Psaumes

Psaume 102

Nous avons ici quelque chose de tout différent. Ce psaume s’ouvre avec la plainte de «l’Homme de douleurs». Il se voit abandonné de ceux qui le suivaient, outragé par ses ennemis, et subissant le juste courroux de Dieu, — l’indignation et la colère méritées par d’autres tombant sur lui (v. 2-12). Nous entendons ensuite la réponse de Dieu à ce cri: il reçoit la promesse de la vie, d’un royaume, et l’assurance de paraître dans sa gloire. En même temps est rappelé le thème de la louange que feront alors monter vers lui Israël et les nations (v. 13-23). Puis une seconde fois nous entendons le Messie solitaire évoquant son affliction (v. 24-25); et Dieu pareillement lui répondant à nouveau — le faisant se ressouvenir, pour ainsi dire, des gloires qui furent les siennes à la Création, et lui renouvelant la promesse de la vie, d’un royaume et d’une semence (v. 26-29).

Cette structure et ce caractère du psaume semblent ressortir de la citation qui en est faite en Hébreux 1; en effet, elle nous montre que les versets 26-28 sont les paroles adressées au Fils par Dieu, ce qui nous amène à penser qu’il en est de même des versets 13-23. D’où la structure indiquée ci-dessus.

Corrélativement nous pouvons faire une remarque: le Seigneur Jésus Christ est celui qui bâtit. Et ceci nous permet de considérer Christ comme le chef de toutes les dispensations — celui qui opère puissamment en chacune — que ce soit dans la Création, parmi les patriarches, au mont Sinaï, ou comme le Dieu d’Israël tout au long de l’histoire du peuple. Il fit les mondes — ordonna les âges (Hébreux 1:2). Il bâtit la dispensation mosaïque, comme il bâtit toute maison de Dieu (Héb. 3:3). Et c’est au même Christ que Dieu s’adresse dans ce psaume comme à Celui qui a fondé la terre et qui survit, dans sa gloire, à toutes les choses créées — le même Christ qui fut jadis l’homme meurtri et frappé. Merveilleux mystère!

Quelle beauté et quelle grandeur dans ce psaume si touchant!

Il évoque Jésus à Gethsémané, quand, saisi de tristesse jusqu’à la mort, il s’éloignait et priait de nouveau, disant les mêmes paroles bien qu’elles fussent chaque fois entendues par son Dieu — un ange du ciel le fortifiant dans le jardin, comme l’Éternel lui répond dans ce psaume en l’affermissant (voir Luc 22:43).

Par ces prières de Jésus et les réponses divines qu’elles reçoivent, ce psaume nous révèle ce que nous apprenons de façon doctrinale par d’autres passages, à savoir que: les gloires de Jésus sont la conséquence de ses souffrances. «À moins que le grain de blé, tombant en terre ne meure, il demeure seul; mais s’il meurt, ii porte beaucoup de fruit». Ce psaume parle «des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient». Car l’Agneau sur le trône est l’Agneau qui a d’abord été sur l’autel. Son arc demeure ferme, mais c’est l’arc de Celui contre lequel les archers ont tiré un jour. Toute l’Écriture nous enseigne cela; et c’est ce que nous montrent ces cris de Jésus, et les réponses admirables qui leur sont faites.

Il en est de même quant à notre bénédiction. Elle dépend entièrement des mêmes souffrances de Christ. Nous ne devons tolérer aucune pensée au sujet de l’amour de Dieu qui amoindrirait les exigences de sa justice. L’amour de Dieu est sans limite, c’est vrai. Mais ce n’est pas un simple sentiment. C’est ce qui a pourvu — et cela à un prix inexprimable — à la rédemption des coupables. Et si nous considérons l’amour sans croire qu’il a pourvu à ce que réclamait et exigeait la justice, nous avons simplement affaire à une pensée de notre propre esprit, et non à la révélation de Dieu. Bien pauvres sont les pensées les plus élevées de la religion de l’homme — combien différentes de la grandeur et de la perfection morales de l’Évangile du Christ. Nous apprenons dans celui-ci que Dieu est juste et justifiant le pécheur qui croit en Jésus. Nous y apprenons aussi qu’il a ramené ses créatures éloignées de lui, et accueilli ses fils prodigues, tout en maintenant pleinement les gloires de son trône de justice, trouvant en lui-même et fournissant lui-même une réponse à toutes ses exigences. La croix de Christ est le secret et le centre de tout cela.