notre confession ». Un apôtre est un « envoyé », quelqu’un qui vient à nous de la part de Dieu, nous apportant un message divin. Notre Seigneur Jésus est ainsi venu nous apporter la révélation divine complète ; seulement Il est Lui-même Dieu. Ce fait élève immédiatement tout ce qu’Il nous a dit à un niveau bien au dessus de tout ce qui a été dit auparavant. Les prophètes d’autrefois, étaient pleinement inspirés par Dieu, et par conséquent, tout ce qu’ils avaient dit était digne de foi et doit s’accomplir, mais ils ne pouvaient jamais nous communiquer la révélation que nous avons en Christ.
Les Hébreux avaient été introduits dans la merveilleuse lumière de cette révélation. Et nous aussi, grâces à Dieu !
A suivre
Chapitre 2
3 - Chapitre 2
3.1 - Ch. 2:1-4
Voyant que Dieu s’est adressé Lui-même à nous en Christ, qui est bien supérieur non seulement à Moïse, mais aussi à ces anges des mains desquels Moïse reçut la loi, nous devrions faire bien plus attention à tout ce qui a été dit. Le second chapitre commence donc ainsi, et il est impossible d’en éluder la force solennelle. Il ne fallait nullement badiner avec la parole de Dieu prononcée par les anges, comme Israël s’en est aperçu avant d’aller bien loin dans la traversée du désert. Que dire alors de la parole qui nous est parvenue dans et par le Fils de Dieu !
Le premier verset est rendu en français par : « de peur que nous ne nous écartions ». « Laisser échapper les choses entendues » signifierait un manque de mémoire ou de la négligence, mais « s’en écarter » peut même aller jusqu’à l’apostasie. De même au verset 3 le mot « négliger » contient l’idée de ne pas se soucier du grand salut de Dieu alors qu’on fait partie des chrétiens professants ; ce n’est pas simplement négliger l’évangile qui nous a été prêché. Par ces mots donc, nous avons le premier des avertissements solennels contre l’apostasie qui seront répétés tout au long de l’épître ; néanmoins l’utilisation de ces mots en rapport avec l’évangile est tout à fait justifiée. Si celui qui fait profession de christianisme n’échappera en aucune façon, encore moins échapperont ceux qui ne prêtent aucune attention à l’évangile quand ils l’entendent.
Cependant nous voyons aux versets 2 et 3 qu’il est bien plus grave de faire peu cas du salut de Dieu que de transgresser Sa loi, car il n’y a pas de plus grand péché que de mépriser la grâce de Dieu. Autrefois Moïse avait été l’envoyé, et avait reçu mission d’annoncer le salut hors d’Égypte à leurs pères, puis il a dûment accompli ce salut. La grandeur de notre salut se voit dans le fait que Celui qui l’a annoncé est le Seigneur, dont la gloire a été placée devant nous au ch. 1, et dans le fait que les apôtres qui confirmèrent Son message après Son exaltation aux cieux, étaient eux-mêmes accrédités par de grandes manifestations de puissance divine dans l’énergie du Saint Esprit qui leur avait été donné. Plus tard nous trouverons que le Seigneur Jésus a agi comme l’Apôtre en annonçant le grand salut, mais que tout a été accompli par Lui comme Garant, Médiateur et comme Sacrifice.
3.2 - Ch. 2:5
Dans notre chapitre, l’accent est mis sur Sa sacrificature. Pour le moment, un nouvel ordre de choses est encore à établir, ce dont parle le verset 5 comme « le monde habité à venir ». Tous les Juifs attendaient qu’un nouvel ordre de choses soit introduit par la venue du Messie. Or dans ce monde à venir les anges ne seront pas l’autorité suprême, bien qu’ils auront certains services y à rendre comme d’autres passages le montrent. Ce monde à venir sera intégralement soumis à Christ comme Fils de l’homme, selon la prédiction du 8, quand le Seigneur revêtira sa grande autorité (Il sera sacrificateur sur son trône ; Zach. 6:13).
3.3 - Ch. 2:6-9
La citation du psaume 8 va de la fin du verset 6 à la première phrase du verset 8. Dans le reste du verset 8 et au verset 9, nous avons une explication inspirée sur la manière dont cette citation s’applique au temps actuel. La citation commence au moment où David, après avoir contemplé les merveilles de l’univers, demande ce que vaut l’homme. Il utilise un mot hébreu signifiant « un homme fragile » ou « un homme mortel ». Eh bien, que vaut-il ? Rien, évidemment. Alors, que sera-t-il dit du Fils de l’homme ? Ah, là l’histoire n’est pas la même. Même dans le psaume 8, David a changé de mot, en remplaçant « homme mortel » par « Fils d’Adam » ; et nous savons que le Seigneur l’était justement, comme on le voit en Luc 3:38. Il est digne de tout. Bien qu’Il ait été fait autrefois un peu moindre que les anges, il doit être couronné de gloire et d’honneur, et avoir la domination absolue, avec toutes choses assujetties sous Ses pieds.
