Proverbes

Chapitre 23:1-25

Il n’y a aucune raison de séparer ce chapitre des versets qui le précèdent depuis le chap. 22:17.

 

Versets 1-8

Les trois pensées exprimées dans ces versets se lient intimement l’une à l’autre. Elles traitent des convoitises et du désir de les satisfaire.

 

v. 1-3. Il faut s’observer quand on a affaire à plus haut que soi qui vous fait la faveur de vous inviter à sa table. Désirer ses mets recherchés pour satisfaire sa gourmandise est un appât trompeur. En considérant bien celui qui est devant nous, nous apprendrons que tel n’est pas son but en nous invitant. Son but est de se faire connaître.

 

v. 4-5 parlent de la convoitise des richesses. On déploie de l’activité, jusqu’à la fatigue pour les acquérir, on exerce dans ce but toute sa sagacité et sa prudence. N’est-ce pas une folie? On a à peine jeté les yeux sur elles qu’elles s’envolent et sont hors de vue comme un aigle montant dans le ciel.

 

v. 6-8 sont en quelque mesure le pendant des v. 1-3. Il faut s’enquérir du caractère de celui qui nous invite à sa table et, reconnaissant qu’il a l’œil mauvais, qu’il est envieux et jaloux, et qu’il est un fils des ténèbres (Luc 11:34), on ne doit point manger son pain, encore moins convoiter les délicatesses de son festin. Sous les dehors de la cordialité son cœur est étranger à tout sentiment généreux. En apprenant, mais trop tard, à le connaître, on prend en profond dégoût cette apparence à laquelle on s’est laissé tromper et l’on considère comme une perte les paroles de remerciements qu’on avait adressées à cet homme.

Le fils de la sagesse est ainsi mis en garde contre tous ces dangers.

Ce qui suit: v. 23:9 - 24:22 est une série de préceptes de toute importance adressées, pour sa conduite, au fils de la sagesse.

 

Versets 9-14

Ne parle pas aux oreilles du sot, car il méprisera la sagesse de ton discours (v. 9).

Confier les pensées de Dieu et les choses de Christ — car Christ est la sagesse de Dieu — à ceux qui, par l’obstination de l’ignorance, sont incapables de les comprendre, c’est exposer à leur mépris le dépôt que Dieu nous a confié, et Celui dont nous sommes les témoins. La sagesse vaut mieux que les perles (Job 28:18) et nous ne devons pas jeter nos perles devant les pourceaux (Matt. 7:6).

 

v. 10-11. Ici le sage n’est pas simplement exhorté, comme en 22:28, à ne pas reculer les anciennes bornes établies par ses pères, mais à ne pas les reculer au détriment des orphelins, pour entrer dans leurs champs et les dépouiller d’une partie de leur héritage. Il y a là ruse, et, chose honteuse, avidité de possession, en dépouillant ceux qui sont sans appui dans ce monde. Dieu rappelle à ceux qui seraient en danger d’agir de la sorte qu’il est le Père des orphelins; leur Avocat; Celui qui a le droit de rachat et qui prendra en main leur cause (Lévita. 25:25; Ruth 3:12).

 

Applique ton cœur à l’instruction et tes oreilles aux paroles de la connaissance (v. 12).

Ce verset montre clairement à qui toute cette série de maximes est adressée. L’instruction et la connaissance sont la part des fils de la Sagesse (1:1-6). Ni les sots, ni les simples ne les connaissent ou ne peuvent y appliquer leur cœur. Ils mépriseront ces préceptes comme nous le voyons au v. 9.

 

v. 13-14. Voyez 13:24; 19:18; 22:15. Ayant mentionné l’éducation du fils, la Parole s’adresse maintenant au père, responsable de surveiller cette éducation dès les premiers pas de l’enfant. Elle doit dès l’origine être basée sur la discipline qui peut aller jusqu’au châtiment. Le père affirme par là son autorité sur l’enfant, mais, bien plus que cela, il montre les soins de sa tendresse. «Qui est le fils que le père ne discipline pas? Il fouette tout fils qu’il agrée». Au chap. 3:11-12, l’exhortation est adressée au fils, ici au père. — Cette discipline du père envers le fils doit être exercée en vue de son âme qui est ainsi délivrée de la mort pour avoir part aux bénédictions sur la terre des vivants (comme c’est toujours le cas dans les Proverbes, cf. És. 38:11); tandis que l’enfant ne meurt pas des coups de verge, comme cela peut arriver sous le jugement des hommes (Deut. 25:3).

