Zacharie

Chapitre 12

Troisième Section — Chapitres 12 à 14

Chapitres 12 et 13 — Le dernier jour

Nous arrivons, avec le chap. 12, à la troisième Section du second livre de Zacharie. La précédente (chap. 9-11) commençait par ces mots: «L’Oracle de la parole de l’Éternel dans le pays de Hadrac», et cet oracle annonçait le jugement des nations qui entourent Israël. La section dont nous allons nous occuper commence par ces mêmes mots: «L’Oracle de la parole de l’Éternel», mais cet oracle est «sur Israël», il n’est pas en jugement, mais en délivrance.

En effet, ces chap. 12 à 14 sont remplis des événements futurs qui auront lieu à Jérusalem et en Juda. Comme nous l’avons souvent remarqué, Jérusalem et Juda occupent presque exclusivement le prophète Zacharie et le sort des dix tribus n’est touché qu’incidemment, quand il s’agit du rétablissement de l’unité d’Israël, pour la gloire du royaume de Christ. (Voyez chap. 10 et 11.)

Les choses qui vont nous être révélées se relient entièrement aux souffrances de Christ et à son apparition en gloire pour son peuple. Les chapitres précédents avaient décrit les bergers de Juda; celui que nous commençons nous présente un nouveau sujet. Il est caractérisé par ces mots: «En ce jour-là», répétés quinze fois dans les trois derniers chapitres et chaque fois avec de nouveaux détails. En effet, ces chapitres ne nous parlent pas des derniers jours, mais du dernier jour et des événements qui le caractérisent. Ils ne nous présentent ni la Bête romaine (sauf en 12:3 d’une manière tout à fait générale), ni le faux prophète, c’est-à-dire l’Antichrist. Leur sort est déjà fixé et leur histoire terminée quand s’ouvre le chap. 12: l’épée est tombée sur le bras et l’œil droit du «pasteur de néant»; son histoire est close (chap. 11), et, après elle le dernier jour commence.

Avant d’entrer dans les détails de ces chapitres, nous ne pouvons assez répéter que Zacharie introduit la personne de Christ d’une manière très inattendue. D’un chapitre à l’autre, le Seigneur vient soudain prendre la place des autres personnages, qui, n’étant que ses faibles représentants, disparaissent et s’évanouissent devant Lui. Tel Joshua aux chap. 3 et 6, Zorobabel au chap. 4. D’autres fois il paraît, sans aucune préparation, comme le Roi en Sion (chap. 9), comme le Berger, représenté par Zacharie (chap. 11), ou comme Celui qui n’est «pas prophète» au chap. 13. Sa personne occupe une place centrale au milieu des événements et en est le point de départ. S’il n’en était pas ainsi, la prophétie perdrait complètement sa valeur. Cherchons-y donc la personne de Christ, donnons-Lui la place qui lui appartient, et tout le champ de la prophétie en sera illuminé. C’est pour avoir négligé ce principe, que tant de chrétiens ne trouvent dans les prophètes que des paroles incompréhensibles et un livre fermé.

Abordons maintenant les événements qui caractérisent le dernier jour et commençons par les présenter d’une manière générale.