Il est très remarquable que la citation s’arrête juste au point où, dans le psaume, certaines expressions paraissent se mettre à restreindre le « toutes choses » mises sous ses pieds aux choses qui sont sur la terre et dans la mer. La vision des choses dans l’Ancien Testament n’allait pas au-delà de cela. Dans notre chapitre par contre, au moment où l’on passe de la citation à l’explication, un domaine bien plus vaste est envisagé. Nous sommes certains qu’il faut attribuer au petit mot « toutes » sa pleine valeur, sans la moindre ombre de restriction. Cherchez dans tout l’univers, et vous ne trouverez rien qui ne Lui soit assujetti. Dans ce monde à venir, l’homme, dans la personne du Fils de l’homme, sera absolument à la position suprême.
C’est un fait des plus merveilleux et glorieux, illustrant le fait que Dieu voit toujours la fin dès le commencement, et n’est jamais pris au dépourvu ni détourné de Son propos dans tout ce à quoi Il met la main. Dieu n’a jamais créé les anges pour dominer : Il les a créés pour servir. La seule créature dont nous sachions qu’elle ait été faite pour dominer, c’est l’homme. C’est de lui seul qu’il est dit : « Faisons l’homme… et qu’ils dominent … Et Dieu créa l’homme » (Gen. 1:26-27). L’homme a failli : il a cessé de gouverner la création inférieure en aucun sens propre ; il a même cessé de se gouverner correctement lui-même. Le propos de Dieu a-t-il échoué pour autant ? Non seulement il n’a pas échoué, mais quand le FILS DE L’HOMME apparaîtra dans Sa gloire, le propos Divin sera alors établi avec une plénitude et une gloire encore plus grandes et dont personne ne pouvait rêver quand Adam fut créé, sauf Dieu. Au lieu d’échouer, Dieu a triomphé de la manière la plus glorieuse.
Certains peuvent se dire : C’est possible, mais on n’en voit guère de signes dans le monde actuel. C’est vrai. Nous ne voyons pas encore que toutes choses soient assujetties à Christ. Même ceux qui professent Le suivre ne montrent guère de signes qu’ils Lui sont réellement assujettis. C’est un fait que nous vivons à une époque où il y a très peu de signes visibles, sauf si nous possédons le genre de vue télescopique que donne la foi.
C’est la foi qui voit. Ce sujet sera développé plus en détails au ch. 11, spécialement dans les versets 8 à 22, et 27. Ces grands hommes d’autrefois ont pénétré par la foi dans le monde invisible, sans pourtant jamais voir ce qui brille devant nous — pour autant que nous ayons vraiment la vue perçante de la foi. Nous voyons Jésus, autrefois humilié, mais maintenant couronné de gloire et d’honneur au plus haut des cieux. Les Hébreux possédaient-ils la puissance de vue télescopique de la foi, pénétrant jusqu’à Jésus couronné de gloire, et jusqu’aux choses qui sont au-dessus du soleil ? Et nous, l’avons-nous ? Si oui, nous ne négligerons pas le grand salut ; nous ne nous laisserons pas aller, ni ne glisserons vers l’apostasie. Regardant à Jésus, nous courrons la course chrétienne avec l’énergie donnée de Dieu.
Mais que signifie cette expression du psaume 8 selon laquelle le Fils de l’homme a été fait « un peu moindre que les anges » ? N’avons-nous pas lu au premier chapitre qu’Il est « devenu d’autant plus excellent que les anges » ? Il y a bien là une contradiction apparente.
Ces passages où semblent apparaître des contradictions sont bien utiles s’ils nous amènent à faire le point et à réfléchir. En les plaçant dans leur contexte, et en méditant sur eux, nous découvrons des harmonies et des enseignements que nous n’aurions pas vus autrement. Voyons ce qu’il en est du passage placé devant nous. Au ch. 1, l’accent est mis sur la Déité de notre Seigneur, en relation avec Son Apostolat. Pourtant Il est devenu un Homme, de sorte que Dieu est Son Dieu. Mais si l’on considère que c’est DIEU qui est devenu homme, Il est nécessairement « plus excellent que les anges ».
