Proverbes

Chapitre 18

Versets 1-5

Celui qui se tient à l’écart recherche ce qui lui plaît; il conteste contre toute sagesse (v. 1).

Se tenir à l’écart, c’est se mettre, en vivant pour soi, à l’abri des difficultés, de la peine, de la nécessité d’un travail autre que celui qu’on a choisi; c’est se séparer du commerce des hommes, au lieu de marcher, non pas avec, mais au milieu d’eux; c’est rechercher ce qui nous plaît. On s’affranchit ainsi de devoirs et d’obligations. De fait, c’est l’égoïsme et l’indépendance, le principe même du péché. On conteste ainsi contre toute sagesse (ou plutôt «sain conseil», 2:7; 3:21), contre la dépendance, l’obéissance, le jugement de soi-même.

 

Le sot ne prend pas plaisir à l’intelligence, mais à ce que son cœur soit manifesté (v. 2).

Ce verset se lie au v. 1. Chercher ce qui nous plaît, c’est faire preuve d’ignorance, de non-compréhension des pensées de Dieu, que les Proverbes appellent «sottise». Aussi le sot ne peut-il prendre plaisir à l’intelligence qui est exactement le contraire des pensées de l’homme. Il ne peut que mettre au jour ce qu’il y a dans son cœur, égoïsme, propre volonté, indépendance.

 

Quand vient le méchant, le mépris vient aussi, et avec l’ignominie, l’opprobre (v. 3).

Quand le méchant entre en scène, il apporte avec lui le mépris des autres et l’opprobre qui s’attache à ceux qui reçoivent sa personne ignominieuse.

 

Les paroles de la bouche d’un homme sont des eaux profondes, et la fontaine de la sagesse est un torrent qui coule (v. 4).

Prenez garde aux paroles qui sortent de la bouche d’un homme! Elles proviennent du cœur et dans le cœur se trouvent des eaux profondes où l’on peut puiser soit du mal, soit du bien (20:5). Au contraire, la fontaine de la sagesse coule à ciel ouvert; la source s’élargit en torrent; c’est un fleuve d’eau vive; plus il coule, plus il s’élargit et s’approfondit, comme le fleuve d’Ézéchiel 47.

 

Ce n’est pas bien d’avoir acception de la personne du méchant pour faire frustrer le juste dans le jugement (v. 5).

«N’avoir pas acception de personnes»: combien souvent cela nous est dit de Dieu! et combien le contraire, dit des hommes, est mauvais et blâmable — bien plus mauvais encore, quand l’on fait acception de la personne du méchant pour faire tort au juste dans le jugement et le priver de ses droits. Dieu saura les revendiquer et punir une telle iniquité.

 

Versets 6-12

Les lèvres du sot entrent en dispute, et sa bouche appelle les coups (v. 6).

Les lèvres sont toujours l’expression du cœur, ici l’expression de la folie du sot. Son manque de sagesse le fait entrer en dispute par les paroles qu’il prononce, et ces paroles ont pour suite la rixe et les coups qui n’épargnent pas celui qui a provoqué la querelle (19:29).

 

La bouche du sot est sa ruine, et ses lèvres sont un piège pour son âme (v. 7).

Se lie au v. 6. Le sot est condamné par ses paroles témoins de son ignorance et de son obstination; il se ruine lui-même, car ses paroles le font tomber dans le piège.

 

Les paroles du rapporteur sont comme des friandises, et elles descendent jusqu’au dedans des entrailles (v. 8).

Se lie au v. 7. Comp. avec 16:28.

Il y a aussi les paroles malveillantes du rapporteur; on aime à les entendre, on les accueille et on les goûte parce qu’elles conviennent à l’état du cœur naturel qui aime le mal. Ces rapports pénètrent celui qui les reçoit si profondément, qu’ils sont désormais bien difficiles à déloger.

 

Celui-là aussi qui est lâche dans son ouvrage est frère du destructeur (v. 9).

Se lie au v. 8. Ce ne sont pas les paroles et les rapports seuls qui détruisent, mais aussi la fainéantise, le laisser-aller quant à l’activité. Quel résultat peuvent-ils produire, si ce n’est la ruine?

 

Le nom de l’Éternel est une forte tour; le juste y court et s’y trouve en une haute retraite (v. 10).