 

Versets 15-25

v. 15-16. C’est maintenant le père qui parle au fils. La discipline ou la correction sont bien loin d’être l’ensemble de l’instruction. Ce qui réjouit le cœur du père c’est de voir le développement de la sagesse dans le cœur de son fils et de constater la droiture dans ses discours. Combien donc le fils doit-il être encouragé à persévérer par la pensée de la joie qu’il procure à son père.

 

v. 17-18. Malgré cela tu trouveras, dit le père, des difficultés sur ton chemin. Le méchant prospère. Ne lui porte pas envie (Ps. 73:3). Tu n’auras pas dit en vain: «Jusques à quand?» Tu verras la fin de ton épreuve. Ne te laisse donc pas enlever ton espérance. Ce qui te gardera de te tourner du côté des méchants, c’est d’être tout le jour dans la crainte de l’Éternel qui se traduit par l’amour du bien et la haine du mal. C’est à l’Éternel que tu dois tout, à Lui qui t’aime.

 

v. 19-21. Les exhortations du père continuent. Le moyen d’être sage, c’est d’écouter. Il faut, en outre, diriger son cœur dans le chemin de la sagesse; il faut, non seulement être dirigé, mais s’appliquer la bride à soi-même; être étranger aux satisfactions de la chair. Ces dernières conduisent à la pauvreté par le sommeil spirituel qu’elles engendrent. «Veillons et soyons sobres; car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit». (1 Thess. 5:6-7).

 

Écoute ton père qui t’a engendré, et ne méprise pas ta mère quand elle aura vieilli (v. 22).

Il y a un danger pour le jeune homme, arrivé à maturité sous l’instruction des parents, et capable de voler de ses propres ailes: c’est de ne plus tenir compte de leurs avis. Mais un fils affectueux est tenu d’écouter son père, malgré l’instruction terminée, parce que son père l’a engendré. Cela crée des liens d’affection, et dans ces liens il y a toujours motif à développement. La mère, quand elle a vieilli, n’est plus à même de représenter l’autorité aux yeux de son fils, mais ne doit-il pas l’honorer, d’autant plus qu’elle a dépensé pour lui toute une vie de dévouement et d’amour?

 

Achète la vérité et ne la vends point, — la sagesse, et l’instruction, et l’intelligence (v. 23).

La vérité est la pensée de Dieu sur toutes choses; nous la possédons en Christ. Il est la vérité. Nous sommes appelés à l’acheter, mais comment? Elle ne «s’échange pas contre l’or pur»; elle s’achète «sans argent et sans aucun prix»; elle est donnée au désir du cœur et à la demande de la foi, et «Dieu donne à tous libéralement et ne fait pas de reproches». C’est par l’Esprit qu’elle nous est communiquée.

De la connaissance de la vérité découlent la sagesse, l’instruction et l’intelligence, qui en sont les conséquences pratiques et remplissent le livre des Proverbes.

Et maintenant, la vendrions-nous? Pourrions-nous l’échanger contre de l’argent ou quoi que ce soit que le monde pourrait nous offrir? Il ne peut nous donner en échange que des convoitises qui nous asservissent, tandis que la vérité nous affranchit; — ou bien la folie qui conduit à la mort, tandis que la sagesse est le chemin de la vie; — ou enfin l’ignorance et le manque de sens, au lieu de l’instruction et de l’intelligence.

 

v. 24-25 (voyez v. 15-16). Le résultat final de la justice réalisée pratiquement en suivant un chemin dont le mal est exclu, — de la sagesse, réalisée pratiquement dans un chemin de bien qui correspond aux pensées de Dieu — ce résultat, dis-je, est la joie, et rien que la joie. C’est une universalité de joie (le mot joie revient quatre fois dans ces versets) en rapport avec la scène terrestre. Nous trouvons d’abord la joie du père au sujet de la justice du fils, puis la joie au sujet de la sagesse; ensuite la joie du père et de la mère, la joie de famille dont le fils fait partie, enfin la mère, représentant l’amour qui trouve sa joie dans un objet qui le satisfait et lui fait honneur.