Lors du retour, encore à venir, du peuple juif incrédule en Palestine, Jérusalem est devenue la ville de l’Antichrist. Il s’y trouve encore une petite partie du Résidu fidèle de Juda, dont les chefs sont voués au martyre, tandis que la plus grande partie de ce même Résidu, s’est enfuie et réfugiée parmi les nations environnantes. Jérusalem devient alors le centre de toutes les voies finales et de tous les jugements de Dieu. Elle est menacée par l’Assyrien de la fin qui voudrait s’emparer de la Judée et réussit à se créer des partisans en Palestine. L’Antichrist, chef temporel et spirituel du peuple apostat, et Jérusalem, forteresse de sa puissance, s’appuient, pour résister à l’ennemi, sur la Bête, ou empereur romain, chef d’une confédération de dix rois, et dont Rome est la capitale. Cette alliance a pour but avoué de résister au roi du nord, chef des armées de l’Assyrien, mais son but caché est de livrer combat au Christ, en s’opposant à l’établissement de son royaume. Le Seigneur, sortant du ciel avec ses armées, détruit ces deux chefs apostats et les jette vivants «dans l’étang de feu embrasé par le soufre» (Apoc. 19:20). C’est proprement depuis ce moment-là que commencent les événements des trois derniers chapitres de Zacharie, car tout n’est pas terminé avec la destruction du faux prophète et de la Bête romaine. Jérusalem reste encore aux mains des gouverneurs établis par l’Antichrist, qui oppriment le pauvre Résidu souffrant dans cette ville. Après la disparition de la puissance occidentale associée à l’Antichrist, le «roi du Nord» envahit comme un torrent le pays d’Israël et, sous sa direction, les nations environnantes font le siège de Jérusalem. La ville est prise, une partie de sa population emmenée captive, les pauvres du troupeau y restent. Le roi du Nord, avec toutes ses forces, fond sur l’Égypte. Pendant ce temps, le Résidu de Juda qui s’était enfui parmi les nations, rentre dans son pays et, par la force que Dieu lui fournit, tient en échec la puissance de l’Assyrien et porte même la guerre jusque sur son territoire. À l’ouïe de ces nouvelles, le roi du Nord revient d’Égypte et entoure Jérusalem de ses armées. C’est alors que le Seigneur délivre son peuple et la cité bien-aimée, pour établir enfin son règne sur Israël et sur les nations.

Ce court exposé était nécessaire pour montrer dans quel cercle limité se meut l’action des derniers chapitres de Zacharie1.

1 Pour de plus amples détails, qui sortiraient de notre cadre, voyez: «L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des Degrés par H. R.»

 

Chapitre 12

Examinons maintenant brièvement le contenu du chap. 12.

Dans les v. 1 à 5, «Jérusalem sera une coupe d’étourdissement pour tous les peuples». Ce passage contient la seule allusion générale de ces chapitres, sur ce qui arrivera avant la destruction de l’Antichrist. Tous les peuples, non seulement l’Assyrien et les nations qui environnent la Palestine, mais les armées puissantes de l’Occident, trouveront en Jérusalem une coupe qui leur fera perdre le sens. «Tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront», l’Empire romain comme les autres nations. La Bête et le faux prophète avaient cru trouver, dans la possession de Jérusalem, le moyen d’empêcher le vrai Roi d’y établir le centre de son gouvernement. Mais, en ce jour-là, l’Éternel frappera de terreur chevaux et cavaliers et «ouvrira ses yeux sur la maison de Juda».

Lors du retour du peuple incrédule en Palestine, il nous est dit, en Ésaïe 18, que l’Éternel «restera tranquille», et qu’avant la moisson il exercera le jugement sur ce peuple. Mais ici nous le voyons ouvrir ses yeux sur la maison de Juda. Quelle grâce que la sienne! C’était la maison de Juda qui l’avait rejeté; c’est elle qu’il regarde d’abord! Puis il commence à agir par les chefs de Juda: «Les chefs de Juda diront en leur cœur: Les habitants de Jérusalem seront ma force, par l’Éternel des armées, leur Dieu» (v. 5). Leur soutien moral sera le Résidu de Jérusalem, resté fidèle à son Dieu.

«En ce jour-là je rendrai les chefs de Juda semblables à un foyer de feu au milieu du bois et à une torche de feu dans une gerbe, et ils dévoreront à droite et à gauche tous les peuples d’alentour, et Jérusalem demeurera encore à sa place, à Jérusalem.» Ce combat des chefs de Juda a lieu, selon Michée 5:1, contre l’Assyrien; ici, en faveur de Jérusalem, car Jérusalem est, comme nous l’avons dit souvent, le thème principal du prophète Zacharie; mais Jérusalem n’aura pas la première part dans la délivrance, afin qu’elle ne s’élève pas contre Juda et qu’il ne puisse y avoir de rivalité entre eux (v. 7). «Jérusalem demeurera encore à sa place» parce que l’Éternel en protège les habitants (v. 8). Alors, même ceux d’entre eux qui chancellent, seront parés de la dignité royale et «la maison de David sera comme Dieu, comme l’Ange de l’Éternel devant eux», c’est-à-dire que la royauté elle-même sera revêtue d’un caractère divin, allusion, je n’en doute pas, à celui qui est appelé «le Prince» en Ézéchiel, et qui sera sur la terre le représentant du Roi de gloire (Ézéch. 45:7-8, 22-24).

