Zacharie

Chapitre 3

Quatrième vision

Dans le profond abaissement où se trouvaient les restes de Juda et de Benjamin, ils avaient à leur tête, lors de leur retour à Jérusalem, Joshua et Zorobabel, faibles représentants de la sacrificature et de la royauté, mais précurseurs des gloires futures du Messie. Le souverain sacrificateur Joshua est le sujet de la quatrième vision du prophète. Son nom: «l’Éternel est Sauveur», annonce d’emblée le caractère de Celui dont il est le type. Mais il est important de remarquer que si Joshua représente Christ à la fin de ce chapitre, il n’en est pas ainsi au commencement. Le souverain sacrificateur avait deux offices en Israël. En premier lieu il était médiateur, «établi pour les hommes dans les choses qui concernent Dieu afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés». En second lieu, il était le représentant du peuple, et, selon Zacharie, en particulier de Jérusalem; car, nous l’avons vu plus haut, le peuple considéré dans son ensemble n’est pas reconnu comme tel dans ce prophète. Or Dieu ne pouvait agréer Jérusalem que dans la personne de son représentant, et tout dépendait de la condition de ce dernier.

En rapport avec la prédication de l’Évangile, le commencement de ce chapitre est le tableau de la condition d’un pécheur devant Dieu, mais notre but n’est pas de présenter ce côté si intéressant de la figure de Joshua; nous nous bornerons à faire ressortir le rôle du souverain sacrificateur comme représentant du peuple.

Joshua est invité à se tenir devant l’Ange de l’Éternel. Cet Ange, comme nous l’avons vu au premier chapitre, est, dans l’Ancien Testament, le représentant symbolique de Christ, avant sa manifestation en chair. Dans le Nouveau Testament, l’ange de l’Éternel disparaît, sauf en certaines parties de l’Apocalypse. C’est donc devant Christ, présenté de cette manière mystérieuse, car Christ est d’habitude l’Éternel dans l’Ancien Testament, que Joshua doit se tenir.

Or voici que Satan se tient à la droite du souverain sacrificateur pour s’opposer à lui. L’Ennemi a encore accès devant Dieu comme accusateur des frères. Mais l’Éternel a pris en main la cause de son peuple. De même les chrétiens, le peuple de Dieu d’aujourd’hui, ont à leur droite, comme Joshua devant l’Éternel, un accusateur qui, par le péché, s’est acquis des droits sur l’homme. Il fait appel à la justice de Dieu contre le péché, et à Sa sainteté, pour s’opposer à ce que Sa grâce voudrait faire en faveur de Jérusalem. Hélas! Le souverain sacrificateur était vêtu de vêtements sales. Dans ces conditions, lequel aura le dessus, Satan accusant Joshua avec raison, ou le Dieu saint dont les yeux sont trop purs pour voir le mal?

C’est alors que l’Éternel dit à Satan: «Que l’Éternel te tance, Satan que l’Éternel, qui a choisi Jérusalem, te tance!» Joshua représente ici Jérusalem devant Dieu, et l’Ange de l’Éternel est identifié avec l’Éternel lui-même, pour répondre à l’accusateur. Dieu ajoute: «Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu?» Il commence par établir que Satan ne peut rien contre son choix à Lui, contre Son élection. Satan fait appel à la justice et à l’indignation de Dieu contre le péché, afin de perdre Joshua et Jérusalem; mais il est couvert de confusion à cause de son ignorance de l’amour divin. La grâce qui veut sauver des pécheurs lui est complètement inconnue; il venait établir que la sainteté de Dieu ne pourrait jamais supporter en sa présence un homme avec des vêtements sales, et il avait raison. Mais Dieu répond: «J’ai élu Jérusalem, celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu?» Cela ne signifie pas, comme quelques-uns le pensent, qu’il soit retiré du feu quand déjà la flamme l’a à moitié consumé, mais qu’il a été préservé, mis à part, pour n’y être pas jeté. Joshua étant destiné à être sauvé, Satan est frappé d’impuissance, et c’est lui, l’ennemi de nos âmes, qui sera tancé pour ses mauvais desseins. Toutefois il est nécessaire que la justice de Dieu soit satisfaite, et c’était là-dessus que Satan fondait ses dangereux projets. Or voici comment l’Éternel concilie sa justice avec son élection de grâce: «Joshua était vêtu de vêtements sales, et se tenait devant l’Ange. Et l’Ange prit la parole et parla à ceux qui se tenaient devant lui, disant: Ôtez de dessus lui les vêtements sales. Et il lui dit: Regarde, j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête» (v. 3, 4). Dieu seul pouvait faire cela; Joshua ne pouvait se dépouiller de ses vêtements, sans être nu devant Dieu, ce qui aurait été sa condamnation. Il fallait qu’il fût revêtu de vêtements nouveaux, dignes de Celui devant lequel il se trouvait. «Regarde», dit l’Éternel, «j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête» (v. 4). Dieu délivre Joshua, agit envers lui selon son droit de le purifier, et le place dans la joie et les heureux privilèges de sa présence. C’est ce qui arrivera au jour futur où Jérusalem jouira des bénédictions de l’ère messianique. La ville bien-aimée aura la connaissance du salut accompli pour elle; elle paraîtra devant Dieu, ayant le nom de Joshua, «l’Éternel est Sauveur», gravé sur son front; elle sera «parée de broderies d’or» qui conviennent à la présence du Dieu de justice et au Festin du Roi. «Et je dis: Qu’ils mettent une tiare pure sur sa tête; et ils mirent la tiare pure sur sa tête, et le revêtirent de vêtements; et l’Ange de l’Éternel se tenait là» (v. 5). La tiare était le signe de l’office sacerdotal. Par l’intercession du prophète qui représente ici celle de Christ, car le souverain sacrificateur, comme nous venons de le voir, ne pouvait remplir cette fonction, Joshua est autorisé à reprendre un ministère agréé de Dieu. C’est ainsi que le peuple lui-même sera, dans les temps futurs, une «sainte sacrificature» devant l’Éternel.