Au chapitre 2, l’accent est mis sur l’humanité du Seigneur Jésus. Il est devenu homme en vue de souffrir la mort. L’homme a été créé ainsi : esprit, âme et corps, de sorte qu’il peut mourir, par séparation de la partie spirituelle de son être d’avec son corps. À cet égard, l’homme a été créé un peu inférieur aux anges. Or le Fils de Dieu est devenu le Fils de l’Homme dans un sens si réel que, comme homme, Il a pris sur Lui la condamnation à mort, et Il est mort pour les hommes. De ce point de vue, « Il a été fait un peu moindre que les anges », car les anges ne meurent jamais.
Dans ces merveilleux versets, on trouve une expression six fois répétée : trois fois au verset 8, une fois au verset 9 et deux fois au verset 10. C’est l’expression « toutes choses », et ce n’est qu’à la fin du verset 9 qu’elle est traduite différemment. Le Seigneur Jésus a goûté la mort pour « tout », ou pour « chacun » [voir la note dans la traduction J.N. Darby], non pas seulement pour les Juifs. Actuellement, « tout » Lui est assujetti, mais c’est seulement dans le monde à venir que nous le verrons effectivement.
3.4 - Ch. 2:10-11
Au verset 10, nous trouvons le second but en vue dans les souffrances et la mort de Christ. Non seulement, Il a fait propitiation pour « tout », mais par là Il s’est qualifié (si l’on peut dire) pour la position qu’Il avait à prendre selon le propos de Dieu. Dieu a institué un nouveau pèlerinage. Autrefois Il s’était servi de Moïse et Josué pour amener le peuple d’Égypte en Canaan. Maintenant Il a entrepris l’œuvre puissante d’amener plusieurs fils à la gloire, — des fils rassemblés d’entre toutes les nations. Il n’échouera pas dans cette glorieuse entreprise car premièrement, Lui qui l’a initiée, a toutes choses à Sa disposition, et deuxièmement Celui à qui cette entreprise a été confiée comme Chef, est le Christ ressuscité. Il a subi toutes les souffrances possibles ici-bas pour avoir une pleine connaissance expérimentale de toutes les douleurs qui affligent ceux qui sont maintenant les fils en chemin pour la gloire.
N’est-ce pas merveilleux que le Seigneur Jésus ait condescendu à devenir le Chef de notre salut ? Bien que ce soit merveilleux, c’est un fait. Étant mort et ressuscité, Il s’est placé à la tête de la grande famille des rachetés qui est rassemblée d’entre les nations et amenée à la gloire. Ce sont les sanctifiés dont parle le verset 11 — c’est-à-dire ceux qui sont mis à part pour Dieu — mais Il est Celui qui sanctifie. Ils sont mis à part pour Dieu en vertu de leur relation avec Lui.
Notre relation avec Lui est très proche et intime, au point qu’il peut être dit que « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un ». Tous d’un : qu’est-ce que cela signifie ? Cela ne nous est pas dit. Mais puisqu’il est dit ensuite : « C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères », il semble que la pensée est que Lui et eux sont de la même lignée, de la même vie et de la même nature. Le jour est arrivé où nous savons, selon les propres paroles du Seigneur en Jean 14:20, que Lui est dans le Père, que nous sommes en Lui, et Lui en nous ; et le jour est aussi venu où, selon Jean 17:19, Il s’est sanctifié Lui-même pour nous dans le ciel afin que nous soyons sanctifiés par la vérité.
3.5 - Ch. 2:12-13
Trois passages de l’Ancien Testament sont cités aux versets 12 et 13 afin de montrer à quel point nous sommes complètement identifiés avec Lui, et Lui avec nous, et aussi que cet immense privilège était prédit, bien que non réalisé, dans les temps précédant Sa venue. Le premier des trois est spécialement remarquable. Il vient de la dernière partie du psaume 22, juste à l’endroit où la prophétie passe de Sa mort à Sa résurrection, et le mot « congrégation » est traduit par le mot « assemblée ». L’assemblée (c’est-à-dire l’ » ecclesia », ceux qui sont appelés en dehors) est ce à quoi nous appartenons tous, et ici elle est tout à fait identifiée avec les « plusieurs fils » et les « sanctifiés » des versets précédents.
