Zacharie

Chapitre 4

Cinquième vision

Dans le chapitre que nous venons de parcourir, Dieu s’adresse à Joshua, le souverain sacrificateur; le chap. 4 s’occupe du Roi, dans la personne de Zorobabel, car les caractères glorieux de Christ, dans sa gloire millénaire, seront la sacrificature et la royauté. Dès l’abord, le prophète, comme «un homme réveillé de son sommeil», a une vision qu’il est capable de décrire, mais ne comprend en aucune manière: «Et je dis: Je vois, et voici un chandelier tout d’or et une coupe à son sommet; et ses sept lampes sur lui; sept lampes et sept conduits pour les lampes qui sont à son sommet; et deux oliviers auprès de lui, l’un à la droite de la coupe, et l’autre à sa gauche. Et je pris la parole et dis à l’ange qui parlait avec moi, disant: Que sont ces choses, mon Seigneur? Et l’ange qui parlait avec moi répondit et me dit: Ne sais-tu pas ce que sont ces choses? Et je dis: Non, mon Seigneur» (v. 2-5).

Comme nous l’avons déjà fait remarquer, le livre de Zacharie est rempli de questions. Le prophète ne peut rien comprendre sans que l’ange le lui explique. Il est ainsi gardé dans l’humilité, quand il est obligé de répondre «Non, mon Seigneur» au «Ne sais-tu pas?» de son compagnon. Nous avons aussi besoin de nous sentir ignorants devant Dieu, pour apprendre à connaître les vérités renfermées dans sa Parole. Les Écritures offrent beaucoup de détails extérieurs que même les inconvertis peuvent apprendre, mais dont le sens profond échappera toujours à l’esprit de l’homme naturel. Pour saisir ce sens caché, il faut l’Esprit de Dieu (1 Cor. 3:10-14), mais, de plus, il faut connaître Christ, qui est la clef même de la Parole.

Zacharie voit un chandelier d’or et une coupe à son sommet. Le vingt-cinquième chapitre de l’Exode nous parle de ce chandelier. Il était destiné à éclairer le lieu saint et, comme chaque objet du tabernacle ou du temple, il représentait une des gloires de Christ. Si le chandelier représentait Christ dans ce chapitre, sa lumière était le témoignage de Christ.

Mais le symbole du chandelier et de la lumière ne s’applique pas uniquement à sa personne. Dans l’Apocalypse, les sept lampes d’or sont les sept Églises. D’autre part, quand il est question de lumière, le Seigneur ne se borne pas à dire: «Je suis la lumière du monde» (Jean 9:5), il dit aux siens: «Vous êtes la lumière du monde» (Matt. 5:14): le témoignage de Christ devant le monde. Mais la lumière a besoin d’huile pour s’alimenter; le témoignage a besoin, pour être rendu, du Saint Esprit dont l’huile est l’image constante dans la Parole.

Le chandelier d’or dans le temple est donc, en résumé, Christ qui, d’une part, est seul capable de donner la pleine lumière, d’autre part répand sa clarté par des témoins qu’Il a choisis dans ce but.

Zacharie ne nous montre pas le chandelier dans le temple, car les fondements de ce dernier étaient à peine posés. Ici, le chandelier ne répand pas sa lumière dans un espace limité, mais au dehors. Il a une coupe à son sommet pour alimenter les lampes et, afin que cette coupe ne soit jamais vide, deux oliviers y font couler l’huile d’or par des conduits.

Si le témoignage rendu par le Saint Esprit peut s’appliquer moralement au jour actuel, en Zacharie il est prophétique. Il y aura un temps futur de bénédiction et de gloire, où la lumière divine resplendira dans la personne de Celui qui la portera à toujours, et dans celle de ses témoins, noyau du peuple futur d’Israël. Telle nous paraît être la portée de ce passage de Zacharie.

Quant à nous, chrétiens, nous ne devons pas oublier que l’Église est appelée à rendre témoignage avant les jours où Dieu reprendra ses relations avec son ancien peuple. Quand le Seigneur Jésus, la vraie lumière du monde, a été rejeté, il nous a laissés à sa place pour faire luire cette lumière et rendre ce témoignage.

Au deuxième chapitre de l’Apocalypse, nous voyons qu’Éphèse, l’église responsable considérée dans son ensemble, a perdu son premier amour, et avec lui le privilège d’être un témoin de Christ. Aussi lui est-il dit: «J’ôterai ta lampe de son lieu.» La lampe de l’Église, comme corps responsable, sera ôtée de son lieu, et dans l’avenir, le témoignage sera confié à d’autres. C’est de ce témoignage futur que Zacharie nous entretient. Mais avant qu’il brille de tout son éclat en Israël, comme nous le voyons dans notre chapitre, il est placé au chap. 11 de l’Apocalypse, dans les mains de deux témoins juifs, dont il est dit qu’ils sont «les deux oliviers et les deux lampes qui se tiennent devant le Seigneur de la terre» (v. 4). Ce sera un témoignage suffisant, mais nullement universel, rendu à Jérusalem, au temps de la grande tribulation d’Israël. Dieu le reconnaîtra, car «par la bouche de deux ou de trois témoins toute affaire sera confirmée». Il ne sera pas complet comme celui de Zacharie, car au lieu de sept lampes, il n’en aura que deux. Ces deux témoins seront aussi les deux oliviers (Apoc. 11:4); comme il est dit aussi à la fin de notre chapitre: «Ce sont les deux fils de l’huile qui se tiennent auprès du Seigneur de toute la terre» (v. 14). Ils seront les deux oliviers d’où découlera le témoignage du Saint Esprit. Leur lumière soutiendra le faible Résidu qui, avant le règne de Christ, demeurera encore au milieu de Jérusalem. Doués de l’Esprit prophétique, ils agiront dans la puissance d’Élie et de Moise, représentant la sacrificature et la royauté dans un temps de ruine, avant qu’elles soient réunies dans la personne glorieuse de Christ1.