Dans toute cette scène, du moment que l’Ange a dit à Satan: «Que l’Éternel te tance», l’accusateur de Joshua disparaît. Il en est toujours ainsi: l’Ennemi peut bien entreprendre de nous détruire, mais ne peut tenir devant Celui qui a pris notre cause en main.

«Et l’Ange de l’Éternel protesta à Joshua, disant: Ainsi dit l’Éternel des armées: Si tu marches dans mes voies, et si tu fais l’acquit de la charge que je te confie, alors tu jugeras aussi ma maison, et tu auras aussi la garde de mes parvis, et je te donnerai de marcher au milieu de ceux-ci qui se tiennent devant moi» (v. 6-7). Ce passage a trait à la responsabilité de Joshua et de la sacrificature représentée dans sa personne. Il y aura, sous le règne de Christ, une sacrificature reconnue, dont feront partie «ceux qui auront fait l’acquit de la charge que Dieu leur avait confiée» (Ézéch. 48:11). Ceux qui auront été infidèles n’auront pas le droit de marcher «au milieu» des sacrificateurs qui feront le service devant l’Éternel, dans son sanctuaire, mais sa grâce pourvoira, dans une mesure, à leurs besoins, en leur donnant la charge de la maison. (Ézéch. 44:10-16). Cette pensée de la responsabilité est plus importante pour nous, chrétiens, qu’elle ne l’était pour les fidèles de l’ancienne alliance. Du moment que, purifiés de nos souillures, nous avons été amenés devant Dieu, revêtus de sa justice, nous sommes capables de le servir et d’exercer la sainte sacrificature en sa présence. Mais nous avons la responsabilité de nous montrer dignes de notre appel, sinon Dieu ne nous confiera pas des bénédictions nouvelles, ni le service de son sanctuaire. La pénible inertie des enfants de Dieu dans le culte n’a souvent pas d’autre cause; leur infidélité les empêche de s’associer aux sacrificateurs qui se tiennent devant Dieu. Combien de chrétiens se contentent de connaître leur relation avec Dieu, sans sentir que «noblesse oblige». Jamais le jugement de la maison et la garde des parvis ne leur sera confiée. Ils resteront, année après année, sans spiritualité, incapables de jugement et de discernement, inutiles à Dieu dans son Assemblée, parce que, dès le début, ils n’ont pas fait l’acquit de leur charge. Puissions-nous prendre ces choses à cœur!

 

Dans la seconde partie du chapitre (v. 8-10), Joshua nous est présenté sous un tout nouveau caractère: «Écoute, Joshua, grand sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi, car ce sont des hommes qui servent de signes» (v. 8). Joshua n’est plus ici le représentant du peuple, ni même le sacrificateur responsable, tenu de faire l’acquit de sa charge pour pouvoir marcher au milieu de ceux qui se tiennent devant l’Éternel. Il est lui-même Celui devant lequel sont assis les sacrificateurs, qu’il a introduits dans son intimité, comme ses compagnons; le premier Joshua n’est mentionné que pour rappeler le second et lui servir de type, car ceux qui l’entourent «sont des hommes qui servent de signes». Il y aura donc un souverain sacrificateur futur, et nous savons, d’après l’épître aux Hébreux et le Psaume 110; qu’il est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, un tout autre ordre de sacrificature que l’ordre aaronique de Joshua. Ce caractère-là n’appartient qu’à Christ, et les chapitres suivants développeront devant nous l’importance de son office. Mais la mention qui nous en est faite ici n’est encore que préliminaire; le Seigneur nous est présenté auparavant sous d’autres aspects: «Car voici, je ferai venir mon serviteur, le Germe» (v. 8). Ce titre «le Germe» (És. 4:2; Jér. 23:5 et 33:15; Zach. 3:8; 6:12), de même que celui de «Rejeton» (És. 11:1; 53:2), se rapporte toujours au Messie, issu, comme Roi, du tronc de David. Il est à remarquer dans ce passage, que Dieu s’adresse à Joshua comme représentant Christ dans son office sacerdotal. Il lui annonce qu’il va susciter son serviteur, le fils de David, le Roi. Ici, la sacrificature et la royauté sont séparées. Au chap. 6:12-13, où la révélation de Christ devient plus complète, le Germe et le Souverain sacrificateur ne forment plus qu’une personne, et leurs deux offices sont réunis sur une seule tête. Au premier chapitre et au commencement du troisième, le Christ nous était déjà apparu, sous la forme mystérieuse de «l’Ange de l’Éternel». Dans le passage qui nous occupe, il nous est présenté personnellement, mais dissocié pour ainsi dire, afin que nous soyons obligés de considérer ces deux offices distincts, pour apprécier leurs gloires et ne pas donner à l’un la prééminence sur l’autre.

