Proverbes

Chapitre 8

Versets 1-21

Ces versets forment la première partie du chap. 8. En la comparant avec la Préface des Proverbes (1:1-7), nous trouvons que tout ce qui nous est donné dans cette préface comme étant le contenu du livre, nous est montré au chap. 8 comme le fruit de l’enseignement d’une personne, de la Sagesse elle-même.

Au chap. 7, la femme étrangère murmure dans la nuit; ici, la Sagesse crie en plein jour, en plein public et s’adresse à tous.

Le monde est le domaine où ces deux femmes exercent leur activité. L’une se complaît aux ténèbres qui aveuglent les hommes, l’autre cherche par tous les moyens à ouvrir leurs yeux à la lumière. De quel côté sera la victoire? Tout ce livre met en garde contre la femme corrompue et produit en public la Sagesse pour la faire triompher.

Nous avons dit qu’ici la Sagesse est une personne; or cette personne est Christ. Il est digne de recevoir tout honneur, mais lui-même donne la prudence aux simples, le sens aux sots; toutes ses paroles sont justice, clarté pour l’intelligence, droiture, instruction, connaissance; il donne le règne et la force et tous les vrais biens à ceux qui l’aiment.

 

Reprenons ce passage en détail:

v. 1. — La Sagesse applique la lumière divine au bien et au mal, et à tout ce sur quoi nous avons à former un jugement. Elle découvre tout. Elle est l’intelligence; elle a, seule, la capacité de comprendre les pensées de Dieu et de se les approprier, mais aussi de les communiquer à d’autres. Quiconque écoute sa voix est mis en rapport avec Dieu lui-même, dans ce monde de ténèbres. Elle aurait pu laisser le monde aller son train jusqu’au jugement final, mais non: elle ne se donne pas de repos, elle travaille sans cesse, parce qu’elle est la grâce.

 

v. 2-3. — Description du lieu où la Sagesse rencontre l’homme, l’homme tombé qui a organisé son existence sans Dieu, qui s’est créé une activité où tout manque, parce que Christ, la Sagesse, y manque. La Sagesse se trouve seule vis-à-vis du monde. Elle va chercher l’homme partout où elle pense le trouver. Elle se montre en public, de manière que chacun puisse la voir. Elle se tient sur les hauteurs, descend dans les villes, accoste les passants, les voyageurs, les hommes réunis en communauté; elle se tient aux portes où ils traitent de leurs affaires et rendent la justice.

 

v. 4. — «À vous hommes», crie-t-elle, et sa voix s’adresse «aux fils des hommes». Aucun n’est excepté. Elle s’adressera tout autrement aux fils, à ceux qui lui appartiennent. Nous voyons ici la grâce qui «veut que tous les hommes soient sauvés».

 

v. 5. — Elle n’est pas venue chercher la vérité chez les sages, car elle est elle-même la vérité, mais elle est venue l’apporter aux inintelligents, aux ignorants, aux insensés.

 

Les v. 6-11 nous disent ce que sont les paroles de la Sagesse. Elle dit des choses excellentes et des choses droites, tout ce qui a trait à la vérité, et elle a horreur du mal. Les paroles de la Sagesse font trouver un chemin selon Dieu au milieu d’un monde pervers et tortueux; elles sont justes, claires et droites; aussi les intelligents qui les ont reçues estiment qu’elles sont sans prix; ils possèdent un bien qui dépasse toutes les richesses que le monde pourrait offrir.

 

v. 12-16. — Ici la Sagesse se décrit elle-même, comme seule la perfection divine a le droit de le faire. La Sagesse demeure avec la prudence. Elle a le discernement subtil, celui du serpent (Matt. 10:16), par lequel tous les pièges sont reconnus, pour les éviter. Cette prudence, le Seigneur la montrait dans l’histoire du tribut de César ou quand il répondait aux pharisiens: Le baptême de Jean était-il de Dieu ou des hommes? — La Sagesse «trouve la connaissance qui vient de la réflexion». Cette connaissance sonde les difficultés, les ayant pesées soigneusement pour les affronter. C’est ainsi que le Seigneur dressait sa face pour monter à Jérusalem, ou qu’il embarquait ses disciples sur la mer agitée.