3.6 - Ch. 2:14-17a
Mais s’il fallait que nous soyons identifié avec Lui de cette manière merveilleuse, il était d’abord nécessaire qu’en grâce, Il s’identifie avec nous dans notre besoin, et c’est ce qu’Il a fait en toutes choses à part le péché. Il n’est pas venu sauver des anges, mais des hommes. Par conséquent il n’a pas revêtu la nature des anges, mais celle des hommes, et en particulier celle de la semence d’Abraham, car comme nous le savons, le Seigneur est issu de Juda. Le mot « prend » utilisé au v. 16 signifie « se saisir de », et on a dit que « ce mot est constamment utilisé pour ‘se charger d’une personne pour l’aider’, mais aussi dans d’autres sens ». Quelle grâce étonnante quand nous voyons qu’elle impliquait qu’Il ait part au sang et à la chair, ce qui est le lot commun de l’humanité, mais Lui l’a fait afin de pouvoir mourir.
Le verset 14 est tout aussi clair là-dessus que le verset 9. Seule la mort pouvait régler la situation tragique où nous nous trouvions. La mort est possible pour l’homme puisqu’il participe au sang et à la chair. Son sang peut être versé, et sa chair se corrompre, et son esprit revenir à Dieu qui l’a donné — tout choses qui sont impossibles aux anges. La mort est en fait apparue comme la sentence divine sur tous les hommes à cause du péché ; et Satan, après avoir incité l’homme à désobéir au commencement, manie maintenant le pouvoir de la mort sur les consciences des hommes, en les effrayant et en les tenant par-là en esclavage. Qu’est-ce qui pourrait détruire (c’est à dire annuler ou anéantir ou rendre impuissant) le diable et le pouvoir qu’il manie ? Une chose seulement. Rien d’autre que la MORT ne pouvait annuler la mort. Et seule la mort d’un HOMME pouvait annuler la mort pour les hommes. Tout ceci a été accompli. Le Chef de notre salut, en prenant part au sang et à la chair, est devenu un vrai Homme et est mort pour nous.
« La chair et le sang » est une expression qui décrit l’état et la condition de l’humanité, sans référence à la question du péché. Quand Adam est sorti tout frais émoulu des mains du Dieu Créateur, il participait à la chair et au sang, mais son humanité était innocente. Il chuta, et lui et sa postérité restèrent participant au sang et à la chair, mais c’était la chair et le sang d’une humanité déchue. Notre précieux Seigneur Jésus a participé au sang et à la chair, et Son humanité est l’essence même de la sainteté.
3.7 - Ch. 2:17-18
Cependant il convenait pour Lui qu’en toutes choses Il soit fait semblable à ceux dont il avait pris la cause en main, comme le déclare le verset 17. C’est une déclaration très forte, et la réalité qu’elle présente sera un thème d’émerveillement et d’adoration pendant toute l’éternité. Pensez un peu combien il Lui aurait plu de s’abaisser et de sauver Ses créatures pécheresses et avilies sans leur être du tout fait semblable. Mais cela n’aurait pas convenu à Son amour, même si cela avait pu avoir lieu en respectant Sa justice. Participant au sang et à la chair, Il voulait leur ressembler en toutes choses. Il devait être tenté et souffrir, selon le verset 18, et entrer ainsi dans toutes leurs expériences sauf celles impliquant le péché, et cela en vue de devenir le Souverain Sacrificateur de Son peuple.
Tout au long de la dernière partie de ce chapitre, le Seigneur est présenté sous le même jour. Que ce soit comme Chef de notre salut, comme Celui qui sanctifie, ou comme Souverain Sacrificateur, Il est vu se tenant pour nous devant Dieu — et non pas pour Dieu devant nous comme c’est le cas quand il est question de son Apostolat. En tant que Souverain Sacrificateur, Il agit dans les choses qui concernent Dieu, et en même temps Il est capable de nous secourir dans nos tentations. Envers nous Il est toujours miséricordieux, tout en maintenant toujours les propos de Dieu et Sa gloire avec la plus parfaite fidélité. Tant qu’il en est ainsi, Sa gloire personnelle et Sa prééminence sont pleinement établies. Il n’a pas honte de nous appeler frères, mais nulle part nous ne sommes encouragés à retourner la phrase, et à se servir du même terme de frères pour Le désigner, comme certains le font parfois.