Le prophète avait commencé par décrire la chute des empires gentils (1), afin que le rétablissement de Jérusalem pût avoir lieu (2). Il avait montré ensuite (3:1-7) que Jérusalem, pour être restaurée, devait être purifiée dans la personne de son représentant Joshua. Il fait ici un pas de plus, et montre que les fidèles, pour être introduits dans la bénédiction finale, doivent avoir un souverain sacrificateur sans souillure, dont ils seront les compagnons, et un Roi, de la semence de David, selon les conseils de Dieu.

Mais cette personne bénie nous est encore présentée sous un troisième aspect: «Car voici, la pierre que j’ai placée devant Joshua; sur cette seule pierre, il y aura sept yeux; voici, j’en graverai la gravure, dit l’Éternel des armées; et j’ôterai l’iniquité de ce pays en un seul jour» (v. 9).

Lorsque Joshua, l’un des chefs de la captivité restaurée, avait commencé à bâtir la maison de Dieu, une pierre avait été placée devant lui, pour être le fondement du temple que le peuple allait réédifier. C’était la maîtresse pierre du coin, qui devait porter tout l’édifice. Cette pierre n’était qu’une faible image de la vraie pierre, de Christ, fondement du temple futur, de Christ qui serait d’abord la pierre rejetée avant d’être établi pour toujours. Le règne millénaire, immense et glorieux, aura pour centre le temple, lieu du culte de l’Éternel, et ce centre sera fondé sur Christ. Toute la dispensation future du règne de Dieu sur la terre aura Christ pour pivot: Christ, le fondement; le temple, l’habitation de Dieu au milieu de son peuple; Jérusalem, la ville du grand Roi, indissolublement associée au temple; le peuple de Dieu rassemblé dans un ordre parfait, autour de la maison de l’Éternel et de la Cité royale; toutes les nations, jusqu’aux extrêmes limites de la terre, environnant le peuple bien-aimé; enfin cette scène merveilleuse se déployant sous le rayonnement du soleil de Justice qui porte la santé dans ses ailes: telle sera, sur la terre, cette gloire future, tandis que les splendeurs du trône de l’Agneau et de son épouse, la nouvelle Jérusalem, rempliront le ciel!

«Sur cette seule pierre, il y aura sept yeux». Dans l’Apocalypse, les sept esprits, les sept lampes et les sept yeux sont une même chose, mais avec des acceptions diverses, Au chap. 1:4, les «sept esprits qui sont devant son trône» sont la plénitude de l’Esprit de Dieu, présidant au gouvernement du monde. Au chap. 4:5, «les sept lampes de feu brûlant devant le trône, qui sont les sept esprits de Dieu» sont la plénitude de l’Esprit pour mettre en lumière et amener en jugement ce qui est en opposition avec le gouvernement de Dieu sur la terre. Au chap. 5:6, l’agneau qui a «sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre», représente Christ, avec la plénitude de sa connaissance (associée à la plénitude de sa puissance, sept cornes), ayant pour but d’accomplir les voies de Dieu envers le monde1.

1 Voir, pour la valeur de tous ces termes: Le langage symbolique de l’Apocalypse, par H. R.

Ici, la pierre avec les sept yeux est Christ, en qui l’on trouve la plénitude de la connaissance de la pensée de Dieu, et qui est aussi la pleine expression de cette pensée, car nous voyons l’Éternel lui-même en graver la gravure. Christ, homme ici-bas, la pierre jadis rejetée, est la manifestation de l’Être divin lui-même, la Vérité: c’est en Lui que Dieu s’est révélé, en Lui qu’il se fera connaître sur la terre renouvelée, lors du règne glorieux du Fils de l’homme.

 

«Et j’ôterai l’iniquité de ce pays en un seul jour» (v. 9). Alors, non seulement le peuple, représenté par Joshua, mais le pays tout entier, sera purifié. Il faudra que la terre d’Israël soit nettoyée de ses iniquités et de ses souillures pour être appropriée au règne de Christ comme sacrificateur, roi et centre de toutes les pensées de Dieu.

«En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, vous convierez chacun son prochain sous la vigne et sous le figuier» (v. 10). Ce sera le jour du repos pour chacun, la jouissance en commun de ce repos, le vrai règne de paix pour Israël.