1 Élie, le prophète, est sacrificateur en Carmel (1 Rois 18); Moïse est appelé «roi en Jeshurun» (Deut. 33:5).

En Zacharie, comme nous l’avons dit, le témoignage est complet; la personne du Seigneur Jésus en est le centre; son peuple y est associé avec Lui. L’huile qui alimente le chandelier est fournie par les deux fils de l’huile, la sacrificature et la royauté, qui toutes deux étaient «ointes de l’huile de l’onction» (Lév. 8:12; 1 Sam. 16:13). Ces deux offices entièrement séparés au chap. 3, sont associés ici, mais non pas encore unis dans une seule personne.

Le v. 6 de notre chapitre met en relief d’une manière toute spéciale la personne du roi: «Et il répondit et me parla, disant: C’est ici la parole de l’Éternel à Zorobabel, disant: Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées.» Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, l’Éternel présente Joshua, purifié de sa souillure, comme type de la sacrificature de Christ. Notre chapitre montre Zorobabel, dans son extrême faiblesse, comme type de Christ, le Roi. Zorobabel, faible rejeton de la race royale, aussi abaissé que possible, ne pouvait même prétendre au titre de roi. Mais l’Éternel s’adresse à lui: «Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit.» Quel encouragement pour un homme abaissé, d’apprendre que Dieu ne lui demandait ni force, ni puissance, mais que l’Esprit de Dieu était avec lui!

Nous pouvons nous appliquer aussi cette parole, en des jours comme les nôtres qui ont plus d’une analogie avec ceux de Zacharie. «Tu as peu de force», dit le Seigneur Jésus à Philadelphie. Il encourage les siens dans leur état de faiblesse extérieure, devant les prétentions du monde religieux à la force et à la puissance, car il leur donne l’assurance que Lui est avec eux; ils savent qu’ils peuvent compter sur cette promesse et que sa vertu se déploie dans leur infirmité.

«Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel? Tu deviendras une plaine» (v. 7). C’est sans doute à ce passage que Jésus fait allusion, quand il dit à ses disciples: «Si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne: Transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait; et rien ne vous serait impossible» (Matt. 17:20). Au temps où nous sommes, la plus faible foi fait tomber les obstacles que Satan et le monde nous opposent. Au temps de Zacharie, toute la puissance gentile ne pouvait s’opposer à l’action de l’Esprit de Dieu pour la restauration de son peuple. Il faut que les voies de l’Éternel aboutissent, pour la gloire de Christ et pour la bénédiction de son peuple.

«Et il fera sortir la pierre du faîte avec des acclamations: Grâce, grâce sur elle! (v. 7). Christ était la pierre de fondement au chapitre précédent; il est ici la pierre du faîte, la clef de voûte de tout l’édifice. Sur la pierre de fondement, Dieu avait gravé sept yeux, sur la pierre du faîte on lit un seul mot: Grâce, grâce 1 Elle sera acclamée de tous, comme portant la faveur de Dieu. Toute la bénédiction future de la terre dépendra de cette grâce de Dieu manifestée dans la personne du Roi. Quand il entra dans ce monde, la grâce apparut dans sa personne; la foi en reçut la plénitude (Jean 1:16). Mais son peuple ne l’a pas reçu et le monde l’a rejeté. Il accomplit alors sur la croix l’œuvre de la grâce. Plus tard, il paraîtra dans son royaume comme porteur de la faveur de Dieu et dispensateur de la grâce pour Israël et pour tous les peuples.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Les mains de Zorobabel ont fondé cette maison et ses mains l’achèveront; et tu sauras que l’Éternel des armées m’a envoyé vers vous» (v. 8-9). Zacharie revient ici aux circonstances au milieu desquelles il prophétisait. Zorobabel, dit-il, achèvera la maison dont il a posé le fondement, ce qui eut un accomplissement historique. «Car qui a méprisé le jour des petites choses?» C’était une chose relativement petite de rebâtir le temple d’alors. Le peuple pleurait en pensant à la gloire du temple d’autrefois, et pourtant ce petit commencement était quelque chose pour Dieu; Il approuvait ceux qui avaient à cœur de bâtir sa maison.

Il en est de même aujourd’hui. Nous sommes appelés à apporter des matériaux précieux à l’édifice de Dieu, des âmes nouvelles, des pierres vivantes édifiées sur le fondement qui est Christ, et il suffit de le faire avec un cœur entièrement dévoué au Seigneur, car Lui ne méprise pas le jour des petites choses. «Ils se réjouiront, ces sept-là, et verront le plomb dans la main de Zorobabel: ce sont là les yeux de l’Éternel qui parcourent toute la terre» (v. 10). Les sept yeux de l’Éternel, gravés sur la pierre de fondement du temple, nous sont présentés maintenant comme parcourant toute la terre (cf. Apoc. 5:5). L’Esprit de Dieu, dans sa plénitude, aura de la joie à voir le travail de son temple achevé, le plomb entre les mains de Zorobabel pour assurer, en y plaçant la pierre du faîte, la solidité de tout l’édifice. Peu importait au début sa faible apparence, le travail avait été fait pour le Seigneur. Cet Esprit qui parcourt toute la terre se réjouira de voir toutes choses achevées, mises en ordre, sous le gouvernement du vrai Roi. Alors le temple de l’Éternel, le lieu de rassemblement de tous les peuples, sera le centre visible du règne glorieux de Christ.