Avant de terminer ce chapitre, remarquez combien tout est coulé dans un moule convenant parfaitement à des esprits juifs. Chaque point est corroboré par des citations de l’Ancien Testament, montrant combien ce qui est maintenant établi en Christ avait été prévu et annoncé. Ceci pouvait ne rien vouloir dire pour quelqu’un des nations, mais c’était très significatif pour des Juifs. En outre la vérité est formulée en des termes susceptibles de leur rappeler immédiatement la manière par laquelle leur ancienne religion avait donné des types de ces biens à venir. La fin du verset 17 en est une illustration, où il est parlé de l’œuvre du Seigneur Jésus comme faisant « propitiation pour les péchés du peuple ». Pourquoi le dire ainsi ? Pourquoi ne pas avoir dit : « pour nos péchés », ou « pour les péchés des hommes » ? Parce qu’alors la vérité n’aurait pas été aussi frappante pour des esprits juifs. Telle qu’elle est présentée, cette fin du v. 17 tournait de suite leurs pensées vers l’activité bien connue d’Aaron et de ses successeurs, au grand jour des propitiations, selon Lév. 16, qui était un type frappant de l’œuvre de Christ.
Aucun livre du Nouveau Testament ne jette plus de lumière sur l’Ancien Testament que l’épître aux Hébreux ; et aucun ne montre plus clairement toute la nécessité pour nous de lire et de comprendre l’Ancien Testament. Si nous lisons l’épître aux Hébreux en la détachant de ce contexte, il est très facile de s’égarer dans des notions erronées.
A suivre
Chapitre 3 - versets 1 à 6
4 - Chapitre 3
4.1 - Ch. 3:1
Le premier chapitre nous a présenté le Seigneur Jésus comme l’Apôtre, c’est-à-dire l’Envoyé, venu à nous de la part de Dieu pour nous apporter la révélation Divine. Le chapitre 2 Le plaçait devant nous comme le Souverain Sacrificateur qui est allé de notre part vers Dieu pour nous représenter et soutenir notre cause en Sa présence. Maintenant nous sommes priés de Le considérer sous ces deux caractères de façon très approfondie. Il faut y appliquer nos esprits comme ceux qui cherchent à découvrir tout ce que cela implique.
Ces Hébreux avaient embrassé une nouvelle profession de foi, ou il vaut mieux dire qu’ils s’étaient mis à confesser le nom de Jésus que leur nation avait rejeté. L’attitude nationale envers Jésus se résumait par ces mots : « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais, pour celui-ci, nous ne savons d’où il est » (Jean 9:29). Plus ces Hébreux convertis considéraient JÉSUS et L’étudiaient, plus ils sauraient avec certitude d’où Jésus était : ils s’apercevraient que véritablement « Il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu » (Jean 13:3).
Les Juifs se glorifiaient de Moïse et d’Aaron. Dieu avait en effet parlé à l’un d’eux et en avait fait Son porte-parole, et Il avait attribué à l’autre la fonction de sacrificateur ; néanmoins tous deux étaient morts. Le chrétien, et le chrétien seul, a un Apôtre et Souverain Sacrificateur vivant, qu’il peut connaître, contempler et aimer : Celui qui est Dieu et pourtant Homme, et qui est pourvu de tous les attributs et de toutes les gloires énumérés aux chapitres 1 et 2.
Il est digne de notre étude éternelle. Considérons-Le bien, car en le faisant nous verrons d’autant plus clairement la richesse de la place que nous avons comme mis en relation avec Lui, et l’élévation de l’appel auquel nous avons part. Ces deux choses sont mentionnées dans le verset 1. Ne passons pas dessus à la légère. Elles sont dignes d’une attention sérieuse.
Ce chapitre s’adresse à nous comme à des « frères saints ». Cela a une portée extrêmement forte. Cela ne veut pas simplement dire que tous les chrétiens sont frères, et que tous sont mis à part pour Dieu. Il faut comprendre l’expression en rapport avec son contexte, c’est-à-dire en rapport avec ce qui précède, et en particulier les versets 2:10-11. En 2:11, nous avons les mots « sanctifie » et « sanctifiés », et ici le mot « saints ». Ce sont des formes différentes du même mot. Nous sommes saints du fait que nous sommes entrés dans la merveilleuse sanctification où l’on est « tous d’un » avec le grand Chef de notre salut. Pour la même raison nous sommes « frères » car Il n’a pas honte de nous appeler ainsi. En s’adressant à nous comme des « frères saints », l’Esprit de Dieu nous rappelle la place de proximité et d’honneur extraordinaires où nous sommes mis.
En tant que frères saints, nous participons à l’appel céleste. Nous savons tous comment Dieu a appelé Israël à sortir d’Égypte pour les introduire dans le pays qu’Il s’était proposé pour eux. Leur appel était terrestre, mais il ne faut nullement le mépriser pour autant. Quant à nous, nous ne sommes pas appelés à quelque lieu particulier sur la terre, mais à une place dans le ciel.
