Psaumes

Psaume 68

Ce psaume est peut-être unique, par sa majesté et la période de temps qu’il embrasse. Il fut probablement chanté lorsque l’arche fut amenée de la maison d’Obed-Édom jusqu’à la montagne de Sion. Par conséquent il s’ouvre par les paroles que Moïse avait prononcées autrefois, au jour où l’arche commençait son voyage à travers le désert (Nombre 10). Nous savons que, lorsque David la fit monter, des chantres l’accompagnaient (1 Chr. 15). Il nous semble entendre dans ce psaume le cantique qu’ils chantèrent en cette occasion.

L’arche est l’image d’un grand mystère, et ainsi en est-il de son voyage. C’était la préfiguration du jour où le Seigneur reviendra vers son Israël. Car ils seront amenés par des épreuves à connaître à nouveau la joie de la présence de Dieu; de même dans ce psaume, l’arche, symbole de cette présence, est ramenée de son lointain exil et placée sur les lieux élevés de Sion.

Ce voyage comporte, semble-t-il, plusieurs étapes (1 Chr. 15:26).

Première étape: Alors que l’arche commence son voyage, les chanteurs célèbrent en termes généraux les effets variés de la présence de Dieu — dont l’arche était un symbole — à la fois sur les méchants et sur les justes: en effet cette présence est condamnation pour les uns, salut pour les autres (v. 2-7).

Deuxième étape: Le voyage reprend après une première pause, et les chanteurs rappellent les manifestations, à la fois redoutables et pleines de grâce, de cette présence divine pendant les traites d’Israël dans le désert (v. 8-11).

Troisième étape: Ils exaltent maintenant la puissance de Dieu en faveur d’Israël, lorsque la traversée du désert ayant pris fin, il les fit entrer en Canaan, et leur donna dans ce pays l’huile de joie au lieu du deuil, et l’ornement au lieu de la cendre (v. 12-15; És. 61:3).

Quatrième étape: À ce stade de leur voyage, ils paraissent arriver en vue de Sion et les chanteurs saluent cette montagne de Dieu. Ensuite alors qu’ils commencent à la gravir, ils prophétisent l’ascension de Christ, la vraie arche (en qui habitait la gloire elle-même, car il était «Dieu manifesté en chair») et les résultats pour eux-mêmes et pour d’autres de cette entrée de Christ dans les lieux célestes (v. 16-20).

Relativement aux anges, il faut observer qu’en Sinaï ils montaient sur la montagne dans leur dignité, capables qu’ils étaient de supporter la lumière de cette montagne embrasée, n’ayant jamais perdu leur origine en sainteté et en honneur. Mais c’était dans leur ministère qu’ils étaient présents lors de l’ascension de Jésus, prêts à le servir dans une pleine soumission.

Cinquième étape: Portant leur saint fardeau sur les pentes de la montagne vers le sommet de laquelle ils tendent avec effort, les chanteurs inspirés célèbrent le moment où, aux jours de l’épreuve d’Israël, le Seigneur se lèvera pour les délivrer de la mort et de leur condition d’exilés, pour manifester à nouveau sa présence en leur faveur avec puissance, et pour faire retomber sur les ennemis de Sion le conflit qu’elle a eu avec eux. Ceci est bien à propos, de même que la prophétie de l’étape précédente; l’effort nécessaire pour gravir la montagne étant un symbole approprié de la dernière épreuve d’Israël, comme le début de l’ascension était celui de l’ascension de Christ (v. 21-24).

Sixième étape: Ayant atteint le sommet, et l’arche étant entrée dans son repos, les chanteurs, avec le même à-propos, annoncent les jours glorieux du repos définitif que goûteront Dieu et l’Israël selon son cœur. Cette même présence de Dieu continuera alors à se manifester, bien que sous une forme différente, c’est-à-dire comme la «marche du Roi». Alors les nations apporteront leurs présents, la lance et l’épée seront bannies; la force et la majesté de Celui qui passe comme à cheval sur les cieux seront déployées en faveur d’Israël, comme cela est annoncé ici (v. 25-36).

Dans ces derniers jours, le Seigneur du ciel s’occupera d’Israël (v. 34; Deut. 33:26). D’abord, monté sur son cheval blanc, il sortira du ciel pour les délivrer (Apoc. 19), puis il sera dans le ciel ouvert, le centre de la gloire et de la puissance du royaume (Jean 1:52).

Ainsi se termine ce psaume de toute beauté qui retrace les effets de la présence de Dieu tout au long de l’histoire de son peuple. Nous trouvons en 1 Chr. 16 le cantique qui fut chanté lorsque l’arche fut dûment placée par David dans la tente qu’il avait préparée pour elle, sur la montagne de Sion. Il fut chanté à la suite de celui que nous avons dans ce psaume. Celui-ci fut souvent interrompu, alors que l’arche était en chemin; mais le terme du voyage atteint, rien ne vint interrompre le cantique qui fut alors chanté.