«La crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal», et cette crainte n’a-t-elle pas été réalisée dans toute la vie du Sauveur? Aussi peut-il dire ici: «Je hais l’orgueil et la hauteur, et la voie d’iniquité, et la bouche perverse». «Je suis doux et humble de cœur», disait-il. Il faisait des traces droites à ses pieds; Il était l’expression absolue de ce qu’Il disait. «À moi le conseil et le savoir-faire; je suis l’intelligence; à moi la force» (v. 14). Tout ce qui est bon pour la conduite de la vie, pour surmonter les difficultés, pour éviter les pièges, ne le trouvons-nous pas en Lui? Il est la source intarissable de tout bien et se montre tel en toute occasion.

Enfin, aux v. 15-16, c’est Lui qui est à la tête du gouvernement de Dieu sur la terre; Lui qui se sert des rois, des chefs, des nobles, des juges, pour conduire les choses comme sa sagesse l’entend, et amener ses instruments à accomplir Ses propres desseins, souvent contre leur volonté.

 

v. 17-19. — Ceux qui aiment la Sagesse pour elle-même, ceux qui la recherchent, sont aimés d’elle et la trouvent. «Si quelqu’un m’aime», dit le Seigneur, «il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles» (Jean 14:23-24).

 

v. 20-21. — La Sagesse n’est jamais trouvée hors des chemins de la justice et du «juste jugement»: de la juste appréciation des choses qui a caractérisé la voie de Christ homme ici-bas.

Ici se termine la première partie de ce chapitre.

 

Versets 22-36

De plus en plus se dessine ici la personne de Christ, de Celui qui nous a été fait Sagesse de la part de Dieu (1 Cor. 1:30). Nous venons de voir la Sagesse personnifiée, visitant ce monde et les hommes qui s’y trouvent, les appelant du sein de la foule pour qu’ils viennent à elle, et apprennent d’elle qui seule peut leur donner abondamment tout ce qui leur manque. Maintenant nous sommes transportés dans l’éternité pour voir que la Sagesse y existait en personne dans les Conseils de Dieu.

 

v. 22. — «L’Éternel m’a possédée au commencement de sa voie, avant ses œuvres d’ancienneté». La pensée complète de Dieu en Christ existait dès l’éternité, avant que fût établi le premier commencement des origines de la création, avant même qu’il y eût un commencement.

 

v. 24-26. — Elle a été enfantée, mise au jour, prête à l’action, avant les origines de la terre. Le moment venu, lorsque Dieu n’avait pas encore fait «le commencement de la poussière du monde», c’est-à-dire n’avait pas fait sortir du néant les premiers éléments de la Création, la Sagesse est entrée en action. Elle était là, avant la première manifestation de la puissance créatrice. Nous avons à trouver le sentier de la Sagesse dans la création ruinée, mais le conseil de Dieu était avant la création, avant la ruine, avant le sentier pour la traverser.

 

v. 27-31. — La création a été le fruit de la Sagesse; la terre est la sphère de son déploiement, mais la Sagesse elle-même est avant tout cela. Elle était une personne divine avec Dieu, mais elle était Dieu; distincte de Lui, mais absolument de même nature; «à côté de Lui, son nourrisson», figure qui exprime le caractère de cette intimité, et les délices de Dieu dans sa personne; elle-même, toujours en joie devant Lui, en sorte que ces délices étaient mutuelles. De ce divin accord est sortie la création, mais c’était dans la création l’homme, que Dieu, que Christ avait en vue. «Ses délices étaient dans les fils des hommes». Les délices ont atteint pleinement leur but et leur résultat en vertu de l’œuvre de Christ qui, devenu homme pour accomplir la Rédemption, a donné aux fils des hommes sa propre place, comme homme, dans la gloire.

Toute cette œuvre est omise ici, pour être pleinement développée dans le Nouveau Testament; car le sujet de ce chapitre est l’exaltation de la Sagesse dans une personne qui, en vue de l’accomplissement des desseins éternels de Dieu, trouvait ses délices dans les fils des hommes, et (comment exprimer mieux ses propres délices!) devenait homme, devenait comme homme les délices de Dieu («Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir»), et, dans sa propre personne, pouvait étendre les délices divines sur tous les rachetés!

 

v. 32-36. — «Maintenant donc, fils, écoutez-moi», dit la Sagesse, cette personne bénie. Elle s’adresse aux fils, comme, au v. 6, elle s’était adressée aux hommes. Écoutez-moi, car je suis la grâce qui trouve ses délices dans la jouissance de son œuvre. «Bienheureux l’homme qui m’écoute», dit-elle, «car celui qui m’a trouvée a trouvé la vie» et la faveur de l’Éternel repose sur lui!

Hélas! combien d’hommes ne l’écoutent pas, ne l’aiment pas, refusent ses dons, la haïssent! Leur chemin est le chemin de la mort!