Dans les évangiles, nous voyons comment le Seigneur préparait les esprits de Ses disciples à ce changement immense. À un moment de Son ministère, Il leur commanda de ne pas tant se réjouir d’avoir des pouvoirs miraculeux, mais plutôt de se réjouir d’avoir leurs noms écrits dans les cieux (Luc 10:20). Nos noms sont inscrits dans les registres des villes où nous habitons, et par ces paroles le Seigneur indiquait qu’ils avaient acquis une citoyenneté céleste. Plus tard, dans Son discours d’adieu, Il leur parla de la vraie maison de Son Père dans les cieux, cette maison dont le temple terrestre n’est qu’une représentation ou une ombre, et Il dit : « Je vais vous préparer une place » (Jean 14:2). Notre place est là. Notre appel est céleste dans son caractère, et il a le ciel comme aboutissement.
Si ces Hébreux convertis au commencement avaient réellement saisi par la foi ces faits puissants, ils se seraient sans aucun doute rendu compte à quel point ils avaient été élevés. Ce n’était pas peu de chose d’avoir été le peuple d’Abraham et de Moïse, d’avoir été appelé à aller dans un pays ruisselant de lait et de miel ; mais tout cela perdait toute importance en face de privilèges tels que faire partie des « plusieurs fils » amenés à la gloire, être reconnus comme des « frères saints » par le Seigneur Jésus, et avoir une vocation céleste. Mais si c’était déjà une grande élévation pour eux, combien plus grande est notre élévation à nous qui n’avions aucune part aux privilèges d’Israël, et n’étions que des pécheurs des nations ! Prenons seulement le temps de peser cela, et nous aurons abondamment de quoi nous prosterner dans nos cœurs en adoration de Celui dont le cœur d’amour a conçu de tels desseins.
4.2 - Ch. 3:2-6
Notre appel est caractérisé par le fait d’être saint et céleste, mais le grand point pour nous, c’est de tourner les yeux de notre âme vers Jésus, et de Le considérer avec ferveur. Il est à la fois Apôtre et Souverain Sacrificateur, et dans Sa grandeur nous pouvons lire la grandeur de notre appel. Les versets 2 à 6 nous donnent un aperçu de Sa grandeur en contraste avec Moïse. Quand Marie et Aaron parlèrent contre Moïse, selon le récit de Nombres 12, ils dirent : « L’Éternel n’a-t-il parlé que par Moïse ? N’a-t-il pas parlé aussi par nous ? » (12:2), c’est-à-dire qu’ils mettaient en cause son rôle de prophète, ou apôtre, de ce temps-là. Alors le Seigneur rend ce témoignage remarquable à son sujet : « Mon serviteur Moïse a été fidèle dans toute ma maison » (Nomb. 12:7). En cela, il était un type de Christ qui a été fidèle à Celui qui Lui a confié la charge suprême.
Mais même ainsi, nous trouvons que le rapport entre le type et l’antitype est ici plutôt un contraste qu’une comparaison. D’abord Moïse était fidèle dans la maison de Dieu comme faisant lui-même partie de cette maison, tandis que Christ est celui qui bâtit la maison. Ensuite la maison où Moïse officiait était simplement Israël ; il avait la charge de cette nation, mais d’elle seulement. Le Seigneur Jésus agit en faveur de « toutes choses ». Celui qui bâtit toutes choses est Dieu, et le Seigneur Jésus est Celui par qui Dieu les bâtit. Enfin en troisième lieu, dans la petite sphère restreinte d’Israël, Moïse officiait comme un serviteur fidèle ; mais dans la vaste sphère de toutes choses, Christ officie pour la gloire de Dieu. Méditons sur ces points, et nous commencerons à avoir des pensées plus vastes au sujet de Christ.
Pourtant nous ne devons pas nous perdre dans l’immensité du puissant univers de Dieu, aussi nous trouvons que Christ a Sa propre maison sur laquelle Il est Fils, et nous, les croyants d’aujourd’hui, nous sommes cette maison. Nous sommes Son édifice, et Il administre fidèlement tout ce qui nous concerne pour la gloire de Dieu, comme Apôtre et Souverain Sacrificateur.
