Proverbes

Chapitre 26

Comme le chapitre précédent, celui-ci présente une suite logique et ininterrompue de Proverbes.

Versets 1-12 — Le sot.

Comme la neige en été, et comme la pluie dans la moisson, ainsi la gloire ne sied pas à un sot (v. 1).

Voyez v. 8; 19:10; Eccl. 10:6.

Quelle calamité quand il tomberait de la neige en été, ou de la pluie empêchant le travail de la moisson! Il en est de même de la gloire conférée à un sot, incapable lui-même de l’apprécier ou de s’en servir. Il ne saura qu’entraver les bénédictions dont cette gloire, en d’autres mains, aurait été la source.

 

Comme le moineau qui va çà et là et l’hirondelle qui vole, ainsi la malédiction sans cause n’arrivera point (v. 2).

Comme ces passereaux qui changent continuellement de place, la malédiction prononcée sans cause n’atteint pas celui qu’elle maudit. C’est bien ici la description de l’acte d’un insensé.

 

Le fouet est pour le cheval, la bride pour l’âne, et la verge pour le dos des sots (v. 3).

Voyez 10:13; 19:29; Ps. 32:9.

Le fouet punit le cheval et le force à obéir, la bride force l’âne à prendre la direction que veut son maître — le sot est mis au niveau d’animaux sans intelligence. Il lui faut la même correction qu’à eux. L’instruction, l’exhortation, tout ce qui fait appel à la conscience et à l’intelligence, lui est inconnu et ne peut l’atteindre.

 

Ne réponds pas au sot selon sa folie, de peur que toi aussi tu ne lui ressembles. Réponds au sot selon sa folie, de peur qu’il ne soit sage à ses propres yeux (v. 4-5).

Ne pas répondre au sot selon sa folie, c’est refuser de s’associer à ses pensées de peur d’être tenu soi-même pour un insensé. C’est en un mot veiller sur soi-même et sur le caractère de Celui qu’on représente. — Lui répondre selon sa folie, c’est chercher, même en vain, à atteindre sa conscience qui lui dit que la réponse ne sera pas selon ses désirs. C’est en un mot lui prouver la différence entre ses pensées et celles de Dieu. La réponse du prophète Michée à Achab, roi d’Israël (1 Rois 22:13-18), illustre ces deux versets.

 

Celui qui envoie des messages par la main d’un sot se coupe les pieds et boit l’injustice (v. 6).

Faire d’un sot, c’est-à-dire d’un homme ignorant et incapable de rien apprendre, le porteur d’un message que j’envoie, c’est me rendre coupable de ne pas l’avoir porté moi-même et me mettre dans l’impossibilité de le porter jamais; c’est en même temps m’approprier, aux yeux de ceux auxquels le message est adressé, l’injustice de celui que j’ai envoyé.

 

Les jambes du boiteux sont sans force: tel est un proverbe dans la bouche des sots (v. 7).

Une maxime sage dans la bouche d’un sot manquera toujours entièrement de puissance et n’atteindra pas le but.

 

Celui qui donne de la gloire à un sot, c’est comme un sachet de pierres précieuses dans un tas de pierres (v. 8).

Notre texte, controversé, correspond à celui de la Vulgate.

Dispenser des honneurs à un homme sans intelligence et incapable de comprendre ce qu’il a reçu, c’est ajouter des pierres précieuses au tas de pierres inutiles qu’on accumule sur les routes au pied des bornes, ne sachant qu’en faire. Elles y sont perdues et sans aucun profit pour qui que ce soit.

 

Une épine qui entre dans la main d’un homme ivre, tel est un proverbe dans la bouche des sots (v. 9).

Comp. v. 7 et 23:35.

Une maxime sage dans la bouche d’un sot est sans profit pour les auditeurs, mais elle se retourne contre celui qui la prononce et l’atteint, sans même qu’il en ait conscience, comme l’homme ivre qu’on blesse sans qu’il le sente.