Se lie au v. 9. Si les destructeurs accumulent des ruines sur leur chemin, il y a pour le juste une forte tour et une haute retraite où il se réfugie: le nom de l’Éternel, du Dieu qui nous a mis en relation avec Lui et nous protège contre tout danger... (voyez Ps. 71:3).

 

Les biens du riche sont sa ville forte, et comme une haute muraille dans son imagination (v. 11).

Se lie au v. 10... tandis que le riche s’imagine être, par ses biens, mis à l’abri de tout danger. Quelle illusion! (voyez 10:15).

 

Avant la ruine le cœur de l’homme s’élève, et la débonnaireté va devant la gloire (v. 12).

Se lie au v. 11 (voyez 16:18; 15:33). On peut voir d’après ces citations la place que certains proverbes ou certaines de leurs parties occupent quand on a devant soi une suite de sentences qui forment un ensemble. Ici, malgré ses illusions (v. 11), la ruine arrivera sur cet homme, mais avant cela il s’était enorgueilli, et, nous le savons, l’orgueil va devant la ruine. En revanche, la débonnaireté — la douceur jointe à la bonté et à l’humilité — précède la gloire. Le moment est proche où le Seigneur Jésus Christ «transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire».

 

Versets 13-16

Répondre avant d’avoir entendu, c’est une folie et une confusion pour qui le fait (v. 13).

Suivre sa propre pensée, en ne tenant pas compte de celle des autres, faire par cela preuve de légèreté, de manque de réflexion, de confiance en soi, c’est bien le contraire de la sagesse: une folie, et cela tourne à confusion pour qui le fait, parce que ce que nous n’avons pas voulu entendre aurait réduit à néant notre opinion prématurée.

 

L’esprit d’un homme soutient son infirmité: mais l’esprit abattu, qui le supportera (ou le relèvera)? (v. 14).

C’est l’esprit de l’homme qui soutient l’infirmité de son corps. Pour nous, chrétiens, «l’Esprit Saint nous est en aide dans notre infirmité», car nous attendons l’adoption, la délivrance de notre corps (Rom. 8:26). Si l’esprit de l’homme est abattu qui sera capable de le relever? Pour nous, chrétiens, «Dieu console ceux qui sont abattus», et l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables. Telle est la différence entre l’homme naturel et l’homme spirituel ou le chrétien.

 

Le cœur de l’homme intelligent acquiert la connaissance, et l’oreille des sages cherche la connaissance (v. 15).

Ce verset offre un contraste complet avec le précédent. Il s’agit ici non de l’esprit de l’homme naturel, mais de ce qui est propre à la sagesse et à l’intelligence, dons de Dieu à l’homme. C’est par le cœur que l’homme intelligent, qui s’approprie les pensées de Dieu, acquiert la connaissance. Cette connaissance ne peut être acquise par l’étude ou le raisonnement humain. Si l’affection pour le Seigneur n’est pas en jeu, toute connaissance sera stérile. En outre, pour acquérir la connaissance, il faut que le sage soit toujours prêt à entendre, à écouter la Parole, car la connaissance nous vient toujours des enseignements de la Sagesse. Les sages cherchent la connaissance et la reçoivent de ceux qui l’ont acquise, sans se fier à leur propre sagesse.

 

Le don d’un homme lui fait faire place et l’introduit devant les grands (v. 16).

Quand l’homme a quelque chose à donner, il trouve entrée auprès des autres: il est même introduit devant les grands. On ne fait pas cet honneur à celui qui demande. Cet homme pourrait être sans valeur, mais quand il apporte son don, les palais lui sont ouverts. Il ne faut pas dépendre des hommes; il faut leur apporter pour être reçu (voyez encore 17:8, 23). Combien les hommes sont différents quand il s’agit de Dieu! Dieu leur apporte sans rien leur demander; ils le chassent, mais Lui ne se lasse pas de dire: «Demandez et il vous sera donné».

 

Versets 17-19

Celui qui est le premier dans son procès est juste; son prochain vient, et l’examine (v. 17).