Mais la restauration de Jérusalem ne pourra s’effectuer que par la repentance (v. 10-14) qui sera provoquée par la présence de toutes les nations contre Jérusalem (v. 9).

Nous trouvons ici, non seulement le tableau de ce qui arrivera à Jérusalem, mais aussi l’histoire morale de chacun de nous. Nous ne pouvons retrouver Dieu, dont nous nous sommes éloignés par le péché, que par la repentance. Cette repentance ne sera pas le désespoir pour les habitants de Jérusalem; elle ne peut l’être non plus pour le croyant. L’affliction de ceux qui trouvent un Sauveur dans «Celui qu’ils ont percé», n’est pas le désespoir. Elle ressemble au sentiment des frères de Joseph qui reconnurent, dans leur Libérateur, le frère qu’ils avaient vendu aux nations. Tous se lamentent, tous pleurent; chacun a affaire avec Dieu pour lui-même au sujet de son péché qui est le rejet du Sauveur. Les familles ne se présentent pas devant Dieu dans leur ensemble, mais les hommes à part, les femmes à part. «Ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique.» Cette parole nous fait comprendre le caractère de leur amertume: L’objet qu’ils avaient rejeté, celui de la mort duquel ils avaient été la cause, était digne de tout l’amour du peuple. Leur douleur et leur amour se fondront dans une humiliation générale. Il y aura à Jérusalem des lamentations comme il n’y en eut qu’une seule fois en Israël (v. 11). Le roi Josias avait été l’instrument du réveil le plus extraordinaire, aux derniers temps de la royauté de Juda. Ce même Josias, en conflit avec le roi d’Égypte, avait été enlevé à la fleur de ses jours, et les «Lamentations de Jérémie» témoignent du deuil dont cet événement avait rempli le cœur du peuple et celui du prophète. Mais combien l’affliction sera plus grande, quand les croyants à Jérusalem regarderont vers Celui qu’ils ont percé, et que chacun d’entre eux devra se dire: C’est moi qui ai été la cause de la mort du Messie!

La maison de David, la famille royale; celle de Nathan, la famille prophétique; celle de Lévi1, la famille sacerdotale; enfin la famille des Shimhites, fraction de la maison de Guershon (Nomb. 3:21) qui avec Kehath et Merari forment la famille des Lévites proprement dits: «Toutes les familles», dit le prophète, «qui seront de reste» se lamenteront. Elles représentent ceux qui ont les rapports les plus intimes avec le Christ dans son royaume.

1 Ce terme «la maison de Lévi» se retrouve en plusieurs passages, particulièrement en Malachie, pour indiquer la sacrificature.

Toute cette scène sera la réalisation finale du grand jour des expiations. C’est alors seulement que le peuple de Dieu comprendra toute la portée de ce type. «En ce jour-là», était-il dit, «vous affligerez vos âmes» (Lév. 16:29); mais, en ce jour même, Israël affirmait que pour une année la propitiation avait été faite! Pour le Résidu, cette affliction aura lieu une fois pour toutes, quand il connaîtra la vraie propitiation. Il n’y aura plus de place, dans le règne millénaire de Christ, pour le jour des Propitiations, mais seulement pour la Pâque, mémorial du sacrifice de l’Agneau, et pour la fête des Tabernacles dont la fin de notre prophète va nous parler (chap. 14, cf. Ézéch. 45:21-25).