 

Le puissant use de violence envers tout le monde; il prend à gages le sot et il prend à gages les passants (v. 10).

Texte très différemment traduit et interprété.

Le puissant a pour but de dominer et d’asservir indifféremment tout le monde. Il prend à gages des gens inutiles comme le sot ou les passants. Le premier ne vaut pas mieux à ses yeux que les inconnus qui passent et des capacités desquels ni lui, ni d’autres ne se soucient. Le tyran n’a pour but que d’asservir tout le monde et la seule chose à laquelle le sot soit bon, c’est à être dominé et asservi.

 

Comme le chien retourne à son vomissement, le sot répète sa folie (v. 11).

Voyez 2 Pierre 2:22.

Ce passage de Pierre nous présente d’une manière frappante tous les caractères de celui que les Proverbes appellent le sot. Un sot peut avoir connu «la voie de la justice», mais elle n’a produit aucun effet sur sa conscience. Il n’y a pas d’espoir pour lui: il retourne fatalement aux choses qu’il avait rejetées, comme le chien, être impur, à ce qu’il a vomi.

 

As-tu vu un homme sage à ses propres yeux? Il y a plus d’espoir pour un sot que pour lui (v. 12).

Voyez 29:20.

Être sage à ses propres yeux, c’est de l’orgueil, de la suffisance. Cet homme a uniquement son moi devant lui. Le sot, sans connaissance de Dieu et de lui-même, sans capacité pour comprendre, sans intelligence, est dans une condition moins désespérée que le présomptueux. Il n’existe pas de jugement plus implacable que celui de l’orgueil.

 

Versets 13-16 — Le paresseux.

Le paresseux dit: Il y a un (lion) rugissant sur le chemin, un lion dans les rues (v. 13).

Voyez 22:13.

Le paresseux se crée des obstacles et voit ou prétend voir des dangers où il n’y en a pas, pour se dispenser d’agir.

 

La porte tourne sur ses gonds, et le paresseux sur son lit (v. 14).

Voyez 6:9.

La porte tourne sur ses gonds, se meut de çà, de là, sans jamais avancer, s’ouvre et se ferme, sans jamais changer de place. Tel est le paresseux sur son lit. Il se tourne à gauche ou à droite. À qui cette apparence d’activité profite-t-elle? Elle n’avance à rien et ne procure de changement qu’à la paresse.

 

Le paresseux enfonce sa main dans le plat, il est las de la ramener à sa bouche (v. 15).

Voyez 19:24.

La répétition de ce passage, avec une légère variante, est nécessaire ici pour compléter le portrait du paresseux. Il est déjà fatigué de plonger sa main dans le plat; sa lassitude l’empêche d’apporter à sa bouche les aliments dont il a besoin. Il ne remplit pas même les fonctions les plus ordinaires de la vie, celles sans lesquelles on ne peut pas vivre. De cette manière, il n’est pas nourri; il est inutile à lui-même, combien plus aux autres!

 

Le paresseux est plus sage à ses yeux que sept hommes qui répondent avec bon sens (v. 16).

N’est-il pas frappant que le contentement de soi-même qui nous est présenté comme sans espoir au v. 12 aille de pair avec la paresse? Le paresseux se croit plus sage qu’un nombre complet de sages. Il se vante de son propre bon sens qui est de ne rien faire. Ainsi ce vice confine à l’orgueil et subira le même jugement.

 

Versets 17-22 — Le querelleur et le rapporteur.

Il saisit un chien par les oreilles, celui qui, en passant, s’emporte pour une dispute qui n’est pas la sienne (v. 17).

Le sage se laissera-t-il entraîner par l’occasion fortuite de prendre parti dans une dispute qui lui est étrangère? Cela le conduira à être mordu, c’est-à-dire à des conséquences douloureuses qui seront entièrement de sa faute et le fruit de son imprudence.