Le premier dans son procès est celui qui porte plainte. Il a donc raison; c’est lui qui est le juste et il se fait rendre justice. Mais tout n’est pas fini. Il y a son prochain qui le connaît, mais ne peut être partial vu que le procès ne le concerne pas. Celui-là vient et en examine les pièces. C’est lui qui apprécie en dernier ressort si cet homme est réellement juste. Le caractère que les circonstances donnent à un homme n’a pas d’influence sur Celui qui scrute les cœurs et auquel rien n’échappe.

 

Le sort fait cesser les querelles et sépare les puissants (v. 18).

Voyez 16:33. Il y a dans le sort une puissance supérieure entièrement indépendante des hommes, à laquelle il faut qu’ils se soumettent. Dieu est dans le sort. Cette puissance est utile dans le gouvernement des hommes pour faire cesser les disputes et empêcher les grands d’en venir aux mains.

 

Un frère offensé est plus difficile à gagner qu’une ville forte, et les querelles sont comme les verrous d’un palais (v. 19).

Les v. 17-19 ne semblent guère se relier que par la pensée des procès et des querelles. Nous avons ici les querelles entre frères. L’affection blessée se replie sur elle-même et élève entre l’offensé et l’offenseur un rempart que l’on fait rarement tomber; il faut un long siège d’amour pour vaincre le cœur blessé et le convaincre. Les querelles ferment comme des verrous l’accès, aux délices royales de l’intimité fraternelle.

 

Versets 20-21

Le ventre d’un homme est rassasié du fruit de sa bouche; du revenu de ses lèvres il est rassasié (v. 20).

Voyez 12:14; 13:2.

L’activité dans la parole rassasie celui même qui la déploie. Il ne peut la présenter aux autres sans en être nourri lui-même. La parole est un revenu par lequel la vie est abondamment entretenue chez celui qui la présente. Appliquez cela au mal, vous pourrez en tirer des conséquences semblables.

 

La mort et la vie sont au pouvoir de la langue, et celui qui l’aime mangera de son fruit (v. 21).

Ce verset se lie au v. 20. La parole a le pouvoir de dispenser la mort ou la vie. Celui qui aime la parole mangera du fruit qu’elle apporte, car elle est un arbre de vie pour celui qui la reçoit (15:4). Pour celui qui méprise son témoignage elle est une odeur de mort pour la mort.

 

Versets 22-24

Celui qui a trouvé une femme a trouvé une bonne chose, et il a obtenu faveur de la part de l’Éternel (v. 22).

Voyez 19:14.

Il est douteux que ce verset ait quelque liaison avec le précédent. Dans ce cas, ce ne serait pas tout d’avoir trouvé la vie par la parole. L’homme a besoin d’une aide, d’une compagne dans le chemin de la vie. En la trouvant il a obtenu une faveur de l’Éternel.

 

Le pauvre parle en supplications, mais le riche répond des choses dures (v. 23).

Encore une sentence, mais combien triste, sur la parole. Au moins le pauvre parle en supplications. Dieu les trouve agréables et y répond, mais que le pauvre n’espère pas dépendre du riche. Ce n’est pas de ce côté-là qu’il trouvera pitié, aide et secours. Y perdra-t-il? La sentence ne va pas plus loin, mais d’autres paroles nous montrent ce que Dieu pense de celui «qui a méprisé le pauvre» et que Dieu lui-même s’est fait pauvre pour nous enrichir.

 

L’homme qui a beaucoup de compagnons va se ruinant, mais il est tel ami plus attaché qu’un frère (v. 24).

Voyez 17:17.

Le verset précédent nous a montré le pauvre isolé. Dieu est sa seule ressource. Celui-ci nous montre le riche entouré de compagnons avides qui mangent son bien. Heureux celui qui possède un ami! Chose précieuse entre toutes. Il est plus attaché qu’un frère. Tel fut Jonathan pour David. Nous chrétiens, nous connaissons cet ami, et bien plus, il n’a pas pris à honte de nous appeler ses frères!

 

Résumé

À côté de proverbes isolés, ce chapitre offre quelques suites importantes de sentences: versets 6-12: Les avantages et les désavantages des paroles et le moyen d’échapper au destructeur. Versets 17-19: Les procès et les querelles. Versets 20-21: Le pouvoir de la parole. Comme toujours, les sentences détachées ne comportent pas un résumé.