4.3 - Ch. 3:6b — Si du moins
Mais, comme il est dit ici, nous sommes sa maison « si du moins… ». Ce si du moins trouble beaucoup de gens. Il n’est pas destiné à troubler le vrai croyant, mais seulement celui qui n’est qu’un simple professant de la religion chrétienne. Établissons ici une distinction importante. Quand dans l’Écriture nous sommes vus comme nés de Dieu, ou vus en quelque manière comme les objets de l’œuvre de Dieu par Son Esprit, alors il n’y a pas de si. Comment cela se peut-il ? — Parce que la perfection marque tout ce qui est l’œuvre de Dieu. D’un autre côté, quand nous sommes vus d’un point de vue humain comme ceux qui ont embrassé la profession chrétienne, alors un si peut être introduit — et en effet il doit l’être.
Voici des gens qui ont professé être convertis il y a des années, et pourtant aujourd’hui ils sont loin d’avoir un comportement chrétien. Que peut-on dire à leur égard ? Eh bien, comme nous cherchons à être charitables dans nos pensées, nous leur donnons le bénéfice du doute, et nous les acceptons comme croyants, jusqu’à ce que, de manière probante, ils se révèlent ne pas l’être. Pourtant il y a encore un doute : un si est introduit. Les Hébreux auxquels cette épître s’adressait, étaient nombreux et d’états spirituels fort variés. Certains d’entre eux causaient beaucoup d’inquiétude à l’auteur de l’épître. La plupart d’entre eux étaient sans doute vraiment convertis, et il pouvait dire d’eux : « mais nous sommes persuadés, en ce qui vous concerne, bien-aimés, de choses meilleures et qui tiennent au salut » (6:9). Pourtant en leur écrivant à tous globalement, que pouvait-il dire sinon que tous les privilèges chrétiens leur appartenaient, si leur profession chrétienne était effectivement une réalité.
Or c’est justement ce que dit la seconde partie du verset 6, car il est temps de tester la réalité. Ce qui seul peut donner une garantie certaine de la réalité de la profession chrétienne, c’est la persévérance. Tôt ou tard la fausse profession chrétienne laisse tomber les choses, et se détourne ; la vraie profession tient ferme jusqu’au bout. Si quelqu’un se fourvoie et se détourne, la véritable racine de leur trouble tient en un mot : l’incrédulité.
A suivre
Chapitre 3, verset 7 à chapitre 4 verset 3
4.4 - Ch. 3:7-19
Vous remarquez bien sûr que les versets 7 (après « c’est pourquoi ») à 11 forment une parenthèse. Pour avoir le sens correct il faut lire : « C’est pourquoi prenez garde, frères, etc. ». C’est contre un méchant cœur d’incrédulité que nous sommes mis en garde, et non pas de froideur, d’indifférence ou de mondanité, aussi mauvaises que soient ces choses pour la santé spirituelle des croyants. C’était justement l’incrédulité qui était la racine de tous les troubles d’Israël dans leur voyage dans le désert, selon le dernier verset du ch. 3. L’Israël du temps de Moïse était donc en cela un signal d’alarme pour les Hébreux du temps des apôtres.
Dans la parenthèse nous avons une citation du Ps. 95. Elle est placée devant nous, non comme une parole de David, mais comme une parole du Saint Esprit qui inspira David pour la prononcer. Dans les quatre derniers versets de notre ch. 3, nous avons le commentaire du Saint Esprit sur ce qu’Il a dit dans le psaume, et il y est établi clairement ce que nous venons de dire plus haut. Caleb et Josué entrèrent dans le pays de la promesse parce qu’ils avaient cru ; les autres n’entrèrent pas parce qu’ils n’avaient pas cru. Leurs cadavres sont tombés dans le désert.
Un mot d’explication supplémentaire est nécessaire ici pour que nous ne fassions pas de confusion dans nos pensées. On peut considérer l’histoire d’Israël de deux manières : soit d’un point de vue national, soit d’un point de vue plus personnel et individuel. Quelle que soit la manière de la considérer, cette histoire a une valeur typique pour nous.
Si nous prenons le premier point de vue, nous les considérons comme un peuple racheté nationalement, et c’est nationalement qu’ils entrèrent dans le pays que Dieu s’était proposé pour eux, à l’exception de deux tribus et demies qui devinrent le type des croyants qui ont leurs pensées aux choses de la terre, qui n’entrent pas dans la bénédiction que Dieu s’est proposé pour eux. De ce point de vue, il est sans importance que les individus effectivement entrés dans le pays (hormis deux d’entre eux), n’étaient pas du tout les mêmes que ceux qui étaient sortis d’Égypte. Selon le second point de vue, nous nous intéressons tout à fait à l’état effectif du peuple et des individus parmi eux. De tous ceux qui quittèrent l’Égypte, seulement deux crurent et entrèrent effectivement en Canaan. Ce dernier point de vue est celui de l’épître aux Hébreux, comme aussi de 1 Cor. 10:1-13 où il nous est dit qu’ils sont des types ou des exemples pour nous. Ils sont pour nous un avertissement très clair de la fin terrible qui attend ceux qui, selon leur profession et selon les apparences extérieures, font bien partie du peuple de Dieu, mais qui sont en réalité dépourvus de la foi vraie et vitale qui est la source principale de toute sainteté.