 

Comme un fou qui jette des brandons, des flèches et la mort, ainsi est l’homme qui trompe son prochain, et qui dit: N’était-ce pas pour plaisanter? (v. 18-19)

L’acte malveillant par lequel un homme trompe son prochain en lui persuadant qu’il a devant lui une affaire sérieuse et, une fois découvert, prétend que cela n’était qu’une plaisanterie, cet acte peut tout à la fois comme celui d’un fou, brûler de près, percer de loin, entraîner même la mort du prochain. Quelle responsabilité, quelle mise en garde!

 

Faute de bois, le feu s’éteint; et, quand il n’y a plus de rapporteurs, la querelle s’apaise (v. 20).

Les rapporteurs — non pas seulement ceux qui sèment de faux rapports — viennent mettre du bois sur le feu dans les querelles, en sorte que ces dernières renaissent toujours; sinon la querelle, faute d’aliments, s’apaiserait d’elle-même.

 

Du charbon sur le brasier et du bois sur le feu, ainsi est l’homme querelleur pour échauffer les disputes (v. 21).

L’homme querelleur est mis sur le même pied que le rapporteur (v. 20). Sa présence échauffe les disputes. Il est pris à parti d’un côté et de l’autre et, loin de calmer, son intervention échauffe, comme le charbon ou le bois sur le brasier déjà allumé.

 

Les paroles du rapporteur sont comme des friandises et elles descendent jusqu’au dedans des entrailles (v. 22).

Voyez 18:8.

Cette sentence est répétée ici pour compléter le tableau des v. 17-21.

 

Versets 23-28 — La fausseté.

Les lèvres brûlantes et le cœur mauvais sont comme de la litharge d’argent appliquée sur un vase de terre (v. 23).

Défiez-vous des brûlantes protestations d’amitié qui recouvrent un cœur mauvais. C’est comme la litharge, agréable à l’œil, dont le vase est vernissé; un enduit sans aucune valeur en lui-même, mais trompant sur la nature grossière de ce qu’il recouvre.

 

Celui qui hait se déguise par ses lèvres; mais au dedans de lui il nourrit la fraude. Quand il rend sa voix gracieuse, ne le crois point, car il y a sept abominations dans son cœur (v. 24-25).

Ce verset présente un état pire que celui du verset précédent. Il montre la haine logée dans le cœur. Cet homme la déguise par ses discours; il nourrit dans son cœur une fraude consciente; il use de paroles gracieuses et son âme est pleine à en déborder de pensées abominables.

 

La haine se cache-t-elle sous la dissimulation, sa méchanceté sera découverte dans la congrégation (v. 26).

Cette haine peut être si bien cachée sous de faux semblants que les yeux des hommes ne peuvent la découvrir; mais, dans la congrégation d’Israël (pour nous, dans l’Assemblée chrétienne), il ne peut plus en être ainsi. Christ étant là, au milieu des siens, le mal est manifesté, car il ne peut subsister en Sa sainte présence.

 

Qui creuse une fosse y tombera et la pierre retournera sur celui qui la roule (v. 27).

Ce verset continue à traiter des mauvaises intentions, mais le but de nuire au prochain et même de le détruire n’est plus caché. Le méchant creuse la fosse pour que l’objet de sa haine y tombe, il roule la pierre pour qu’elle tombe sur lui et l’écrase. Dans les deux cas, Dieu qui voit et sonde tout, permet que ces mauvais desseins tournent au détriment du méchant. La potence destinée à Mardochée devient l’instrument de mort pour Haman.

 

La langue fausse hait ceux qu’elle a écrasés et la bouche flatteuse amène la ruine (v. 28).

La fausseté en paroles est toujours haineuse même après avoir écrasé sa victime, elle la hait encore. La flatterie est un moyen de ruine plus dangereux encore, elle conduit à sa perte celui qu’elle encense.