Nous sommes donc mis en garde contre un méchant cœur d’incrédulité qui s’écarte du Dieu vivant, et nous sommes priés de nous exhorter l’un l’autre chaque jour (3:13), car le péché est très trompeur. Si les croyants doivent s’exhorter l’un l’autre chaque jour, cela signifie que chaque jour ils recherchent la compagnie des autres croyants. Ce verset considère comme allant de soi que nous ayons nos relations et notre compagnie parmi le peuple de Dieu, de la même manière qu’autrefois, les apôtres « ayant été relâchés, vinrent vers les leurs » (Actes 4:23). Il implique aussi que nous veillons sur l’âme les uns des autres en vue de la prospérité spirituelle des uns et des autres. Mais, est-ce vrai de nous tous ? La santé spirituelle générale des chrétiens n’en serait que meilleure. Nous sommes bien plus influencés par la compagnie des gens que nous fréquentons que beaucoup d’entre nous sont prêts à l’admettre.
Si donc certains d’entre nous ont confessé le nom de Jésus sans réalité, il y a alors en eux un méchant cœur d’incrédulité, quoi que ce soit qu’ils aient pu exprimer de leurs bouches ; et à moins d’ouvrir les yeux aux réalités, la pente du déclin est irréversible. Le méchant cœur d’incrédulité est facilement trompé par le péché ; et le péché lui-même, en raison de sa tromperie, nous endurcit jusqu’à nous rendre insensibles à la répréhension. Alors au lieu de « retenir ferme jusqu’au bout le commencement de notre assurance », nous laissons aller et nous abandonnons. Or seuls les vrais croyants, qui demeurent fermes jusqu’au bout, deviennent compagnons du Christ.
5 - Chapitre 4
5.1 - Ch. 4:1
Il n’est pas étonnant dès lors que le chapitre 4 commence par ces mots : « Craignons donc ». Cela ne signifie nullement que nous devions être tout le temps remplis d’une frayeur servile, nous demandant toujours avec inquiétude si nous tiendrons jusqu’à la fin pour être sauvés. Cela signifie que nous devons accepter l’avertissement qui ressort de l’histoire d’Israël, que nous devons nous rappeler de la séduction du péché et de la faiblesse de nos propres cœurs, et qu’il nous faut avoir de toute manière une crainte salutaire en suivant leurs pas.
5.2 - Ch. 4:2-3
Le début du verset 2 dit : « nous aussi, nous avons été évangélisés de même que ceux-là ». Ce n’est pas comme si l’Israël d’autrefois et nous aujourd’hui avions reçu exactement le même message de l’évangile. La bonne nouvelle de la délivrance d’Égypte et de l’entrée en Canaan leur avait été prêchée ; la bonne nouvelle de la délivrance du péché et de l’entrée dans les bénédictions célestes nous a été prêchée. Mais dans les deux cas la bonne nouvelle prêchée ne profite que si elle est reçue par la foi. L’évangile est un remède merveilleux pour le cœur brisé, mais il nous est parvenu dans un flacon avec l’instructions suivante : « à mélanger avec de la foi chez ceux qui entendent ». Si ces instructions ne sont pas suivies, aucune guérison n’est opérée, et nous n’atteignons pas le repos de Dieu.
Le croyant, et le croyant seul, entre dans le repos de Dieu. Ceci est vrai aussi bien si l’on pense au repos typique de Dieu en Canaan, dans lequel seuls Caleb et Josué entrèrent, ou au vrai repos de Dieu qui sera atteint dans un jour à venir ; et c’est là la signification toute simple des premiers mots du verset 3. Il ne s’agit pas de ce que nous, croyants, nous entrons maintenant dans le repos, ni de ce que nous jouissons maintenant de la paix de Dieu — bien que cela soit heureusement vrai, bien sûr, et que l’Écriture insiste ailleurs là-dessus — mais il s’agit de ce que ce sont les croyants, toujours eux et seulement eux, qui entrent dans le repos de Dieu, et de ce que ce repos était prévu dès le temps de la création, mais il n’est pas encore réalisé.